éducation permanente -la question de l’auto-discipline

(Je fais écho à une question qui a été soulevée dans un post précédent concernant l’éducation, l’école et toute cette sorte de choses… Ju, note que je te réponds directement et partiellement à la suite de ce post.)

Je ne peux pas m’en empêcher évidemment. Je vois mon fils grandir (déjà), et il observe le jour qui devient nuit, la nuit qui devient jour (ce petit galopin empêche donc, vous l’aurez compris, ses parents de profiter du lever de soleil dans leur lit). Il écoute, il regarde, il touche, il prend, il engloutit -tout…

Bref, il s’éduque.

Avec une patience, un sérieux, une application, certes, encore tous relatifs, mais il s’y met. Tout seul. Volontairement. Je ne dois pas lui dire.

À la limite je suis plus une gêne qu’autre chose, puisque je lui interdis déjà de mettre en bouche mes chaussures, la télécommande, le morceau de pain tombé par terre dans la cuisine, les barreaux sales d’une grille de garage, et plein d’autres choses…

Quel fasciste je fais…

Doit-il se dire…

Dans son vocabulaire…

Encore un peu limité.

En tout cas, une chose est sûre, Un Homme, et cela j’en suis persuadé, l’animal homme est programmé pour être curieux. À l’instar du chat ou du chien, mais dans des dimensions et avec des objectifs différents.

Quand je dis programmé, cela dit, je limite aussitôt ma comparaison pour empêcher à quiconque le droit de me faire penser qu’il y a un programmateur.

Non, non.

Le programme est là, point.

Mais pour en revenir à mon petit Giuliano, Un Homme, tu me posais la question, oui, je crois que l’auto-discipline est une dimension qui est propre à l’humain.

Elle est souvent distraite par les stimuli extérieurs, ou en tout cas nous en avons l’impression.

L’application de l’être humain, sa discipline personnelle, se forge en fonction de ses intérêts. Si ceux-ci se focalisent sur les jeux du cirque ou la Star’Ac, c’est comme ça, c’est probablement la faute à une certaine aise ou à un certain vide… Quand je regarde une émission de télévision du genre Delarue ou Marc-Olivier Fogiel (ce qui m’est épargné ici), je me dis qu’il y a une réelle attention qui existe, qui focalise l’esprit sur des choses, certes vaines, mais préoccupant l’esprit humain.

Malheureusement, quelque part.

Mais à l’origine, ils (les intérêts) sont dirigés vers ce qui est nouveau et potentiellement utile à la survie de leur titulaire. Puis vers ce qui est utile à son bien-être. Puis ce qui peut servir sa liberté et son épanouissement. Ce qui lui permet en fin de compte de se poser la question de la priorité, de la hiérarchie de tous ces éléments (bien-être, survie, liberté, épanouissement). Et de poser ensuite des questions aussi évidentes que “je travaille ou je glande, aujourd’hui?”

Le bébé, puis l’enfant, puis l’adulte, à qui ne sont pas imposés les publicités, la messe, le ramadan et les débats politiques, auront la curiosité de chercher comment, pourquoi et qui, et quand, et où, “ça fonctionne”, “ça existe”, “ça évolue”, “ça vit”, “ça meurt”…

C’est une curiosité qui est parfois plus forte que le souci de se reproduire, de bouffer, d’acheter des bons d’état ou de regarder Thalassa.

J’en suis intimement convaincu. Je pense le savoir. Donc je me dis “je le sais”. Mais je n’ai pas la prétention de vous l’affirmer de manière aussi péremptoire.

Évidemment, ce serait bien que je mette des références à tout ça, parce que, brut, ça ressemble plus à un article de foi qu’à une production scientifique. Comme dirait Julien, on dirait une brève de comptoir. Promis, juré, dès que j’écris le bouquin qui va révolutionner la société sans que les cocos se sentent obligés de mettre les anars devant un peloton, je vous fournis les références qui m’ont aidé à penser tout ça.

C’est un de mes grands regrets, d’ici, je manque un peu de matériel, genre bibliothèque (en langue de Cantona), pour soutenir mes assertions.

Je suppose donc que ce n’est pas encore ce post qui vous convaincra (j’en ai de moins en moins la prétention si je l’avais jamais eue). Donc on se demandera facilement pourquoi je les poursuis. Et on fera bien de se poser la question. J’y suis pourtant toujours motivé.

11 Responses to “éducation permanente -la question de l’auto-discipline”

  1. Un Homme Says:

    Je pense, qu’une fois encore, nous achoppons sur le sens des mots que nous employons.

    Je te vois beaucoup parler de curiosite qui est, je te suis pleinement sur ce point, intrinseque a la nature humaine; par contre, je n’ai pas trop vu parler d’auto-discipline ici.

    AUTO(-)DISCIPLINE, (AUTO DISCIPLINE, AUTO-DISCIPLINE)subst. fém.
    Fait qu’un individu (ou un groupe d’individus) s’impose de lui-même une discipline, sans contrôle de l’extérieur

    et

    DISCIPLINE, subst. fém.
    A.− 1. Vx. Instruction, direction morale.
    B.− Règle imposée.
    1. Règle de conduite imposée (par qqn ou qqc.).
    2. P. méton. Ordre résultant de l’observation d’une règle, que l’on s’impose souvent à soi-même.

    L’auto-discipline est donc l’application d’un regle que l’on s’impose. C’est une contrainte que l’on s’impose et qui, quelque part, s’oppose a nos envies naturelles.

    L’auto-discipline, c’est se dire “aujourd’hui je bosse plutot que de glander” et le faire.

