tout Proust

Bon j’ai assez cassé du sucre sur qui vous savez (et si vous cliquez, n’oubliez pas d’en revenir). Surtout que j’ai appris entre-temps qu’il était de gauche. Sans rire…

Bon, alors pour rehausser un peu le niveau, je ne m’empêcherai pas de vous filer un petit quiz: qui est l’auteur de ces lignes (légèrement tronquées pour que ce ne soit pas trop facile) et quel est le titre du livre? Si vous ne savez pas répondre mais que vous connaissez le nom de tous les sorciers de Poudlard, allez plonger dans un bain d’acide sulfurique en chantant le cantique des moldus…

-Pourquoi sont-ils si méprisants? (…) Ce n’est pas tellement bien de travailler…
-On leur a dit que c’était bien (…). En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement. (…) Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.
-Ce n’est pas plutôt le contraire? (…)
-Non (…) Ce que je veux dire, c’est qu’ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.
-C’est compliqué (…).
-Non (…). C’est très simple. Ça devrait, bien entendu, venir progressivement. Mais on perd tellement de temps à faire des choses qui s’usent…
-Mais, tu crois qu’ils n’aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements?
-Non (…). Parce qu’ils n’y pensent pas.
-Mais, est-ce de leur faute si ils croient que c’est bien de travailler?
-Non (…), ce n’est pas leur faute. C’est parce qu’on leur a dit: “le travail, c’est sacré, c’est bien, c’est beau, c’est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout.” Seulement on s’arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
-Mais alors ils sont bêtes? (…)
-Oui, ils sont bêtes(…).

Un indice? L’auteur est mort d’épuisement… Ironie du sort…

16 Responses to “tout Proust”

  1. franz Says:

    Boris Vian, l’écume des jours.

  2. franz Says:

    Tiens, c’est amusant, ce texte qui prétend que Harry Potter est de gauche. Bon, je ne le trouve pas très bon, mais c’est amusant quand même.

    J’ai la tendance un peu atavique d’archiver la moitié des choses que je lis. Et, dans ma base de données proliférante, je retrouve ce texte d’Ilias Yocaris paru dans Le Monde du vendredi 4 juin 2004… et qui tient une position différente.

    Je précise que je n’ai pas lu un seul tome de Harry Potter (j’ai du voir un des films), de sorte que je ne m’avancerai pas à commenter plus avant ces deux textes.

    Point de vue

    Harry au pays du marché triomphant

    Avec la série des Harry Potter, l’écrivain J. K. Rowling a réussi la gageure de réenchanter le monde : le lecteur voit ainsi se déployer sous ses yeux un univers proprement magique, où l’on trouve des voitures qui volent, des sortilèges qui vous font vomir des limaces, des arbres donnant des coups de poing, des livres qui mordent la main de leur propriétaire, des elfes domestiques, des portraits se disputant entre eux et des dragons avec des queues à pointes.

    A priori donc, il n’y a rien de commun entre le monde de Harry et le monde ordinaire de notre perception habituelle. Rien du tout, excepté un détail : comme le nôtre, l’univers fantastique de Harry Potter est un univers capitaliste.

    Poudlard est une école de sorcellerie privée, et son directeur doit sans cesse se battre contre l’Etat, essentiellement représenté par l’inepte ministre Cornelius Fudge, le ridicule fonctionnaire Percy Weasley et l’odieuse inspectrice Dolores Ombrage.

    Les apprentis sorciers sont en même temps des consommateurs qui rêvent d’acquérir toutes sortes d’objets magiques hi-tech comme des baguettes « haute performance » ou des balais volants « de marque » dernier cri, fabriqués par des multinationales.

    Poudlard n’est donc pas seulement une école, mais aussi un marché, visiblement très juteux : soumis à un matraquage publicitaire incessant, les pensionnaires ne sont jamais aussi heureux que quand ils peuvent dépenser leur argent dans les établissements qui entourent le collège. Il existe toutes sortes de trafics entre élèves, et l’auteur insiste lourdement sur les possibilités de promotion sociale offertes aux jeunes gens qui s’enrichissent grâce au commerce de produits magiques.

