Archive for the ‘professions protégées’ Category

Un journalisme d’un autre siècle

Wednesday, October 18th, 2017

Ce matin, j’entendais sur la chaine principale publique belge francophone d’information radio un… animateur, auto-proclamé journaliste, se faire l’écho des éditoriaux papiers qui se lamentaient sur l’événement de l’avant-veille: la mort criminelle d’une journaliste blogueuse maltaise, Daphne Caruana Galizia. L’auteur de cette revue de presse semblait véritablement contrit par la mort de celle qu’il considérait comme sa consoeur et se plaignaient de ce que le monde semblait avoir fait un bond de vingt ans en arrière. N’était-ce pas une manoeuvre du siècle dernier plutôt que de celui-ci?

On serait tenté de lui répondre que les publications de RSF ((Critiquables sur plus d’un point, mais ne conservons que ce point factuel en tête, puisque c’est celui qu’observait M. Vandenschrick.)) regorgent de meurtres de journalistes dans des pays aussi bien cotés que la Somalie, la Colombie ou la Syrie, mais ce serait trop facile: après tout, la situation de ces pays n’a guère évolué depuis le vingtième siècle, n’est-ce pas?

Mais ce qui m’interpelle, c’est plutôt que cette journaliste, en tout état de cause, semblait faire son travail de journaliste, elle, sur son blog, indépendant, et que c’est ça qui l’a tuée. Des personnalités auxquelles elle s’est attaquée l’ont empêchée de nuire. Il fallait la stopper, parce que ce qu’elle dénonçait devenait trop embarrassant, trop visible.

N’est-ce pas cela qui n’arrive plus dans nos contrées? Je veux dire: qu’elle faisait son travail…

Cet événement coïncidait avec une réflexion que je me faisais ces dernières semaines: la Belgique manque cruellement de journalistes d’investigation, d’analyse et d’opposition indépendants. Chose qui ne pourrait plus arriver de nos jours que sur internet. Les trop rares publications d’investigation en Belgique francophone sont au mieux bimensuelles, voire trimensuelles. Elles touchent un public averti, déjà informé, frustré de l’inertie de la situation, et ne nourrissent sans doute qu’à peine leurs producteurs.

Nos principaux chroniqueurs et commentateurs quotidiens, voire hebdomadaires, n’ont guère plus d’effet sur la gestion des affaires publiques que du poil à gratter modèle chatouillis. Les Panama Papers? Magnifique: qu’en est-il ressorti? Une stabilité formidable dans le traitement de la fraude et de l’évasion fiscales. Des scandales alimentaires à répétition? Bien entendu; mais leur répétition est bien le signe qu’entre-temps l’essentiel de la dénonciation ne pèse pas lourd. Les affaires des intercommunales? Oui, certes, mais journaux, radios et télévisions ont donné la parole aux intéressés en leur laissant toute latitude bien confortable pour se justifier dans l’ignorance. Et rien ne change vraiment. On s’attend à ce que les règles de fonctionnement ne varient que dans la direction d’une moindre transparence. Après tout, c’est bien ce qui est arrivé avec la police et la justice dans les années 1990, et on serait bien en peine de constater la réussite des journalistes qui couraient, au siècle dernier, vers la vérité sur ces affaires.

Il nous manque véritablement une indépendance de journaliste qui leur permettrait de poser la question: “Est-ce qu’au bout du compte le doute ne devrait pas bénéficier à l’électeur plutôt qu’au responsable politique, et ne devriez-vous pas prendre les devants en vous retirant?”

-Mais que faites-vous de la liberté de l’électeur, justement, qui continue de m’élire?

Et le journaliste indépendant rétorquerait:

-Ne vous inquiétez pas: désormais, nous ferons notre travail correctement, vous ne serez plus invités sur nos plateaux ou dans nos rédactions comme en pays conquis. Désormais, vous aurez affaire à des opposants, et non à des partenaires.

Bien entendu, le journaliste indépendant n’existe que sur son blog -et encore, pas toujours. Dans les rédactions, sur les plateaux, dans les studios, le journaliste indépendant n’est pas autre chose qu’un coût, une variable d’ajustement, un rouage. Et si un rouage grippe, on le change.

On ne peut pas lui en vouloir, au rouage, de vouloir rester dans la machine: elle le nourrit, elle le fait vivre et, mieux, elle lui assure une reconnaissance sociale. Dans l’enseignement aussi, nous appren(i)ons aux élèves des éléments de savoirs dirigés destinés à former du citoyen par paquets de vingt prêts à l’emploi -au sens premier du terme- et ça ne fait pas plaisir de servir à la fois de première ligne aux frustrations des élèves et des parents et de pétrisseurs d’esprits conformistes. Dans l’administration aussi, des agents de nombreuses activités rentrent le soir chez eux en se posant la question de leur solitude. Mais tous, journalistes, enseignants, fonctionnaires, y compris parfois de police, nous faisons partie, nous sommes dedans, nous sommes complices, puisque nous sommes payés.

