Comment que je te dé-Grèce tout ça…

Il y a une chose qui est certaine, avec la nouvelle “situation” que l’on qualifierait bien de crise en Grèce, s’il n’y avait pas un petit sentiment de continuité dans celle-ci depuis… Oulah, depuis quand déjà?, bref, il y a bien une chose qui est certaine, c’est que, curieusement, étrangement, plus les banques, les investisseurs, les États font les cons, et plus ce sont les gens, les travailleurs, les chômeurs, les pensionnés, les jeunes et les femmes qui s’en prennent plein les gencives1

Ça doit être une coïncidence…

Ou alors je vois juste, simplement, tout simplement, quand je pense que cet état de, allez, de crise, disons, pour céder à la terminologie à la mode2, permet tout simplement de miner encore plus, et de plus en plus, le système d’État providence qui s’était développé au cours du XXe Siècle en Europe et qui, depuis la… tiens, tiens, la crise du pétrole de 1973, voit ses fondations se réduire comme peau de chagrin sous les coups de boutoirs des gouvernements et des décideurs économiques.

(Non que l’État providence me paraisse la meilleure des choses au monde, mais, dans l’histoire, c’était un des aboutissements les plus équilibrés en matière de justice sociale -bien qu’aux dépens d’une grande part de la population mondiale, malheureusement…)

Tous les prétextes sont d’ailleurs bons: que cela aille mal ou que cela aille bien, on trouve toujours une bonne excuse pour rendre aux petits césars de la finance, de l’économie, du profit, ce qui ne leur appartenait pas.

Pour ce qui est de ce cas spécifique, qu’est-ce qui pressait de “sauver l’État grec”, qui, par essence, étant un État, ne peut pas faire faillite, théoriquement3? Depuis le traité de Maastricht et les mesures contraignantes qui lient les États liés à l’Union Européenne de ne pas excéder des déficits budgétaires de 3% du PIB, de rembourser régulièrement leurs dettes, de limiter à 60% du PIB leurs dettes globales, on en passe et des meilleures telles que ni les USA, ni le Japon4 ne pourront jamais entrer dans notre belle Association de Marché Garantissant les Meilleurs Prix aux Plus Gros -et que c’est bien dommage…, depuis ce traité, donc, l’Allemagne, la France et l’Italie (pour ne parler que des trois plus gros de la zone euro) en tête ont été dans une situation de rouge plus ou moins continuel qui ne les a pas empêchés de conserver une économie suffisante pour rester dans le G7 -que je sache…

Et pourtant, il aura suffi à la Grèce d’une crise, une seule -une crise? vraiment?- pour se retrouver en situation d’être faillie. Et les vierges effarouchées de l’Union de crier au scandale et de menacer ces tricheurs de politiciens grecs -comme si eux-mêmes n’avaient jamais manipulé un bilan pour tenter de maquiller un déficit, on rêve!- de se retrouver au ban de la sacro-sainte bannière bleue (couleur choisie au hasard) à nombre d’étoiles variables…

Il est évident que ce n’est pas l’avenir du Parthénon qui préoccupe les instances supérieures de l’Union (dont les commissaires méditerranéens semblent faire les morts, curieusement), mais bien la nécessité de respecter la règle d’or de laisser les marchés financiers s’occuper de gérer les dettes nationales, et donc, incidemment (tu parles!), de dicter leurs lois au-dessus des parlements prétendument démocratiques…

Grecs, si l’Allemagne vous fout à la porte de l’UE, partez la tête haute et reprenez les rênes de votre État. Vous avez tout pour être heureux: l’huile, l’eau, le vin, la mer, l’histoire et la culture… Contentez-vous de peu, j’arrive avec le chocolat…

  1. Ceux qui, finalement, auront le plus souffert, au cours de cette crise contingente aux trop fameux subprimes, ce sont les travailleurs des économies qui auront pris la crise au rebond, aussi bien aux USA, que dans les pays dits “périphériques” (quelle belle image), ou en Europe, avec, donc, une nouvelle -et sûrement pas dernière- péripétie au pays qui “inventa” la démocratie. []
  2. Mais alors, il faut reconnaître que crise est à peu près aussi galvaudé que, pour prendre un exemple tarabustant, génocide. Voir par exemple ici. []
  3. Voir à ce sujet, par exemple, le raisonnement de Frédéric Lordon, ici. []
  4. Actuellement endetté à plus de 200% de son PIB selon le même Frédéric Lordon, dans la traduction d’un de ses articles que j’ai pu lire en portugais ce mois-ci dans le Monde diplomatique Brasil. []

One Response to “Comment que je te dé-Grèce tout ça…”

  1. Monsieur Y Says:

    Finalement, cette crise pourrait avoir du bon : la Grèce sortira de la Zone Euro, et ils auront la paix. Et tous les “eurosceptiques” y débarqueront pour y couler une vie douce. Avec le vin, la mer, l’histoire, et la culture, ils auraient déjà beaucoup de choses. T’y apporteras le chocolat et le stoemp. Je t’y rejoindrai, et on fondera un Institut de Français pour subversifs 🙂

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