    Bien entendu, le tableau est complété par les complaintes rituelles sur la rigidité et l’incompétence des fonctionnaires. La ringardise de ces derniers tranche singulièrement avec l’inventivité, l’audace et l’allant des entrepreneurs, dont J. K. Rowling ne cesse de vanter les mérites. Par exemple, Bill Weasley, banquier chez Gringotts (une banque de sorciers tenue par des gobelins), se présente comme l’exact opposé de son frère, Percy-le-fonctionnaire : le premier est jeune, dynamique, créatif, ouvert d’esprit et porte des vêtements qui « n’auraient pas eu l’air déplacés dans un concert de rock » ; le deuxième est inintelligent, obtus, borné au possible, et s’adonne à un inepte travail de régulation étatique, le chef-d’oeuvre de sa carrière consistant en un rapport sur « les normes standards pour l’épaisseur des fonds de chaudron ».

    Cette invasion de stéréotypes néolibéraux dans le conte de fées a évidemment des incidences non négligeables sur la description des personnages et du monde dans lequel ils évoluent. L’univers fictif de Harry Potter offre une vraie caricature des outrances du mo- dèle social anglo-saxon : sous le vernis de la réglementation et des rituels collectifs imposés par la tradition, la microsociété de Poudlard se présente comme une jungle impitoyable, où règnent l’individualisme, la concurrence exacerbée et le culte de la violence.

    Le conditionnement psychologique des apprentis sorciers repose clairement sur une culture de l’affrontement : affrontement individuel des élèves entre eux pour décrocher, par exemple, le titre prestigieux de préfet ; affrontement quotidien des quatre « maisons » de Poudlard pour gagner à tout prix des points au classement annuel qui va les départager ; affrontement périodique entre écoles de sorciers pour remporter la Coupe de feu ; affrontement ultime et sanglant des forces du Bien avec le Mal.

    Cet état de guerre permanent aboutit notamment à une redéfinition du rôle des structures institutionnelles : confrontées à un déferlement sans précédent de conflits de plus en plus violents, celles-ci n’ont plus la possibilité, ni même la vocation, de protéger les individus face aux menaces qui les guettent de toutes parts. Ainsi, le ministère de la magie échoue piteusement dans son combat contre les forces du Mal, et les contraintes réglementaires de la vie scolaire empêchent paradoxalement Harry Potter et ses amis de se défendre face aux attaques et aux provocations qu’ils subissent sans cesse.

    Livrés à eux-mêmes, les apprentis sorciers devront lutter seuls pour survivre dans un milieu hostile, et les plus faibles (comme Cedric Diggory, l’ami de Harry) seront inexorablement éliminés.

    Or toutes ces données ont une influence déterminante sur le contenu de l’enseignement dispensé aux jeunes élèves de Poudlard. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cet enseignement est unidimensionnel. En effet, les programmes éducatifs de Poudlard sont orientés de façon très précise sur le plan didactique : seules comptent les disciplines susceptibles de transmettre aux élèves un savoir pratique immédiatement exploitable, qui pourrait les aider dans leur lutte quotidienne pour survivre.

    Cela n’est pas très étonnant, dans la mesure où la prestigieuse école vise à former avant tout des individus compétitifs sur le marché du travail et capables de lutter contre les forces du Mal. On constate ainsi que les matières artistiques se trouvent éliminées du cursus décrit par l’auteur, et que l’enseignement des sciences humaines est fortement dévalorisé : les élèves n’ont droit qu’à quelques malheureux cours d’histoire littéraire totalement dépourvus d’intérêt, qui les font bayer aux corneilles. De façon très révélatrice, l’auteur précise que ces cours semblent à Harry aussi ennuyeux « que le rapport de Percy sur l’épaisseur des fonds de chaudron » : autrement dit, dans un système social axé exclusivement sur l’affrontement et la concurrence, les sciences humaines sont devenues aussi inutiles que les tâches de la régulation étatique.

    Harry Potter apparaît donc à plusieurs égards comme une oeuvre-somme, résumant — involontairement sans doute — le projet éducatif et social du capitalisme néolibéral.

    A l’image du totalitarisme orwellien, ce capitalisme tente désormais de façonner à sa guise non plus seulement le monde réel, mais aussi l’imaginaire des citoyens consommateurs. En gros, le message sous-jacent qui est adressé aux enfants à la lecture d’un tel texte est : « Vous pouvez imaginer autant de mondes fictifs, autant de sociétés parallèles, autant de systèmes éducatifs que vous voulez, ils seront tous régis par les lois du marché. » Le moins qu’on puisse dire à la lumière du succès de l’ouvrage est que les jeunes générations ne sont pas près d’oublier la leçon.

