peur bleue

Et tout à coup, la peur…

La sueur…

Les traits figés…

Le frisson (dans le dos, comme il se doit)…

Certes, cela fait des années que je pense à “publier”, c’est-à-dire à rendre public ma prose prétentieuse, que je suppose digne d’être lue, de l’envoyer à tel ou tel éditeur (mais lesquels?), histoire de sauter la marche (le pas, pas la marche, imbécile), hop, de concrétiser ce qu’on appelle art, défini comme toute oeuvre technique ayant pour objectif d’être transmise à un public et portant une intention différente de son éventuel usage premier.

Bon, en un sens, vu que deux ou trois de mes amis et ma soeur lisent presque tout ce que j’écris, on pourrait dire que c’est déjà fait, mais non, car j’ai des prétentions, eh oui, d’ordre plus universelles. La gloire (prononcez: “la glwaaaaaaaare”), le succès, les t-shirts déchirés, les manifestations en bas de chez moi, les…

Euh, non, quand même pas.

Étant donné mes idées politiques et sociales, c’est pas ça, que je recherche, non, mais de contribuer à soutenir les causes que je défends. C’est plus modeste. Et le Nobel aussi. Pour mon oeuvre. Éventuellement à titre posthume. Ou alors j’hésterais à le refuser, comme Sartre, et je finirais par l’accepter pour construire une maison pour ma maman, comme Camus…

Mais soudain (donc), une peur m’étreint: et si ça plaisait?
Merde, j’y avais pas pensé… En fait, j’avais plutôt pensé l’inverse: le rateau, les critiques, rares mais assassines, le pilon, et encore, pour autant qu’il y ait eu suffisamment d’exemplaires imprimés, le refus des ouvrages suivants, même pas la possibilité de devenir nègre, pruit, rien…

Mais si ça plaisait (donc)? Quelle angoisse à l’idée de se retrouver dans l’obligation de serrer la main d’Ardisson, d’aller répondre aux questions de Stéphane Bern ou d’être reconnu comme un des siens par Djian ou son héritier par Sollers.

La peur bleue… Soudain…

-Mais, non, je plaisante: ça viendra bien, moi aussi je serai “un parmi cent” dans les librairies, si, si, moi aussi je ferai des séances de dédicaces dans les librairies militantes, moi aussi je ferai des cycles de conférences gratuites dans des salles surpeuplées de chaises vides… Mais oui… Et puis, s’il le faut, je publierai à compte d’auteur une plaquette de 80 pages à 500 exemplaires… Comme au bon vieux temps!

Haha!

J’ai pas peur, meuh non…

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