Chronique des élections présidentielles locales IV

Résumé des épisodes précédents1 :
Trois candidats principaux se disputent la présidence du Brésil à partir de 2011. Marina Silva a déjà été présentée.

troisième partie: José Serra.

À l’image de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso, José Serra, qui a été son ministre de la santé jusqu’en 2002, pourrait dire “Oubliez tout ce que j’ai écrit.” Leader étudiant en 1964, de gauche, il s’exile au moment du coup d’état, va rejoindre le Chili d’Allende, pour ensuite, après bien des années hors de son pays, rentrer et se ranger dans un parti conservateur, américanophile et largement à la bonne avec les médias de droite et les milieux économiques.

Son discours est empreint de contradictions inhérentes à sa position: il vante le système de santé qu’il a contribué à mettre en place et critique ce qu’il est devenu, alors que Lula n’y a pratiquement pas touché (à tort d’ailleurs); il se dit plus à gauche que Lula mais milite dans un parti de droite; il prétend que la Bolsa Familia2 est une invention de Fernando Henrique Cardoso, mais son parti passe son temps à en critiquer le principe et les pratiques; il est issu de la résistance (passive) à la dictature alors que son parti en est pratiquement issu3.

Maire de São Paulo, ministre de la Santé, puis gouverneur de l’État de São Paulo, José Serra n’a pas exactement la fibre négociatrice dans la peau. Pendant les trois dernières années de son exercice4, il a envoyé la police contre les étudiants, refusé de discuter avec les enseignants tant qu’ils étaient en grève et envoyé un corps de police contre un autre qui réclamait des ajustements de salaire promis. Son souci de la sécurité l’empêche de condamner les plus de mille morts par an provoquées par la police et la police militaire parmi les “civils” des favelas, un grand nombre d’entre elles ressemblant plus à des exécutions qu’à des actes de légitime défense. Comme candidat à la présidentielle, il a décidé de s’approprier ce thème, alors qu’il ne fait pas partie des prérogatives du président. C’est son petit côté Johan Vande Lanotte: j’étais de gauche, mais j’appuie sur la gachette en direction du peuple.

Économiquement, Serra prétend faire la même chose que Lula en mieux. Voilà un argument qui signifie tout et son contraire. Il n’y a pas grand’chose à en tirer de positif.

Prochain épisode: Dilma Rousseff.

  1. Un, deux et trois. []
  2. Programme de soutien aux familles les plus pauvres comparables à un minuscule RMI attribué principalement aux mères de famille. []
  3. Jusqu’à certains de ses membres qui ont reproché à Dilma Rousseff, sa concurrente, d’avoir fait partie des “terroristes” durant la période “militaire” et d’avoir menti sous la torture. []
  4. Il vient de “renoncer” à sa charge pour se présenter aux présidentielles. []

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