  3. tito Says:

    vivent les manies ataviques!

    et, oui, évidemment, c’est bien un dialogue entre Colin et Chloé qui traversent un zoning industriel et en sont tout retournés (les pauvres chéris).

  4. vinalia Says:

    En réponse au texte cité par Franz :

    Ce texte me semble en partie sensé (il présente pas mal de choses qui m’ont effectivement choquée dans les films).

    Mais ce qui me dérange au niveau du petite texte, c’est le passage sur les matières vues en classe. Ce sont des livres destinés aux enfants et il me semble normal de leur présenter un univers où à l’école ils apprendraient des trucs tout aussi fantastiques et biscornus les uns que les autres (ce serait super nase de faire étudier les math et le français aux apprentis sorciers).

  5. Un Homme Says:

    vinalia: pourquoi? les sorciers ne savent ni compter ni parler? 😉

  6. Monsieur Y Says:

    Si, ils savent compter leurs bonbons et dire “Halloweeeeeeeeeeeeeeeeen !”

  7. tito Says:

    vinalia: oui mais est-il normal d’être aussi léger pour les cours et à côté de critiquer l’administration de manière aussi lourde? (je suis la critique de la citation de Franz, je n’ai pas lu les Henry Potier).

  8. la maman d'Y et L Says:

    chuis vachement contente d’avoir reconnu “légumes du jour” 😉

    sinon,meme en ayant lu les livres et en étant une amatrice de la série,je suis d’acc’ avec l’analyse de l’article qu’a mis Franz (en incorporant la remarque de Vinalia)

    en meme temps,il y a aussi une bonne dose de “lutte contre les forces du mal” (pompées de Star Wars, du Seigneur des anneaux et de quoi sais-je encore, la Bible probablement…)mais ce toujours dans un cadre “capitaliste”…

    bon,maintenant que j’ai fini le dernier tome (il y a quand meme quelques semaines),je vais pouvoir m’attaquer à du Malet comme prévu mais euh,quel titre au juste,monsieur T ?

    (là je relis Germinal qui est quand meme un bouquin terrible ! )

  9. Un Homme Says:

    Et puis, c’est quoi “être de gauche”? 😉

  10. thitho Says:

    Quel titre de Malet? Ben j’en ai déjà lu un paquet, mais tu peux te farcir sans danger “Fièvre au Marais”, “Casse-pipe à la Nation”, “Brouillard sur le pont de Tolbiac”, “Un croque-mort nommé Nestor”, “M’as-tu vu en cadavre”, etc.
    En se rappelant bien que ce n’est pas la fin qui compte, mais bien le “comment” et l’atmosphère.

    Un Homme: selon moi, être de gauche, c’est associer sans faux-semblant liberté, égalité et fraternité… 🙂
    Le sans faux-semblant est important…

  11. la maman d'Y et L Says:

    merci ! vais essayer “Brouillard au pont de Tolbiac” , le titre me branche bien !

    j’ai presque plus lu de livre “noir” depuis qu’on nous a forçé à lire du Maigret à l’école (dire si ça date…), comme quoi,faut inciter dés le plus jeune age à la lecture (HP compris,perso je prefere voir les neveux d’alec lire ça plutot que jouer à des jeux videos débilo-violent 😉 malheureusement la lecture,ça ne les branche pas du tout même HP ) mais jamais forcer
    LES lectures…

  12. cAt Says:

    Brouillard au Pont de Tolbiac existe même en BD, par Tardi 😀

  13. Un Homme Says:

    Ayant (finalement) lu les deux articles, c’est effectivement frappant de voir comment l’un est l’exact contraire de l’autre…

    Quelque part, ça confirme l’impression que j’ai eue en lisant récemment ces deux journaux: le Monde semble être plus à gauche que Libé. C’est dire…

    Heureusement qu’en Belgique on a encore une vraie presse de gauche engagée… allez non, j’déconne 😀

  14. la maman d'Y et L Says:

    une presse de gauche ? et engagée ? et on ne m’aurait pas prévenue? mdr…

    Oui Cat,j’ai vu ça.Vais quand même commencer par le bouquin 😉

  15. tito Says:

    J’oubliais un des plus drôles que j’ai lus: 120, rue de la Gare.

  16. la maman d'Y et L Says:

    Merci Tito.

    Je l’ai demandé au Pere Nowel…

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