Si le meutre de Madame Daphne Caruana Galizia était vraiment d’un autre siècle, ne sommes-nous pas encore, nous, du siècle précédent?

In memoriam, indépendance.

anarcho…

Wednesday, June 17th, 2015

J’ai déjà vu des anarchistes végétariens, et des anarchistes amateurs de chasse et de pêche;

J’ai déjà rencontré des anarchistes opposés à toute guerre et donc à toute intervention, et j’ai rencontré quelques-uns des derniers vétérans de la Guerre d’Espagne;

J’ai eu l’occasion d’entendre des anarchistes anticapitalistes mais tolérants envers l’Etat, et des anarchistes qui détestaient l’Etat mais toléraient le capitalisme;

J’ai évidemment discuté avec des anarchistes qui n’aimaient ni l’un ni l’autre;

J’ai rencontré des anarchistes radicaux, mais pas violents, et des anarchistes violents, mais plutôt confus dans leurs idées;

J’ai discuté avec des anarchistes opposés à l’IVG, parce qu’ils estimaient que le droit à la vie primait sur tout autre, et, bien sûr, j’ai rencontré bien plus d’anarchistes favorables à l’IVG;

J’ai rencontré des anarchistes favorables aux quotas de femmes dans les lieux de pouvoirs, et d’autres qui masquaient peut-être leur misogynie derrière leur haine du pouvoir pour refuser cette position;

J’ai eu de longues discussions avec des anarchistes qui privilégiaient l’égalité, d’autres qui privilégiaient la liberté;

J’ai rencontré des anarchistes prêts à négocier avec les cocos, avec les écolos, et même avec les socialos, et puis les autres qui me traitaient de rouge, de brun, de facho, de prof, de fonctionnaire;

J’ai écouté des anarchistes qui voyaient des agents du KGB derrière (presque) tout le monde;

J’ai rencontré des anarchistes généreux, souriants, amicaux, et puis d’autres qui voyaient tout en noir, plus proches du nihilisme;

Il y a aussi les anarchistes anti-libéraux, les anarchistes anti-démocratie représentative, les anarchistes qui ne votent jamais, les anarchistes qui acceptent les élections et les anarchistes qui ont monté une boite;

j’ai rencontré des anarchistes “punks à chiens”, et d’autres qui disaient que les animaux domestiques, ça ne devait pas exister;

J’ai même rencontré un flic anarchiste;

J’ai rencontré des anarchistes bakhouniniens, proudhoniens, malatestiens, etc. et d’autres qui estimaient que les étiquettes, c’était mal;

J’ai rencontré des anarchistes qui détestaient le mot libertaires et des libertaires qui n’aimaient plus le mot anarchistes;

J’ai vu des anarchistes tout en noir et d’autres (ou les mêmes) qui détestaient tous les uniformes;

J’ai rencontré des anarchistes élégants, parfumés, délicats, et même riches, et d’autres pas lavés depuis des semaines, qui revendiquaient le droit à sentir mauvais (si, si);

J’ai eu l’occasion de militer avec des anarchistes pro-gays, pro-lesbiens, pro-tout ça et d’autres qui ne supportaient pas la Gay-pride;

j’ai rencontré des anarchistes mariés, et d’autres qui ne supportaient pas l’idée du couple;

J’ai rencontré des anarchistes qui ne mangeaient que des aliments crus, d’autres qui ne mangeaient que local, d’autres qui ne cuisinaient jamais;

J’ai rencontré des anarchistes aimant les sciences, la médecine, promouvant les médicaments, et d’autres qui refusaient jusqu’à l’aspirine;

J’ai rencontré des anarchistes super-bio, super-opposés à tout ce que la technologie pouvait proposer, limite amish, et d’autres qui trouvent que le nucléaire, c’est pas mal, finalement;

J’ai discuté avec des anarchistes qui trouvaient du beau chez tous les poètes, les écrivains, les peintres, et d’autres qui refusaient toute la culture bourgeoise ou aristo;

J’ai rencontré des anarchistes qui voyaient dans Diogène, La Boétie, Villon ou Rimbaud d’authentiques frères, et d’autres qui refusaient d’entendre parler de ces ancêtres trop glorieux;

J’ai rencontré des anarchistes profs d’unif, et d’autres qui refusent toute relation avec les milieux du savoir-donc-du-pouvoir;

J’ai cotoyé des anarchistes libertaires, des anarcho-socialistes, des anarcho-communistes, des anarcho-syndicalistes, des anarcho-rien, et puis des gens qui ne savaient même pas qu’ils étaient anarchistes;

Pour moi, ce sont tous des anarchistes…

Sauf ceux qui prétendent qu’ils détiennent la seule vérité vraie de comment on est anarchistes…

Et vous aurez noté que je n’ai pas mentionné les “anarchistes antifas”…
C’est que jusqu’ici je n’en ai pas rencontré qui ne fassent pas partie de la dernière catégorie mentionnée quatre lignes plus haut…

La Communauté Française a besoin de VOUS!

