Archive for the ‘copyleft’ Category

Souvenir écrit

Monday, October 15th, 2018

à l’encre bleue, odeur de veine,
de cette peur dont on s’empare
avant qu’elle ne nous enchaine
l’enfant écrit le nom de celle.
Il y désire chaque lettre
dont chaque boucle semble épare (sic)
et l’encre ne suit où se mettre :
entre les traits claudique-t-elle ?

Hic, hâve image, ôtée d’ine ;
on ne peut dire où elle pose
ses fesses -chaise heureuse- fines
au cours à dia comme à hue.
Des Grâces Marie à la source
enterrée, fertile -j’ose
la métaphore usée-, course
sous les pierres qu’on ne la hue.

Excalibur ? Qu’on ne s’affole !
Il ne faudrait qu’on la devine,
que la rumeur d’elle s’alcoole,
qu’on ne la chasse, honte !, d’Éie.
Belle idée ? A l’ise, ô Caïne,
Les mots peut-être aussi s’avinent
et multiplient les combines.
De trois-quarts dos, ils se dé(l)ient.

L’enfant alors qu’il se rappelle
que comme tout enfant il joue
sérieusement vous appelle
à le rejoindre sur la scène.
Il sait que de vos mille têtes
il n’était que deux autres joues,
mais pour son encre, vous, vous êtes…
l’une des douze de sa cène.

égalité et liberté ou liberté et égalité?

Tuesday, April 27th, 2010

Une des critiques qui nous tombent régulièrement sur le râble, libertaires, anarchistes, anti-autoritaires, anarcho-communistes et autres zigotos aux appellations les plus diverses, c’est que nous serions incapables de faire un choix entre la liberté et l’égalité quand le cas se présente. Dit autrement, on nous demande, en fait, de nous prononcer quant à celle de ces deux valeurs que nous mettrions en premier sur une échelle.

Étant entendu dans le piège que si nous choisissons la liberté, nous sommes d’infâmes capitalistes qui nous cachons derrière de prétendus nobles idéaux et que si nous choisissons l’égalité, nous ne sommes que des staliniens qui tentons de nous cacher sous une couette noire et rouge.

Le piège est grossier et nous ne devons pas nous y laisser prendre, car en fait ce sont les deux positions prétenduement antagonistes et classiques qui s’avèrent contradictoires.

Il n’y a pas de liberté sans égalité et il n’y a pas d’égalité sans liberté. Je le dis et l’affirme de la manière la plus absolue, sans me référer à des limites du genre “égalité des droits”, “égalité des chances”, “liberté d’entreprise” ou toute autre chose.

Il est évident qu’une telle affirmation comporte des conséquences que ni les socialistes autoritaires, ni les sociaux-démocrates, ni les capitalistes libéraux n’accepteront d’assumer.

Premièrement, la liberté ne peut se satisfaire d’aucune limite en dehors de celles que possède la nature humaine, mortelle et corporelle. Notre liberté ne se pose pas en terme de capacité à accumuler les biens et les richesses, mais à défendre temporairement contre nos propres limites physiques nos capacités à penser, agir, créer, fabriquer, enseigner, apprendre, produire et reproduire, aimer et rechercher le bonheur, la satisfaction et le contentement en attendant la mort.

Toute autre liberté est fictive, à commencer par la liberté d’entreprendre, par exemple, qui est régie par des principes tellement complexes et qui, surtout, implique automatiquement des limites dans le champ des voisins de celui qui entreprend, qu’en réalité ce type de liberté s’avère être une prison. La propriété elle-même, par beaucoup considérée comme la plus importante des libertés, tant d’une personne que d’un État, est en fait la propre cage de l’individu qui a accepté de se transformer en personne, c’est-à-dire en titulaire des titres de biens matériels et immatériels qui lui serviront de limites et l’encercleront par opposition aux autres qui seront encerclés aussi, à la fois par les limites de cette première personne, par celles de toutes les autres personnes et par les leurs propres.

