Archive for June, 2010

Comme il elbow!

Tuesday, June 29th, 2010

J’ai beau aimer le tennis et le regarder quand je peux, il y a de temps en temps des réflexions de joueurs de tennis professionnels qui me laissent avec un goût amer dans la bouche.

Il y a quelques années, Justine Henin avait décidé d’arrêter, parce que, disait-elle, elle avait perdu la motivation. Elle n’avait pas 25 ans.

J’essaie de me mettre à la place de son père, qui a travaillé toute sa vie à la poste. D’imaginer où il devait trouver sa motivation…

Ah, et puis, hier, Andy Roddick, généralement correct dans ses réflexions, après avoir perdu son match à Wimbledon, au 4e tour, a sorti celle-là:

“Of course I’m going to be pissed off when I wake up tomorrow. If you got fired from your job, you probably wouldn’t wake up the next day in a great mood.”

On ne peut pas trop en vouloir à ces gamins gâtés par le sort, qui ne connaîtront jamais un formulaire de licenciement. Mais, quand même, comparer l’humeur qui suit une défaite dans un tournoi avec la perte de son boulot… fallait le faire…

Chronique des élections présidentielles locales III

Sunday, June 27th, 2010

Résumé des épisodes précédents:
Trois candidats, principalement, se disputent le siège de la présidence à partir de l’an prochain, au Brésil: José Serra, Dilma Rousseff et Marina Silva. Beaucoup d’intérêts s’entrechoquent autour d’eux.

Troisième partie: Marina Silva, actuellement créditée de 8 à 12% des voix au premier tour.

Membre du PT de la première heure, ex-ministre de l’environnement du Président Lula pendant près de six ans, Marina Silva a un parcours pour le moins atypique.

Originaire d’Acre, elle a grandi dans une famille très pauvre, dépourvue de droits scolaires pendant toute son enfance et n’a appris à lire et à écrire -contre le désir de son père- que… grâce à une maladie qui a failli la tuer et l’a clouée au lit suffisamment longtemps pour lui laisser le loisir de s’instruire. Elle ira ensuite jusqu’à l’université; à son crédit, malgré sa réussite, de refuser de servir d’exemple pour montrer que, même partant de rien, on peut arriver à tout: pour elle, être une exception ne permet pas de déterminer une règle. Et de continuer de réclamer un meilleur enseignement public.

Ensuite, elle a failli entrer au couvent. C’est un mariage qui l’en empêchera (elle a divorcé depuis). Plus tard, de catholique, elle virera évangéliste -c’est-à-dire membre d’une secte religieuse protestante. Entretemps, elle aura rencontré Chico Mendes, LE militant seringueiro des années 80′, assassiné pour avoir été une véritable épine dans le pieds des gros propriétaires terriens. Elle se consacrera à corps perdu à la cause de Chico Mendes.

Militante historique du PT depuis ses origines ou presque, Marina sera longtemps derrière Lula. Aujourd’hui, elle a quitté son parti, rejoint le PV (parti prétendument vert) et se présente aux élections sous cette couleur. D’aucuns estiment qu’elle pique des voix à Dilma Rousseff, la candidate de Lula, et qu’elle risque de soutenir indirectement José Serra. Sachant qu’il y a deux tours d’élections, ce raisonnement est pour le moins sujet à caution. Mais soit.

Revenons à la personne de Marina Silva.

Elle a la réputation de défendre exactement ce qu’elle dit, ce qui semble corroboré par sa sortie du gouvernement deux ans avant les élections; jusqu’au début de l’année, elle ne semblait pas destinée à se présenter. Ministre, elle a tenté de défendre, dit-elle, les intérêts de la nature, des peuples indigènes, elle était internationalement reconnue comme ZE militante écologiste. Ce qui ne l’a pas empêchée de participer -six ans!- à un gouvernement qui a poursuivi les programmes d’expansion de l’agriculture et de l’élevage sur les terres de l’Amazonie et de réalisation de gros ouvrages tels des barrages et des usines à gaz, sans compter le programme nucléaire local soutenu par la France: ses luttes avec le ministère de l’énergie et celui de l’agriculture se sont généralement soldées par des échecs. Elle a, semble-t-il, avalé pas mal de couleuvres sous le couvert du “réalisme” économique.

