Et comme je ne suis pas soc-dem…

Ce matin, sur une radio écoutée au hasard -j’crois bien qu’c’était RTL, à l’écoute de la p’tite nimatrice, j’entendais deux économistes défendre avec leurs petits ongles du FMI et de l’OCDE une réforme de la pension “comme on la connaît” afin de la conserver, parce qu’on n’a jamais eu, paraît-il, autant besoin de la solidarité…1

Je n’avais pas souvent entendu défendre une réforme de droite, conservatrice, avec autant d’aplomb comme si c’était une mesure de gauche… En définitive, l’idée était d’étendre la solidarité dans le temps, en insistant sur la longueur de la carrière plutôt que sur l’âge, tout en considérant la pénibilité de certaines professions, possibilisant mi-temps de travail et demi-pension, et blablabla, et blablabla… Tout pour éviter, disaient-ils, la pension individuelle -sans les avoir nommés, les fonds de pension privés, je suppose…

Ça, on ne peut pas le leur reprocher, sans doute… Mais, blème, comme chaque fois que j’entends ce genre de truc, j’ai la même réaction -ah merde, un truc primaire-: encore un combat d’arrière-garde qui ne fera qu’alimenter la course en arrière.

Un véritable programme de gauche, je veux dire, balisé sur la solidarité, devrait reprendre les choses dans le bon ordre, c’est-à-dire complètement à l’envers. Ce n’est pas en terme de gngngn, tirage de corde pour freiner la chute du bidule, qu’il faut réfléchir à la société solidaire et libertaire, mais bien en termes d’égalité et de liberté.

Je peux me tromper, mais je vois au moins cinq éléments qui doivent figurer comme les préoccupations principales d’un individu de gauche, a fortiori un politicien. Et ce dans le plus grand réalisme, sans du tout estimer qu’il doive s’agir d’un voeu pieux, d’une jolie intention, d’une douce utopie, mais au contraire d’une nécessité de base, à imposer comme le socle même de toute idée de gauche.

En dehors de ces cinq points (sans préjugé de ce que j’aurais par ailleurs oublié), pas de gauche possible.

Il s’agit de:

1) la garantie du droit aux soins de santé selon les principes du choix du soin par le patient, ses médecins et/ou ses proches -s’il fallait le préciser, sans que des préoccupations d’ordre financier n’en soient des barrières;

2) une véritable liberté et une égalité intégrale de l’enseignement, prolongé tout au long de la vie, co-organisé du bas vers le haut;

3) une éradication de l’hypocrisie du “nivellement par le bas” dans toutes les matières, en particulier le droit au logement qui devrait supplanter la liberté d’accumuler des résidences et des espaces résidentiels égoïstes;

4) une reconsidération du droit à l’alimentation centrée sur un équilibre qualitatif, une réappropriation des espaces productifs, un retour aux coopératives, une revalorisation d’une économie participative;

5) la simple considération de la sécurité de ces droits en dehors de toute considération circonstancielle, comme, tiens, pris au hasard, une crise, par exemple, ou, tiens, un autre exemple, une baisse des profits des maîtres des forges.

Tout le reste, transport, liberté de déplacement, d’expression, temps de travail raisonnable, ben, ça devrait venir en suite de ça. Je veux parier que des populations qui puissent disposer de ces cinq constantes pourront assurer le reste.

  1. J’ai découvert après-coup qu’il s’agissait de Jean Hindriks et Ivan van de Cloot, de l’Itinera Institute. []

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