La liberté, cependant, implique bien d’autres choses, comme par exemple celle du choix intellectuel de ses propres valeurs, de sa métaphysique, de sa définition de la vie, choix qui doit absolument être individuel et ne peut être limité par une autre notion comme celle de la “liberté du père à choisir la religion ou l’éducation de ses enfants”. Tout doit être fait, dans une société libertaire, pour que la famille ne soit que le lieu privilégié, mais aussi éventuel, non forcé, du partage de l’affection et de l’apprentissage de bases de vies dans la société libertaire, non dans un esprit sectariste, élitiste, corporatiste, patriarcal, ou autre chose du même goût.

L’égalité est indispensable à cette forme de liberté individuelle, et cela signifie qu’en aucun cas l’expression de la liberté d’un individu puisse être soumise au prétendu droit d’une personne, morale ou physique, à détenir en sa propriété, temporairement ou définitivement, les moyens qui permettraient à un ou plusieurs individus de se prémunir contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, la maladie, l’inconfort ou toute autre chose qui accélère la mort. Par personne morale, j’entends aussi ici un État ou une administration “publique”.

L’égalité est donc indispensable à la liberté, et la “liberté d’entreprendre”, tout comme la propriété, ne doivent pas créer l’illusion du contraire.

Par ailleurs, il doit être évident que l’égalité ne saurait se prévaloir d’une première place par rapport à la liberté, car, si cela était, l’exercice même de l’égalité s’en trouverait empêché. En effet, comme l’égalité doit être l’égalité devant la recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, si elle devait être soumise à un appareil qui prétendrait la garantir (comme un État, un syndicat, un parti ou tout autre appareil d’un type ou d’un autre), elle perdrait aussitôt son essence, puisque son objectif devrait être de permettre aux individus de choisir précisément chacun selon ses envies et en fonction de sa propre individualité ce qu’il estime être sa propre quête comme vue ci-dessus, dans les limites de sa mortalité. Aucun appareil ne peut prétendre savoir légitimement ce qui est bon ou non pour chaque individu.

L’égalité ne saurait non plus se soumettre à une autorité spirituelle (religieuse, nationale, communautaire, scolaire, autre) quelconque -et fatalement patrimoniale, mais imaginons un instant que ceci n’entre pas en compte, même si nous savons que c’est impossible-, car, ce faisant, elle se réduirait d’autant et cette égalité disparaîtrait au profit d’une uniformité qui ne signifie pas du tout la même chose.

En définitive, donc, liberté et égalité, loin d’être antinomiques ou en concurrence (ce qui serait un comble), sont correlées et, j’oserais le dire, les deux manifestations d’une seule et même chose: le droit de tout individu dans son humanité et de toute l’humanité exprimée dans chacun de ses individus à poursuivre temporairement -c’est-à-dire jusqu’à sa mort- sa propre recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, dans les seules limites que nous avons dites ici plus haut.

Pour que ce droit puisse se manifester pleinement, deux entraves doivent en être écrasées impitoyablement, comme diraient les anars les plus historiques, de Goodwin jusqu’à Debord, c’est l’État et la propriété. L’un d’ailleurs n’allant pas sans l’autre, et vice versa.

Mano et les robots

Monday, January 11th, 2010

Un texte dont j’ai perdu la date, mais qui remonte au plus tard à 1998:

Sur les routes, Arthur, se sont éteints tes rêves.
À force de te traîner, de te gangrener,
Tu perdais le besoin de libérer ta sève
Et celui de générer, celui d’égrainer…
Pas de fils, pas de joue imberbe sous tes larmes.
Se souvenir si tard -trop tard- contre la mort,
Que s’arrêter et reproduire, ventre en arme,
Qu’épuiser la tendre guerre sous les “amors”,
Ce serait pas si mal!

De capitales en provinces, l’être bouge-
Détruit, automatique, éteint, vraiment, éteint…
D’hiver en hiver, absent, de bouges en bouges,
De bouteilles pleines en physiques déteints,
La mort sous le bras, l’enfer dans les yeux
Trop calmes pour entendre, comprendre, désapprendre.
Devais-tu vraiment, pauvre enfant, devenir vieux?
De marches en marches, tous iront pour s’étendre-
Pourquoi autant de mal?