Saturday, March 17th, 2012

Il paraît qu’on manque de profs…

C’est une rumeur…

Je ne l’ai jamais vérifiée…

En tout cas, la Communauté Française de Belgique manque de souffre-douleur, ça, c’est un fait.

chaque emploi nouveau dans l’enseignement réclame une administration pesante de la part du postulant, alors que le dossier existe à la Communauté -en tant que nouvel enseignant, vous devrez fournir un acte de naissance à chaque nouvel engagement, copie de vos diplômes, attestation des services précédents en tant qu’enseignant (ils ne doivent pas avoir ça quelque part, non?) -je répète: à chaque nouvel engagement… Qu’est-ce qu’ils font avec notre dossier entre-temps? ils le jettent? ils en font des cocottes?;

-les enseignants non nommés sont payés avec un minimum d’un mois de retard. J’ai connu quelques cas de 3, voire 4 mois de retard -on suppose qu’entre-temps, les jeunes enseignants sont capables de vivre d’eau fraîche -quelle entreprise privée peut se permettre ce genre de comportement sans s’attirer les foudres de l’inspection du travail et les colères légitimes des syndicats?;

-par ailleurs, les frais de déplacement ne sont remboursés qu’à la fin de la période de votre éventuel abonnement, contrairement à de nombreuses entreprises qui fournissent une attestation à la SNCB afin de permettre un remboursement immédiat: le privé serait-il plus attentif au bien-être de ses employés?;

-les vexations concernant l’engagement d’un enseignant sont légion. Exemple: dans quelle entreprise privée vous réclamera-t-on un certificat médical un mois et demi après votre engagement avant de valider enfin votre contrat?;

-comment un intérimaire de l’enseignement (on dit un “temporaire”) peut-il devenir “autre chose” (temporaire prioritaire, avant d’être nommé)?
Il doit accumuler,
au sein du même Pouvoir Organisateur,
une expérience de 300 jours étalés sur 5 ans maximum,
dans la même fonction,
au moins en mi-temps.
Cela signifie que si vous acceptez un remplacement de deux semaines dans l’enseignement officiel, puis un mois dans le privé, puis un trimestre à la Ville de Bruxelles, vous venez d’accumuler, au mieux, trois mois d’expérience à la Ville de Bruxelles -donc, mieux vaudrait-il refuser certains emplois par ces temps de crise?
Par ailleurs, si vous recevez un horaire avec six heures d’histoire, six heures de géographie et le reste de bric et de broc, vous n’entrez pas dans les critères pour une saine accumulation, puisque vous n’avez pas un mi-temps dans une fonction précise. Bonne chance, les jeunes;

les jeunes enseignants sont généralement en charge des classes les plus difficiles, forcément, puisque ce sont celles dont ne veulent pas ceux qui peuvent choisir leurs charges (et on les comprend), et en outre ce sont les classes dont les profs tombent le plus facilement malades (on ne se demande pas pourquoi);

Il y aurait encore pas mal de choses à dire sur le système des inspections, sur le fonctionnement des Ressources Humaines (qui accumulent les intermédiaires et éloignent l’employé de son “patron” réel le plus possible) ou sur la verticalité de l’enseignement.

Mais je crois que vous avez dû saisir l’essentiel…

La Communauté Française de Belgique, employeur modèle à vous faire regretter ce facho d’Henry Ford…

Et tout ça en 13 minutes…

Tuesday, January 24th, 2012

[10:50:53] [thitho] http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4632

[10:51:43] [un.homme] de quoi s’agit-il?

[10:52:14] [thitho] les journalistes du Petit Journal ont-ils le droit d’avoir une carte de presse?

[10:52:29] [un.homme] who cares?

[10:52:48] [thitho] je trouve ça intéressant, il y a notamment une définition terrible sur le sujet

[10:52:58] [thitho] La loi définit le journaliste professionnel comme celui qui “a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources” (texte de référence pour la CCIJP).

