L’arme des crocodiles

Les partis “démocratiques” (nommons-les tout de suite: libéraux, chrétiens-démocrates, socialistes et verts de tous les pays européens) qui pleurent, qui hurlent, qui crachent sur les électeurs des partis d’extrême-droite, “populistes”, d’extrême-gauche, eurosceptiques, ou, pires, les non-électeurs, ce sont les mêmes partis qui ont fait et font tout, de la démocratie, pour que cela arrive.

Il est miraculeux, quelque part, qu’il y ait encore des gens pour voter plus à gauche, tant le travail de sape contre les valeurs de la gauche (égalité, internationalisme, solidarité et même liberté, oui, oui, liberté -mais pas liberté d’entreprise, bien sûr, je parle bien de liberté) s’est avéré efficace.

Il n’est guère plus explicable que par le même phénomène -ce phénomène qui pousse les gens vers l’extrême-droite- que des gens continuent de voter pour ces partis qui sont responsables ou coresponsables de ce désaveu: la peur et l’esprit grégaire, le chacun pour soi, le “voter pour son seul intérêt”, même si cet intérêt direct est opposé à l’intérêt de la collectivité -et par extension… le sien propre…

Demain, j’irai au bureau de vote…

Je voterai dans un cas, très, très à gauche, m’abstiendrai dans les deux autres, continuerai de croire que voter n’est pas utile, maintiendrai que ma position est la plus logique, parce qu’elle est suivie de la poursuite du combat, ou plutôt de la continuité de mon combat pour une société libre, égalitaire, démocratique -viscéralement démocratique- et donc opposée au culte des élections…

Elections, dont les racines sont les mêmes que celles du mot “élites”.

Vous plaisantez?

Pas du tout…

2 Responses to “L’arme des crocodiles”

  1. Paul Willems Says:

    Hello

    Ce que j’essaie de comprendre pour le moment, c’est jusqu’à quel point ces étiquettes d’extrême-gauche ou d’extrême-droite sont méritées, et à quoi correspondent vraiment ces deux catégories. Il me semble même qu’il y a des gens qui se disent à l’extrême gauche mais dans le but de faire passer des valeurs de droite, qui tiennent très fort à des valeurs comme l’anticapitalisme, dans le seul but de faire passer une valeur comme la valeur travail, mais aussi, une forme d’islamophobie. Il y a des gens qui se disent à l’extrême-droite mais peut-être ont-ils décidé de faire passer des valeurs républicaines, ou un antiracisme radical. Tactiquement, en politique, souvent l’on doit renoncer à une chose pour tenter d’en obtenir une autre. Je maîtrise mal cet aspect tactique ou technique.
    Tes définitions me semblent très justes. Mais la peur et l’esprit grégaire ne sont-ils pas autant de gauche que de droite. Cette formidable peur de l’extrême-droite, à quoi sert-elle? La peur de la gauche aussi a-t-elle tellement peu de sens? Je me suis disputé avec des gens de gauche parce que je défends l’égalité, mais des gens de droite ont dit qu’ils étaient d’accord avec moi. Concernant le chômage à vie, j’ai eu autant affaire à des gens de droite que de gauche. Le meilleur argument contre le racisme anti-immigré, c’est un syndicaliste du P.S. qui me l’a donné. Il a dit ceci: la droite a besoin de travailleurs immigrés pur faire baisser les salaires, et puis elle raconte que c’est nous (le PS) qui les font venir, alors que nous nous pensons seulement qu’il faut au moins que cela se passe bien, que les travailleurs qu’ils soient immigrés ou pas disposent de certains droits. Il y a tout simplement beaucoup de gens qui mentent. Aussi bien à droite, qu’à gauche. Et ces mensonges sont parfois carrément médiatisés. Ils le sont le plus souvent. Le racisme anti-chômeur est un des principaux mot d’ordre du parti qui a faite de la lutte contre l’antisémitisme son cheval de bataille. Le problème, c’est que pour des gens de gauche il devient difficile de critiquer l’antisémitisme sans donner l’impression de se ranger derrière la bannière anti-chômeur des réformateurs libéraux… Pour l’instant, de faux débats servent à faire progresser des idées monstrueuses. Le chômage est une souffrance et les gens l’oublient trop facilement. Le travail aussi, mais c’est en partie le cas parce qu’il y a plein de chômeurs et que ces derniers se font souvent critiquer. Sans la sécurité sociale en Europe, ce serait depuis longtemps la dictature. La dictature, c’est ce à quoi aspirent ceux qui ont profité de la crise et qui voudraient mettre leur fortune à l’abri. C’est aussi ce à quoi aspirent ceux qui voudraient mettre le travail à l’abri, nationaliser l’industrie, les banques. Mais le principal mot d’ordre de ces deux groupes, c’est néanmoins la démocratie, la démocraie, rien que la démocratie. Une démocratie à l’européenne où de toutes façons ce sont des grands patrons qui décident de la politique, et où le reste de la population s’entredéchire pour tout et pour n’importe quoi. Ou une démocratie bourgeoise, ou une démocratie populaire.. Il y a trente-six sortes de démocraties. Ou plutôt de dictatures démocratiques.