“Plutôt mourir que de n’pas vivre…” (Les Poissons)

Comprenez-vous pourquoi ces êtres déjà morts
Pleurent sur leur passé, sucent la moëlle blanche
De l’enfance perdue en deça de leurs torts,
Se perdent dans le rouge giclant dans la blanche?
Tu marches, robot mort, une rois renié
ce qui te restait, ce qui te reliait, pire,
À ce monde idéal qu’on ne peut oublier,
Tu marches; sous tes pas, plus la force d’écrire…
Ça nous fait tant de mal.

———

-Bon, à l’époque j’avais emmêlé Mano et Arthur, mais je suppose que vous reconnaissez où est qui…

Seringueiros

Wednesday, May 13th, 2009

Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…

ici, à droite dans les Nouvelles et textes.

Juste rééditée… Merci Ju, Oise et Christo…

Pour en finir avec l’impossible (1998)

Tuesday, October 14th, 2008

Et le pur esprit s’endormit,
Contrarié par son manque d’Or-
Ient, soucieux d’adorer mi-
Nablement les berlingots d’or.

Je voudrais -mais comment?- me dé-
Gager des désordres de mon
Esprit orgueilleux dévidé,
Aux vagues ordres du Démon.

Infortune, experte en froid, mor-
Dras-tu mes draps jusqu’à ma mort?
Brûlas-tu mes sangs du même or
Que demain mes fervents amor?

C’est ce corps, fin, tendre et trop doux
Qui me fait goûter le velours
Pour tenir patients quelques dou-
Tes encore matières, lourds.

C’est ce corps, mais qu’y pourra-t-il?
Je (?lui) n’ordonne rien qui pourrait
Voler plus haut qu’un acide éthyl-
Isme encrypté dans le non vrai.
==
Ce soir, mon amour, je ne m’aime
Plus… Et je déchire aux écrans
Les visions passées du même,
Les e muets, les vers, les pieds…

epistrephô (1998)

Monday, October 6th, 2008

J’avançais sans sourire, l’encolure en feu, les épaules meurtries. Mes pas se faisaient plus lourds, plus profonds, plus vides à chaque mille. Le soir, enfin libéré, je me jetais au sol -un peu de paille, quelques étoiles, l’espoir qu’il ne pleuve pas. Mais pas plus aujourd’hui qu’hier je n’avais vu de ville, de village, de créature, ni de nature, de force ou d’ange. -Rien qui pût nourir mes rêves. Je restais endormi au même lieu chaque soir, certain de marcher le jour suivant encore.
Tous ceux qui s’approchaient de moi s’éloignaient rapidement. Je les connaissais peu. Je ne les connais pas -ils changent et mon regard ne change pas. Je marche, pourtant. Tous les jours j’avale un mille de plus. Tous les jours j’écrase un peu plus de route -un peu plus de travail.
Un jour, je me lèverai fatigué. Je ralentirai. Je regarderai vers le ciel. Mon regard sera toujours du même gris. Et, qui sait,peut-être verserai-je enfin de ces larmes qu’on a refusé de me donner. Alors, sans doute, je m’écroulerai -et je ne parviendrai plus à écarter les mouches qui tournent autour de mes yeux et de ma langue.
Et quelqu’un viendra me dire que j’aurai peiné en vain -qu’il n’y a plus rien -que tout recommence -que je ne sais pas -que l’or est ailleurs -que la vie s’arrête… Que sais-je?
Dois-je le tuer?

À la faveur d’une cuite (1998)

Sunday, September 28th, 2008

Cette étrange bière que l’on n’entame pas sans savoir que le bar ne sera plus le même après, cette bière que l’on boit forte et vive, mais brûlante, qu’on ne peut laisser à moitié, qui fermentait depuis tant de temps et continue à tourner dans ce ventre écartelé, cette brume, cet acide, cette amertume, cet orge effondré sur lui-même…
Ce verre que tu dresses devant tes yeux, à la santé de tous ceux qui souffrent plus que toi, petit poux noir, petite punaise rouge, cette chope énorme, ce bock, ce demi, ce chagrin débouteillé…
Ce blond-blanc trouble…
Je ne sais pas ce que j’y trouverai mais je m’enivrerai au premier arôme intense, je m’y noierai volontiers si le verre est grand et propre, et qu’elle soit brassée par le meilleur des brasseurs ne me sera pas dit par la date de l’étiquette -mais bien par la fraîcheur de ses froments.

