professeurs protégés 2

En suite de ceci
et cela, et malgré le peu d’enthousiasme qui a suivi en guise de discussion, je vais continuer à développer les raisons pour lesquelles la profession d’enseignant devrait être déprofessionnalisée.

Un horaire normal de prof, s’il veut pouvoir louer un appartement pas trop moche à Bruxelles, c’est entre 20 et 22heures de cours (quelques-uns de mes collègues du cycle inférieur totalisaient parfois 24 heures). Un instit’, ça grimpe encore un peu plus, sans compter les heures “hors cours” (surveillance, administration, logistique, réunions de collègues ou de parents, etc.) et bien sûr les préparations, corrections, …

Un prof, c’est un esprit qui ne se repose jamais de ses élèves. Carnaval, Toussaint, c’est bien trop court pour déconnecter. Pâques et Noël (quand on ne part pas en voyage scolaire), c’est tout juste assez pour recharger les batteries psychologiques au minimum… Il reste les vacances d’été, où l’on continue à penser à nos gamins pendant plusieurs semaines “après” et au moins pendant dix ou quinze jours “avant”…

(Notez que penser à nos gamins n’est pas désagréable en soi, mais c’est prenant physiquement, moralement et mentalement.)

Être prof, c’est un boulot à temps plein au sens où il est hardu de ne se concentrer sur nos garnements moins de 50 heures par semaine. Si certains enseignants ne se reconnaissent pas au moins en partie dans ce portrait, je ne suis pas sûr qu’ils font le même métier que celui que je faisais.

Malheureusement, tout ce temps où nous sommes en même temps que profs, éducateurs, flics, assistants sociaux, psychologues, gardiens de prison, spécialistes en électricité et en plomberie appliquées, et autres joyeusetés, nous avons parfois du mal à nous mettre au parfum de ce qui ferait de nous des profs plus modernes, plus frais, plus adaptés au système qui ne cesse d’évoluer. On nous fourgue bien des formations, mais j’en ai vues qui semblaient n’avoir guère évoluer depuis un moment. Ça doit être l’exception…

Difficile aussi de discuter progrès avec un inspecteur qui n’a plus enseigné depuis quinze ans. Ou avec un préfet qui pense à vendre son école plus qu’à la rendre conviviale.

L’enseignant est largement coupé de sa hiérarchie par les exigences du métier que lui comme elle défendent. L’enseignant est là pour enseigner à des jeunes; la hiérarchie est là pour s’assurer que la démocratie parlementaire ait de longs et beaux jours devant elle.

Est-ce que j’exagère? Sûrement, notamment parce que nombre de mes collègues se satisfont, sinon de leur sort, du moins du rôle qui leur est attribué -si seulement ils pouvaient recevoir une plus grande part de dessert, ça serait parfait. Mais de nouveau on n’est pas dans la même perspective. Certains de mes collègues sont là pour faire “là où on leur dit de faire”. Les profs idéalistes, ceux qui sont repris dans les films avec plus ou moins de bonheur (Ça commence aujourd’hui étant sans doute un des tous meilleurs), ne sont pas si bien vus que ça dans la réalité. Surtout par leurs collègues.

L’école telle que nous la connaissons fut un progrès. Il fallait la faire. Il faut admettre qu’elle ne l’est plus et qu’il faut repenser l’enseignement.

L’enseignant n’a pas le temps d’être tout ce qu’il doit être en plus d’être un animal social. De nombreux collègues autour de moi travaillaient alcooliques, désillusionnés, dépressifs, divorcés, solitaires, avec un matériel vieux de dix ans, et parfois tout cela à la fois.

Un enseignant, dans la vision romantique, c’est quelqu’un qui a le temps de faire de beaux supports, de belles préparations, quelqu’un qui parvient à répondre à ses élèves quand ils veulent voir quelque chose qui sort du programme… Plein de belles et jolies idées.

J’en connais qui… et moi aussi, je m’y efforçais. Mes élèves me titillaient régulièrement pour qu’on sorte du programme -que je n’ai pas souvent fini. J’essayais de rendre le latin amusant et moderne en comparant un discours de général romain avec celui d’un président américain, par exemple. Pas évident tous les jours, le cours de latin… Plus facile était le cours d’histoire. Plus libre encore, le cours de morale…

Mais, bref, le rythme de travail que je m’imposais pour arriver à intéresser mes bambins entravait ma vie sociale et ma vie affective. Sans parler de ma vie militante…

Ce que je remarque, c’est que le professeur a besoin d’étendre son horizon pour parvenir à le ramener en classe. Et pour ça, il manque quelque chose à une grande quantité de mes collégues…

À mon sens, diminuer le temps de travail des profs (ce qui n’arrivera pas), les payer mieux (ce qui n’est pas à négliger, mais qui n’aidera pas), mieux les encadrer (ce qui me fait rire à l’avance) ou leur prémâcher les préparations (ce qui n’amènera pas d’enthousiasme en classe, car on ne peut pas porter la passion d’un autre) ne sont pas des solutions au problème.

Le problème, c’est le cloître, c’est la boîte, c’est l’entreprise…

Le problème, c’est l’école en tant que lieu de professionnalisation de l’enseignement.

Un des grands penseurs de cette idée, c’est Ivan illich, dont je ne peux que vous recommander la lecture de “Deschooling society”, qui a été improprement traduit en “Une société sans école”.