[10:53:16] [thitho] c’est très réducteur

[10:53:46] [un.homme] oui

[10:53:54] [thitho] ils avouent eux-mêmes qu’ils donnent leur carte de presse à un Plantu ou à des journalistes de magazines people

[10:54:08] [thitho] par contre, un rédacteur de blog ne pourrait pas l’avoir

[10:54:17] [un.homme] non

[10:54:27] [thitho] exemple: quand tu vas à l’assemblée nationale, tu n’as pas le droit de prendre de notes, alors qu’un journaliste le peut

[10:54:52] [un.homme] il serait donc légitime de s’interroger sur le sens de la carte de presse 😉

[10:55:21] [un.homme] (plus que sur qui devrait y avoir droit)

[10:55:24] [thitho] c’est évident

[10:56:04] [thitho] mais je trouve légitime que l’on s’interroge sur “le droit d’informer” d’émissions de divertissement

[10:56:27] [thitho] l’article en ce sens fait justement le rapprochement avec les Guignols et le Petit rapporteur

[10:56:54] [thitho] si je n’ai pas envie de parler avec un “journaliste” du petit journal, ça me semble légitime

[10:57:05] [thitho] et d’ailleurs si je n’ai pas envie de parler avec un mec du Figaro aussi

[11:01:00] [un.homme] voilà

[11:01:14] [un.homme] donc la carte de presse ne devrait pas exister et tout le monde devrait pouvoir informer

[11:01:52] [thitho] oui, avec la nuance que chacun doit pouvoir avoir le droit de bloquer une info le concernant sans être soumis à la vindicte du 4e pouvoir.

[11:02:10] [un.homme] évidemment

[11:02:21] [thitho] je crois qu’on a résolu le problème à nous deux

[11:02:54] [un.homme] on est trop forts 🙂

[11:03:38] [un.homme] bon, apres cet echauffement, on s’attaque a la paix dans le monde? au conflit israelo-palestinien? 😉

Réflexions légères sur les 400 derniers jours (et quelque)…

Thursday, September 15th, 2011

[10:34:46 tt] eh ben… le reality show reprend de plus belle… voilà que le fdf refuse l’accord de cette nuit…
[10:35:09 tt]c’est le plus long reality show sans aucune élimination dont j’aie entendu parler
[10:35:53 cc] hu hu
[10:38:22 tt] tu ris?
[10:38:57 cc] quelle farce ce truc
[10:39:18 tt] oui ça ferait une bonne pièce de théâtre, au fond: “huit hommes en galère”
[10:39:39 tt] tiens, une bonne idée pour un post… 🙂
[10:39:47 cc] 😀
[10:39:57 tt] le problème, c’est que je ne connais pas assez le dossier pour faire quelque chose de profond
[10:40:10 tt] … cela dit, ça manque de fond, pour faire qq chose de profond aussi, mais bon…
[10:40:52 cc] voila
[10:41:49 tt] mais ce serait rigolo de faire une parodie dans ce sens, pour e théâtre
[10:42:01 tt] mais bon
[10:42:23 tt] il faudrait réduire à trois ou quatre personnages principaux, quelques collaborateurs
[10:42:41 tt] et peut-être un ou deux huissiers-domestiques pour les boissons
[10:43:16 tt] et puis tenter de déplacer les débats pour que ce ne soit pas belgo-belge, et envisager l’exportation de la pièce
[10:43:19 cc] des directeurs de cabinet
[10:43:23 tt] ça ferait un succès mondial
[10:43:25 tt] la gloire
[10:43:27 tt] le succès
[10:43:31 tt] l’argent
[10:43:33 tt] les femmes
[10:43:37 tt] heu…
[10:43:47 cc] 🙂
[10:43:48 tt] une adaptation à Hollywood
[10:43:52 tt] avec Henry Fonda
[10:43:57 tt] ah non
[10:44:00 tt] avec Matt Damon
[10:44:40 cc] et sean penn?
[10:45:26 tt] et dans le rôle de Laurette: Sigourney Weaver (ou alors Alien)

Pour Simonet, avec amour… vache…

Wednesday, July 28th, 2010

En réponse à la circulaire Simonet, dont on trouvera la référence ici, je propose au programme de français, responsable, le menu littéraire suivant pour nos chères têtes blondes (aux lèvres duveteuses):

1e année de collège:
“Sodome et Gomorrhe” de Proust
Discussion: de l’acceptation de la pédophilie dans la haute bourgeoisie.
Développement: actualité, histoire: retour sur la marche blanche.
(pour les Français, reportez-vous au mythe “Belge=pédophile”)
Rédaction: mes meilleurs souvenirs avec mon oncle/mon père/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante/autre.

