Archive for December, 2010

J’ai une super idée pour Noël

Friday, December 24th, 2010

Voilà, je propose que les patrons-actionnaires-propriétaires des moyens de production fassent un super-cadeau à leurs employés:

-Dès que leur capital investi, plus les intérêts (soyons pas chiens), plus l’indexation (et hop), aura été remboursé par les intérêts de l’entreprise amassés par l’actionnariat (ou par les propriétaires tout bêtes, genre Colruyt), pour chaque euro, franc CFA, yen, yuan, voire dollar, gagné en plus par les actionnaires, ils attribueront un euro d’action à l’ensemble des travailleurs rémunérés en dessous du salaire du cadre moyen. Bon, c’est un exemple, on peut discuter sur le barème. Mais en tout cas, faudra que ce soit en Golden Share, pas de blague!
-Ce qui signifierait qu’au bout de, (gnmgnmgnm, fais semblant de calculer) un sacré paquet de temps, les salariés sans pouvoir en gagneront finalement un petit bout… Évidemment, me direz-vous, cela existe déjà: l’intéressement, la participation, blablabla, sauf qu’ici, z’allez voir qu’ils vont réfléchir à deux fois avant d’augmenter les dividendes, et peut-être plus foutre du pognon dans l’investissement ou, à tout prendre, qui sait, augmenter les salaires pour éviter d’augmenter les intérêts bruts de la boîte…

-Tu rêves
-Je rêve? Mais bien sûr que je rêve… c’était juste pour dire qu’en tout état de cause, les patrons-actionnaires-propriétaires, ça ne les intéresse jamais de partager le pouvoir, parce qu’ils nous prennent pour ce que nous sommes: des subalternes incapables de gérer une entreprise.
-Pour ce que nous sommes? Eh, mais tu nous insultes!
-Prouvez-moi le contraire, et je vous offre une bière brassée en coopérative. Suis fatigué des doutes et des peurs…

das Kapital libéral

Friday, December 24th, 2010

Une réflexion comme je les aime.

Imaginons qu’un jour les libéraux, les purs et durs, les vrais de vrais, l’emportent -je veux dire qu’on ait vraiment du néolibéralisme en Europe -parce qu’en fait, vous n’avez rien vu, parole de Brésilien d’adoption…

Que se passera-t-il?

Première chose: les transports publics seront intégralement privatisés. Ce qui signifie forcément, outre qu’ils baisseront probablement de qualité, que les chauffeurs seront payés au kilomètre parcouru -et non plus à l’heure- et au client chargé, et que le prix du billet va sacrément augmenter -ou alors ce sera le bus qui va baisser de qualité-. En conséquence de quoi, les poubelles à quatre roues vont commencer à pulluler, parce que les gens préféreront acheter des ruines “privées” ou des voitures bon marché que de payer des fortunes par an pour des services médiocres. Le tout, évidemment, à crédit (rebonjour les bulles). En quelques années, les embouteillages deviendront la règle plutôt que l’exception, à pratiquement toute heure du jour. C’est à peu près le lot de São Paulo, il paraît que c’est pire à Mexico-City. Sans compter que les chantiers routiers ne seront plus menés par une administration publique, mais entièrement soumis à des marchés privés, directement réalisés morceaux par morceaux par des instances d’arbitrage local -on se sera éloigné de la corruption de l’État, mais les marchés privés ne mènent pas moins au gâchis et au précaire. Et je vous dis pas l’état des routes et des trottoirs ici…

Deuxième chose: les assurances-maladies se vendront comme des petits pains dans des bureaux minables installés à tous les coins de rue; des entreprises de soins dentaires verront le jour, croîtront et s’effondreront, laissant les assurés sans l’assurance de garder leurs dents, qu’ils auront fait blanchir, redresser, rechausser, évider, par des mécaniciens dentistes sous-formés, recrutés dans des facultés de quatrième catégorie, comme il commencera à en pulluler, sans qu’on ait l’assurance que leurs professeurs en soient bien, qu’ils sachent exactement de quoi ils parlent, et soient même capables d’appliquer leurs doctrines. Le tout sera masqué par “les meilleurs services dentaires de la planète” ou “la deuxième nation en terme de chirurgie plastique” -dit-on autour de moi. Mais, même si c’est vrai, cela vaut-il le détour?