L’idée est toute simple: les enfants (comme les adultes d’ailleurs) ne se passionnent que pour ce qui les intéresse vraiment; ce qu’ils ont envie de faire (voir également pour ceci: Alexander S. Neill). Les agents de l’enseignement (généralement des adultes, mais ce n’est pas une règle) n’enseigneront jamais mieux que ce qu’ils maîtrisent avec plaisir. Enseigner de la géographie quand on aime l’histoire et vice-versa, ce n’est pas le grand pied. Faire de la chimie alors qu’on est prof de math, ce n’est pas toujours évident non plus. Il y en a qui aiment, évidemment. Il y en a qui n’aiment pas et à qui on ne demande pas d’enseigner ce qu’ils aiment.

Et puis il y a des adultes partout dans le monde qui seraient d’excellents profs, à qui des enfants adorent poser des questions… Mais ils ne sont pas disponibles parce qu’ils doivent travailler et parce que les gosses doivent aller à l’école…

Vous voyez où je veux en venir?

24 Responses to “professeurs protégés 2”

  1. oise Says:

    D’accord avec beaucoup de choses dans ton état des lieux. D’accord (évidemment) qu’il faut repenser l’enseignement. Mais je ne suis pas sûre d’être d’accord sur la solution…

    Juste une remarque d’abord : dans le secondaire, un temps plein, c’est 20 heures (données) + prépas, paperasse, surveillances etc. Mais si tu donnes plus d’heures, tu n’es pas payé plus.

    Bon. Alors tu dis : “L’idée est toute simple: les enfants (comme les adultes d’ailleurs) ne se passionnent que pour ce qui les intéresse vraiment; ce qu’ils ont envie de faire. / Les agents de l’enseignement (généralement des adultes, mais ce n’est pas une règle) n’enseigneront jamais mieux que ce qu’ils maîtrisent avec plaisir.” :

    1) Les enfants ne se passionnent que pour ce qu’ils ont envie de faire : oui. Mais justement, attention : s’il faut les laisser suivre leurs goûts (leur laisser la liberté d’être ce qu’ils sont), il faut aussi (et absolument) leur permettre d’élargir leurs horizons, leurs connaissances, et aussi (j’en avais parlé dans le premier post) leur espace social (les amis, d’autres adultes etc). Oui, il y a des tas d’adultes dans le monde qui seraient de bons profs, mais comme tu le dis, parfois (souvent) ils ne sont pas disponibles, attentifs ou simplement instruits. De plus, “tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communistes” ! ;o) Ou simplement ouverts ou curieux..
    Pour prendre un exemple que je connais bien (moi ;o), j’ai grandi dans une famille où il n’y avait pas de livres, juste la télé du matin au soir, où on votait bien à droite, où on détestait les étrangers et où la culture se limitait à Serge Lama, Julio Iglesias et Gilbert Bécaud. Bon. Banal. Eh bien, c’est l’école qui m’a faire ouvrir mes premiers livres ! Et rencontrer des gens très différents. Sans ça… peut-être bien que je passerais mes journées devant les feux de l’amour, je lirais Paris-Match, j’écouterais Céline Dion, je voterais Reynders et je ne serais pas raciste mais…
    Plus largement, si un enfant évolue dans un mileu où les parents ne sont pas instruits, ils n’auront pas accès à cette instruction non plus… Un système sans école favoriserait aussi les riches, et pas un peu !

    2) C’est évident, un prof ne peut enseigner que ce qu’il aime et qu’il maitrise -> des profs de math ne devraient pas donner de la bio, et des profs d’histoire ne devraient pas donner du français ;o)

    Je ne suis pas contre l’école ni contre des profs « professionnels ».
    Mais je suis pour une école solidaire, ludique, dont l’objectif soit de rendre l’étudiant(e) autonome, critique, cultivé (et non pas de le classer, de le sanctionner, de le préparer professionnellement…). Et là, il y a beaucoup de travail à abattre et beaucoup de mentalités à changer…

    Bon à suivre hein ;o)

  2. tito Says:

    Bon ben à réponse longue…

    1) C’est la raison pour laquelle je citais Neill; il a montré de manière assez déterminante à travers l’expérience de son école que cet horizon peut s’élargir chez l’enfant de manière bien plus spontanée que sous le régime de l’obligation scolaire. La motivation de l’enfant qui veut devenir ingénieur le poussera à apprendre tout ce qui le rebutait en physique, math et autres domaines complexes.
    Il est évident que ce n’est pas pour enfermer les enfants au sein de leurs familles que je proposais ce type de solution; ton exemple personnel ne me contredit pas -au cotnraire: l’obligation familiale peut se comparer facilement à l’obligation scolaire.

    C’est bien Bécaud, je trouve; en plus il était de gauche. Bon, catho, mais de gauche… 🙂

    2) je ne donnais cet exemple que comme un détail; ce qui m’intéresse, c’est de mettre en évidence que les apprenants préfèrent se concentrer sur ce qu’ils aiment que sur ce qui les rebute.

    En définitive, je suis pour un enseignement ludique, solidaire, critique -apte à donner aux enfants le goût de tout ce qu’on veut -y compris de l’ignorance, qui est, faut-il le rappeler, notre situation pour 95 pour-cent des savoirs humains… et donc de l’humilité…

    Je persiste à penser que la professionnalisation de l’enseignement est une erreur. Si l’argument ici développé n’est pas suffisant, j’en ai encore deux autres qui viendront plus tard…

  3. Un Homme Says:

    Bon, je ne peux me targuer que de ma qualite d’enseigne; mais je pense qu’une certaine professionnalisation est necessaire voire souhaitable.
    En effet, il me semble illusoire de penser que l’on puisse s’improviser professeur (ou d’ailleurs quoi que ce soit d’autre) sans un minimum de preparation pour ce role o combien important.
    Si l’on m’avait laisse choisir ce que je voulais apprendre, il faut bien reconnaitre qu’un certain nombre de matieres m’ennuyaient particulierement (par exemple: l’arithmetique, la grammaire, le neerlandais, la chimie, l’education physique, …) et je ne me serais probablement concentre que sur un nombre tres limite de matieres (histoire, geographie, physique et litterature). Probablement qu’un certain nombre de matieres sont mal enseignees et n’insuflent pas le desir d’en savoir plus chez l’enfant ou l’adolescent; mais je pense que quoi qu’on fasse, un certain nombre de sujets restent rebarbatifs pour un gamin.
    Par contre, ce qui me semble necessaire, c’est de rehumaniser la fonction d’enseignant. J’ai trop souvent eu l’impression que l’enseignement (et donc a fortiori l’enseignant) est limite a une simple transmission de savoirs (ce qui entre tout a fait dans la logique actuelle de marchandisation du monde).

