Ceci n’est pas une maladie sexuellement transmissible (svp)

Je découvre progressivement (et je traduis au fur et à mesure des extraits de) la vie des Sans-terre brésiliens… Je découvre notamment que leur mouvement est plutôt jeune. Il n’est que lointainement apparenté à celui des Ligues Paysannes des années 50, par exemple, même si, hein, bon, mais quand même…

Et donc, premier extrait, pour vous, en primeur en français:

La rencontre de Cascavel, fondation du Mouvement des Travailleurs Sans-Terre (MST) au Brésil, 1984,

d’après Sue Branford et Jan Rocha, Rompendo a cerca, a história do MST, Casa Amarela, São Paulo, 2004, p. 42-43.

“Après trois jours de débat intense (après avoir notamment parlé avec les représentants de l’Église et ceux des syndicats et du PT, dont le jeune Lula, ndt), les principes du nouveau mouvement furent établis: il sera conduit par les travailleurs sans-terre eux-mêmes, indépendamment de l’Église, des syndicats et des partis politiques; il sera ouvert à toute la famille; il sera un mouvement de masse. Quatre objectifs furent définis: lutter pour la réforme agraire; lutter pour une société juste, fraternelle et pour la fin du capitalisme; inclure les travailleurs ruraux, locataires, métayers et petits agriculteurs de la catégorie des travailleurs sans terre; et garantir que la terre soit à qui travaille dessus et à qui vit d’elle.
“Prises en commun, les décisions de la rencontre de Cascavel montrèrent que, même à ce stade si précoce, les sans-terre essayaient, consciemment, de créer une organisation différente de tout ce qui existait alors au Brésil. À la différence des mouvements ruraux antérieurs (comme les fameuses Ligues Paysannes, qui dans les années 50’ avaient lutté pour les droits des travailleurs ruraux pauvres du Nordeste dans le contexte du mouvement syndical), les sans-terre voulaient fonder une organisation totalement indépendante. Ils croyaient encore être différents des Occupants (posseiros *) de l’Amazonie, qui luttaient exclusivement pour le droit de rester sur la terre qu’ils occupaient depuis plusieurs années. Les sans-terre se voyaient comme un nouveau type de travailleurs exploités –des personnes expulsées de leurs champs par la modernisation de l’agriculture- et, ceci étant, estimaient avoir besoin d’un mouvement qui leur soit propre, avec des objectifs spécifiques. Ils pensaient que la lutte pour la terre faisait partie d’un mouvement révolutionnaire plus large, pour en finir avec l’exploitation et garantir une justice pour tout le monde. Une vision utopique qui motivait principalement son appel vers les pauvres et les exclus.”

Traduction copyleftée du Hérisson

À suivre, donc… Bientôt un nouvel extrait.

PS: * posseiros: si quelqu’un a une meilleure traduction, je suis preneur.

4 Responses to “Ceci n’est pas une maladie sexuellement transmissible (svp)”

  1. MonsieurA Says:

    tiens, et ils disent quelque choses sur la gestion démocratique locale (par exemple du village), qui ne se limite pas à la question de la terre ou du capitalisme?
    Certains aspects pourraient faire penser au MIR russe, organisation commune rurale rejetant la propriété individuelle formelle, mais développant par ailleurs des mécanismes de décision via assemblées, sans vote, etc.

  2. Anne Says:

    Pas d’idée pour la traduction de posseiro, mais occupant ne me semble pas tout à fait adéquat, il y a une idée de propriété dans posseiro (le “possesseur” de fait). Avec occupant, on a l’impression qu’ils sont venus pour occuper une terre, alors qu’ils réclament la propriété de leur terre originaire. A réfléchir

  3. thitho Says:

    figure-toi que c’est précisément pour cela que j’ai choisi “occupant”: possesseur étant un terme juridique désigant celui qui détient légalement (ou en tout cas qui est présumé détenir légalement) un bien. Je trouvais que ce n’était pas le cas, ici. Mais je comprends ta remarque. J’ai hésité avec possesseur, le temps de faire mon raisonnement ci-dessus. Ce qui ne nous avance pas… Je veux toujours bien changer de terme… mais pas pour possesseur.

    Il faudrait un terme qui rappelle leur côté revendicateur.

  4. thitho Says:

    Monsieur A: je suis en train de lire un passage qui parle notamment de ça. Je le traduirai bientôt.

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