Même si l’on devait supposer une sincérité brimée et frustrée dans son chef, on ne peut s’empêcher de retoquer Marina Silva sur une récente déclaration qu’elle a faite dans le magazine Istoé: à la question “accepteriez-vous le financement de l’entreprise Vale?”, elle a répondu qu’elle estimait que cette entreprise respectait le droit social et l’environnement et que, oui, s’ils la contactaient, elle accepterait leur soutien.

Or, Vale est largement critiquée dans la presse de gauche (Caros Amigos, Brasil de Fato ((Caros Amigos: le site se trouve ici, mais vous devez naviguer dessus pour trouver la référence dans le numéro de mai 2010 de l’article Vale, a mineradora com as mãos sujas de sangue de Tatiana Merlino; et Brasil de Fato: Vale est une transnationale dont les pratiques sociales et environnementales sont combattues dans le monde entier.))) précisément pour son mépris pour les droits du travail et l’environnement dans l’ensemble des régions du monde où elle est active. De Marina, on craint une ignorance maladroite ou une tolérance coupable… Et ce n’est qu’un exemple qu’on pourrait multiplier.

Dans un autre registre, qu’on pourrait peut-être plus aisément lui pardonner, Marina Silva est hautement mystique, mélange allègrement les mérites de la science et de la foi ((Elle estime notamment que, si elle a été guérie de sa grave maladie étant jeune, c’est grâce à Dieu et à la médecine.)), s’oppose à l’avortement, par exemple, et n’accepterait de traiter des questions dites “éthiques” que via des réferendums. Il est clair que l’allusion à la démocratie directe devrait nous plaire ((Encore qu’elle critique fortement le régime vénézuélien pour son système participatif, allez comprendre.)), mais l’on sait parfaitement que l’influence conjuguée de toutes les sectes locales au Brésil amènerait fatalement plutôt à un recul des idées laïques qu’à des avancées.

Au total, même si, des trois candidats principaux, elle est la moins pire, Marina Silva, de jeune militante infatigable, est devenue, comme tous les autres, une jeune (elle a plus ou moins 50 ans) candidate infatigablement opportuniste.

Prochain épisode: José Serra

Le bookmaker et son tueur

Wednesday, June 23rd, 2010

La Société Générale réclame 4,9 milliards d’euros à Jérome Kerviel.

Par souci, paraît-il, de “simplicité” et de “compréhension”.

Un bon libéral est un libéral mort, disait le Colonel Custer.
et Henri IX lui répondit “Tuez-les tous, qu’il n’en reste pas un seul pour me le reprocher après.”

Deux grands penseurs qu’il faudrait peut-être enseigner plus souvent à nos petits…

Le jour des fous (1)

Wednesday, June 23rd, 2010

(première partie d’une nouvelle écrite il y a déjà quelques années. À suivre par épisode)

Il était une fois une région du monde qui, comme presque toutes les régions du monde, était soumise à des dieux puissants qui se foutaient en réalité de ce qui pouvait bien s’y passer. Cette région du monde, comme la plupart des régions du monde habité, abritait des terres cultivables, des rivières, des puits, des murs, des maisons, des places, des statues, des temples…
Comme dans toutes les régions du monde habité d’hommes et d’images de dieux, on y retrouvait une petite quantité de personnages, plus puissants, qui faisaient office de prêtres.

Dans cette région du monde, les dieux les plus puissants s’appelaient Poséidon, Hadès, Zeus, Heraklès, Arès… Il y avait bien aussi quelques déesses, mais, comme souvent, elles servaient de faire-valoir à leurs conjoints. Et plus aucun habitant ne se souvenait d’un vieillard qui aurait raconté aux enfants comment, avant, bien avant, Athéna, Artémis, Héra ou quelqu’autre avait organisé la vie des familles…

Dans cette région du monde, comme dans beaucoup de régions du monde, les dieux les plus importants étaient arrivés dans les bagages de puissantes castes dominées par les pères, montés sur des chevaux, accompagnés de légendes toutes neuves et d’armes en fer, de rites impérieux et d’une certaine révérence pour le droit de conquête et de richesse qui jusque là n’avait pas été une priorité…

Il était une fois, donc, une région du monde comme beaucoup d’autres. Celle-ci se trouvait au bord de la mer, une mer magnifique, sans marée, une mer où les histoires de dauphins le disputaient aux récits de sirènes, une mer qui fournissait aux hommes une nourriture illimitée et apportait les commerçants d’autres régions du monde, mais aussi l’angoisse des naufrages et des attaques barbares. Une région du monde où l’autre, l’étranger, était considéré avant tout comme un danger, et ce n’était qu’ensuite, s’il avait fait ses preuves, qu’on pouvait envisager de le laisser entrer pour montrer ce qu’il avait à vendre.