    Bref, pour moi, un “professionnel” de l’enseignement doit etre quelqu’un qui, non seulement est capable des savoirs de maniere interessante et ludique; mais qui surtout est capable d’elargir les horizons (comme cela a deja ete dit). Ceci implique a mon sens une formation adequate des enseignants (avec tout ce qui a deja ete souligne precedemment en terme de moyens)….

    (je vais m’arreter la parce que je commence a m’y perdre ;))

  4. oise Says:

    Tthitho : oui, quand j’ai dit à mon père que Bécaud était de gauche (enfin de gauche… on se comprend), j’ai cru qu’il allait faire une attaque :-))

    Sinon tu peux encore argumenter oui ! Parce que je ne suis pas convaincue du tout 😉

  5. tito Says:

    Un homme: rien ne nous empêche de généraliser certains cours de formation à la pédagogie; ce serait d’ailleurs pas plus mal que certaines personnes soient affranchies sur ce qu’est un enfant et ce que ce n’est pas…

    Par ailleurs, il ne faut pas imaginer que je veuille lancer des plombiers dans des classesde 15 élèves; ça n’aurait pas de sens. Par contre, il me paraît tout à fait envisageable que des enfants accompagnent -en comités restreints- des adultes sur le lieu de leur travail (pas le tien, Un Homme, rassure-toi) et d’y assister à la pratique de quelque chose d’utile -comme la plomberie par exemple.

    Évidemment, aprés, les cours théoriques et pratiques nécessitent un “emballage”: des ateliers, des tableaux, des cahiers -mais pas un système d’obligation scolaire.

    Puisqu’on en est à des exemples “personnels”, je pourrais vous dire que j’ai longtemps regretté, adulte, d’avoir été formaté pour faire l’université. Je regrette d’avoir été convaincu toute mon enfance que mon destin passait par là… Mais je ne vais pas vous étaler ma vie…

    Par ailleurs, Un Homme, si tu ne t’étais concentré que sur tes sujets de prédilection, tu aurais dû fatalement, à un certain moment, t’intéresser aux autres, parce qu’ils finissent généralement par se croiser. Aimer la physique de manière passionnelle implique que tu te formes, ne fut-ce qu’un peu en chimie et en math; que tu limites tes apprentissages dans ces matières à l’essentiel de ce qui t’intéresse ne me paraît pas criminel.

    Un autre exemple? j’ai horreur de la géo et de la bio, mais il a bien fallu que j’y apprenne des trucs, puisqu’en tant qu’historien, ma matière s’y intéresse aussi. De même que lorsque je veux écrire un article sur un endroit que je ne connais pas, je m’y initie. Donc, je fais de la géo.

    L’important, et vous l’avez dit, c’est d’apprendre à être critique en toute matière et à vérifier ses sources. Or, les cours qu’on nous a donnés, même dans des bonnes écoles, sont assez limités dans le domaine de la critique (même s’il existe un De Vriendt en histoire, un Scailteur en biologie, etc.).

    Bon je vais m’arrêter aussi ici, parce que je suis malade pour l’instant et je ne parviens pas à réfléchir calmement…

  6. tito Says:

    je me rends compte que ce que je viens d’écrire comporte beaucoup de commencements de pensée non finies… parce que je suis malade…

  7. Anne Says:

    Je reste pas d’accord avec ta conclusion de déprofessionnalisation, même si je suis d’accord avec l’idée que bcp de choses sont à modifier dans l’enseignement. Ma

  8. Anne Says:

    bon évidemment, fausse manoeuvre et la suite de mon propos s’est perdue! Ras le bol de ce foutu calcul, les spams sont-ils si envahissants? Bon, quand j’aurai le courage, je réécrirai (mais tu sais bien comme j’adore écrire, alors recommencer…)

  9. tito Says:

    je vous conseille de taper votre réponse sur un word pad avant de faire un copier-coller sur le site pour éviter ce genre de gag. C’est ce que je fais quand j’écris sur un site de média ou sur un blog. Trop de blagues aussi.

  10. MonsieurA Says:

    pensée brute, peu argumentée:

    je pense qu’en fait la réflexion qu’on peut avoir sur l’aspect “professionnel” du prof peut être élargie à tout type de boulot. Il faudrait déprofessionaliser toute activité, car chacune à son niveau en souffre.

    le côté “déprofessionnalisé” n’empêche pas la spécialisation et la compétence (au contraire, agrandit cette dernière, selon moi) (et surtout enlève la motivation fric dans l’activité pour faire place nette pour d’autres motivations un peu plus saines….)

    Pourquoi réfléchir en terme de matières si spécifiques (math, chimie, bio, hist, etc)? Partons de la singularité de situations et de questions, et mobilisons des compétences vues a priori d’une façon plus large et moins “découpées”. Un bon historien est finalement (et avant tout peut-être) un bon sociologue, économiste, il comprend l’évolution des sciences et des arts, etc.

