On the road again

“Imaginez que l’on crée un moyen de transport non-polluant, comme un casque télétransporteur, par exemple. Tout le monde trouverait ça fantastique1 et on attribuerait un prix à l’inventeur. Mais, supposons encore que, quand il reçoit sa distinction, il révèle que la machine fonctionne avec de la chair humaine et que pour l’utiliser (au Brésil), elle consomme dix personnes par jour. Il serait sûrement arrêté aussitôt. Pourtant, ce n’est pas le cas avec la voiture, tout le monde l’accepte.”

Voilà comment un professeur de la Faculté de Médecine de l’Université de São Paulo, Paulo Saldiva, résume la problématique du culte de la voiture.

L’an dernier, ce sont plus de 4 personnes par jour qui mouraient au Brésil dans un accident de voiture, et l’on estime à environ 10 personnes par jour qui meurent en raison des suites de l’abus de voiture: pollution et stress donc maladies, accidents2.

Savez-vous en outre que les dépenses d’asphaltage, de signaux, de feux, etc., représentent la moitié des dépenses d’urbanisation d’une ville? Prenez tous les frais d’hôpitaux, d’école, d’arborisation, de trottoirs, de lumière, de pistes cyclables, d’équipements publics, de places, etc., tout cela coûte moins cher que le service “public” de la bagnole -qui pourtant, en moyenne, ne sert qu’une petite minorité de la population mondiale3. Si on concentrait plus d’investissement dans les transports publics, il y aurait donc fatalement plus de justice.

Et moins de croissance, hehehe…

On compte enfin que les habitants de São Paulo, en raison du trafic, passent 2h43 en moyenne chaque jour dans des déplacements entre leur domicile et leur travail. 41 jours par an…

Ça ne vous fait toujours pas réfléchir4?

Ay, Caramba! Vous l’aimez donc tant que ça, la croissance?

  1. À part les constructeurs automobiles évidemment. []
  2. Si j’ai bien compris l’article de Camila Souza Ramos et Glauco Faria, O caos sobre rodas, in Forum, Outro mundo em debate, mai 2010, p. 8-13. []
  3. Même article, qui cite Raquel Rolnik, professeure à l’Université de São Paulo. []
  4. Les Paulistes sont plus de soixante-pour cent à s’accommoder de la situation. Ils écoutent les infos (30%), de la musique (27%), étudient (16%), travaillent (11%) ou regardent le trafic (10%). Et vous? []

2 Responses to “On the road again”

  1. fabio t. Says:

    Je connais Paulo Saldiva. J´avais des cours avec lui dans l´Université de SPaulo. Il est très intelligent, génial. Je me déplace en voiture parce que je n´ai pas une option viable – malheureusement. J´ai un vélo mais est très dangereux. Les voitures sont un cauchemar, vraiment.

  2. Monsieur E Says:

    Hello Thitho !

    Article super intéressant. L’Insustrie automobile a fait modifier le paysage et l’organisation spatiale urbaine, mais est aussi précurseur du concept de précaution cher aux industries agro-alimentaires “si on ne démontre pas qu’une substance est toxique, alors, elle n’est pas toxique”. C’est sous ce principe que Robert Kehoe, scientifique fou de la General Motors essaie de (ne pas) démontrer dans les années 20 que l’essence au plomb n’est pas toxique. L’essence au plomb, qui a supplanté l’essence éthanolée est issue d’une fabrication industrielle compliquée et brevetée, ce qui n’est pas le cas de l’éthanol, très facile à fabriquer… Kehoe tombera lui-même malade de saturnisme lors de ses recherches et n’arrivera pas à trouver de test-témoin non-intoxiqué au plomb… Conclusion de Kehoe : le plomb n’est pas dangereux pour la santé et est de plus présent naturellement dans les tissus humains.

    Le plomb (anti-détonnant pour les moteurs à … expl

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