On attribue à Franklin D. Roosevelt (président des USA de 1932 à 1945) la phrase suivante, au sujet du dictateur du Nicaragua: “Somoza may be a son of a bitch, but he’s our son of a bitch.”
L’Europe, terre des droits de l’homme (mais pas des immigrés), est également -s’en souvient-on?- la métropole des colonies -ça, d’accord, on s’excuse-, mais également co-productrice du néo-colonialisme, et je voudrais en profiter pour commémorer ici…
NOS FILS DE PUTES…
Mobutu Sese Seko, maréchal-président à vie du Zaïre qui, sans l’aide de la Belgique, de la France et des USA, n’aurait pu se débarrasser impunément de tous ses opposants (à part le dernier). On ne s’en souvient pas assez quand on continue de voter pour les partis qui l’ont soutenu chez nous… C’est-à-dire en gros six des sept plus gros, même si à l’époque, les six en questions n’étaient que trois (puis, quatre, puis cinq…).
Grégoire Kayibanda, un monarque-président encouragé par la Belgique et l’Église catholique à perpétrer des massacres de Tutsi, sous prétexte d’autres massacres de ces derniers sur des Hutus. Connaissant le rôle de la Belgique dans l’escalade de haine entre ces deux groupes, ethnies, castes ou toute autre appellation que vous voudrez leur donner, on peut dire qu’il fut l’un de nos fils de pute.
Juvénal Habyarimana, un peu pareil que le précédent, en moins pire (mais à côté de la situation des Tutsis, celle des francophones de la périphérie bruxelloise ferait pisser de rire), même endroit, même tactique, plutôt encouragé par la France (et notamment Giscard d’estaing, François et Jean-Christophe “papa m’a dit” Mitterrand … Il sera soutenu dans sa guerre contre la guerilla tutsi par la Belgique et le Zaïre de l’ami Mobutu.
Omar Bongo, président (en activité) depuis 1967 du Gabon. Et en France on n’a qu’un mot à la bouche: “pourvu que ça dure.”
José Eduardo dos Santos, qui promet de partir à la retraite de son poste en Angola depuis un paquet de temps… Mais les entreprises pétrolières françaises ne trouveraient sans doute pas ça drôle. Alors il reste…
Zine el-Abidine Ben Ali, plus connu sous le nom de Ben Ali, est président de la Tunisie depuis 1987. Grand ami de tous les gouvernements français depuis lors (socialistes compris), il est l’un de nos plus beaux fils de pute. Beaucoup de journalistes ne sont plus là pour le dire.
Un autre beau morceau, dans le même genre, est Abdelaziz Bouteflika, qui dirige l’Algérie selon les mêmes sources d’interprétation de la Déclaration des Droits de l’Homme que son homologue tunisien. Un grand pote des gouvernements occidentaux…
Pedro Carmona a régné sur le Vénézuéla pendant un week-end, avec la bénédiction de l’Union Européenne, et aucune protestation de la part de nos chers gouvernants. Il aurait aimé être notre fils de pute plus longtemps, mais ça ne s’improvise pas…
Hamid Karzai est le “maire de Kaboul”, ainsi surnommé dans le pays qu’il est censé diriger avec l’appui de l’immense coalition occidentale qui poursuivait les terroristes jusque dans les chiottes des cavernes de l’Afghanistan. Il est probable qu’il soit le plus élégant de nos fils de pute; il a aussi le mérite d’être le plus inoffensif. Forcément…
Mohammed Reza Shah fut l’un de nos plus beaux fils de pute aussi (surtout cautionné par la Grande-Bretagne) et qui régna sur l’Iran et son pétrole en fonction des desiderata occidentaux (mettant notamment en prison Mossadegh, trop social-démocrate aux yeux des intérêts pétroliers britanniques).
Shimon Peres, l’un des plus beaux hypocrites de l’histoire qui, sous couvert d’un prix Nobel, est toujours considéré comme un fils de pute honorable, non seulement par nos gouvernements, mais aussi par tout un tas de gens qui, décidément, n’ont pas fait attention à ses exploits oppresseurs au cours de sa longue vie.
Yoweri Museveni, actuel président de l’Ouganda. Arrivé au pouvoir via une guerilla contre le gouvernement “socialiste” de Milton Obote, il est soutenu par les USA de Reagan, par le FMI, mais aussi par les Britanniques (l’Ouganda faisant partie de l’ancien Empire Britannique). Il a été élu trois fois, dont une sans opposant…
Saddam Hussein, longtemps perçu comme notre fils de pute du Moyen-Orient par les gouvernements occidentaux, et notamment par la France qui y voiyait un rempart laïque et un exemple de “socialisation” locale. Une guerre terrifiante et une répression de dingue ne changea pas la donne. Il n’a cessé d’être notre fils de pute pour devenir le digne successeur d’Hitler dans les médias que vers 1990…
Bokassa fut le fils de pute privilégié du Président Giscard d’Estaing. Pour rappel, ce dernier personnage a été élu longtemps après plusieurs fois député et député européen.
Benazir Bhutto qui, si elle n’avait pas été une femme, aurait rencontré sans doute plus d’opposition dans les médias européens. Membre de l’élite de son pays, elle faisait partie d’une famille de grands féodaux pakistanais. Peu probable que ses intentions s’étaient améliorées depuis qu’elle avait perdu son statut de premier ministre en 1996.
N’hésitez pas à ajouter vos propres fils de pute, ceux que j’aurais oubliés ou qui ne me sont pas venus à l’esprit, là, tout juste maintenant, en réfléchissant deux minutes…
Chaque fois que tu votes ou revotes pour un type ou un parti qui a soutenu un de ces fils de pute, tu reconnais toi-même qu’il est bon que nous ayons des fils de pute… Alors avant de critiquer la politique amerloque au Nicaragua, en Colombie, au Vénézuéla, au Chili, en Argentine, en Iran, au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Mexique, en Haïti, et dans l’ensemble des cent pays où stationnent des troupes américaines, souviens-toi que, toi aussi, tu portes une responsabilité dans le système néo-colonial.
Ne vote pas, agis…