Laïcité, poil à la liberté.

“Signe ostensible de religion”…
“Laïcité”
“Neutralité de l’État”
“Liberté du culte”
Et on en passe…

Que les choses soient claires: grand bien leur fasse aux femmes qui désirent se mettre des cornettes, voiles, girafes ou tout autre signe religieux ou culturel sur la tête, le ridicule ne tuant pas, cela ne me gène pas, et surtout, je m’en voudrais de m’opposer à l’exposition de sa foi ou de sa culture: je porte moi-même régulièrement un t-shirt arborant mon athéisme sous le très ironique message:

“Grazie a dio sono ateo”.

La minuscule est volontaire…

Quant au voile intégral, je me dis qu’il n’y a pas de raison: plus une religion est absurde, moins elle attire de monde spontanément.

Donc, non, pas d’interdiction, ni à l’école, ni à la commune, ni à l’hôpital: ça me ferait autant chier de me faire dorloter par une infirmière juive, musulmane ou catholique. Du moment qu’elle ne tente pas de me convertir… Quand on veut bien se rappeler que la médecine et tout ce qui s’y rapporte fait normalement partie du domaine de la science, on se dit que la religion, fatalement, doit rester au placard avec les vêtements civils de ces professionnelles (et trop rares professionnels) courageuses (et courageux) de la piqûre. Donc, qu’ils portent encore une croix, une étoile, un croissant ou un voile sur la tête, du moment que ça ne les gène pas pour faire leurs intraveineuses, on s’en fout. Libre aussi au patient d’exiger de voir au moins le nez, la bouche et les oreilles de son vis-à-vis, ça me paraît élémentaire. En tout cas, oui, bon. Aaah, ça y est on marche sur des oeufs! Et, non, je ne suis pas là pour te draguer, j’ai 40 de fièvre, coquine. En plus, tu viens de voir mon cul et de nettoyer mon plastron, tu crois que je me sens à l’aise pour te proposer un ciné?

Je me retourne maintenant vers ma famille politique: la gauche -je veux dire la gauche en tant que force anti-capitaliste, libertaire, qu’elle soit collectiviste ou coopératiste, qu’importe. Cette gauche forcément anti-patriarcale, favorable au féminisme, opposée au “droit du père de famille à choisir la religion de ses enfants” et privilégiant l’individu à la personne, la liberté au patrimoine.

Camarades, compagnes, compagnons, amies, amis (oui, enfin, bon), citoyennes, citoyens, lucides consciences du monde, ou tout ce que vous voudrez,

je me disais que je vous rappellerais bien deux petits principes propres à la gauche -je veux dire, celle dont je faisais question ci-dessus.

Premier principe: la liberté et l’égalité ne peuvent se construire dans la soumission à une hypothèse supérieure, quelle qu’elle soit: dieu, force supérieure, nation, héros quelconque, mythologie, affabulation,… Bref, non, rien. Il est important de se souvenir en permanence qu’un programme ou une idée de gauche ne peut contenir dans ses bases la moindre indulgence (sic) à l’égard d’aucune foi irrationnelle. Cela paraîtra évident si l’on se rappelle que les intérêts privés ne pourraient qu’être considérés comme abolis en cas de révolution, naturellement, mais aussi qu’il ne serait -dans l’hypothèse du grand soir juste là évoqué- plus jamais question de laisser aux pères -ni aux mères- le droit d’imposer leurs délires personnels à leurs progénitures.

Me dira-t-on que ceux-ci ne veulent que le bien de leurs enfants? Peut-être, mais c’est le prétexte de tous les capitalismes du monde aussi et justifie arbitrairement l’héritage du patrimoine autant que de la religion -ce qui est, de nouveau, incompatible à la raison de gauche, c’est-à-dire celle à laquelle je faisais référence un peu plus tôt, toujours la même. La famille, oui, mais la famille affective, pas la famille patriarcale.

Deuxième principe: non seulement la foi est irrationnelle et contraire à la gestion commune, collective, coopérative ou tout ce qu’on voudra qui ressemble à de la gauche (cf. ci-dessus), mais en plus elle s’appuie généralement sur des structures patrimoniales contraires à l’esprit de l’égalité et de la liberté.

L’égalité parce que ces structures supposent que certains savent ou croient mieux que d’autres et sont donc susceptibles de décider pour d’autres;

La liberté parce que, et ce n’est pas une coïncidence, ces structures n’aiment rien moins (ou ne détestent rien plus) que ceux qui quittent la foi en elles. Ce n’est qu’en de rares moments et rares endroits que la liberté de faire un bras d’honneur à la religion fut ou est défendue par les organismes autoritaires d’un espace géographique donné.

On l’oublie un peu trop souvent, mais le recul de la religion au cours du XXe Siècle dans certains îlots de la planète n’est pas un acquis mais une lutte continuelle

Ici Londres…

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