Une région du monde assez commune, au fond, où les hommes étaient heureux de faire partie du bon sexe, où les femmes qui survivaient à leurs premières couches se félicitaient d’avoir choisi les bonnes divinités, les bons rites, les bonnes prêtresses, où les enfants qui passaient 7 ans se réjouissaient de pouvoir jouer une ou deux heures après avoir travaillé au champ, au port ou dans l’atelier de leurs pères -quand ceux-ci vivaient encore…

Une région du monde où le soleil était généreux, régulier, peu changeant, où les neiges étaient rares et où les pluies venaient presque toujours lorsqu’il le fallait pour combler les puits et les citernes -et sans doute était-ce la raison pour laquelle les pères des pères de ses habitants l’avait choisie pour demeurer. Une région du monde dure et exigeante, comme toutes les régions du monde, où les hommes travaillaient du matin au soir pour permettre à leurs enfants de faire plus tard comme eux, et ainsi de suite. Une région où, comme dans toutes les régions du monde, on s’arrêtait de travailler avec la nuit tombée…

Une région où, de temps en temps, une canicule, une tempête, une maladie peu connue, une attaque imprévue, emportaient la moitié des richesses et des vies de la cité. Où les survivants avaient pris l’habitude de remercier les dieux d’avoir épargné l’autre moitié, et l’on rebâtissait les murs, les temples, on réparait les bateaux, les filets, on réapprenait à vivre sans les morts, on se dépêchait de se remarier, de refaire des enfants, on veillait à ce que les patrimoines parviennent aux héritiers, et on engraissait un peu les prêtres afin d’assurer leur médiation entre le pauvre profane ignorant et le sacré inconnu…

M. Michel n’est pas prof’ d’histoire

Tuesday, June 22nd, 2010

… et par respect pour mes collègues de germanique, je m’abstiendrai de rappeler de quoi il est gradué…

Dans cet article, Louis Michel se permet de saluer la figure du vieux tyran, Léopold, roi des Belges, mais surtout souverain de l’État Indépendant du Congo.

“Un camp de travail? Certainement pas. En ces temps-là, c’était simplement la façon de faire.”

Ben tiens. L’esclavage est une si jolie tradition qui venait à peine d’être interrompue.

En réalité, le grand homme à la barbe de Saint-Nicolas s’était attribué une fraction importante d’un continent au potentiel économique énorme. Il n’a jamais accompli que le rêve de tout entrepreneur: fonder une start-up qui décoiffe. C’est comme ça qu’il faut le voir, n’est-ce pas, M’sieur Michel?

Ah et puis, l’argument massue: tout le monde faisait ça… C’est beau comme de l’antique… Pourquoi ne pas justifier tous les crimes de masse, dans l’histoire, dans ces conditions? “Tout le monde tuait du protestant”, “C’était la mode de taper sur du juif”, “Qu’est-ce que vous voulez, on avait tous un nègre à la maison”, “Ben, ouais, c’était une sorcière, tout le monde brûle les sorcières”,…

Louis Michel, vous êtes vraiment un imbécile. Tous les historiens un peu sérieux et qui n’ont pas le progrès à la sauce libérale dans la tronche vous le diront.

Chronique des élections présidentielles locales II

Friday, June 18th, 2010

Résumé de l’épisode précédent:
Petit topo sur les élections présidentielles brésiliennes.
En lice (officiellement à partir de ce week-end):
José Serra, du PSDB, qu’on dit ici du centre, mais que je verrais bien fort à droite, surtout question dialogue social;
Dilma Rousseff, du PT, chouchou de Lula, ex-coco, mais vouée à la Realpolitik et à la méritocratie;
Marina Silva, du PV, ex-ministre de l’environnement de Lula, très populaire, mais qui s’est fait plein d’ennemis aussi, et dont le côté mystique me gène.
-et quelques autres mandaïs, mais disons que, pour parler électoralement, il s’agit de quantités négligeables.

2e Partie: les forces en présence.