    Il n’y a pas de savoir universel à transmettre par un Modèle d’Ecole.

    l’école est une prison.

    l’ouverture d’esprit, la sociabilité, la découverte, etc peuvent exister (et en bien mieux) sans l’école. sans vouloir dire qu’il faut se cloîtrer dans le noyau familial restreint.

    un prof consciencieux n’a pas le temps de l’être.

    On peut tout à fait imaginer ne pas laisser tomber l’idée de cours magistraux. L’élève n’est pas le seul moteur dans l’apprentissage. Et parfois il faut du temps pour capter quelque chose, et on est pas obligé de tout comprendre, ou tout écouter. Etre dans la réaction spontanée qui n’est qu’à l’écoute de l’affect direct du gosse peut être parfois plus encombrant qu’autre chose. Comme pour tout, laissons le temps à l’apprentissage, l’élève n’est pas obligé de comprendre tout tout de suite et de sans cesse exiger que le “prof” soit à son entière disposition.

    le pédagogue a lui aussi droit à du temps et à l’erreur.

    bon j’y reviendrai avec quelque chose de plus structuré…

  11. Lyra Says:

    J’ai commencé à enseigner à 22 ans. Je venais de finir les romanes et ce boulot devait être temporaire. Je l’ai pratiqué pendant 5 ans, j’ai fait 23 écoles et j’ai enseigné à tous les niveaux, de la première secondaire à la 3e année du bac. Je me suis battue tous les jours pour transmettre la passion, l’amour des livres, des récits et de la langue.
    Ce métier n’est pas fait pour moi parce que je ne crois pas dans le système actuel et surtout parce que je suis persuadée qu’il fonce dans le mur. Ces dernières années j’ai enseigné la grammaire, l’orthographe, la conjugaison à de futurs instituteurs et à de futurs professeurs de français. Pour la plupart d’entre eux, le niveau n’atteint pas ce qu’il devrait être à la fin de la 4e secondaire. Mais ils deviennent, les uns après les autres, des instituteurs et des professeurs de français.
    La ministre m’a répondu cet été que trouver un système pour remédier au problème n’était pas possible actuellement. Selon elle, fournir des cours de rattrapage en français ou instaurer un examen d’entrée ne ferait que renforcer la pénurie, ce que, selon elle, on ne peut se permettre actuellement…
    Et puis, à un niveau plus personnel, je suis d’accord quand vous dites que les collègues ne voient pas d’un bon œil les idéalistes (et bon dieu, qu’est ce qu’il faut être idéaliste pour continuer à se lever le matin). Je crois que le pire dans l’enseignement, ce sont les collègues enseignants. Je dois avoir été bien peu chanceuse parce que sur les centaines de collègues que j’ai côtoyés, peut-être une dizaine pratiquaient le plus beau métier du monde et en étaient fiers… Un jour, on est même allé jusqu’à me dire qu’il fallait être bien vaniteuse pour rêver d’écrire un livre… qu’est ce qu’on peut répondre à une vie sans rêve ni ambition ???

    Enfin voilà, je n’ai rien dit de très concret mais je suis d’accord avec vous. Le système n’est plus adapté, il va se planter et les responsables ne veulent rien entendre…
    Les gens qui se lancent actuellement dans l’enseignement sont soit fous, soit idéalistes, ou ont compris qu’en rusant un peu, ils pourraient y trouver la planque parfaite…

  12. tito Says:

    Chic, je me sentais un peu esseulé jusqu’ici…

  13. Un Homme Says:

    Bon, en fait, je pense que tout le monde ici est bien d’accord sur le constat à faire de l’enseignement aujourd’hui. Par contre, je pense qu’on ne se comprend peut-être pas bien sur cette “déprofessionnalisation” de l’enseignement.

    Pour moi, un professionnel c’est le contraire d’un amateur; c’est quelqu’un qui exerce une activité principale (et qui dans notre société lui permet de remplir sa gamelle, de préférence sans trop tirer sur la chaîne).

    Si par déprofessionnalisation, on entend confier l’éducation à des gens dont ça n’est qu’une activité annexe, je ne peux qu’émettre des réserve. Comme je doute que ce soit cela dont il s’agisse ici, je pense que le terme est innapproprié et prête à confusion.

    Je pense, comme je l’ai noté précédemment, que le problème vient de la transformation progressive de notre société vers un monde totalement marchand où les “personnels” sont devenus des “ressources humaines” et où l’on ne parle plus de professeurs mais d'”unités d’enseignement” (Oise tu confirmes?).

    En fait, on assiste à une certaine forme d’industrialisation de l’éducation avec la logique productiviste qui l’accompagne; et dans cette perspective, je pense qu’il vaudrait mieux parler de “désindustrialisation” ou de “réhumanisation” de l’enseignement plutôt que de “déprofessionnalisation”.

    Et le même raisonnement s’applique bien évidemment à l’école qui de prison où l’on bourre le crâne de gamins afin de les formater à leur futur rôle d’unité fonctionnelle de notre société, elle devrait (re?)devenir un lieu d’éveil et de plaisir.

  14. tito Says:

    Malheureusement ce n’est pas ainsi que je l’entendais.

    J’entends par déprofessionnalisation de l’enseignement le phénomène suivant:

    Suite à la création de l’école publique obligatoire et gratuite (qui a été un bien), l’enseignement s’est progressivement retrouvé pour une très grande part aux seuls mains des professionnels de l’enseignement. À une époque où les moyens techniques étaient faibles et où l’État était la seule structure capable de fournir un cadre pour alphabétiser la population, l’école était la seule solution. Mais, dès que l’on jette un oeil sur les colonies, on s’aperçoit que le ver était dans le fruit depuis longtemps. L’enseignement public, tout comme l’enseignement privé, sont des outils de contrôle de l’État et du capitalisme -ainsi que de l’Église. Je ne pense pas vous apprendre grand-chose.

