On est fé-, on est fé-, on est fé- ministes!

Dans le Canard Enchaîné du 31 mars dernier, je lisais (en retard) un article sur les difficultés pour les femmes de trouver un centre hospitalier capable de pratiquer une IVG dans un délai raisonnable. Avec la “rationalisation” des hôpitaux en France, qui a parfois amené à la disparition de centres de spécialisation réputés en dépit du bon sens, on a assisté à un resserrement de l’accès à de bonnes conditions et rapidement à l’Interruption Volontaire de Grossesse.

Et d’évoquer le cas d’une femme qui dut attendre un mois pour être opérée. Ce qui, pour ce type de cas, est largement excessif, quand on sait de quoi il s’agit.

Surtout qu’évidemment, les intégristes “pro-life” en profiteront pour critiquer une pratique qui s’attaque à une vie à un stade plus avancé, et patati, et patata.

Sans compter la souffrance d’une femme qui porte en elle un embryon avec tout ce que cela implique d’émotionnel et de physique.

Ceci pour rappeler que, contrairement à une certaine “idée reçue”, le féminisme n’a pas le droit de baisser les bras pour cause d’acquis. Aussi bien dans ce type de cas que dans bien d’autres, comme les droits du travail, les violences conjugales ou autres, les discriminations machistes, les insultes, les attitudes paternalistes, misogynes, et j’en oublie sûrement encore, les acquis du XXe Siècle, qui a vu effectivement le statut des femmes tendre vers un mieux indiscutable, ne sont et ne seront jamais que très fragiles et nécessitant une surveillance constante face aux reculs désirés par bien des mouvements rétrogrades.

À commencer par la religion et les mouvements d’extrême-droite, naturellement, mais aussi par le marché, premier bénéficiaire du conservatisme social, du conformisme familial, de la discrimination salariale et de la consommation bête, cette dernière poussant les femmes à se rappeler qu’elles ne sont que de beaux objets ménagers au milieu d’un environnement propre à être modelé en fonction de ce statut.

Le seul exemple du congé parental devrait nous éclairer plus que tout autre. Ils sont encore trop rares les pays qui non seulement autorisent, mais imposent un congé parental protégé au père comme à la mère, et non de ne l’accorder généreusement qu’à la mère, histoire de la confiner un peu plus entre ses murs et à justifier des différences de revenus entre les sexes.

Lorsque Giuliano est venu au monde, Claudia a bénéficié de 5 mois de congé parental, et ce fut pour elle une excellente chose, elle a pu s’occuper de son fils de manière appropriée. Quant à moi, je n’aurais bénéficié que d’une semaine maximum de congé post-natal. Congé qu’en raison des circonstances je n’ai pas réclamé, car je venais d’être engagé à l’essai et je craignais de perdre mon travail.

IVG, congé parental. En deux anecdotes, deux lieux de combats encore tout à fait d’actualité pour le féminisme qu’il serait honteux de critiquer sous prétexte d’être parvenu à une grande quantité d’acquis étalés sur un siècle. On est encore loin du compte.

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