-le lobby financier et la banque centrale;
Patron de la Banque Centrale depuis la présidence (de droite) de Fernando Henrique Cardoso, Henrique Meirelles défend avec efficacité les intérêts des banques, grâce au taux d’intérêt régulièrement le plus élevé du monde. Sous prétexte de freiner une inflation qui était, jusqu’aux années 90′, l’un des fléaux du pays, le SELIC tourne toujours autour de 10% (Il est descendu à 8%, mais c’était un plus bas historique qui a été revu à la hausse suite à la crise), quand son homologue américain est virtuellement négatif (inférieur au taux d’inflation) et ceux des pays européens tournent autour de 1 à 2%. Les banques aiment ce taux, car il justifie leurs profits faramineux -sans bouger les oreilles-, alors que leur gestion a été reconnue régulièrement comme parmi les pires du mondes. La Banque Centrale fut et est l’un des cailloux constants dans les chaussures du PT au pouvoir depuis 2002: impossible de sortir de la dépendance des banques qui menacent constamment de replonger le pays dans le chaos pré-Lula. Ce dernier, en fait, a pactisé avec les banques afin d’établir ses grandes politiques de développement et de charité publique. Il a rejoint, ni plus ni moins, les mouvements “réalistes” des socio-démocrates européens.

-le lobby de l'”agronegocio” et les fazendeiros;

Ce lobby est à peu près partout au Congrès. Certains journalistes estiment à un tiers les congressistes qui y sont liés. Et tous les partis importants, ou presque, sont infiltrés par les tenants des grandes propriétés foncières. Leurs arguments sont connus: ils produisent une part majeure du PIB brésilien, sont responsables pour la plus grande partie des exportations du Brésil et nourrissent le peuple. Sauf que ces arguments tombent devant les défenseurs des droits sociaux et de l’environnement, et que les études les plus sérieuses montrent que le marché intérieur est surtout alimenté par l’agriculture familiale. Mais alors que celle-ci est très peu soutenue, l’agrobusiness, lui, reçoit la plus grande partie des subsides de l’état, paie peu voire pas d’impôts et bénéficie d’indulgences bancaires considérables. Leur influence est considérable dans le traitement de la réforme agraire -qui n’avance pas-, de la propriété de la terre -qui est entachée d’innombrables fraudes-, de la tolérance aux engrais chimiques et aux OGM, des droits du travail, des priorités en matière de déplacement des richesses et des capitaux.

-Les partis;
Les principaux partis sont presque tous nés après la dictature, mais deux d’entre eux, le PMDB (droite conservatrice) et le DEM (droite dure), sont les héritiers directs des deux seuls partis autorisés entre 1965 et 1985. Le PSDB (centre-droit genre MR ou UMP) est une dissidence du PMDB. Le PSol (plutôt gauche-extrême-gauche) et le PV (pseudo-écologistes) sont des dissidences du PT (ex-de gauche, genre PS) qui s’est déclaré le grand opposant à la sortie de la dictature. Il y a encore quelques partis, comme le PSB, le PDT, le PCdoB ou le PCB, qui sont des acteurs réguliers de la scène politique, mais plus petits. Leur importance est surtout liée au temps d’antenne à l’époque des campagnes électorales, car ce sont les alliances entre partis qui déterminent les quotas de chaque candidat ou de chaque cartel de partis. Ce qui donne une véritable enchère aux partis… Les défections des élus, qui passent d’un parti à un autre, sont légion, considérées comme un scandale par les uns, et un droit légitime par les autres. Je vous laisse deviner qui pense quoi.

-les mouvements populaires -le MST, et…;
Il faut être franc: les mouvements populaires au Brésil sont sous-considérés. Ils existent, au-delà du MST, mais ils sont terriblement faibles en raison de leurs relations soit au pouvoir en place, soit aux partis, soit aux syndicats. Le MST (avec le MTST) fait figure d’exception, ce qui explique l’extraordinaire campagne de diffamation dont il fait continuellement l’objet dans la presse générale (sauf évidemment dans la presse d’extrême-gauche, qui n’est pas négligeable). Ce mouvement gigantesque a certes des défauts (comme par exemple son aspect mystique prononcé), mais il n’est ni autoritaire, ni centralisé comme il a été parfois dépeint, même s’il suit des règles établies dès l’origine (il existe d’autres mouvements de sans-terre qui ne les suivent pas). Les différentes structures régionales jouissent d’une grande autonomie d’action et, si tout n’est pas horizontal, loin s’en faut, l’appui aux mouvements spontanés est systématique depuis les structures reconnues par les médias comme dirigeantes -et qui en fait suivent surtout les initiatives locales.

