L’agitée du facial et l’outré sans accent.

“Qu’on arrête les slogans: il n’y a pas de petite, moyenne ou grande classe. Il n’y a que des hommes et des femmes.”1

Laurette Onkelinx est une professionnelle de la politique depuis plus de trente ans. On peut difficilement penser qu’il s’agisse ici dans son chef d’une phrase lancée sous le coup de l’émotion. Et c’est bien ça le pire: la pseudo-défenderesse des travailleurs2 entérine -est-ce une surprise, certes non- la fin de la lutte des classes.

Qu’à la limite elle ne distingue plus la classe moyenne de celle des travailleurs, soit, c’est même de bonne composition dans un pays prospère comme le nôtre, en comparaison des deux tiers des Etats où ça n’est pas encore le cas, mais qu’elle y intègre la “grande classe” (drôle d’expression), il y a de quoi faire bondir même un syndicaliste FGTB expérimenté.

C’est une phrase, en pleine crise institutionnelle, lourde de sens, en dépit des rodomontades du MR et du VLD, des pseudo-renoncements du PS et du SP.A: elle signifie clairement que les “libéraux” (ou les partis de centre-droite, ou les neuneus, ou tout ce que vous voudrez mettre à leur place) n’ont théoriquement plus grand’chose à craindre d’un parti qui s’affiche encore avec un grand S sur son drapeau: en réalité, la dérégulation libérale est en route à l’échelon de l’Union Européenne, comme au fédéral, depuis des dizaines d’années. La seule chose que les pseudos-libéraux peuvent craindre, c’est que dans un jour prochain, ils perdent le reste de leur fond de commerce -a’pu’rin’à défend’, on a tout-. Sinon, pourquoi le MR de Charles Michel ne cesse-t-il de répéter qu’il est là pour défendre les travailleurs?

Comment expliquer qu’une rhétorique se retrouve à ce point retournée dans les bouches des communicants politiques?
Ce n’est pas neuf, évidemment: les éléments de discours des différents partis “de gauche” européens qui reprennent en choeur les nécessités de compétitivité, de productivité, suivent des logiques largement capitalistes: essayez de retrouver ces idées positivement dans un texte de Marx ou de Kropotkine, vous serez, je pense, bien en peine.
De l’autre côté, la “droite populiste” ne cesse depuis des dizaines d’années de se reposer sur des éléments de discours qui semblent compatir à chaudes larmes sur les ‘classes moyennes’. Qui le leur reprochera? Mais est-ce vraiment ceux qui “se tracassent quand une chaudière tombe en panne”3 que le MR défend? Le MR et le VLD veulent faire encore baisser la dette publique au pire moment possible. Voilà une logique intéressante…

J’entends le fils Michel ce matin dire qu’il est prêt à envisager de faire supporter une plus grande partie de l’effort sur les revenus et les richesses les plus importants. Il chipoterait juste sur les modalités d’une nouvelle taxe.

Allez, Charlie, vas-y, propose une modalité qu’on rigole. Chiche.

  1. Le Soir, 22/11, p. 2 []
  2. Comme elle s’affirmait encore sur RTL hier soir et sur Matin-Première aujourd’hui. []
  3. Ch. Michel, Matin Première, à deux reprises: c’est donc bien un élément de communication. []

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