Proust, ma chère

De la politique étrangère comme illustration de la relation possessive.

Et vice versa:

“les préparatifs de guerre, que le plus faux des adages préconise pour faire triompher la volonté de paix, créent au contraire, d’abord la croyance chez chacun des deux adversaires que l’autre veut la rupture, croyance qui amène la rupture, et quand elle a eu lieu cette autre croyance chez chacun des deux que c’est l’autre qui l’a voulue.”

C’est déjà pas mal comme citation, mais la suite vaut la peine également;

“Même si la menace n’était pas sincère, son succès engage à la recommencer. Mais le point exact jusqu’où le bluff peut réussir est difficile à déterminer; si l’un va trop loin, l’autre qui avait jusque-là cédé s’avance à son tour; le premier, ne sachant plus changer de méthode, habitué à l’idée qu’avoir l’air de ne pas craindre la rupture est la meilleur manière de l’éviter (ce que j’avais fait ce soir avec Albertine), et d’ailleurs à préférer par fierté de succomber plutôt que de céder, persévère dans sa menace jusqu’au moment où personne ne peut plus reculer. (…)”

(La Prisonnière, Garnier Flammarion, 1984, p. 471-472)

Proust continue à comparer sa “tendre guerre” de jalousie avec la politique étrangère de la France pendant quelques lignes…

Avouez qu’on ne saurait mieux dire…

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