Le syndrome de Lisbonne

Voltaire, à l’annonce du tremblement de terre de Lisbonne, au cours duquel entre 50.000 et 100.000 personnes moururent, indistinctement gentilles ou méchantes, cessa de croire en une providence bonne et béate. Cette année 1755 eut donc un gros impact sur la philosophie de l’Arouet.
On peut se poser la question d’une telle motivation dans un esprit considéré comme brillant. L’événement était certes impressionnant, mais il suivait dans l’histoire des horreurs et des catastrophes naturelles au cours desquelles indistinctement Jacques Bonhomme et le marquis de Moncul se prenaient des gamelles. Cesser de croire en un Dieu bon et omnipotent pour cette raison me paraît absurde, du moins si l’on est Voltaire et que l’on a déjà 60 ans passés.

Par contre, dans l’esprit d’une jeune Polonaise de 14 ans, juive et née vers 1930, ce qui se passait dans le ghetto de Bedzin n’a probablement pas dû contribuer des masses à l’idée que Dieu puisse être infiniment bon, doux, juste et qu’il fasse tout bien, dis donc…

Pauvre témoin qui ne survivra pas à son enfermement à Auschwitz, Rutka Laskier a laissé un journal -genre Anne Frank- où elle écrit notamment:

« Si Dieu existait, il ne permettrait pas qu’on jette les gens vivants dans des fours. Ou qu’on mette les petits enfants dans des sacs pour les gazer »

(si c’est pas de l’athéisme, ça, cent pour-cent kasher… pauvre gamine…)

Alors, est-ce que Dieu n’existe pas parce que tout ça arrive? Ou est-ce que tout ça arrive parce que Dieu n’existe pas?

Mais, la question ne devrait-elle pas être: quand on s’interroge sur le fonctionnement d’une société, d’un état, d’une population, et qu’on s’aperçoit que la quasi-totalité du temps leurs dirigeants sont pétris de bondieuseries de tout poil… et sachant ce que ça donne point de vue humanisme…

quelles conclusions devrions-nous en tirer?…
Hm?

Hein?

Allez, quoi… les cathos, les protos, les orthos, les mumus, les jujus, les zinzins, les taos, tout ça… et puis tous les autres (plus discrets mais pas moins fions)…

Si vous rentriez prier chez vous… hein?

tous…

16 Responses to “Le syndrome de Lisbonne”

  1. Un Homme Says:

    A commencer par les athées qui nous gonflent en gueulant leur mépris des dieux à tout vent? :p

    Sinon, je suis un peu déçu, à la vue du titre, j’espérais un article sur la merveilleuse stratégie de Lisbonne qui vise à faire de l’Union Européenne l’économie la plus compétitive d’ici 2010… :p

  2. thitho Says:

    et tes titres à toi, ils sont généralement évocateurs du contenu? :p

  3. Un Homme Says:

    Ben oui…
    Pourquoi, tu as un exemple en tete?

  4. julien uh Says:

    et du coup la phrase passe-partout avale tout : les desseins du très haut…
    Et qu’on laisse prier les cathos, les musulmos, les protos, etc. soit, mais qu’on mette aussi tout en oeuvre pour leur expliquer en quoi c’est con, arriéré et débilitant. Que manger des chips Croky ou Lays c’est pas le corps de djiseusse mais de l’agro-alimentaire.

  5. oise Says:

    D’accord avec tout ça.
    Mais il y a parfois des athées bien plus cons que certains croyants…

    Exemple : voici que je trouve dans “Wolu Laïque” n°57, le bulletin des amis de la Jeunesse Laïque de Woluwé, que l’on distribue aux enfants de l’école communale de ma fille aînée. C’est un texte intitulé “Réflexions sur le mètre” paru dans la rubrique du courrier des lecteurs, sans commentaire aucun :
    “[…] Pour comprendre ce mètre, apparemment incongru lorsqu’il s’agit de se déplacer à grande distance, il n’existe qu’une solution : se rendre par l’imagination à Paris en 1793 au siège de la Convention Nationale. La période est agitée, comme la nôtre. Aujourd’hui, chacun commence à comprendre, on peut l’espérer, qu’un puissant lobby de climatologues et statisticiens a pris le pouvoir sur les médias et les politiques en agitant le spectre du réchauffement climatique. A la Convention, ce rôle est, sous la terreur, dévolu aux astronomes de l’observatoire de Paris. […]”
    L’auteur, un certain Roger Lamouline, est ingénieur industriel et a travaillé chez Sabena (ceci explique cela…)

    Parallèlement, je suis allée voir avec Julien une série intéressante de films sur les mouvements sociaux aux entreprises LIP dans les années septante, et il y avait dans la bande d’ “agitateurs” un curé vachement sympa ma foi 😉

    Comme quoi…

  6. thitho Says:

    L’athéisme n’est en effet pas une preuve d’intelligence.
    Et la foi n’est pas une preuve de bêtise.

    Les danblonnistes me font en effet autant horreur que les membres de l’Opus dei, et j’ai rencontré des dominicains et des jésuites vraiment intéressants.

    Il n’en reste pas moins que la foi devrait être quelque chose de personnel, et non de public ou même de privé.

    Pourquoi pas privé? Cette notion imbécile héritée des constitutions du XIXe siècle fut une bénédiction pour la fondation patrimoniale de la société: la foi étant une affaire privée, on devient grenouille de bénitier de mère en fille, parce que la foi de l’enfant est l’affaire du père de famille (on se comprend).

    Et donc, la seule norme acceptable, selon moi, c’est que la foi soit un artifice personnel et non privé.

    Y compris chez les danblonnistes.