-les syndicats;
Ça ne vaut presque pas la peine d’en parler. Les syndicats sont tellement dépendants des financements “publics” qu’ils sont corrompus dans tous les sens. En outre, les droits de grève et de manifestation ici sont tels qu’ils font passer les régions européennes comme de douces localités libertaires.

-le clientélisme;
Sans doute la plus importante des influences politiques au Brésil. Des villes, des régions, des États entiers fonctionnent uniquement sur base des faveurs obtenues auprès des élus qui paient en “paniers de base” le choix qui s’est porté sur eux. Les structures quasi-féodales sont appelées ici “colonélisme”. Il y a un véritable rapport de suzerains à vassaux entre les potentats les plus grands et les plus petits, allant jusqu’aux milices privées, aux rabatteurs, aux informateurs… Le clientélisme au Brésil ferait passer les partis wallons pour des amateurs.

-les médias.
Les principaux médias au Brésil sont
a) les télévisions, parmi lesquelles la Rede Globo fait figure de tf1 locale. Son influence est manifeste et a été dénoncée jusqu’ici sans grand succès en raison de la surprotection dont elle bénéficie au niveau politique, chacun sachant que celui qui l’attaque se retrouve persona non grata sur la chaîne et se prive d’une audience énorme. Deux autres chaînes totalement à la botte de sectes protestantes se partagent le principal du gâteau.
b) les journaux, dont les principaux sont, parmi les quotidiens, la Folha de São Paulo (droite décomplexée perçue de centre-gauche), l’Estado de São Paulo (plus sérieux, plus conservateur, pas plus fréquentable), Globo (lié au consortium de télévision susnommé -berk) et quelques autres quotidiens, dont beaucoup de sports; et parmi les hebdomadaires, on retrouve surtout la Veja (porte-parole de la droite sécuritaire la plus réactionnaire), Época (guère mieux, type Figaro Magazine), IstoÉ (prétendument plus indépendant, mais défendant surtout les intérêts de ses propriétaires et donc pas anticapitaliste du tout), CartaCapital (qu’on pourrait qualifier de Marianne local). Les journaux les plus à gauche sont surtout des bihebdomadaires (Brasil de Fato) ou des mensuels (Caros Amigos), mais n’ont que peu d’audience. Piauí est probablement le meilleur journal en tant qu’outil journalistique, mais il est désabusé et s’est démarqué de toute engagement politique. Les trois derniers que je vous cite ici sont les seuls dont je conseillerais la lecture, à ma connaissance.

Les grandes entreprises:
Vale (privatisée, transnationale, mines), Petrobras (encore nationale, énergie, présente dans le monde), Odebrecht (construction), Camargo Correa (construction) pour certaines des plus influentes nationales; Bayer, Monsanto, les monteurs automobiles, pour les principales étrangères… Ce ne sont que quelques-unes des grandes compagnies qui bloquent toute possibilité d’améliorer les choses au niveau de l’environnement, des impôts, du droit du travail… Une véritable gabegie; il y a vraiment peu à en tirer d’intéressant. On en reparlera dans un prochain numéro.

3e partie à suivre: Marina Silva

En attendant la suite sur les élections locales

Thursday, June 17th, 2010

Je lis qu’aussi bien le parti libéral que la reine des Pays-Bas étaient prêts à engager des discussions pour former une coalition libéraux-extrême-droite-chrétiens-démocrates. Ce sont les derniers qui refusent de discuter “pour l’instant”…

Qui faut-il encore convaincre de ce que les élections sont tout à fait aptes à nier ce que démocratie veut dire?

Et pourquoi? Parce que la raison a été remplacée par le capital. That’s all folks. I’ll never come back.

Je prends les paris…

Thursday, June 10th, 2010

… qu’avant trois mois Israël aura repris sa place dans le marasme des démocraties respectables,

… que la grosse colère des USA, très relative, se sera entièrement reportée sur les “vrais responsables” de l’éternelle crise du Moyen-Orient: l’Iran (qu’elle n’a jamais oublié), le peuple palestinien (le Hamas, lui, non plus, n’a jamais été oublié) et les Arabes en général, dont ces sales Coréens du Nord, qui ont des têtes d’Arabes, évidemment,

… que la population, dans sa toute grande majorité, aura autant oublié les activistes marins tués par l’armée israélienne, comme elle a déjà pratiquement oublié l’opération Plomb Fondu (avec vingt fois plus de morts, quand même, dont pas mal de gosses),

… que le gouvernement turc reprendra ses relations diplomatiques avec son partenaire local, y compris dans la conduite de manoeuvres militaires,

… qu’Israël sera redevenue “la seule démocratie de la région“, en dépit des nombreuses contradictions que l’État en question nourrit à l’égard de ce qui définiti théoriquement une démocratie, même représentative.

