Archive for April, 2010

égalité et liberté ou liberté et égalité?

Tuesday, April 27th, 2010

Une des critiques qui nous tombent régulièrement sur le râble, libertaires, anarchistes, anti-autoritaires, anarcho-communistes et autres zigotos aux appellations les plus diverses, c’est que nous serions incapables de faire un choix entre la liberté et l’égalité quand le cas se présente. Dit autrement, on nous demande, en fait, de nous prononcer quant à celle de ces deux valeurs que nous mettrions en premier sur une échelle.

Étant entendu dans le piège que si nous choisissons la liberté, nous sommes d’infâmes capitalistes qui nous cachons derrière de prétendus nobles idéaux et que si nous choisissons l’égalité, nous ne sommes que des staliniens qui tentons de nous cacher sous une couette noire et rouge.

Le piège est grossier et nous ne devons pas nous y laisser prendre, car en fait ce sont les deux positions prétenduement antagonistes et classiques qui s’avèrent contradictoires.

Il n’y a pas de liberté sans égalité et il n’y a pas d’égalité sans liberté. Je le dis et l’affirme de la manière la plus absolue, sans me référer à des limites du genre “égalité des droits”, “égalité des chances”, “liberté d’entreprise” ou toute autre chose.

Il est évident qu’une telle affirmation comporte des conséquences que ni les socialistes autoritaires, ni les sociaux-démocrates, ni les capitalistes libéraux n’accepteront d’assumer.

Premièrement, la liberté ne peut se satisfaire d’aucune limite en dehors de celles que possède la nature humaine, mortelle et corporelle. Notre liberté ne se pose pas en terme de capacité à accumuler les biens et les richesses, mais à défendre temporairement contre nos propres limites physiques nos capacités à penser, agir, créer, fabriquer, enseigner, apprendre, produire et reproduire, aimer et rechercher le bonheur, la satisfaction et le contentement en attendant la mort.

Toute autre liberté est fictive, à commencer par la liberté d’entreprendre, par exemple, qui est régie par des principes tellement complexes et qui, surtout, implique automatiquement des limites dans le champ des voisins de celui qui entreprend, qu’en réalité ce type de liberté s’avère être une prison. La propriété elle-même, par beaucoup considérée comme la plus importante des libertés, tant d’une personne que d’un État, est en fait la propre cage de l’individu qui a accepté de se transformer en personne, c’est-à-dire en titulaire des titres de biens matériels et immatériels qui lui serviront de limites et l’encercleront par opposition aux autres qui seront encerclés aussi, à la fois par les limites de cette première personne, par celles de toutes les autres personnes et par les leurs propres.

La liberté, cependant, implique bien d’autres choses, comme par exemple celle du choix intellectuel de ses propres valeurs, de sa métaphysique, de sa définition de la vie, choix qui doit absolument être individuel et ne peut être limité par une autre notion comme celle de la “liberté du père à choisir la religion ou l’éducation de ses enfants”. Tout doit être fait, dans une société libertaire, pour que la famille ne soit que le lieu privilégié, mais aussi éventuel, non forcé, du partage de l’affection et de l’apprentissage de bases de vies dans la société libertaire, non dans un esprit sectariste, élitiste, corporatiste, patriarcal, ou autre chose du même goût.

L’égalité est indispensable à cette forme de liberté individuelle, et cela signifie qu’en aucun cas l’expression de la liberté d’un individu puisse être soumise au prétendu droit d’une personne, morale ou physique, à détenir en sa propriété, temporairement ou définitivement, les moyens qui permettraient à un ou plusieurs individus de se prémunir contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, la maladie, l’inconfort ou toute autre chose qui accélère la mort. Par personne morale, j’entends aussi ici un État ou une administration “publique”.

L’égalité est donc indispensable à la liberté, et la “liberté d’entreprendre”, tout comme la propriété, ne doivent pas créer l’illusion du contraire.

Par ailleurs, il doit être évident que l’égalité ne saurait se prévaloir d’une première place par rapport à la liberté, car, si cela était, l’exercice même de l’égalité s’en trouverait empêché. En effet, comme l’égalité doit être l’égalité devant la recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, si elle devait être soumise à un appareil qui prétendrait la garantir (comme un État, un syndicat, un parti ou tout autre appareil d’un type ou d’un autre), elle perdrait aussitôt son essence, puisque son objectif devrait être de permettre aux individus de choisir précisément chacun selon ses envies et en fonction de sa propre individualité ce qu’il estime être sa propre quête comme vue ci-dessus, dans les limites de sa mortalité. Aucun appareil ne peut prétendre savoir légitimement ce qui est bon ou non pour chaque individu.