2e année:
“La philosophie dans le boudoir” de Sade
Discussion: 14 ans est-il trop tôt pour faire de la philosophie?
Développement: latin: Pétrone est-il encore un auteur actuel?
Rédaction: à quoi je pense pendant que je me masturbe?

3e année:
“Sexus” de Henry Miller (en traduction)
Discussion: la philosophie est-elle possible entre deux fellations? Si oui, en est-elle influencée?
Développement: géographie: l’amour est-il envisagé différemment aux USA au moment des années folles et aujourd’hui en Communauté Française de Belgique, en particulier à Namur?
(version française: au Palais-Bourbon)
Rédaction: les trottoirs sont-ils adaptés pour les premiers ébats d’un couple romantique et passionné?

4e année:
“Les Essais” de Montaigne
C’est pour une fois te reposer un peu.
(vers 16 ans, les élèves sont plus difficiles à tenir: si en plus on les excite, on ne va pas s’en sortir)

5e année: (dite “poésie” en Belgique)
“L’album zutique” de Rimbaud et Baudelaire
Discussion: l’art est-il possible dans l’abstinence conseillée par le pape avant le mariage?
Développement: latin: Catulle a-t-il fait exprès de s’appeler comme ça? et Juvénal?
Rédaction: écrire un poème contenant une rime en -ouille, une rime en -ite, une rime en -ule (ou en -ul) et une rime en -atte.

6e année:
“Le diable au corps” de Radiguet
Discussion: un jeune homme avec une femme plus âgée, est-ce plus ou moins acceptable que le contraire?
Développement: histoire: les guerres sont-elles d’excellentes occasions pour les réformés?
Visionnage du film “Tendre Cousine” de David Hamilton.
Rédaction: comment profiter de la situation si mon papa/mon oncle/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante part à la guerre?

Pour les épreuves du Bac (en France):
Lecture préparative à la question de philosophie:
tous les documents de Platon à Marx qui évoquent la communauté des femmes.
Question pour le jour du Bac: la polygamie est-elle le seul fait de l’Islam dans l’histoire?

presse satyrique

Friday, July 23rd, 2010

Non, non, le titre est voulu…
Oui, je sais, on dit “satirique”. C’est juste un jeu de mots, comme sait si bien les faire mon hebdo favori, auto-qualifié d’ailleurs tel. C’est qu’on en parle beaucoup ces derniers temps, de la presse satirique, dans la presse normale et dans les couloirs du pouvoir. Pour avoir dénoncé plusieurs ministres du gouvernement et divers scandales à plusieurs échelons, le Canard enchaîné est l’objet des foudres des dirigeants français. Lui et Mediapart, un organe (prétendument) indépendant en ligne, commis par Plenel, de sinistre mémoire, puisqu’il s’agit du Monsieur-Téléachat du Monde, comme le dénonçaient en son temps à juste titre le Plan B et CQFD.

Si je sais pourquoi le Canard s’auto-intitule “journal satirique paraissant le mercredi”, consacrant ainsi le droit à la satire en France, peu limité, il faut le reconnaître, je regrette amèrement que, lorsqu’il est évoqué par des tiers, il ne soit pas plus souvent qualifié de “journal d’investigation”, ce qu’il est, même s’il l’est sous une forme particulière.

Il faut reconnaître et regretter que le journalisme d’investigation est devenu une denrée très rare en francophonie ((A part sur internet, comme par exemple dans lejim.info, tenu par mes potes.)). À dire vrai, à part ceux que j’ai nommés plus haut ((Mais le plan B a disparu)), je serais curieux de savoir quels autres journaux peuvent revendiquer décemment ce qualificatif.

Certes, le Monde Diplomatique peut y prétendre par moments, mais c’est surtout ce que j’appellerais un “journal sérieux de gauche”. C’est-à-dire un mensuel qui fait état de constats clairs sur base de faits connus ou connaissables aisément. Il fait un travail extrêmement important et naturellement indispensable, nous proposant de réfléchir avec un oeil de gauche sur des phénomènes accessibles à nos yeux et nos oreilles. En outre, si on peut parfois trouver des infos intéressantes dans l’Express, le Nouvelobs ou d’autres revues du même tonneau, au moins dans le Monde Diplo est-on certain du sérieux et du point de vue de gauche qui parcourt tout le journal.

Je pensais à cela d’ailleurs en lisant le dernier livre de Joseph Stiglitz (Freefall), dans lequel l’auteur est en possession de toutes les informations suffisantes pour dénoncer le capitalisme dans son essence même et ne le fait pas, tentant de rattraper l’irrattrapable en le saupoudrant de keynésianisme. Mais bon, je laisserai ça pour une autre fois, c’est promis (comme mon traité d’économie depuis des années, je sais). Ce que je veux dire, c’est que le Monde Diplo, proposant par exemple à Frédéric Lordon une colonne régulière pour analyser l’économie avec les mêmes informations, parvient à te me descendre en beauté le capitalisme in se et à proposer des idées véritablement de gauche, que même Mélenchon il paraîtrait un dangereux défenseur des marchés à côté.