Troisième chose: les notaires seront entièrement libres d’exercer comme ils l’entendent, au prix qu’ils l’entendent, d’engager qui ils veulent, de faire tourner leurs “études” comme des super-marchés du service notarial. Ils vendront les mariages et leurs contrats, les déclarations de naissance et de mort, les successions détaxées et les historiques de propriété privée… Naturellement, ces bureaux deviendront les seules références en matière de droit patrimonial et, rapidement, de véritables chambres d’entérinement de situations théoriquement irrégulières, comme une appropriation indue ou un contrat de mariage inégal. J’espère que vous imaginez sans peine le détail de l’anti-réforme agraire qui s’est passée et se passe encore au Brésil. C’est ça aussi, le libéralisme…

Quatrième chose: la justice gratuite sera de l’histoire ancienne -encore que, déjà que, bon… Mais vous regretterez le bon vieux de la justice bourgeoise occidentale…

Cinquième chose: les normes de fabrication, de contrôle, de service, d’usage, de transport, de soins, etc., toutes disparaîtront pour faire place à des conventions, des contrats, des échelles, personnalisées, ciblées, catégorisées en fonction des demandes et des besoins des clients. Les accidents, les négligences, les accrocs aux contrats, les réparations hasardeuses nécessiteront peu à peu la disparition des statistiques, le recentrage de l’information -qui de toute façon, bon… Les agences de vérification seront encore plus “indépendantes” qu’elles ne le sont aujourd’hui. Tellement indépendantes et tellement bien payées par les producteurs, qu’elles agiront encore plus comme des agences de notation financière -vous savez? ces machins qui sont en grande partie responsables de la crise qui vous est tombée dessus ces trois dernières années… Bonjour les conflits d’intérêts!

Sixième chose: les espaces publics vont progressivement être vendus à des propriétaires privés. Vos déplacements seront progressivement réduits aux espaces qu’ils vous laisseront. Peut-être existera-t-il encore un droit de servitude minimal, peut-être pas. Alors? Des péages tous les dix mètres? Comment ça impraticable? N’avez qu’à rester chez vous et commander des pizzas…

Je réfléchis encore à d’autres trucs, mais je trouve que c’est déjà assez encourageant (pour nous inciter à la vigilance, veux-je dire)… Cela dit, je n’excuse pas les politiques libérales de nos politiciens modérés, je lance juste un appel du pied à ceux qui, en théorie, sont censés défendre les droits des travailleurs, les acquis sociaux, la justice sociale… Et qui y renoncent à petits pas, tels de gentils écologistes…

Ah, si le syndicalisme retrouvait ses couleurs d’avant les annés 70’…

La Galanterie n’a pas de limites…

Thursday, December 16th, 2010

Madame Galant, vous avez sorti au cours d’un interview la phrase “Nous sommes le pays où c’est le plus facile d’entrer, de s’installer et de devenir Belge (sic)”. Outre que votre phrase comporte une lapalissade sur laquelle je ne m’étendrai pas (où peut-on devenir belge, sinon en Belgique?), vous ne connaissez manifestement pas la condition des étrangers en Belgique, pour les mettre ainsi au pilori au profit de votre image politique. Ou si vous la connaissez, vous êtes d’une inhumanité crasse.

Par ailleurs, il serait intéressant de confronter votre point de vue à celui de M. Eric Besson, qui disait le 5 novembre 2009, sur france 3, dans l’émission “Ce soir ou jamais”, que la France était le pays qui accordait le plus de cartes d’identités; par ailleurs dans une émission de septembre 2010, il a évoqué le fait que la France est le pays qui accorde le plus la nationalité française((Les deux émissions se trouvent facilement sur Dailymotion, et je viens de retrouver la dernière citation dans le Canard Enchaîné.)).

Certes, en apparence, vous ne parlez pas de la même chose -devenir belge >< la nationalité française - facile de >< accorder le plus... il semble que l'on puisse jouer sur les mots: la Belgique n'est peut-être pas le pays où l'on accorde le plus de cartes d'identités, ni la France celui où il est le plus facile de devenir (allez, ne chipotons bas, même si j'aurais pu mettre "belge") français. Mais en tout état de cause vous utilisez le même argument, la même rhétorique -que j'ai entendue en Italie lorsque j'y vivais, d'ailleurs, dans la bouche d'autres conservateurs-, dans le même but: faire peur aux électeurs (la veille de Noël, c'est sympa), histoire de rappeler votre fonds de commerce, dans ce qu'il représente de plus bas: l'attaque contre ceux qui ont le moins de possibilité de se défendre, et qui pourtant accumulent toutes les conditions pour obtenir un minimum de clémence. Les émigrés qui, désespérés par les conditions économiques ou politiques de leur pays d'origine, qu'ils n'ont le plus souvent pas quitté de gaieté de coeur, se retrouvent dans la plupart des cas dans des pays limitrophes du leur ((Le moindre scientifique sérieux sur la question vous montrerait que la plupart des déplacements de population se font à l’intérieur du pays, si pauvre soit-il, puis dans les pays limitrophes, puis dans des pays du même continent, avant d’envisager l’exil vers le Premier Monde, région la plus riche de la planète.)), avec l’espoir d’y revenir, car, pour beaucoup, quitter la terre de ses ancêtres, c’est infiniment plus difficile moralement, mentalement, que pour un Européen d’avoir la chance de devenir “Expat” et de faire fortune dans un pays “en développement”, avant de revenir profiter de nos systèmes sociaux, dont nous devrions être fiers, plutôt que de les détricoter lentement, mais c’est une autre histoire.