J’aimerais bien pouvoir perdre mon pari, mais je sens que c’est mal barré.

Chronique des élections présidentielles locales I

Wednesday, June 9th, 2010

Bon, un petit mot de temps en temps sur cette année électorale, appelée de “post-Lula”, puisque l’actuel président, pour la première fois depuis 1985, ne se présentera pas aux élections.

En guise de premier chapitre, je vous parlerai des acteurs de ces élections.

1e partie: Quels sont les candidats ((Notez qu’il s’agit encore de pré-candidats. Officiellement, ils ne sont pas encore intronisés candidats, mais c’est tout comme, faut pas rigoler.)) en présence?

Dilma Rousseff (PT -Parti des Travailleurs), virtuelle ex-première ministre de Lula (elle a quitté le gouvernement avec la bénédiction du président pour se présenter, justement). Ancienne militante communiste, elle est passée au “réalisme” et est l’une des artificière du développement du Brésil dans le genre “il faut que le gãteau soit plus grand pour pouvoir le partager”. Son vice-président potentiel devrait être Michel Temer, pas trés net actuel président de la Chambre.
Elle est en faveur d’une méritocratie de la fonction publique, du projet de barrage à Belo Monte (très discuté), contre la dépénalisation des drogues depuis peu (elle a tourné casaque). Son programme économique est basé sur le développement industriel, l’aide aux grandes entreprises, la croissance du PIB et une redistribution des miettes du gâteau aux plus démunis (soyons justes: la misère a été considérablement réduite par rapport au passé sous son co-règne). Sa politique étrangère, a priori, se baserait comme celle de Lula sur une relative autonomie et une volonté de briller dans la cour des grands.

José Serra (PSDB -Parti de la Sociale-Démocratie du Brésil), l’homme que les USA voudraient, certainement. Ancien leader étudiant, il a passé le temps de la dictature en exil. Il fut ministre du Président Fernando Henrique Cardoso. Il a démissionné de sa charge de gouverneur de São Paulo, où il a brillé par sa volonté à ne jamais négocier avec les professeurs, notamment. Son rapport aux riches est… assez évident. L’homme a une bonne tête. Son programme économique est sensiblement le même que celui de Dilma. Son argument de vente consiste surtout à dire: “Il faut faire plus encore que ce que Lula a fait. Avec moi, ce sera fait.” En outre, il s’alignerait bien plus sur les exigences du grand frère du Nord.

Tous deux ne pourraient gouverner qu’avec le PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien), le parti le plus impliqué dans pratiquement tous les scandales de corruption, mais qui parvient encore à être le premier parti du Brésil en raison de son caractère féodal et clientéliste.

Le PSDB et le PMDB sont les héritiers du seul parti d’opposition toléré pendant la dictature. On en reparlera.

Marina Silva, ex-PT, ex-PDT (Parti démocratique travailliste -parti à la rose locale), actuellement candidate pour le PV Parti Vert), est très populaire pour son engagement environnemental. Ex-ministre de Lula, elle a quitté le gouvernement après six ans d’exercice. Prétend gouverner avec des membres du PT et du PSDB en cas d’élection. A des amis partout, selon elle. Sans doute encore plus d’ennemis. Mystique, opposée à l’avortement, critique envers Hugo Chavez, elle est cependant en faveur de réferendum à tiroirs, mais pas de la démocratie directe. Allez comprendre. Son vice-président présumé est un gros industriel à bonne bouille. Elle n’aurait pratiquement aucune chance de figurer au deuxième tour si les élections avaient lieu aujourd’hui, mais qui sait d’ici la fin de l’année.

Les autres candidats n’ont pas la moindre chance, pas plus Ciro Gomes qui navigue sur eaux bizarres et va probablement négocier son retrait contre une place de gouverneur, que Plinio de Arruda Sampaio le candidat du PSOL (Parti Socialisme et Liberté), le parti le plus à gauche de tout ce fatras qui ait un minimum de représentants. La liste est encore longue, mais insignifiante.