L’égalité ne saurait non plus se soumettre à une autorité spirituelle (religieuse, nationale, communautaire, scolaire, autre) quelconque -et fatalement patrimoniale, mais imaginons un instant que ceci n’entre pas en compte, même si nous savons que c’est impossible-, car, ce faisant, elle se réduirait d’autant et cette égalité disparaîtrait au profit d’une uniformité qui ne signifie pas du tout la même chose.

En définitive, donc, liberté et égalité, loin d’être antinomiques ou en concurrence (ce qui serait un comble), sont correlées et, j’oserais le dire, les deux manifestations d’une seule et même chose: le droit de tout individu dans son humanité et de toute l’humanité exprimée dans chacun de ses individus à poursuivre temporairement -c’est-à-dire jusqu’à sa mort- sa propre recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, dans les seules limites que nous avons dites ici plus haut.

Pour que ce droit puisse se manifester pleinement, deux entraves doivent en être écrasées impitoyablement, comme diraient les anars les plus historiques, de Goodwin jusqu’à Debord, c’est l’État et la propriété. L’un d’ailleurs n’allant pas sans l’autre, et vice versa.

On est fé-, on est fé-, on est fé- ministes!

Monday, April 26th, 2010

Dans le Canard Enchaîné du 31 mars dernier, je lisais (en retard) un article sur les difficultés pour les femmes de trouver un centre hospitalier capable de pratiquer une IVG dans un délai raisonnable. Avec la “rationalisation” des hôpitaux en France, qui a parfois amené à la disparition de centres de spécialisation réputés en dépit du bon sens, on a assisté à un resserrement de l’accès à de bonnes conditions et rapidement à l’Interruption Volontaire de Grossesse.

Et d’évoquer le cas d’une femme qui dut attendre un mois pour être opérée. Ce qui, pour ce type de cas, est largement excessif, quand on sait de quoi il s’agit.

Surtout qu’évidemment, les intégristes “pro-life” en profiteront pour critiquer une pratique qui s’attaque à une vie à un stade plus avancé, et patati, et patata.

Sans compter la souffrance d’une femme qui porte en elle un embryon avec tout ce que cela implique d’émotionnel et de physique.

Ceci pour rappeler que, contrairement à une certaine “idée reçue”, le féminisme n’a pas le droit de baisser les bras pour cause d’acquis. Aussi bien dans ce type de cas que dans bien d’autres, comme les droits du travail, les violences conjugales ou autres, les discriminations machistes, les insultes, les attitudes paternalistes, misogynes, et j’en oublie sûrement encore, les acquis du XXe Siècle, qui a vu effectivement le statut des femmes tendre vers un mieux indiscutable, ne sont et ne seront jamais que très fragiles et nécessitant une surveillance constante face aux reculs désirés par bien des mouvements rétrogrades.

À commencer par la religion et les mouvements d’extrême-droite, naturellement, mais aussi par le marché, premier bénéficiaire du conservatisme social, du conformisme familial, de la discrimination salariale et de la consommation bête, cette dernière poussant les femmes à se rappeler qu’elles ne sont que de beaux objets ménagers au milieu d’un environnement propre à être modelé en fonction de ce statut.

Le seul exemple du congé parental devrait nous éclairer plus que tout autre. Ils sont encore trop rares les pays qui non seulement autorisent, mais imposent un congé parental protégé au père comme à la mère, et non de ne l’accorder généreusement qu’à la mère, histoire de la confiner un peu plus entre ses murs et à justifier des différences de revenus entre les sexes.

Lorsque Giuliano est venu au monde, Claudia a bénéficié de 5 mois de congé parental, et ce fut pour elle une excellente chose, elle a pu s’occuper de son fils de manière appropriée. Quant à moi, je n’aurais bénéficié que d’une semaine maximum de congé post-natal. Congé qu’en raison des circonstances je n’ai pas réclamé, car je venais d’être engagé à l’essai et je craignais de perdre mon travail.

IVG, congé parental. En deux anecdotes, deux lieux de combats encore tout à fait d’actualité pour le féminisme qu’il serait honteux de critiquer sous prétexte d’être parvenu à une grande quantité d’acquis étalés sur un siècle. On est encore loin du compte.

