The Last Valley (1970)

J’ai revu récemment un “bon vieux film”…

Dirigé par James Clavell (Monsieur “Shogun”), avec des acteurs à l’époque jeunes et brillants: Omar Sharif et Michael Caine, parmi bien d’autres. En pleine guerre de Trente Ans, les mercenaires passent la saison chaude à faire la guerre, tantôt pour un camp, tantôt pour l’autre, au gré des décisions des capitaines, que Michel Onfray appelle avec admiration Condottiere, et qui ne sont rien d’autre que des aventuriers, le plus souvent sans aucune compassion.

Quand l’hiver approche, ils pillent les sédentaires pour ravitailler les campements. il vaut mieux ne pas être sur leur passage.

Au début du film, Vogel, un instituteur en fuite (Omar Sharif), tente d’échapper à une meute d’une vingtaine de ces loups menés par un capitaine froid, athée (Michael Caine). Il arrive dans un village qui semble en paix et parvient à convaincre le capitaine de ne pas raser le village et de l’occuper pour survivre.

Les villageois, menés par le plus riche d’entre eux (Nigel Davenport, impressionnant dans son rôle d’exploiteur local, mécontent de se retrouver un étage en dessous) et un prêtre pur et fanatique (Per Oscarsson, convaincant), vont devoir subir l’occupation. Les mercenaires, partagés entre catholiques, protestants et cyniques nihilistes, vont avoir du mal à rester calmes. Les négociations sont périlleuses et Vogel est au milieu, détesté par -presque- tous.

Tout l’intérêt du film réside dans ces dialogues, brefs, saccadés, voire stylisés, mais peut-être plus proches pour cela de la réalité, quand on songe à la rapidité avec lesquelles des hommes et des femmes doivent souvent prendre des décisions cruciales, impératives, dans des situations précaires.

Il n’y a pas de paroles fortes, résumant une réalité, ou de phrases saisissantes. Les vérités sont prosaïquement posées, les points de vue changeants, en fonction des intérêts, les esprits alternativement froids et chauds travaillent la psychologie du prochain au corps, avec le sens de la mesure, de la conscience qu’un coup trop loin mène le fou dans la gueule du cheval et que la reine peut tomber devant n’importe quel pion. C’est une partie d’échecs où il y a autant de joueurs que de pièces et où il n’y a pas de camp bien établi.

La morale est battue en brèche, l’éthique écrasée, l’individu mis à mal -mais défendu-, sous le poids de la nécessité. Vogel devient l’intermédiaire indispensable de tous, à l’origine pour préserver sa propre vie -et peut-être motivé par un dernier soupçon d’humanité-, et il est haï pour cela.

Ne vous attendez pas à des scènes d’action remarquables. L’action, elle, est là, mais, malgré l’excellente qualité des acteurs, elle manque de vigueur et de vraisemblance. Qu’importe, ce n’est pas ça qui motive le film, mais une longue interrogation sur ce qui peut encore faire qu’un homme reste un homme quand tout ce qui le construisait disparaît dans les décombres d’un massacre. Et plutôt qu’un film de guerre, il s’agit d’une réflexion sur ce qu’il reste de l’homme au coeur de la guerre. Un Platoon avant la lettre, en somme.

Quelques critiques:
http://movies.nytimes.com/movie/review?res=9C0CE7DC163BE53BBC4151DFB766838A669EDE

http://thisislandrod.blogspot.com/2010/02/last-valley-1970.html

http://www.in70mm.com/news/2008/valley/index.htm

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