Quand ils arrivent “chez nous”, “dans notre maison”, pour utiliser la détestable nomenclature de Monsieur Pascal Smet à l’époque où il occupait le poste de directeur aux expulsions, c’est en dernier ressort, et en espérant que la région du monde (le “Premier Monde”) qui est fréquemment co-responsable de la ruine de leur pays ait un minimum de compassion pour eux.

Mais non: alors même qu’ils participent activement et positivement à notre économie, qu’en toute grande majorité ils aimeraient bien se voir régularisés pour pouvoir bénéficier d’une certaine tranquillité d’esprit, que, tout naturellement, ils préfèrent voir leur famille à leur côté plutôt que de la savoir encore dans les affres d’une guerre, d’une famine ou d’une misère endémique là où ils l’ont laissée ((Et quel “Expat” de longue durée ne préfère pas emmener ses mômes et son conjoint avec lui, quand il en a?)), la Belgique, comme bien d’autres pays privilégiés, les confine dans des situations en marge du droit, non parce qu’elle ne pourrait pas les intégrer dans ses frontières, mais parce que les gouvernants (qui alternent, et dont vous faites donc partie, à moins de vous désolidariser de la politique du MR et du PRL depuis plus de 30 ans, quand il est au pouvoir) bénéficient d’une telle situation qui leur permet de détourner les yeux des électeurs de leur incurie dans d’autres matières: regardez, ces étrangers profiteurs, ils ne font rien qu’à nous envahir.

En outre, cela fait des années maintenant que, histoire de tourner en rond, on parle d’immigration choisie, de sélection des immigrés, en fonction de nos intérêts, oubliant que ce faisant on réduit encore d’autant les forces vives des pays dont on fait venir les intellectuels, les spécialistes; d’un autre côté, le pillage des anciennes colonies continue, mais ça, je suppose que malgré la pseudo-repentance du gouvernement belge, ça ne mérite pas le moindre intérêt.

Votre argumentation qui se permet de mettre en concurrence la situation des Belges les plus démunis avec celle des étrangers en situation irrégulière est l’une des pires attitudes humaines qui soient: vous poursuivez la politique qui a été menée par les plus immondes gouvernants de la planète et de l’histoire qui, pour assurer leur trône, jetaient et jettent encore les plus malheureux de leur système les uns contre les autres. Pourquoi ne pas faire une politique anti-roux, anti-sorcière, anti-juive, tant que vous y êtes?

Mais c’est proprement inutile: vous savez parfaitement bien que les partis traditionnels se féliciteront toujours de conserver ce matelas de haine sociale pour les coups durs, pour justifier le fait qu’ils n’ont aucune imagination quand il s’agit de mener une contre-politique aux assauts des agresseurs financiers, quand on critique les avantages fiscaux des plus privilégiés ou de grandes entreprises pour qui la Belgique est un paradis fiscal (combien de milliardaires français en Belgique, déjà?), quand vous ne pouvez plus culpabiliser “l’Europe”, “la conjoncture”, “la crise”, “les Flamands”, ou que sais-je encore pour votre incapacité à assumer la défaite de votre système de pensée: le capitalisme.

“Fuego”

Thursday, December 2nd, 2010

Les petits bras qui éructent contre Castro à la veille de sa mort me font profondément vomir. Je n’ai jamais aimé le kaki qui faisait ressortir sa longue barbe, mais il faudrait quand même pas oublier d’où vient Cuba et où il se trouve.

En 1959, au moment où un certain type de barbus prenait le pouvoir à Cuba, la plupart des gens n’avaient accès ni à l’éducation, ni surtout aux soins de santé. Ils coupaient le sucre de cane pour que les gros fions puissent sucer du Bacardi dans les salons du monde libre; ils ciraient les pompes des riches “touristes”; ils vendaient des fruits dans la rue pour pouvoir en bouffer les plus pourris; quant aux femmes, il ne faut pas avoir vu “Soy Cuba” pour savoir dans quelles perspectives elles vivaient…

Entre-temps, la liberté de la presse… bourgeoise… a disparu; pas celle de la presse populaire: elle n’a jamais existé;
Les terres… bourgeoises… ont été confisquées; pas les terres du peuple: ils n’en avaient pas.
Andy Garcia et ses costumes blancs sous les Tropiques, désolé de perdre l’héritage paternel, ça me pompe le haricot.
Les Cubains exilés qui crient à la liberté depuis les côtes de Floride, ça me fait cracher par terre.

C’est sûrement pas le paradis, là-bas, mais c’est pas en mettant les compagnies de téléphone en accès libre que vous le leur donner… vendrez…

Et vous imaginez que les Cubains voudraient redevenir une enclave amerloque parce que “le libre échange…”?

Et allez donc…