Archive for the ‘stratégie’ Category

Le jour des fous

Monday, May 1st, 2017

Breughel représente ici la lutte symbolique du carnaval (à gauche) et du carême (à droite), lequel doit gagner, puisque le temps est avec lui. C’est la fin de la fête, la fin de l’abondance.

carnaval-et-careme

La promesse de la fin de la lutte qui s’annonce le 7 mai prochain est typiquement celle-là: après cette date, Françaises, Français, on vous demandera gentillement de serrer votre ceinture, surtout quand vous pointerez à l’hosto ou paierez le matériel scolaire de vos enfants.

La seule solution, je le crains, c’est de faire durer la bataille… que le jour du carnaval, celui où les maîtres n’existent plus, ont pris leur place légitime au sein du peuple, ne cesse jamais.

Propositions de réflexions sur une ou plusieurs stratégies de sortie de crise -pour une place publique.

Monday, January 9th, 2012

Que l’on ne se méprenne pas: je ne suggère pas que nous nous interrogions ici sur la crise, ou dite crise, financiairo-immobiliaro-souveraino-dividienne.
Ce n’est pas notre crise, ce n’est pas nos oignons, même si ce sont nos oignons qu'”ils” nous ôtent de la gueule.

Non, j’évoque ici la crise qui étouffe notre monde depuis que le capitalisme a mis la main dessus; cela remonte à quelques milliers d’années, maintenant, en tout cas pour certaines régions du monde1, dont celle qui nous concerne plus directement, nous, Européens, exploités, exploiteurs, profiteurs et esclaves, conscients, inconscients, etc. Et, oui, une crise, ça peut durer longtemps. C’est pas nous qui l’avons inventé.

Je me suggère, moi, pauvre -velléitaire- révolutionnaire, amoureux des miens, un peu trop père de famille, pas assez ouvrier, pas assez africain, pas assez en bas du panier, un peu trop connecté, un peu trop bien chauffé, trop bien nourri certainement, je me suggère de porter au dialogue public -pauvre blog- quelques éléments de réflexions sur des stratégies à envisager pour soutenir l’effort de sortie de crise…

Difficile de se mettre d’accord sur ce type d’idées puisque, de manière générale, pour trois révolutionnaires et deux réformistes, il y a six conceptions différentes des maux et de leurs causes. Sans compter que mettre un réformiste et un révolutionnaire dans le même sac de couchage, ça fait plutôt du boudin que des petits équilibrés…

C’est d’ailleurs une des raisons de notre marasme, de notre défaite récurrente. Je ne m’attends pas à ce que nous nous entendions demain sur le diagnostic: cela fait cent cinquante ans que nos luttes internes nous affaiblissent, pendant que “l’autre côté” engraisse, se nourrit, lui, de la lutte, qu’il appelle de ses voeux. Et oui!, le capitalisme ne se repaît-il pas du rapport de force? Le plus fort ne l’emporte-t-il pas? Le capital le plus gonflé n’est-il pas le mieux préparé?

Et pourtant, tout, dans la théorie de gauche, devait nous privilégier même en ceci, puisque le capital le plus précieux était, est et restera toujours la masse, les travailleurs, les femmes et les hommes, le nombre, ce qui fera que nous sommes les plus tout ça -ah, les 99%!-, mais nous le savons bien, n’est-ce pas, que, de cette masse, bien peu nombreux sont ceux qui s’accordent sur l’opportunité du moment M, de la lutte L…

Pourquoi perdons-nous régulièrement face à la monstruosité des status quo plus ou moins bancals auxquels nous contraignent les adeptes de la guerre éternelle des capitaux contre les capitaux? des religions contre les religions? des porte-avions contre les terroristes? des soldatesques, des flicailles, des gardiens, des matons, des “affreux”, des gens d’armes, des sociétés de surveillance, des yeux de Moscou et autres murs transparents contre “Nous autres”?

Nous perdons pour plusieurs raisons. J’en identifie quelques-unes et je vous serais gré de m’en fournir d’autres, car plus le diagnostique sera fourni, mieux nous y répondrons. Et puis n’hésitez pas à me corriger.

La première est que trop d’entre nous refusent de se considérer parmi nous -l’inconscience de la lutte, des classes, de la nécessité -la peur du vide révolutionnaire -la mort, l’inconfort, les fins de mois, bien de raisons légitimes mais précaires -la solidarité sélective, craintive… Comment faire en sorte que nous nous retrouvions plus nombreux sur la même plate-forme, et surtout en même temps?

Une deuxième est que nous restons toujours divisés face au bloc institutionnel, qu’en dépit des luttes internes de celui-ci, il reste toujours cohérent dans le refus de se remettre fondamentalement en cause et que, “Tous pouvoirs confondus”, il s’avance comme un seul homme, un seul bloc, un seul capital accumulé, distribuant ses dividendes parmi ses thuriféraires, pseudo-divisés, en une belle sarabande d’alternance calculée, “bonne pour la démocratie”, bonne pour le capitalisme, alors que nous, pauvres de nous, nous nous disputons les miettes du marché de la gauche comme si nous n’avions que nos petites niches à défendre, alors que, non.

Une troisième, j’en suis intimement convaincu, mais je suis prêt à la lâcher s’il le faut pour que nous nous rassemblions, et que je le garde par devers moi, dans mon univers intellectuel petit-bourgeois, histoire de, c’est que nous continuons d’accepter le combat sur des terrains qui nous ferons perdre, ces terrains où le rapport de force nous sera fatalement défavorable, puisque nous partons avec l’idée d’affronter ces capitaux là où ils se sont amassés sur les siècles et les siècles jusqu’à devenir incalculables; si nous avions encore une chance de les renverser en certaines périodes -lorsqu’ils étaient encore faibles -lorsqu’ils étaient encore éparpillés, de jacqueries en révoltes d’esclaves, de frondes populaires en révoltes urbaines, si nous avions pu prendre conscience de notre commun besoin d’horizontalité, si nous étions parvenus à pendre nos chefs quand ils voulaient prendre la place de nos maîtres, alors, oui, mais aujourd’hui, la verticalité a atteint des sommets babylonesques et, curieusement, aucun Dieu de colère ne semble vouloir intervenir pour abattre cette tour d’argent et d’armes… Mais bon, s’il le faut, s’il en vaut la peine, je renonce à me plaindre de ce troisième facteur, pour autant que nous trouvions moyen de renverser flicaille et soldatesque vers notre bord, si nous réussissons à arsenaliser les armes de la réaction à notre profit, alors, soit, oui, pourquoi pas? Si nous parvenons à acquérir les techniques, les savoir-faire nécessaires pour manipuler ou neutraliser (ce serait mieux) bombes au phosphore et canons à micro-ondes, peut-être, oui. Parce que hackers et blockers, c’est bien joli, mais ça ne gagnera jamais contre une bonne vieille Catling…

Alors voici ma question, suite à ces réflexions, c’est que nous en redéveloppions, copines et amis, frères et soeurs, camarades de tous les sexes, au vu et au su, sans nom, sans numéro, histoire d’animer nos réseaux en vue de démolir Jéricho globale, vu qu’il est temps.

Je n’achève pas ce post, car il n’est pas à achever par moi, mais à poursuivre, ici ou ailleurs. N’hésitez pas à me communiquer lieux de réflexions, sites, blogs, ou lieux physiques. Ceux qui s’admettent, ceux qui s’affirment. La clandestinité, c’est bien, un temps, mais la place publique, c’est mieux.

Après tout, ne nous garantissent-ils pas la liberté de pensée? 😉

  1. Et non pas depuis deux ou trois cents ans, ni depuis toujours. []