Non, des journaux d’investigation (en papier), il y en a peu. Je veux dire, des journaux qui proposent de véritables enquêtes sur le terrain, des révélations qui nous éclairent sur ce qui se trouve en dessous du tapis et qui en tirent des faits qui permettent de généraliser l’existence d’un système, c’est l’exception. Certes, sur internet, ils sont légion. Mais nous sommes encore rares à nous documenter véritablement en ligne. Alors, un journal d’investigation papier, évidemment, ça revient très cher. Le Canard a la chance (qu’il s’est construite) de reposer sur une réputation et un capital indépendant (pas de pub, pas de parti, pas de proprio) qui en fait l’astre le plus remarquable de la sphère médiatique (à ma connaissance) en matière d’investigation journalistique.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire sur wikipedia la liste des dossiers révélés par lui au cours de son histoire et de s’apercevoir que, dans ce monde de canards, ce vilain petit était en fait un grand beau cygne…

Quel dommage qu’il ne soit pas resté noir, comme à ses débuts…

Les photos du jour

Tuesday, March 16th, 2010

De l’art de se fourrer le doigt dans l’objectif

On trouvera sur le site du Monde ici un ensemble de photos illustrant la réaction des Palestiniens à l’annonce de nouvelles implantations de colonies à Jérusalem-Est, ainsi qu’à l’inauguration d’une synagogue dans le quartier juif de la ville.

La cinquième photo vaut le détour, qui est légendée en ces termes:

“En plusieurs points du secteur oriental de Jérusalem, des jeunes Palestiniens masqués ((C’est moi qui souligne.)) jetaient des pierres contre les forces de sécurité et incendiaient des pneus, comme la veille sur plusieurs postes de contrôle.” ((On va éviter de se concentrer sur la syntaxe bancale.))

J’ai bien regardé la photo, sur les quarante personnes qui y apparaissent, qui, sauf erreur, sont toutes des hommes plutôt jeunes ou très jeunes, on n’en distingue que cinq, au maximum, qui portent ce que l’on pourrait à la rigueur appeler un masque.

Si, dans ce cas où l’on peut directement vérifier l’information, l’erreur (version optimiste) ou la manipulation (autre version) est si flagrante, que peut-on dire des infos les plus brûlantes qui concernent une actualité aussi importante?

L’ambassadeur de la droite à l’enterrement de la gauche.

Dans le Figaro, ici, j’apprends que “parmi les personnalités” présentes aux funérailles de Jean Ferrat, il y avait notamment un certain Didier Barbelivien. Si Ferrat avait été acteur, il aurait eu Clavier pour porter sa boîte.

Mon Dieu, si vous existez, faites que je meure sur un bateau et qu’on n’en parle plus.

L’école en question

Friday, September 18th, 2009

Le but qu’il faut poursuivre, qui est réalisable, c’est d’assurer à tous des possibilités éducatives égales. Confondre cet objectif et la scolarité obligatoire, c’est confondre le salut et l’Eglise.

Réflexion intéressante issue de “Deschooling society” ((La citation, ici, vient de sa traduction, au titre abusif “une société sans école”, parue au Seuil (points), en 1971, p. 27.)), quoique certainement iconoclaste.

L’école est devenue la religion mondiale d’un prolétariat modernisé et elle offre ses vaines promesses de salut aux pauvres de l’ère technologique.

En effet, depuis Condorcet, Ferry et j’en passe, il semble que l’école soit une nécessité de gauche, que l’égalité ne puisse s’atteindre que via les institutions scolaires et que chacun ne puisse avoir sa chance que dans une société où les enfants auront tous l’occasion de suivre les programmes institutionnels le plus tard possible.

Douce illusion.

Non, terrible illusion, puisque en réalité l’école est sise dans une société basée sur des principes dits démocratiques reposant sur la liberté d’entreprise, cette dernière valorisant la diversité d’acquisition culturelle et savante. On ne peut le lui reprocher, ceci étant nécessité par ses autres principes: la concurrence, l’inégalité, la différence sociale. Pas de développement du marché, des technologies, du commerce, de la variété des mouvements économiques sans une grande différence marquée chez les acteurs sociaux.