Aux dernières nouvelles, la croissance ne sert à rien

Sunday, April 25th, 2010

Et voilà… Tout à une fin…

Il se trouve qu’au Brésil, en 2009, la croissance a été virtuellement nulle. La presse réactionnaire évoquait même la première croissance négative depuis les années Collor, du nom d’un président qui ne termina pas son mandat pour cause de corruption et d’incompétence (trop) manifestes.

Dans le même temps, les stats viennent de tomber, la pauvreté a été réduite de 500.000 personnes et le nombre d’emplois réguliers a connu un solde finalement positif…

Comme quoi, la croissance n’est absolument pas une nécessité économique.

C’était notre rubrique: les économistes disent plus souvent de conneries que de vérités…

Proust, ma chère

Monday, April 19th, 2010

De la politique étrangère comme illustration de la relation possessive.

Et vice versa:

“les préparatifs de guerre, que le plus faux des adages préconise pour faire triompher la volonté de paix, créent au contraire, d’abord la croyance chez chacun des deux adversaires que l’autre veut la rupture, croyance qui amène la rupture, et quand elle a eu lieu cette autre croyance chez chacun des deux que c’est l’autre qui l’a voulue.”

C’est déjà pas mal comme citation, mais la suite vaut la peine également;

“Même si la menace n’était pas sincère, son succès engage à la recommencer. Mais le point exact jusqu’où le bluff peut réussir est difficile à déterminer; si l’un va trop loin, l’autre qui avait jusque-là cédé s’avance à son tour; le premier, ne sachant plus changer de méthode, habitué à l’idée qu’avoir l’air de ne pas craindre la rupture est la meilleur manière de l’éviter (ce que j’avais fait ce soir avec Albertine), et d’ailleurs à préférer par fierté de succomber plutôt que de céder, persévère dans sa menace jusqu’au moment où personne ne peut plus reculer. (…)”

(La Prisonnière, Garnier Flammarion, 1984, p. 471-472)

Proust continue à comparer sa “tendre guerre” de jalousie avec la politique étrangère de la France pendant quelques lignes…

Avouez qu’on ne saurait mieux dire…

Les Allemands ont toujours tort.

Wednesday, April 14th, 2010

Je me lisais un petit article sur le lendemain de la 2e guerre mondiale et la réflexion y montait sur la culpabilité du peuple allemand, du peuple japonais, du peuple italien quant à ce.

Il paraît notamment qu’un historien du nom de John Dower a montré combien les Japonais sortirent de la guerre avec un fort sentiment d’auto-victimisation, préoccupés par leur sort plutôt que par celui des autres peuples auxquels “ils avaient fait du tort”.

L’article était illustré par la photo d’un petit garçon blond d’environ 5 ans, tenant en main un panneau avec son nom, KLINGE Erich, écrit à la craie. Il s’agit de l’une des nombreuses photos d’orphelins allemands qui furent faites pour tenter de trouver des membres de leurs familles quelque part en Allemagne.

Bon…

Il est évident que la 2e guerre mondiale fut l’un des pires événements de l’histoire et, pour ceux qui y sont restés comme pour ceux qui en sont revenus avec des séquelles irréparables, psychologiques ou physiques, c’était le pire événement de l’histoire. Qu’il y ait eu des bourreaux et des victimes, nul n’en disconviendra. Que les victimes méritent au moins reconnaissance et compensation, cela me paraît sain et logique.

Là oú je bloque, c’est sur l’idée que les victimes soient les membres de peuples particuliers et les bourreaux d’autres peuples déterminés.

L’idée qu’il n’y ait pas eu de bourreau du côté anglais, français, étatsunien, russe, polonais ou autre; l’idée qu’il n’y ait eu aucune victime du côté allemand, japonais ou italien; l’idée même qu’il ne pourrait y avoir de personnes, disons, ni responsables, ni coupables au sein de ces trois nations en particulier, là, je bloque sérieusement.

Pour deux raisons principalement. D’abord, parce que la sociologie, la psychologie sociale ont depuis lors largement montré combien l’effet de masse peut être responsable des pires crimes, et l’ampleur de ceux-ci, finalement, n’importe guère: cent personnes peuvent en tuer dix, 50 millions pourront en masscrer 5 millions dans un élan de fureur irrationnelle, démesurée, uniquement menée par des ressentiments attisés au bon moment contre des personnes qui se trouvaient au mauvais endroit, il s’agit du même crime.

