Chronique des élections présidentielles locales I

Bon, un petit mot de temps en temps sur cette année électorale, appelée de “post-Lula”, puisque l’actuel président, pour la première fois depuis 1985, ne se présentera pas aux élections.

En guise de premier chapitre, je vous parlerai des acteurs de ces élections.

1e partie: Quels sont les candidats1 en présence?

Dilma Rousseff (PT -Parti des Travailleurs), virtuelle ex-première ministre de Lula (elle a quitté le gouvernement avec la bénédiction du président pour se présenter, justement). Ancienne militante communiste, elle est passée au “réalisme” et est l’une des artificière du développement du Brésil dans le genre “il faut que le gãteau soit plus grand pour pouvoir le partager”. Son vice-président potentiel devrait être Michel Temer, pas trés net actuel président de la Chambre.
Elle est en faveur d’une méritocratie de la fonction publique, du projet de barrage à Belo Monte (très discuté), contre la dépénalisation des drogues depuis peu (elle a tourné casaque). Son programme économique est basé sur le développement industriel, l’aide aux grandes entreprises, la croissance du PIB et une redistribution des miettes du gâteau aux plus démunis (soyons justes: la misère a été considérablement réduite par rapport au passé sous son co-règne). Sa politique étrangère, a priori, se baserait comme celle de Lula sur une relative autonomie et une volonté de briller dans la cour des grands.

José Serra (PSDB -Parti de la Sociale-Démocratie du Brésil), l’homme que les USA voudraient, certainement. Ancien leader étudiant, il a passé le temps de la dictature en exil. Il fut ministre du Président Fernando Henrique Cardoso. Il a démissionné de sa charge de gouverneur de São Paulo, où il a brillé par sa volonté à ne jamais négocier avec les professeurs, notamment. Son rapport aux riches est… assez évident. L’homme a une bonne tête. Son programme économique est sensiblement le même que celui de Dilma. Son argument de vente consiste surtout à dire: “Il faut faire plus encore que ce que Lula a fait. Avec moi, ce sera fait.” En outre, il s’alignerait bien plus sur les exigences du grand frère du Nord.

Tous deux ne pourraient gouverner qu’avec le PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien), le parti le plus impliqué dans pratiquement tous les scandales de corruption, mais qui parvient encore à être le premier parti du Brésil en raison de son caractère féodal et clientéliste.

Le PSDB et le PMDB sont les héritiers du seul parti d’opposition toléré pendant la dictature. On en reparlera.

Marina Silva, ex-PT, ex-PDT (Parti démocratique travailliste -parti à la rose locale), actuellement candidate pour le PV Parti Vert), est très populaire pour son engagement environnemental. Ex-ministre de Lula, elle a quitté le gouvernement après six ans d’exercice. Prétend gouverner avec des membres du PT et du PSDB en cas d’élection. A des amis partout, selon elle. Sans doute encore plus d’ennemis. Mystique, opposée à l’avortement, critique envers Hugo Chavez, elle est cependant en faveur de réferendum à tiroirs, mais pas de la démocratie directe. Allez comprendre. Son vice-président présumé est un gros industriel à bonne bouille. Elle n’aurait pratiquement aucune chance de figurer au deuxième tour si les élections avaient lieu aujourd’hui, mais qui sait d’ici la fin de l’année.

Les autres candidats n’ont pas la moindre chance, pas plus Ciro Gomes qui navigue sur eaux bizarres et va probablement négocier son retrait contre une place de gouverneur, que Plinio de Arruda Sampaio le candidat du PSOL (Parti Socialisme et Liberté), le parti le plus à gauche de tout ce fatras qui ait un minimum de représentants. La liste est encore longue, mais insignifiante.

Au prochain numéro, nous évoquerons les différentes parties en présence. Ici, c’était encore du gâteau.

Ensuite, on parlera un peu des enjeux de la politique locale.

Enfin, je vous proposerai des réflexions qui m’ont été inspirées par des militants de gauche (je veux dire: de gauche) sur la situation brésilienne.

  1. Notez qu’il s’agit encore de pré-candidats. Officiellement, ils ne sont pas encore intronisés candidats, mais c’est tout comme, faut pas rigoler. []

2 Responses to “Chronique des élections présidentielles locales I”

  1. Anne Bautier Says:

    Je mets un peu de temps pr réagir, mais comme tu sais, l’écrit, ça me fait tjrs ch… Bref, c’est quand qu’on se boit des bières? 🙂 (a priori, ce sera d’abord au Brésil, mais bon, j’attends bxl quand même). Pas mal la présentation des candidats, et aussi le rappel historique. J’oublierai jamais un “churrasco” (bbq) chez des amis de mes parents à SP, et discussions entre amis de leur génération autour de Serra, pas mal étaient membres du PSDB alors qu’ils avaient lutté durement contre la dictature, été emprisonnés,… Mais en même temps, de ce que j’en ai compris, la constitution brésilienne post-dictature est vachement progressiste (même si pas appliquée): si ça te dit, Mr l’historien, des petites recherches et comparaisons entre les dictatures d’AL (genre Brésil, Argentine, Chili, Paraguay, autre?) et les conséquences après, ça doit être intéressant, non?

  2. tito Says:

    Sûrement oui. La constitution est effectivement très ambitieuse, mais les parlementaires évoquent généralement un certain pragmatisme pour ne pas l’appliquer en terme de justice sociale, de santé, de réforme agraire, etc.
    Heu, quant aux constitutions du reste de l’AL, il faudrait que je me tape une sixième langue (l’espagnole)… Dur, dur.

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