    Bref, c’est quelque chose que je ne maitrise que tres peu 😉

  2. thitho Says:

    et comment tu appelles le fait de s’imposer des normes de travail pour quelque chose tu as envie de faire?

    Moi j’appelle ça de l’auto-discipline…

  3. Un Homme Says:

    Certes; mais l’auto-discipline ne prend son plein sens que lorsqu’on se contraint aussi à faire des choses que l’on n’a pas envie de faire…

    Ce qui ne m’a pas paru évident à la lecture de ce billet.

    “Mais sans technique un don n’est rien qu’une sale manie” comme chantait l’autre 🙂

  4. thitho Says:

    en effet, j’estime qu’alors il s’agit de discipline imposée, puisqu’il n’y a pas de désir de se l’administrer soi-même;

    Je ne vois pas très bien le rapport avec la chanson de Brassens.

  5. Un Homme Says:

    La chanson de Brassens etait juste une illustration qu’il ne suffit pas d’avoir l’envie que pour acquerir la technique.

    Bon, sinon, je reste toujours avec ma question: on fait quoi quand on n’a pas d’auto-discipline? 😀

  6. thitho Says:

    Je reste perturbé par cet échange, mon cher ami, car il m’apparaît de plus en plus rhétorique. Certes, j’utilise un vocabulaire dans le sens que je désire, mais c’est le fait de beaucoup de monde, surtout dans des domaines polémiques.
    Maintenant que j’ai asserté ce que j’entendais par auto-discipline, peut-on envisager qu’une personne n’en possède pas?
    Même si cette auto-discipline est uniquement tournée vers Sega ou vers la contemplation des filles nues sur la plage -et que ces objectifs nous paraissent, à nous qui pensons bien (n’est-ce pas), minimalistes- il s’agit cependant d’auto-discipline. C’est d’elle que je parle.

  7. Un Homme Says:

    Bon, si je comprends bien, ce dont je suis loin d’être sûr, ce que tu entends par “auto-discipline”, c’est de l’éveil, un intérêt spontané pour quelque chose.

    Alors, évidemment, je pense que chacun recèle en soi une grande capacité d’éveil et d’intéressement. La curiosité de l’homme est profondément inscrite dans sa nature il me semble.

    Mais, et c’est peut-être là que nos avis divergent (et c’est énorme), je pense qu’il ne s’agit pas de s’intéresser à quelque chose pour en acquérir la maîtrise (dans un sens large); il faut également acquérir une technique propre à permettre la maîtrise du domaine qui nous intéresse.

    Et c’est l’acquisition de cette technique qui me semble nécessiter une certaine (auto-)discipline, dans le sens de la répétition régulière d’exercices sans lien direct avec l’objectif initial.

    Prenons un exemple, imaginons que j’ai un intérêt particulier pour la musique et plus particulièrement pour la guitare, j’ai envie de pouvoir jouer les classiques et qui sait, pourquoi pas de faire un groupe avec les copains…
    Fort de mon envie, j’achète une guitare, une méthode d’apprentissage, une méthode de solfège et des partitions. Toujours très motivé, je sais que dans 2 mois je serai Jimi Hendrix ou rien, je décide d’étudier mon solfège et ma méthode de guitare une heure tous les jours.
    Imaginons que contrairement à toute attente, je ne sois toujours pas capable de jouer l’intégrale de Cabrel à la fin de la deuxième semaine. Soit je laisse tomber, j’oublierai ma guitare et mes partitions dans un coin, soit je m’accroche et j’envisage peut-être une aide externe (cours, professeur particulier) qui me permettront enfin de dépasser le stade “Jeux interdits”…

    Pour reprende une image automobile dont je t’ai déjà fait part, je pense que pour que ma voiture puisse atteindre un objectif que je me suis fixé, il faut non seulement qu’elle ait un moteur (l’envie, l’intérêt); mais aussi une direction (discipline) qui permettra d’éviter les obstacles sur la route et d’atteindre mon but. Ces deux éléments sont à mon sens nécessaires; mais pas forcément suffisants…

  8. julien uh Says:

    Oui et le bon sauvage qui s’ouvre à tout sans aide extérieure, je me demande aussi s’il découvrira la capacité d’abstraction avant ses 80 ans (qu’il n’atteindra pas, faute de comprendre l’utilité de la médecine). Je sais, c’est très con et caricatural et tout ce qu’on veut mais tant que tu n’auras pas lu Bourdieu mon cher Thitho, tu devras te contenter de ce qui est mon dernier commentaire sur les sujets éducation :-). Na 🙂

  9. thitho Says:

    et tant que vous n’aurez pas lu Neill, je crois qu’on tournera en rond, si tu le prends sur ce ton, mon cher Ju.

    Christo, le fait de s’adjoindre une aide volontairement, c’est un acte d’auto-discipline…

  10. Julien Uh Says:

    Thitho : chiche ?
    j’ai commencé à me documenter sur Neill. Bon, je sens que sa brique sur les libres enfants de Summerhill m’énerverait très vite et en plus elle coûte cher, mais je vais faire l’effort. De ce que je retiens pour l’instant, neill fait de son école une île au milieu d’un monde pas sympa. et dès l’instant où les moutards doivent prendre le bateau vers le le continent capitaliste, ça coince. Du coup une école en dehors du réel et qui donc ne donne pas les outils pour transformer cette réalité. Bof

  11. tito Says:

    tu retiens ça d’où?
    L’école de Neill existe toujours (il y en a d’autres, d’ailleurs) et ses élèves ne sont pas morts en la quittant…

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