    Aujourd’hui, les techniques sont suffisantes -largement!
    Aujourd’hui, les grands-parents sont -pour la plupart- longtemps en bonen santé et accessibles.
    De plus, les communications sont plus faciles, les trajets aisés; il n’y a aucune raison que les lieux d’enseignement se réduisent aux seules écoles.
    Par contre, LOIN DE MOI l’idée de joindre l’enseignement à l’entreprise. Ne me faites jamais dire ça, c’est à l’opposé de mes vues. (D’ailleurs l’enseignement professionnel a fait ce rapprochement pour nous.)

    Pour moi, déprofessionnaliser l’enseignement, c’est réaliser que l’enseignement ne peut pas être la seule activité d’utilité sociale d’une personne -que celle-ci doit être active dans le monde en plus d’enseigner -et que donc l’enseignement ne peut pas être son moyen de subsistance.

  15. Un Homme Says:

    Bon, je ne suis pas sur de bien comprendre…
    De quelles techniques parles-tu? Que viennent faire les grand-parents dans l’histoire?

    Et si je comprends bien la suite, déprofessionnalisé à ton sens est bien ce que je disais: c’est confier à des gens dont s’occuper d’enfants n’est pas l’activité principale la charge de leur transmettre un savoir et de les éveiller au monde.

    Bref, le plombier apprendra aux enfants la plomberie, le mathématicien leur apprendra les mathématiques (les pauvres), l’ouvrier leur apprendra le travail à la chaîne, l’historien l’Histoire, …

    Et le latin? Le grec? Le français? La gymnastique? La morale? Le salut au drapeau? (aaah Sarkozy, sors de ce corps! :p)

    J’ai au contraire l’impression que cela représenterait une sur-professionnalisation, chaque enseignement se situant dans un cadre strictement professionnel. J’ai également du mal à voir comment tu peux créer des passerelles entre les différents domaines dans ce cadre-là. J’imagine mal un plombier, un mathématicien et un physicien se mettre d’accord pour expliquer dans un ordre logique, les mathématique, la physique et les exemples de mécanique des fluides, par exemple.

    Mais j’ai sans doute mal compris…

  16. MonsieurA Says:

    une question en plus, générale: pourquoi donc ne parler que d’apprentissage pour les enfants? ça aussi c’est hérité d’une conception qui fait qu’on apprend jusqu’à l’âge où on devient travailleur salarié. (on va me rétorquer qu’il existe la formation continuée, mais cette dernière n’existe qu’en fonction du travail).

    Les adultes pourraient tout-à-fait s’inscrire exactement de la même façon et en même temps que les enfants dans des processus d’échanges-apprentissage. Le rôle d’apprenant, (même si diverses techniques et savoir-faire pédagogiques doivent être apprises ou entretenues collectivement), peut aussi être envisagé comme quelque chose de ponctuel, de temporaire, ou cyclique, au milieu d’autres activités.

    Reste qu’on peut aussi apprendre plein de choses “tout seul”, mais pour ça il faut du temps, et un agencement social qui le permet.

  17. Un Homme Says:

    MonsieurA: si je suis bien d’accord sur le fait que l’on continue d’apprendre toute sa vie et que l’on peut apprendre beaucoup de choses par soi-même (j’en suis le vivant exemple :p); j’ai de gros doutes sur le fait de vouloir apprendre quelque chose simultanément à un enfant et à un adulte.

    Mettre ensemble un gosse de 10 ans et un adulte de 40 ans et espérer trouver une méthode satisfaisante pour leur faire comprendre et les intéresser à un sujet me paraît assez improbable (excepté peut-être pour un sujet simple, et encore).

    Je ne dis pas que le sujet ne serait pas à portée de l’un ou de l’autre, simplement je pense qu’on n’apprend pas de la même façon à 10 ans ou à 40.

  18. oise Says:

    et tu as tout à fait raison

  19. tito Says:

    Monsieur A: dès le départ, je n’ai pas voulu limiter l’accès au savoir aux enfants, de même que je n’ai pas limité la fonction d’apprentissage aux adultes. C’est la soif qui fait l’apprenant et la compétence qui fait l’enseignant.
    Dans les deux cas complétées par la motivation.

    Un Homme: sur-professionalisation? À partir du moment où ce que je conteste, c’est l’institutionnalisation de la fonction de l’enseignant, sa dépendance au salaire, sa fixation dans un statut de subalterne de l’employeur (État, Église, autre), j’ai du mal à comprendre où tu vois une sur-professionalisation. Si tu crains que l’enseignement se limite aux matières professionnelles -et alors c’est un autre débat-, de nouveau cela dépend des apprenants et de leurs motivations.
    Mais je crois que ce n’est pas la perspective de trouver un boulot qui motive le plus. Un enfant, comme un adulte allègre, pas dépressif et engoncé dans la nécessité sociale (et c’est un peu mon souci), sera plus attiré par des apprentissages ludiques, par sa propre curiosité, et par là des matières comme l’histoire ou le latin ne seront pas perdues et, si je prévois une baisse (encore) de l’apprentissage des langues mortes, ce ne sera jamais une disparition. De mème que les activités et savoirs artistiques, par exemple. Je pense qu’un tel regard sur l’enseignement pourrait apporter un souffle moins commercial aux arts contemporains, d’ailleurs…

    L’amateurisme que tu n’as pas l’air de porter dans ton coeur (renvoi à ton “Pour moi, un professionnel c’est le contraire d’un amateur”) n’est, selon moi, pas une mauvaise chose -à moins de dénigrer totalement les activités dans lesquelles tu excelles en dehors de ton boulot; à moins de considérer que la raison principale pour laquelle un Chomsky est connu (ses recherches amateures sur la politique étrangère des USA) ou les activités de tes parents (que je connais bien comme amateurs) ne valent rien.