L’inégalité est donc une nécessité, et donc l’école, aussi démocratique puisse-t-elle se prétendre, ne pourra faire qu’entériner cette soif de différence et ira jusqu’à la favoriser. Une école dans un monde comme celui dans lequel nous vivons ne peut que favoriser l’inégalité. Prétendre le contraire est au mieux ignorance des faits, au plus évident un mensonge (électoral).

Ce n’est pas tout à fait le propos d’ivan Illich, qui veut signifier plus dans son livre que l’insititution école, dans son établissement propre, s’oppose essentiellement à la réalisation de son intention, qui serait l’égalité de l’enseignement dans la perspective d’autonomiser ses apprenants ((Illich n’est pas un révolutionnaire abouti comme un communiste ou un anarchiste; cependant ses idées sont largement novatrices, bouleversantes et peu en accord avec la société de consommation passive dans laquelle il a vécu.)). Voici quelques-unes des idées développées dans le livre cité:

1) Aussi bien de manière interne, au sein d’une nation, on aura beau augmenter le budget de l’enseignement comme on voudra, au total ce seront toujours en moyenne les enfants des classes les plus riches qui en bénéficieront, et les inégalités ne cesseront de se creuser au sein de la société. Il est évident que l’on pourra tenter tant qu’on voudra de rendre les “chances” égales au sein de l’école, cela ne servira à rien, puisque le marché économique (commerce, travail,…) est tel que les parents voudront toujours privilégier leurs ouailles au détriment des autres et tenteront de ce fait de “pallier” au mieux à la prétendue égalitè scolaire. Ils useront d’abord des différences issues de l’institution en privilégiant les meilleures écoles pour leurs enfants, puis, si cela ne suffit plus, si par extraordinaire l’état devait parvenir à niveler le niveau scolaire de toutes les écoles (ce qui est proprement impossible), ils offriront à leurs descendants des conditions supérieures à celles des moins nantis. C’est une mathématique patrimoniale indépassable tant qu’existera la société basée sur la propriété, la famille et la valorisation du succès individuel ((Notons que les développements les plus anti-patrimoniaux de ce texte ne sont pas illichiens, mais miens.)).

2) En outre, on s’apercevra rapidement que le statut du nombre d’années scolaires réalisées se dévalorisera au fur et à mesure que les prétendus progrès dans l’enseignement institutionnel se feront. Il est facile de constater que les huit premières années scolaires qui, jusqu’au début du vingtième siècle, suffisaient en Occident pour se faire une place parmi les intellectuels locaux, représentent aujourd’hui une base non suffisante pour quelqu’un qui cherche tout simplement du travail. Quand un instituteur était autrefois formé à seize ans, il lui faut aujourd’hui attendre un brevet obtenu au mieux vers 21 ans. En outre, dans le passé, ce titre permettait à son porteur d’obtenir, au moins en apparence, une haute considération locale et une influence certaine sur ses concitoyens, aujourd’hui il est peu reconnu, voire déconsidéré. C’est que l’instituteur est devenu une denrée courante, il est directement dévalorisé par ses collègues des niveaux supérieurs et son salaire est d’ailleurs moindre par rapport à celui de ces derniers. En définitive, il devient donc toujours de plus en plus cher et de manière de plus en plus insupportable, de tenter de produire une scolarité gènéralisée et efficiente.

3) Au niveau international, ces deux phénomènes ne pourront que mettre en concurrence directe les états et marqueront de manière encore plus évidente les travers qui en découlent à l’échelon mondial: ce sont les nations les plus riches qui bénéficient avant tout de la valorisation de l’institution scolaire et plus on avance dans le temps, moins l’unité scolaire garde de sa valeur, et plus il faut d’années prestées à l’école pour obtenir une valeur continue: l’inflation scolaire matraque donc d’entrée toute nation qui désire participer au jeu scolaire où elle est condamnée à suivre le rythme des “meilleures” qui, elles, ne désireront jamais se laisser rattraper.

4) Enfin, Illich constate à son époque que l’institution scolaire ne vise absolument pas à valoriser l’autonomie et la capacité de l’apprenant à choisir ses apprentissages et à les réaliser, mais au contraire chercher-t-elle à le réduire le plus possible à un consommateur scolaire, et de la préparer à consommer d’ailleurs passivement toute sa vie.

Quelques passages illustratifs issus de la seule introduction:

Le système de la scolarité obligatoire, s’il conduit inévitablement à une ségrégation au sein de la société, permet également une sorte de classement entre les nations. Ainsi s’établit une véritable hiérarchie internationale, où chaque “caste” fonde sa dignité sur le nombre d’années de scolarité défini par ses lois. Certes, ce chiffre n’est pas sans rapport avec celui du produit national brut per capita, mais si ce dernier demeure pour la plupart des citoyens d’un pays relativement abstrait, le premier suscite au contraire une réaction affective beaucoup plus profonde, voire douloureuse. ((op. cit., p. 25.))

