Rue des moustaches tombantes

Ça fait un moment que je pense à un truc, trés bête en apparence, mais qui a son importance.

Les noms des rues, les monuments à la gloire des grands esprits.

Ici, à São Paulo, le dernier président de gauche, João Goulart, qui fut renversé par une dictature militaire1, est signalé sur une poignée de ruelles, alors que des dirigeants de la junte, eux, sont répétés inlassablement tous les jours à la radio, parce qu’il y a des bouchons sur les grandes artères. Il n’y a pas eu de révision historique, dans le pays… Et ce n’est pas près de venir.

Il y a même une petite rue Monsanto, juste en face de mon lieu de travail. Je l’emprunte pour aller de l’appartement d’une élève à l’école.

mais bon, elle est petite.

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Je pense, à Bruxelles, à cette large avenue Charles Woeste, ministre du XIXe Siècle, qui s’opposait au Suffrage Universel, mais pas vraiment pour les même raisons que moi.

Je pense à l’avenue Léopold III, à l’avenue Baudouin; sans parler de la statue de Léopold II à poil près de la Gare centrale…

Il y a aussi les Rogier, Ducpétiaux et autres “révolutionnaires” de 1830, toutes sommités qui mériteraient surtout un beau placard historique.

À la place de l’avenue Charles Woeste, je verrais bien une Allée des Souris de Laboratoire.

Et sur la Place Albert Ier, un Square des Chevaux morts à la guerre.

Puis, à la place de la statue imbécile d’Elizabeth, une évocation de la musique libre, sans entrave et sans concours.

Et plutôt que de donner aux écoles des noms de politiques de deuxième division, on pourrait (à défaut de les détruire) leur donner des noms plus poétiques, ou de personnages un tant soit peu plus intéressants, comme John Lennon, Henry Miller (ce qui serait cocasse), Anaïs Nin (dont l’histoire serait aussi marrante à raconter) ou, à la limite, Marguerite Yourcenar2.

L’esprit de clocher, plus encore que le chauvinisme, le localisme politique de ceux qui espèrent sans doute gagner après leur mort l’octroi à leur nom d’une impasse ou d’une contre-allée, n’est rien moins qu’un réducteur de pensée.

De toute façon, qui se souvient de Dansaert, Dailly, Jacquemin, Max, Bordet3?

Alors une petite suggestion: débaptisez votre avenue et trouvez-lui un nom plus sexy, pour voir.

  1. Largement soutenue par le gouvernement amerloque Kennedy, puis Johnson. []
  2. J’ai bien encore d’autres idées, mais elles vont perdre encore en popularité. []
  3. Pourtant prix Nobel. []

3 Responses to “Rue des moustaches tombantes”

  1. Un Homme Says:

    Jacqmain (si c’est celui du lycée, mimile, dont tu parles)

    Sinon, il faut aussi noter l’existence, bien trop rare hélas, de squares de l’Amitié, de rues de la Sympathie, etc.

  2. Anne Says:

    Et puis à Sao Paulo, il y a aussi toutes les rues à date : en vrac (avec des fautes, je les mélange toujours), celle du 23 mars, du 25 mai, du 9 (ou 7?) juillet,… célébrant aussi des événements “sympathiques”… Et alors, le truc que je n’ai jamais bien saisi, c’est l’hommage aux Bandeirantes, qui si je ne me trompe pas sont les premiers conquérants du Brésil

  3. thitho Says:

    Oui, ces bandeirantes sont des espèces de bandes organisées, qui sont honorés aujourd’hui encore comme les “découvreurs” du Brésil. Un peu comme les conquistadores, mais en moins liés à la couronne colonisatrice.

    Pourtant, leurs principaux faits d’armes sont liés à la chasse aux esclaves et aux massacres d’indiens.

    Sans commentaire.

    Rholala, jacqmain…
    🙂

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