    Pour ce qui est des croisements des matières et des technologies, je me permets de croire que des moments apparaîtront où l’apprenant fera les liens nécessaires -et ce grâce notamment aux nouvelles technologies; bien sûr, il ne le fera (peut-être) pas aussi vite, aussi efficacement que dans une école, mais il ne perdra pas le temps que beaucoup de gosses ont l’impression de perdre auprès de personnes qu’ils méprisent. Au total, qui sait si on ne gagnera pas du temps… En tout cas de la joie, avec certitude.

    Reprenant les technologies, dans les années 60′-70′, Illich mettait déjà en évidence qu’il devenait facile de créer des instruments technologiques d’apprentissage sous forme de livres illsutrés et de cassettes audio. Aujourd’hui, les possibilités technologiques ont décuplé tout en diminuant de coûts (un dvd coûte aujourd’hui bien moins qu’une cassette et internet réduit d’autant les frais de diffusion de tous types d’instruments).

    Les grands-parents, j’en parlais parce que je pense qu’ils sont -souvent- des sources de savoirs et de savoir-faire intéressants -quand ils restent actifs comme tes parents, Un Homme.

    Alors certes, oui, évidemment, on n’enseigne pas à des enfants comme à des adultes… Et bien, je ne sais pas si c’est si simple; ayant des groupes d’apprenants avec des personnes de 16 à 58 ans, je constate que les réactions des élèves sont extrêmement variables, mais ne dépendent pas de l’âge, mais bien plus de la motivation, du temps libre et de la fraîcheur intellectuelle. Alors évidemment, on n’apprend pas Victor Hugo à un enfant de 10 ans comme on le fait en dernière année secondaire, mais est-ce à cause de l’âge ou à cause du fait que les enfants de 10 ans ont généralement un bagage plus réduit que ceux de 18 ans? En tout cas, il m’est arrivé de devoir revenir sur des matières de primaire en fin de parcours secondaire -et il en faut de la patience, dont je n’ai pas eu autant besoin lorsque j’enseignais le latin à des petits de 12 ans… Les choses ne sont pas si simples…

    Quant à “trouver une méthode”, je crois que voilà une question qui a le mérite d’être remise en question à chaque génération depuis Piaget et Sébastien Faure, en passant par Decroly, Montessori, et aussi Neill et Illich… pour n’évoquer que ceux que je connais le mieux…

    En tout cas, une chose est certaine: ce qui marche le mieux avec mes “gamins” de 16 à 58 ans, ce sont les activités ludiques, celles liées à la vidéo ou à la chanson, et ce n’est sûrement pas parce qu’ils manquent de mâturité.

  20. Un Homme Says:

    “Si tu crains que l’enseignement se limite aux matières professionnelles -et alors c’est un autre débat-, de nouveau cela dépend des apprenants et de leurs motivations.”
    Cela sous-entend que l’apprenant serait libre de ses choix d’apprentissage; mais crois-tu vraiment qu’un gamin entre 6 et 18 ans ai vraiment le choix d’apprendre ce qui l’intéresse?

    “des matières comme l’histoire ou le latin ne seront pas perdues et, si je prévois une baisse (encore) de l’apprentissage des langues mortes, ce ne sera jamais une disparition. De mème que les activités et savoirs artistiques, par exemple. Je pense qu’un tel regard sur l’enseignement pourrait apporter un souffle moins commercial aux arts contemporains, d’ailleurs…”
    Et ce disant, tu n’as toujours pas répondu à la question de savoir qui enseignerait ces matières? Ni où d’ailleurs.

    “L’amateurisme que tu n’as pas l’air de porter dans ton coeur”
    C’est toi qui met une nuance péjorative dans la notion d’amateurisme, pas moi. Je tentais juste de comprendre ce que tu entendais par “déprofessionnalisation”.

    “Pour ce qui est des croisements des matières et des technologies, je me permets de croire que des moments apparaîtront où l’apprenant fera les liens nécessaires -et ce grâce notamment aux nouvelles technologies”
    Bref, c’est un acte de foi? Dire que ces croisements fonctionnent mal déjà à l’heure actuelle est un euphémisme; s’en remettre purement et simplement à la capacité d’un gamin de faire des liens entre des matières apprises peut-être à des années d’écart me semble très hasardeux.

    J’ai l’impression (erronée je crois) d’un projet où une multitude d’enseignants-amateurs enseigneraient une multitude de savoirs sans continuité et sans passerelles et que ce serait à l’enfant d’établir de lui-même les points de contacts entre les différentes connaissances qui lui seraient transmises…

    Une petite parenthèse sur le “technicisme” dont on pourrait (un peu rapidement je pense) taxer tes propos. Je répète souvent qu’il est vain de vouloir résoudre des problèmes humains par des solutions techniques. En effet, ce n’est pas parce que l’on dispose de bons outils que l’usage qui en est fait est meilleur. C’est un travers caractéristique de notre société que de penser qu’il suffit de mettre les bons outils à disposition pour que les problèmes soient résolus alors que l’outil en lui-même n’est rien sans la main qui le manipule…
    Pour en revenir au propos qui nous occupe ici, donner de merveilleux outils pédagogiques sans qu’il y ait une volonté de l’apprenant de les utiliser est bien sur inutile et je pense utile de préciser que ton projet (pour autant que je comprenne bien) veut donner les meilleurs outils pédagogiques possible que parce qu’il y a une volonté de la part de l’enfant d’apprendre.