  7. Un Homme Says:

    Je pense que le problème n’est pas tant la foi que la religion et surtout sa pratique.
    Dans la plupart des religions, la foi est associée à certaines pratiques religieuses. Faut-il les interdire? Partout? Uniquement dans le domaine public? Où met-on la frontière entre public et privé? Par exemple: faut-il interdire le port de “signes ostentatoires”? 😉

    Comme souvent, il s’agit d’un problème plus large qui est celui de comment vivre en (relative) harmonie en société… Vaste question. 😉

  8. thitho Says:

    @ Un Homme: je n’ai pas dit que la foi était un problème, hein…
    Quant aux pratiques de la foi, oui; le problème est que la religion a l’ambition de créer des cercles, de fonder une unité autour de ce qu’elle représente. Cette unité nécessite évidemment une expansion (catholique signifie universelle, orthodoxe signifie opinion droite). Donc, les religions qui suivent des doctrines ayant pour objectif de les répandre (et l’interprétation paulienne du christiannisme, c’est ça) sont par nature impérialistes.
    Cela dit, des religions qui ne le sont pas nécessairement (Comme le judaïsme) peuvent avoir des répercussions impérialistes par la simple association de leur culte à l’exercice d’un pouvoir.

    A contrario, l’exercice du bouddhisme (encore que, pas toujours) n’est pas contraignant pour l’entourage du pratiquant.

    Mais je me refuse à exclure de mes considérations “intolérantes” toute religion qui aurait pour vocation de se transmettre automatiquement de père en fils.

    De là à interdire les signes ostentatoires, je m’en fous. C’est pas mon problème, mais celui d’une société qui a choisi de considérer l’exercice de la foi comme “privé” -et donc de s’attirer le problème de l’intégrisme parental… Où reste le choix de l’enfant, là dedans? La fameuse liberté revendiquée par les chrétiens notamment…

  9. oise Says:

    Thith’ : je comprends bien ce que tu veux dire. Mais… en ce qui concerne la transmission “père-fils”, chaque parent transmet des valeurs à ses enfants, qu’elles soient religieuses ou autres. Un chrétien élève ses enfants dans des valeurs chrétiennes (encore que, bien que n’étant pas spécialiste de la question, les valeurs des chrétiens ne me semblent pas tjs très “chrétiennes” justement), un anar dans des valeurs d’anarchie, un coco dans des valeurs communistes, un libéral dans des valeurs libérales… C’est inévitable, c’est comme ça. Maintenant on peut s’interroger sur le choix de l’enfant dans tout ça, regretter la survivance de certaines doctrines et de certains comportements (machistes pour prendre un autre exemple), se battre contre ces idées, mais empêcher qu’elles se propagent au sein des familles… Comment ? En interdisant, par exemple, de parler du petit jésus ou d’allah à la maison ? Ca me paraît irréaliste, dangereux et de toute façon inefficace (on sait bien qu’en période de prohibition, des cercles secrets se forment et qu’une activité parallèle se met en place).

  10. Un Homme Says:

    C’est la que l’ecole laique et obligatoire a son role a jouer 😉

  11. oise Says:

    je n’osais le dire 😉

  12. tito Says:

    l’école laïque et obligatoire s’inscrivant dans la société qui a consacré le droit du père à choisir la religion de l’enfant, vous tournez en rond.

    quant à la famille et à ses valeurs, si l’on parvient à organiser une société où l’enfant à plein d’occasions de rencontrer plein de parents-tuteurs-profs-éducateurs-etc., etc., le pouvoir de nuisance de la famille en sera d’autant réduit et le choix plus grand.

  13. Un Homme Says:

    Jules Ferry, sors de ce corps! 😀

    C’était, si je ne m’abuse, un des but poursuivis par l’instauration de l’école obligatoire que de casser le moule de l’éducation privée et familiale.

    Le problème n’est donc pas l’école laïque et obligatoire en tant que telle mais la société dans laquelle elle s’inscrit…

  14. thitho Says:

    L’école obligatoire est porteuse de son échec…
    Même si elle fut un progrès (comme je l’ai déjà dit il y a cinq semaines en ballon).

    La notion même d’école laïque, obligatoire, cernée dans ses murs, pose problème.

    Mais comme on en a discuté, Un Homme, une école, si elle est portée par les membres de sa société, n’en est pas moins une institution, et donc se fige.
    Et donc fige la société dans laquelle elle s’inscrit (y contribue, au moins)

  15. Un Homme Says:

    Bon, on ne va pas recommencer le debat sur l’ecole; mais revenons un peu sur les termes “ecole” et “laique”:

    ÉCOLE, subst. fém.
    I.− [L’idée dominante est l’acquisition d’un savoir]
    A.− Établissement dans lequel on donne un enseignement collectif, p. méton. cet enseignement lui-même et son contenu; ensemble des établissements scolaires.

    LAÏQUE, LAÏC, LAÏQUE, adj.
    A. − 1. Qui n’appartient pas au clergé ni à un ordre religieux.
    2. Qui appartient, qui est propre au monde profane ou à la vie civile.

    Il n’est nullement question de murs ni d’institutionnalisation…

    L’ecole est le reflet de la societe. Dans notre societe (occidentale) ou nous nous enfermons derriere des murs, l’ecole est, tres logiquement, une prison. Mais, comme on dit, “un autre monde est possible” 😉

    Par ailleurs, il faut se rappeler que comme il n’y a pas de societe parfaite, il ne peut y avoir d’ecole parfaite non plus.

  16. Un Homme Says:

    Tiens, je viens de tomber sur un article sur l’éducation sur un autre blog:

    http://annastor.blogspot.com/2008/03/pourquoi-en-matire-dducation-je-suis.html

    🙂

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