(…) au cours de la scolarité, on confond l’instruction et le r^ole que l’on jouera dans la société. Pourtant, apprendre ne signifie-t-il pas acquérir quelque compétence ou quelque savoir nouveau, tandis que la promotion sociale se fonde sur des opinions que d’autres se font de vous? Ainsi, s’instruire dépend souvent de quelque instruction reòue, mais la sélection pour un r^ole social, pour un emploi sur le marché du travail, dèpend de plus en plus de la seule durée des “études”. ((op. cit., p. 28-29.))

Beaucoup continuent à croire, à tort, que l’école mérite la confiance publique, (…) alors m^eme qu’elle n’est plus que la détentrice d’un monopole et que loin d’égaliser les chances, elle en assure la rèpartition. ((op. cit., p. 29-30.))

Mais, me diront les plus gauchistes d’entre vous ((Pendant que les autres s’empresseront d’aller inscrire leurs blondinets dans ce qu’ils trouveront de meilleurs avec l’appui de leur carte de parti si nécessaire, d’une sainte indulgence ou plus concrètement d’une contribution monétaire.)), ce problème entier aura disparu le jour où notre monde aura basculé dans le saint communisme et où l’institution scolaire sera au service de l’égalité. Rien n’est cependant moins certain, car, comme le dit Illich, l’institution scolaire, par son essence propre, a pour objet la reconnaissance de statuts différents, et non l’égalité de l’enseignement. Les tentatives pour gommer les différences (uniformes, suppression des points, bourses et autres) n’ont d’ailleurs pas réussi à écorner le principe de la promotion sociale inégalitaire et inhérente que l’école entérine -malgré de nombreux enseignants idéealistes, mais aussi avec l’aide de bien d’autres à qui cela correspond exactement.

Ce problème, je l’ai abordé ici le plus brièvement possible; il fait partie des principaux sujets de mes inquiétudes personnelles. Moi, enseignant, je suis en rupture avec la mère de mon travail: l’école. Paradoxale, mais nécessaire remise en question.

le boulot de Belga

Saturday, July 11th, 2009

Fut un temps où Belga était une marque de cigarettes. Je crois qu’entretemps elle s’est fait bouffée par un concurrent, je ne sais pas trop lequel, tout comme Boule nationale -et au fond, on s’en fout. Mais aujourd’hui, Belga c’est avant notre Reuters à nous, notre AFP, bref, notre agence de presse… On ne sait plus très bien si elle est encore publique ou si elle est déjà privatisée comme la plupart de ses consoeurs.

Mais ce qui est important, c’est qu’elle alimente bien la moitié des articles de la “grande presse”, comme par exemple ce petit billet très instructif qui nous raconte que “Des prisonniers belges seront détenus aux Pays-Bas”. On sait que les prisons belges sont surpeuplées, on apprend ici que celles des Pays-Bas sont trop nombreuses (Mais comment font-ils?) et que, plutôt que de perdre trop d’emplois, le secrétaire d’État de la justice des moulins et des tulipes est prêt à accueillir 500 prisonniers belges pour autant qu’ils ne soient ni dangereux, ni susceptibles de s’évader. Je me demande un peu comment ils savent à l’avance que les mecs ne s’évaderont pas… Mais, bref, ce que Belga ne nous dit pas… ou ce que Le Soir ne reprend pas de la dépêche POUR LE CAS où Belga aurait fait son travail, c’est

-si les prisonniers ont été consultés;

-si les familles des prisonniers sont bien d’accord de se farcir la frontière pour aller voir leurs proches;

-s’il s’agit de prisonniers linguistico-compatibles avec les instances locales -ce dont on se doute, mais quand même, ce n’est pas dit;

-si on ne trouve pas scandaleux que la justice belge ne parvienne pas à assumer son incompatibilité peine/prisons;

-comment seront traités les prisonniers là-bas? mieux? moins bien? pareil?

-si tout le monde se souvient du cas Bahar Kimyongur, qui a vu la justice belge jouer son Ponce Pilate en tentant de se débarrasser d’un ressortissant qu’elle ne pouvait extrader en le livrant à la police kaas dont les juges, eux, ont estimé le cas trop mal ficelé pour que mon ami Bahar soit effectivement extradé vers la Turquie comme une certaine Laurette O. l’aurait bien voulu, histoire de se soulager tout sauf la conscience.

Et à propos, c’est la semaine qui vient que le jugement -le xème- sera rendu à son encontre…

Bref, les journalistes, c’est une profession, pire que les profs, qui ne fait pas son boulot. Surtout quand ils sont payés.