    “ce qui marche le mieux avec mes “gamins” de 16 à 58 ans, ce sont les activités ludiques, celles liées à la vidéo ou à la chanson”
    D’abord, on peut se poser la question de savoir si des activités qui fonctionnent avec des 16-58 peuvent facilement se transposer à des 6-18 (qui est la période généralement couvert dans le “cadre scolaire officiel”); ensuite je serais curieux de savoir comment un enseignant-amateur pourrait préparer ces activités ludiques en dehors d’un cadre spatial et temporel réservé à cette activité.

    Une fois encore, je pense qu’il faudrait préciser qui seraient ces fameux enseignants-amateurs et où ils exerceraient leur “hobby”.

  21. tito Says:

    “mais crois-tu vraiment qu’un gamin entre 6 et 18 ans ai vraiment le choix d’apprendre ce qui l’intéresse?”
    Je reprends (et j’approuve) les thèses d’A. S. Neill ici: il a aboli l’obligation de venir en classe dans son école. Certains de ses élèves ne viennent pas au cours (l’école existe toujours, doù le présent) pendant plusieurs mois, certains cas rares jusqu’à deux ans. À la fin, la soif d’apprendre les rattrape, notamment parce qu’ils ont “envie” de faire quelque chose. Ils sont simplement restés entourés de possibilités, d’un lieu privilégié (ici, une école, je l’admets, mais pas une école classique), et leurs motivations les ont poussés à *aller* apprendre. Il donne l’exemple d’un gamin qui, à 16 ans, n’avait presque rien accompli comme parcours scolaire. Il se découvrit l’envie de devenir pilote; pour cela, il lui fallait passer un diplôme d’ingénieur. La motivation l’a emporté, et il est devenu pilote.

    “Et ce disant, tu n’as toujours pas répondu à la question de savoir qui enseignerait ces matières? Ni où d’ailleurs.”
    De fait, je ne l’ai pas encore dit. Mais ai-je le savoir total? 🙂
    Je pense que pas mal d’endroits prêtent *déjà* à être des lieux privilégiés (médiathèques, bibliothèques, ateliers, centres sportifs, centres culturels, parcs naturels, clubs divers, mais aussi conventions, colloques, etc.) et qu’on peut en imaginer pas mal d’autres (ateliers conçus exprès, par ex.).

    “C’est toi qui met une nuance péjorative dans la notion d’amateurisme, pas moi. Je tentais juste de comprendre ce que tu entendais par “déprofessionnalisation”.”
    dont acte.

    “Dire que ces croisements fonctionnent mal déjà à l’heure actuelle est un euphémisme; s’en remettre purement et simplement à la capacité d’un gamin de faire des liens entre des matières apprises peut-être à des années d’écart me semble très hasardeux.”
    Je ne pense pas avoir affirmé qu’il le ferait tout seul. On n’est jamais seul quand on apprend, à moins d’être isolé sur une île.

    “J’ai l’impression (erronée je crois) d’un projet où une multitude d’enseignants-amateurs enseigneraient une multitude de savoirs sans continuité et sans passerelles et que ce serait à l’enfant d’établir de lui-même les points de contacts entre les différentes connaissances qui lui seraient transmises…”
    À part qu’ils sont professionnels, c’est majoritairement ce qui se passe dans le système scolaire. Mais, personnellement, je vois dans l’enfant non brimé une soif de curiosité et de questions auxquelles l’entourage doit répondre (s’il n’est pas lui-même frustré, occupé et brimé).

    Quant aux technologies, ce sont des supports, des aides. Note qu’ils sont fabriqués par des êtres humains. Mais, pour donner un exemple, j’ai offert pour sa Noël un cd-rom de jeux éducatifs à mon neveu; il adorait, mais de nombreuses fois il me réclamait pour l’aider à comprendre. C’est évident qu’il est encore à un âge où on a besoin de suivre un chemin débroussaillé. Il n’empêche que c’est lui qui choisissait le chemin, et que je me contentais de débroussailler ses choix…
    Par ailleurs, je lui ai offert un cd-rom en fonction de ses goûts (mathématique, logique, casse-tête), mais qui contenaient aussi des épreuves de géographie ou de “langue”… L’avantqge, c’est qu’au bout du jeu, il avait fait aussi des matières qu’a priori il n’aime pas. J’ose avoir l’acte de foi que ça laissera des traces… 😉

    “D’abord, on peut se poser la question de savoir si des activités qui fonctionnent avec des 16-58 peuvent facilement se transposer à des 6-18 (qui est la période généralement couvert dans le “cadre scolaire officiel”);”
    Je ne vois pas ce qui l’empêcherait. Les enfants adorent jouer (normalement), ils le font très sérieusement, et on développe des jeux à la fois éducatifs et non agonistiques qui peuvent s’y prêter. Quant aux vidéos et aux chanson… je crois que oui, ce sont des supports adéquats pour toutes les tranches d’âge.

    “ensuite je serais curieux de savoir comment un enseignant-amateur pourrait préparer ces activités ludiques en dehors d’un cadre spatial et temporel réservé à cette activité.”
    Je suis certes un “professionnel” de l’enseignement, mais j’ai plein de collègues qui ont simplement suivi la formation (très courte) de l’Alliance Française et qui fabriquent leurs propres jeux, supports, etc., préparent des chansons et des vidéos sans trop de problème… On n’est pas très power point, mais tu ne nous en voudras pas, j’espère…

  22. Un Homme Says:

    ““Et ce disant, tu n’as toujours pas répondu à la question de savoir qui enseignerait ces matières? Ni où d’ailleurs.”
    De fait, je ne l’ai pas encore dit. Mais ai-je le savoir total?”
    Personne ne te demande d’avoir le savoir total (pour autant qu’une telle chose existe); mais à partir du moment où tu lances une idée forte comme “déprofessionnalisation l’enseignement”, il me semble normal d’attendre de toi que tu viennes avec quelques propositions sur la forme et l’organisation que devrait prendre cette “déprofessionnalisation” de l’enseignement. Par analogie, c’est un peu comme si je disais “Supprimons les patrons” sans proposer des pistes pour l’organisation des prises de décision par exemple.