Ensuite, parce que ce petit garçon de 5 ans, né probablement au début de la guerre, ne peut être reconnu comme responsable du contexte dans lequel il est né. Et on peut remonter comme cela assez loin. Les Allemands nés au sortir de 1919, enfants du traité de Versailles, de la crise économique, des ressentiments nationalistes, de l’héritage antisémite, d’une éducation frustrée et ne favorisant pas le questionnement personnel, avaient peu de chance de trouver d’autres échappatoires que celui qui vint. Certes, il y eut des Allemands résistants, et heureusement. Mais ils ne peuvent servir de caution aux juges de l’après-guerre pour déterminer unilatéralement les responsabilités.

Attention, comme dirait l’autre, je n’excuse pas, j’explique. Continuez de suivre le raisonnement avant de me lyncher
.

Les autorités et les dirigeants économiques des pays alliés comme des pays vaincus de la 1e Guerre Mondiale sont à égalité responsables pour avoir promu, encouragé, installé, imposé un système économique et social qui ne pouvait que produire de tels excès. De même que la guerre du Vietnam et la tragédie De My Lai est de la responsabilité des décideurs étatsuniens; que les massacres des colonisations et des épisodes de la décolonisation doivent être imputés aux promoteurs des premières; que l’esclavage, l’apartheid, l’oppression de populations déterminées (Arméniens, Kurdes, Palestiniens); la promotion de guerres civiles dans de nombreux pays africains; etc., etc.

Les tribunaux de Nuremberg et Tokyo devraient paraître ridicules à côté des responsabilités jamais établies au cours de l’histoire. Certes, Göring, Von Papen, Hess et tous les autres étaient largement complices et coresponsables de 12 ans de dictature et de 5 années de guerre. Mais combien de dirigeants alliés, de promoteurs industriels, d’idéologues de tous poils, ne l’ont voulue, cette guerre, en tout cas n’ont pas cherché à l’empêcher, n’ont rien fait pour éteindre le feu des nationalismes, assainir les mauvais mécanismes économiques, encourager les solidarités internationales?

La vérité est que des petits enfants de 5 ans doivent assumer plus de responsabilités que des décideurs politiques, des dirigeants économiques et des imposteurs intellectuels pour toutes les horreurs que l’histoire humaine a connues.

Que certains de ces responsables, une fois leur “peuple” vaincu, fussent alignés sur le banc des accusés en a étonné beaucoup: c’est qu’il ne paraissait pas normal, entre cadors, de se tirer dans les pattes. Généralement, les princes défaits, les présidents déposés, se retrouvaient le plus souvent avec une petite retraite accordée par les vainqueurs -Napoléon ou l’empereur Guillaume n’en ont-ils pas bénéficié? Pourtant, dans le genre responsables, on fait difficilement mieux.

Pour revenir au coeur de cet article, j’aimerais reparler de mes petits Japonais du lendemain de la guerre. Certes, des soldats aux yeux bridés sont allés répandre l’esprit de l’empire du soleil levant sur tout le Pacifique, ont tué, massacré, égorgé, violé et fait ce que des dizaines de générations de soldats ont toujours fait au cours de l’histoire de l’humanité. Et ils ont produit des souffrances terribles à des femmes, des enfants et des hommes pour qui ils seront à jamais la représentation de la plus haute horreur. Mais ce n’est pas le peuple japonais qui est allé massacrer, exploiter d’autres peuples. Ce sont des individus aveugles qui sont allés tuer des individus pour le service d’une cause qui n’y entendait rien dans le domaine des individus.

Si nous voulons parvenir à une société où l’individu compte, et non une abstraction comme la nation, le peuple, la religion ou même la personne et l’intérêt personnel, c’est par là qu’il faut (re)commencer. En fait, ce que les tribunaux des différentes guerres depuis 1945 n’ont jamais voulu abordé, c’est celle-là: la reconnaissance par ces idéologies de masse de la négation de l’individu. Car s’ils l’avaient fait, ils auraient dû aussitôt se déclarer incompétents, ces tribunaux prétendant représenter eux-mêmes les intérêts, soit des vainqueurs, soit des victimes, généralement rassemblés sous des appellations abstraites, comme “les Alliés”, “l’ONU”, “L’État français” ou “Le peuple américain”, pour ne prendre que quelques exemples.

Tant que les choses en resteront à ce point, il y aura toujours des petits garçons orphelins, des habitants d’Okinawa, des paysans siciliens, qui ne comprendront pas pourquoi ils doivent porter une croix pour des faits qui les ont totalement dépassés.