Hommage sonné

Monday, September 15th, 2008

Rimbaud ((poème qui a déjà pas mal d’années. Tentative de faire coïncider le travail double qui occupait alors mon crâne, art et exégèse. J’aime assez…)) défunt, cent ans plus tôt, Pluton, reçois
Pour son art ((art: oeuvre concrète, sensible, propre à exprimer une abstraction, une idée.)), mes sincères salutations.
Je voulais rappeler ce temps ((temps: concept majeur de la vie concrète influant en cela la vie abstraite; instrument de la dialectique et vice versa.)) -Attention!
Non pas, sots critiques ((critiques: ici, personnes vouées à la recherche de la petite bête.)), que le présent me déçoi-

Ve -Oh! À voir-; ce passé, dix et neuf, siècle ivre ((ivre: adjectif se rapportant à un être tombé dans la déraison, voir la survision.)),
Ébloui de chaos ((chaos: expression du non-ordre; synonymes: éternité, mouvement perpétuel, infini, brouillard. Etcaetera..)), entre raison ((raison: instrument mal défini de la réflexion, rarement atteinte; passage obligé vers la science; péjoratif: instrument de l’ordre et de la bonne éducation.)) et dieux ((dieux: personnages à la fois rassurants et angoissants.)),
Qui faisait de la Terre un infini ((infini: qui est indélimité, bonheur.)) de lieux
Que l’on tentait en vain de fixer dans les livres ((livres: instruments de raison, puis de science; exploités par les fous et les artistes (pléonasmes) comme support pour leurs visions.));

Un séjour outre-mer dans l’île ((île: endroit isolé et propre à l’ennui, une fois qu’on en a fait le tour.)) de Byron
comptait pour une vie, et l’oeuvre de Pétrone ((Pétrone: auteur génial.))
N’était encore, alors, qu’un mythe ((mythe: support de philosophie ou de théosophie. Se méfier. S’intéresser. Se poser des questions. Utiliser. Critiquer.)) sans conteur.

C’était hier, mon âme ((âme: souffle de vie, inspiration; au propre, n’a jamais été ni défini, ni bien compris; au figuré, peut être remplacé par “vie”, “amour”, “bonheur”, “vice”, “malheur”.)), ô, mon ami, Rimbaud ((Rimbaud: humaniste ayant tenté dans la seconde moitié du 19e Siècle d’exposer la vérité à ses contemporains. Incompris, il se contenta d’essayer de la vivre.)),
Décodeur du non-faux ((non-faux: synonyme: vrai; litt. ce qui doit être enseigné pour être su; comporte une difficulté dans l’apprentissage du premier a qui il est donné (complexe de Platon).)), brûleur d’eau, noir flambeau,
Tu étais, du réel ((réel: illusion.)), contre-révélateur

Patrocle à Achille

Monday, September 15th, 2008

Tu dors, Achille. Déjà, tu m’as oublié –
La solitude, tu sais, c’est l’ennui, le froid.
Le vent tiède et pur, ami, sache apprécier
Le vent un peu vif, serein, qui calme l’effroi.

Tu dors, Achille. Déjà, tu m’es étranger –
Le franc souvenir, lointain, des emportements,
Qu’en vain je tentais, parfois, de décourager,
N’est plus qu’un reflet, éteint, un flou grondement.

Ta chaleur me manque, ami, ton souffle, ta voix,
Ton regard, tes bras, tes mains, l’or que j’entrevois,
Comme en ces temps bleus, Achille, où mes sens vivaient.

La nuit est noire, mon frère, au-delà du Styx,
J’aurais donné tant, de rien, pour être Phénix…
Quand toi, tu dormais, Achille, et je t’enviais.



Poème écrit, oulala, il y a près de quinze ans… parmi bien d’autres, mais que, tout à coup, il me plaît de mettre en ligne… Histoire d’alléger…