    P. W.

  2. tito Says:

    Toujours un plaisir de lire ta prose (en se demandant si tu inventeras un jour le paragraphe).

    Concernant tes arguments, j’aurais tendance à te répondre deux choses:
    -d’une part, ce n’est pas parce que quelqu’un se réclame de la gauche ou de la droite, qu’il en fait automatiquement partie: l’analyse de son discours et de ses actes est un préalable nécessaire pour en accepter l’affirmation;
    -d’autre part, les droites (libérale, sociale-démocrate, libertarienne, conservatrice, écologiste même) ont des valeurs, elles aussi, et ces valeurs s’expriment de manière différenciées. Je suis même prêt à admettre qu’il existe des droites plus acceptables parfois du côté libéral -quoique très rarement- parce que plus honnêtes, plus argumentées, moins hypocrites. La droite d’un Philippe Séguin avait pour moi bien plus de valeurs que celle d’un Valls ou d’un Hollande, par exemple.
    En définitive, cependant, toutes les droites sont mes adversaires, mais il y a évidemment moyen de coexister avec ses adversaires -et en fait si l’on est de gauche on est bien obligés de le faire de toute façon, c’est même plutôt eux qui nous tolèrent, globalement, à condition qu’on la ramène pas trop fort.
    Mon analyse part de mon point de vue, c(‘est évident, mais ce point de vue essaie de partir toujours des valeurs défendues dans les faits, dans les actes, plus que dans les discours.
    Si un délégué syndical appelle à voter pour le PS, alors que ce dernier participe depuis quarante ans au détricotage des acquis sociaux, je lui dis qu’il a un discours tel que je dois le cataloguer à ma droite. S’il s’offusque, je lui explique pourquoi. S’il prétend que, “sans le PS, ce serait pire”, je lui rappelle que ce n’est pas un argument crédible, et que, si la pente est plus douce, elle n’en est pas moins savonnée, avec le PS.
    Risque-t-on la dictature? En un sens, l’histoire est plus peuplée de dictatures que de toute autre chose, et la dictature possède encore des moments forts dans nos “démocraties”, soit à des instants précis, soit dans des lieux de droit gris ou même de non-droit. Sans parler des situations où les principes mêmes d’ “Etat de droit” (concept de droite) sont bafoués du fait de la non-continuité du droit sous les prétextes les plus divers (immigration, situation d’urgence, de crise, guerre, etc.).

    QUant à l’extrême-droite et au vote d’extrême-droite…

    Oui, sûrement, nous manquons de pédagogie, mais surtout de moyens, pour contrer ces partis qui, de fait, bénéficient des capitaux financiers pour promouvoir un faux discours populiste… Il y a aussi des variantes, comme le disait Modrikamen, récemment: la Marine a un programme “trop socialiste” pour lui.
    Un comble? Pas du tout: quand on se vend, on vend son image, tous les arguments sont bons, et s’il est évident que la Marine ne sera jamais de gauche, et préférera promouvoir toujours un Etat capitaliste, fût-il nationaliste, elle restera toujours et manifestement de droite.

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