Et, selon moi, ils auront raison de ne pas comprendre…

Film catastrophe

Monday, April 12th, 2010

Caramba… J’en avais entendu parler, mais j’espérais encore que ce fût ((Élèves du cours de français, ici gît un subjonctif imparfait non nécessaire.)) un hoax, un faux bruit ou… enfin, bref, je ne m’attendais pas à ce que Luc Besson fasse un film sur l’un des personnages de la Bande Dessinée que je préfère, Adèle Blanc-Sec. Me voilà à nouveau “forcé” d’aller me taper un blockbuster, tout ça parce que des cons aiment les mêmes choses que moi… Ah si seulement il pouvait aussi être anar… Mais il n’y a aucun signe de cela dans son oeuvre somme toute conventionnelle et faite pour plaire avant tout à un public d’adolescents attardés.

Désolé si vous aimez Besson…

économie, mon amour

Friday, April 9th, 2010

Pour qui ça intéresse, je viens d’ajouter une nouvelle catégorie d’articles qui reprend ceux qui évoquent l’économie -vue à travers les lunettes d’un anarchiste, naturellement.

Je n’ai pas assez de mes nuits et de mes jours pour traiter de tous les sujets que je voudrais. Je pense qu’il me faudrait quatre ou cinq vies pour ce faire. Et bien plus d’énergie aussi. Mais je pense aussi que, contrairement à une idée fort répandue, les problèmes économiques sont bien plus accessibles qu’on a l’habitude de le prétendre, surtout du côté des professeurs de cette matière. Intéressez-vous à l’économie, car elle, elle s’intéresse beaucoup à vous… Enfin, à certains aspects de votre personne…

Ah, et puis, il y a aussi la colonne de droite, avec quelques titres toujours d’actualité… Bien qu’ils aient parfois trois ans.

Se servir sur la bête

Tuesday, April 6th, 2010

D’après un article, loin d’être surprenant, de Libé en ligne, les dirigeants des Hedge Funds (ces espèces de maîtres de l’univers bien cachés derrière leurs décisions financières sans aucun souci de production ou d’utilité sociale) ont réussi une année 2009 bien meilleure que la précédente, en raison des possibilités de rachat à la baisse de parts de nombreuses institutions financières fragilisées par la crise. Mais comment ont-ils fait? Comment, en période de crise, peut-on gagner du pognon? C’est extrêmement et diaboliquement simple.

Imaginez que vous soyez à la tête d’une grosse somme d’argent et que vous ayez l’esprit un peu, disons, spéculateur. Pas entreprenant, mais spéculateur. Qu’allez-vous acheter comme actions? Des valeurs montantes? Hm. Oui, c’est une possibilité. Du moins, si vous êtes convaincu que cette valorisation ait un fond de réalité suffisant pour conserver ensuite un certain niveau et vous permettre de gagner de l’argent sur le long terme, soit grâce aux dividendes des actions -mais il faut espérer que l’entreprise fasse suffisamment de bénéfices pour en distribuer à ses actionnaires-, soit en revendant vos actions avec bénéfice -mais dans ce cas, il faut espérer qu’il y ait des acheteurs et que le bénéfice dépasse les frais engagés.

Bref, faire du pognon quand la bourse va bien, c’est possible. Mais ça peut être long et, surtout, c’est très risqué, car, vous le savez sûrement, une valorisation boursière peut être un mirage et résulter en une catastrophe. Plus de dividendes, plus d’acheteurs, chute de l’action, fin des haricots, suicide…

Enfin, ne dramatisons pas trop.

Il y a l’autre cas de figure: qui irait acheter des actions d’une entreprise dont le cours de l’action baisse, voire s’écrase? Auriez-vous acheté des actions Lehman Brothers le jour précédant sa déclaration de banqueroute?

Non, pas de Lehman Brothers, parce que vous auriez su, informé comme vous l’êtes, que le gouvernement étatsunien n’avait aucunement l’intention de la sauver. Mais quid de sa “copine”, Goldman Sachs, qui paraissait dans le même cas? Sa valeur boursière s’était effondrée, et on pensait qu’elle allait suivre sa grande soeur dans le gouffre. Sauf que l’un de ses anciens CEO, Henry Paulson, est un membre du gouvernement Bush; c’en était même le Secrétaire au Trésor. Bref, le porte-monnaie.