    ““J’ai l’impression (erronée je crois) d’un projet où une multitude d’enseignants-amateurs enseigneraient une multitude de savoirs sans continuité et sans passerelles et que ce serait à l’enfant d’établir de lui-même les points de contacts entre les différentes connaissances qui lui seraient transmises…”
    À part qu’ils sont professionnels, c’est majoritairement ce qui se passe dans le système scolaire.”
    C’est un de mes reproches principaux à l’enseignement actuel, le trop grand cloisonement des disciplines. Mais comme tu n’indiques pas comment s’organiserait l’enseignement des professeurs-amateurs, je reste avec une impression de déconnexion totale des différents enseignants-amateurs dont le seul lien serait un élève commun.

    “j’ai offert pour sa Noël un cd-rom de jeux éducatifs à mon neveu; il adorait, mais de nombreuses fois il me réclamait pour l’aider à comprendre. C’est évident qu’il est encore à un âge où on a besoin de suivre un chemin débroussaillé. Il n’empêche que c’est lui qui choisissait le chemin, et que je me contentais de débroussailler ses choix…”
    Il faut nuancer, de toute évidence, le CD propose un certain nombre de chemins (qui ont été choisis par les concepteurs du CD) et parmis lesquels ton neveu fait un choix. Son choix est encadré par l’offre qui lui est faite.

    “Je suis certes un “professionnel” de l’enseignement, mais j’ai plein de collègues qui ont simplement suivi la formation (très courte) de l’Alliance Française et qui fabriquent leurs propres jeux, supports, etc.”
    Ce sont aussi des professionnels (à moins qu’il ne s’agisse pour eux que d’une activité bénévole?).

    Posons la question autrement: aurais-tu encore le temps et l’envie de préparer tes jeux, vidéos, etc. et donner cours à tes élèves après avoir presté tes 7-8h de travail quotidien dans une banque, à l’usine ou où que soit ton domaine d’activité professionnelle?
    Si la réponse est non, cela signifie que les enseignants-amateurs devraient être des individus libérés des contingences d’une activité professionnelle, donc des retraités, des chômeurs, des rentiers, etc. et parmi ceux-là il faut trouver ceux qui seraient intéressés par cette activité bénévole et qui susciteraient également l’adhésion des enfants…

    Ca ne me paraît pas évident de réunir l’ensemble de ces conditions…

    Pour terminer (même si je doute qu’il s’agisse du mot de la fin ;)), je pense que différent système d’enseignement doivent pouvoir coexister. Comme le disait MonsieurA, il n’y a pas de savoir universel transmis par une ecole modèle.
    Il existe beaucoup d’enfants différents, il doit y avoir beaucoup d’enseignements différents.

  23. tito Says:

    “il me semble normal d’attendre de toi que tu viennes avec quelques propositions sur la forme et l’organisation que devrait prendre cette “déprofessionnalisation” de l’enseignement.”
    Oui, mais comme je te le disais en chattant, j’ai bien des idées, mais si j’expose ma cité idéale, pouf, toute crue, qui j’aurai dedans?

    “comme tu n’indiques pas comment s’organiserait l’enseignement des professeurs-amateurs, je reste avec une impression de déconnexion totale des différents enseignants-amateurs dont le seul lien serait un élève commun.”
    Il est clair qu’un joueur de foot professionnel est meilleur et marquera plus de goal qu’un joueur amateur. Alors qu’est-ce qui me permet de croire que ce sera mieux fait dans un contexte que nous appellerons “amateur” (et je le fais de bonne grâce si l’on prend ce terme dans un sens positif)?
    J’en profite pour répondre à l’une de tes autres remarques: il est évident que cela ne peut se faire que dans un contexte où le travail productif et les autres activités de type “sociales” se limitent dans le temps à une dizaine d’heures par semaine, si l’on comptabilise en sus une moyenne d’une dizaine d’heures d’enseignement également. Ce temps réduit de travail offre la possibilité également aux moins “professionnels” des enseignants de préparer sans trop de problème leurs approches plus ou moins personnalisées du cours qu’ils vont donner. Enfin, cela permettra aux enseignants aussi de prende en compte les apports donnés par d’autres enseignants au même apprenant et à faire les liens avec ce dernier dans le cadre du cours qu’il donne. Cela te paraît-il possible?

    Pour mon petit neveu: oui, évidemment qu’il y a des limites à un jeu, sinon c’est du Calvin-Ball… ce qui est sympa, mais on n’y apprend pas beaucoup de chose de manière très structurée… Mais j’aime bien aussi…

    J’ose espérer que considérant la grande multiplicité d’enseignants possibles, pour répondre à ta dernière remarque, il y aura une grande quantité de systèmes d’enseignements possibles, qui iront de l’atelier-jeu jusqu’au cours ex catedra…

  24. tito Says:

    Pour ce qui est de l’organisation afin de faire des liens:
    Oui, les enseignants se rencontreront (pourquoi ne le feraient-ils pas?), et pourquoi pas dans des conseils locaux (organisation du travail, de l’amenagement des quartiers, des besoins de la communauté, etc.), des conseils plus larges (syndicats, rapports d’échanges et d’approvisionnement, etc.)…

    L’anarchie, quoi…

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