Au prochain numéro, nous évoquerons les différentes parties en présence. Ici, c’était encore du gâteau.

Ensuite, on parlera un peu des enjeux de la politique locale.

Enfin, je vous proposerai des réflexions qui m’ont été inspirées par des militants de gauche (je veux dire: de gauche) sur la situation brésilienne.

commission impartiale

Monday, June 7th, 2010

J’essaie d’imaginer le scénario d’une commission établie par Israël avec les USA et quelques zozos utiles.

j’essaie.

Alors voyons: cette commission aura pour tâche de justifier un abordage violent (dans le sens qu’il n’est pas désiré par les abordés) dans les eaux internationales de navires transportant des hommes et du matériel vers Gaza. Ces hommes, qui firent face à l’une des plus puissantes armées du monde, peut-être la plus aguerrie et la plus efficace, pour se défendre de ce qu’il va falloir justifier comme un abordage légitime, mais je ne vois pas encore comment, ces hommes donc utilisèrent des couteaux de cuisine, des tournevis, des disques de disqueuses, des chaînes, des manches de pioche (sans les pioches), des clés anglaises, des grands marteaux de démolition, des cordes de rappel, quelques opinels et, ah oui, j’ai lu dans une revue réactionnaire en ligne qu’il y avait eu aussi deux révolvers… Wouaw, l’arsenal! En cherchant bien, il y aura peut-être aussi une arme de destruction massive de l’époque de Saddam Hussein quelque part.

9 morts et des dizaines de blessés, certains tués à bout-portant. De l’autre côté, un blessé grave et quelques blessés légers.

Il faudra éliminer les témoignages d’une cinéaste brésilienne qui affirme, la pauvre imbécile, qu’un homme a été abattu alors qu’il se rendait et un autre parce qu’il prenait des photos. Ces témoignages ne peuvent être retenus. Ils sont forcément partiaux. Comme l’aurait été une commission internationale. Comme celle que BHL condamne parce qu’elle a mal apprécié l’opération Plomb Fondu de l’an dernier.

Ces bateaux, qui ne contenaient donc, pour toutes armes, que des outils et du matériel de construction, en plus des jouets pour les enfants (il devait y avoir de terribles pistolets à eau et des ballons qui auraient servi à faire des bombes, également à eau, évidemment), étaient de dangereux précédents, fatalement, pour d’autres convois d’armement et de terroristes internationaux. On avait affaire, là, à un nouveau cas de combattants dans le genre de ceux de 1936 qui voulurent aider les républicains en Espagne. Des idéalistes qui ne savent pas vraiment que l’État israélien se bat pour la démocratie “là-bas”.

La commission bilatérale aura à coeur d’envoyer un quelconque ministre à l’ONU pour montrer les traces de kérosène, les bouteilles vides et les chiffons qui se trouvaient à bord des bateaux et qui montreront clairement que Gaza se préparait à fabriquer des cocktails molotovs. Contre les chars, ces armes artisanales sont, on le sait, extrêmement efficaces. Et puis, c’est l’intention qui compte.

Il sera en outre établi que ces bateaux emmenaient des activistes dangereux en grand nombre. Environ 700 personnes, prêtes à se reproduire (on trouvera bien une femme enceinte dans le tas -et en tout cas beaucoup trop de femmes que pour que ça soit bien honnête tout ça… Un harem en puissance?) et donc à contribuer au déséquilibre populationnel en terre d’Eretz Israël, cela va typiquement dans le sens de la politique du “jeter les juifs à la mer”, qui certes n’a plus été prononcée par un leader du Fatah depuis la fin des années 60′, mais bon, on fait avec ce qu’on a.

Il faudra enfin que cette commission justifie l’intervention des fusiliers marins israéliens par le fait que certains de ces activistes portaient des gilets pare-balles (je ne les ai pas vus, mais ils étaient sûrement là), ce qui est la preuve manifeste que ces hommes s’attendaient à une attaque, donc la désiraient, puisqu’ils sont quand même venus, et que, de ce fait, ils souhaitaient le martyr et n’avaient qu’un seul but, fanatique, celui de discréditer l’État démocratique d’Israël par leurs morts supposées injustes. Il faudra évidemment trouver une bonne justification au fait que, s’ils sont bien des martyrs en puissance, le fait de porter des gilets pare-balles n’avait pas de sens.

Mais bon, s’il faut s’arrêter à des détails, autant réclamer une commission internationale…