Sachant cela -et bien d’autres choses que seuls les dieux de la finance, les maîtres de l’univers, selon Tom Wolfe, savent-, il était possible d’imaginer que Goldman Sachs allait s’en sortir, d’acheter des actions de la boîte au plus bas et les voir remonter rapidement au cours des deux années qui suivirent. Multiplier ce cas de figure simple par le nombre de boîtes, de banques, d’institutions financières qui sont passés du bleu au rouge et du rouge à l’azur, et vous expliquez les milliards de dollars de bonus touchés par les grands pontes des Hedge Funds, ces gangrènes des privatisations à tout-va, par ailleurs.

C’est ainsi que Nathan Rothschild renforça l’une des fortunes les plus extraordinaires de l’histoire en 1815 en spéculant sur la chute de l’Empire de Napoléon: pendant quelques heures, il fut le seul à savoir que Waterloo avait été gagnée par les Anglais, manipula les boursicoteurs de Londres et fit son beurre sur leur dos ((Les circonstances exactes de cette histoire sont sujettes à caution, mais la base en est bien réelle.)). Que faire? Le féliciter pour avoir tondu tous ces moutons de la finance, ou le pendre pour participation à l’exploitation capitaliste mondiale?

On n’a pas tout à fait tort de dire que l’information est devenue l’une des armes principales de l’économie. En fait, on a tort que sur une petite chose: l’information n’est pas devenue une arme, elle l’a toujours été. Lorsque Crassus investit sur César, jeune politicien audacieux, il se figure bien qu’il aura un retour sur investissement énorme. Et, de fait, s’il avait survécu à sa campagne orientale, ç’aurait été largement le cas. Le même Crassus avait fait fortune en couplant une compagnie de pompiers privés (ses ‘clients’) avec une entreprise de spéculation immobilière. Lorsqu’il apprenait qu’il y avait le feu, quelque part à Rome, il envoyait les deux sur places et signifiait aux malheureux propriétaires des terrains environants qu’il était prêt à faire éteindre l’incendie à condition qu’ils vendent leurs immeubles à vil prix. De l’art de montrer que la privatisation des services n’a qu’un seul objectif: le profit personnel…

Crassus est donc le premier exemple que l’histoire a retenu de ce que l’on peut faire fortune en spéculant sur la baisse de la valeur d’un bien et sur l’information de ce que cette baisse n’est que temporaire. Il montre également, tout comme Rothschild, que l’auteur du profit peut être aussi l’auteur de la fluctuation de la valeur en question.

Vous pouvez en tirer les conclusions que vous voulez. Moi, j’en ai tiré les miennes

La calote ou la culotte?

Monday, April 5th, 2010

Ce titre dans le Soir en ligne:

“Pédophilie : pour Pâques, l’Eglise resserre les rangs autour du pape”

Profitez-en, mes lapins… Croquez-vous les chocholats et foutez la paix aux mômes…

Le titre, il fallait le faire… Je suppose que c’est voulu…

les vases communicant(s)

Friday, April 2nd, 2010

Si, si, vous avez bien lu…

Que lisé-je sur divers journaux, y compris belgiens, ce 31 mars? Ciel, le président Sarkozy n’envisage pas de toucher aux précieux boucliers fiscaux qui limitent la taxation -principalement- de ses amis du CAC 40 et cadors… et consorts, voulais-je dire.

Par contre, et c’est tout l’intérêt de recevoir ses abonnements en retard, je voyais le même jour dans le Canard Enchaîné du 24 février, la mini-info suivante, relayé depuis L’Humanité (co-propriété Rotschild pourtant):
“À partir de cette année, la demi-part supplémentaire attribuée à tout contribuable vivant seul et ayant élevé un enfant sera réservée à ceux qui ont élevé cet enfant pendant cinq ans depuis qu’ils vivent seuls. Ce petit détail pourrait rendre imposable des personnes jusqu’à présent exemptées [d’impôts, parce qu’elles ne gagnent pas assez pour en payer], soit augmenter l’impôt de ceux qui le paient déjà de 500 à 800 euros, selon le calcul de la CGT-impôt.
“mais l’État y gagnera 1,2 milliards, ce qui est bien l’essentiel.”

Ce que l’État ne prend pas dans les caisses des plus grandes fortunes et des plus grands revenus de France, elle va le chercher dans les plus petits.

C’est le principe des vases communicants.

Et c’est tout l’art d’être vaseux dans la communication…

Pour paraphraser Poutine, le gouvernement français ira chercher ses pièces jaunes “jusque dans les chiottes”…