Archive for September, 2008

anti signifie “à la place de”

Tuesday, September 30th, 2008

Je n’aime pas beaucoup les jeux olympiques. Probablement est-ce de la jalousie: tous ces muscles que je n’aurai jamais, toutes ces figures acrobatiques que je suis incapable de réaliser, tous ces records qui n’ont jamais été et ne seront jamais à portée de mon petit corps caféiné.. Ça doit être ça: de la jalousie.

Ou alors c’est le succès commercial, la richesse accumulée de tous ces sponsors, qui montrent combien moi, petit professeur de langues et militant à la semaine, je ne suis qu’un perdant à côté d’eux. Et même si un jour, comme je l’espère, mes écrits me donneront un peu de notoriété, ce ne sera jamais que dans un cénacle de zozos tout aussi perdants que moi, puisque je n’aspire pas au succès des biographes de Zidane. Alors, ça doit être de la jalousie, forcément.

Il y en a d’autres qui réagissent avec plus d’intelligence que moi: ce sont les organisateurs et les participants à cette Course de vélo baptisée “Single Speed World Championship” (Ju, tu vas adorer).

Dont voici quelques règles:
1) il est interdit de ne pas boire de la bière avant et pendant la course: ce serait considéré comme du dopage (eu égard aux concurrents ivres, qui seraient pénalisés par la sobriété des autres);
2) les lignes de départ et d’arrivée ne sont pas prédéfinies;
3) des juges se postent à différents endroits et pénalisent (d’une tape sur le derrière) les concurrents trop rapides (surtout lors des ravitaillements en bière);
4) les spectateurs ont le droit de pénaliser ceux qui échapperaient à la règles 3;
5) pas de sponsors de grosses entreprises, à commencer par les producteurs de voitures, qui dévastent la planète;
6) les participants sont encouragés à s’habiller de manière comique.

En 2008, la concurrente Rachel Lloyd, qui allait arriver première, a voulu ne pas gagner, de peur de gagner le prix: un tatouage… Il a fallu que les spectateurs la poussent presque pour qu’elle passe l’arrivée…

Vous trouverez ici quelques vidéos qui montrent que cette épreuve fonctionne bien depuis 1999.

Ceci est donc une anti-course de vélo, qui vaut largement -de mon point de vue- toutes les couillonneries vues, diffusées et adorées sur tous les canaux commerciaux de la planète…

Vive la fête!… Et vive le sport!

À la faveur d’une cuite (1998)

Sunday, September 28th, 2008

Cette étrange bière que l’on n’entame pas sans savoir que le bar ne sera plus le même après, cette bière que l’on boit forte et vive, mais brûlante, qu’on ne peut laisser à moitié, qui fermentait depuis tant de temps et continue à tourner dans ce ventre écartelé, cette brume, cet acide, cette amertume, cet orge effondré sur lui-même…
Ce verre que tu dresses devant tes yeux, à la santé de tous ceux qui souffrent plus que toi, petit poux noir, petite punaise rouge, cette chope énorme, ce bock, ce demi, ce chagrin débouteillé…
Ce blond-blanc trouble…
Je ne sais pas ce que j’y trouverai mais je m’enivrerai au premier arôme intense, je m’y noierai volontiers si le verre est grand et propre, et qu’elle soit brassée par le meilleur des brasseurs ne me sera pas dit par la date de l’étiquette -mais bien par la fraîcheur de ses froments.

le blog de Chili

Thursday, September 25th, 2008

Je vous invite à aller prendre des nouvelles d’Eric et Valeria au Rwanda, via les commentaires de leur chien Chili, sur le blog de ce dernier:
http://chiliafrika.over-blog.com/
En français et en espagnol.

voili, voilà…

Cet abonnement-là, je me l’offrirai moi-même

Saturday, September 20th, 2008

C’est sous la menace de Vive le feu et les conseils d’Un Homme, que j’ai décidé de faire de la pub pour l’un des meilleurs journaux que je connaisse, à savoir CQFD, qui mérite de vivre plus que de survivre.

Or, les gars de CQFD, ils ne vont pas super-bien…

Je sais que c’est français, mais en Belgique, on ne fait (encore ((‘tendez, ça va venir)) ) rien du même tonneau.

Donc, et là je serai catégorique, je vous invite, chacun d’entre vous, lecteurs nombreux, fidèles et surtout terriblement serviles (je sais que vous êtes tous d’accord avec moi depuis ces deux ans que vous suivez fidèlement mes chroniques à côté desquelles les blogs des journalistes de la RTBF ne sont que des compositions de dernière année de maternelle (( et encore )) ),

Abonnez-vous et abonnez vos cercles, partis, syndicats et autres collectifs, à raison d’un journal par affilié…

Et tout ça bien que je ne croie pas au rapport de force… Qu’est-ce qu’il faut pas entendre…

Donc, si vous n’avez pas compris, cliquez ici, ici ou ici.

Si vous n’avez pas encore compris, c’est que vous êtes Daniel Ducarme, auquel cas ne respirez plus.

Si vous n’avez toujours pas compris, c’est que vous êtes Antoine Duquesne, mais, là, je n’ai pas les armes pour discuter avec vous…

Hommage sonné

Monday, September 15th, 2008

Rimbaud ((poème qui a déjà pas mal d’années. Tentative de faire coïncider le travail double qui occupait alors mon crâne, art et exégèse. J’aime assez…)) défunt, cent ans plus tôt, Pluton, reçois
Pour son art ((art: oeuvre concrète, sensible, propre à exprimer une abstraction, une idée.)), mes sincères salutations.
Je voulais rappeler ce temps ((temps: concept majeur de la vie concrète influant en cela la vie abstraite; instrument de la dialectique et vice versa.)) -Attention!
Non pas, sots critiques ((critiques: ici, personnes vouées à la recherche de la petite bête.)), que le présent me déçoi-

Ve -Oh! À voir-; ce passé, dix et neuf, siècle ivre ((ivre: adjectif se rapportant à un être tombé dans la déraison, voir la survision.)),
Ébloui de chaos ((chaos: expression du non-ordre; synonymes: éternité, mouvement perpétuel, infini, brouillard. Etcaetera..)), entre raison ((raison: instrument mal défini de la réflexion, rarement atteinte; passage obligé vers la science; péjoratif: instrument de l’ordre et de la bonne éducation.)) et dieux ((dieux: personnages à la fois rassurants et angoissants.)),
Qui faisait de la Terre un infini ((infini: qui est indélimité, bonheur.)) de lieux
Que l’on tentait en vain de fixer dans les livres ((livres: instruments de raison, puis de science; exploités par les fous et les artistes (pléonasmes) comme support pour leurs visions.));

Un séjour outre-mer dans l’île ((île: endroit isolé et propre à l’ennui, une fois qu’on en a fait le tour.)) de Byron
comptait pour une vie, et l’oeuvre de Pétrone ((Pétrone: auteur génial.))
N’était encore, alors, qu’un mythe ((mythe: support de philosophie ou de théosophie. Se méfier. S’intéresser. Se poser des questions. Utiliser. Critiquer.)) sans conteur.

C’était hier, mon âme ((âme: souffle de vie, inspiration; au propre, n’a jamais été ni défini, ni bien compris; au figuré, peut être remplacé par “vie”, “amour”, “bonheur”, “vice”, “malheur”.)), ô, mon ami, Rimbaud ((Rimbaud: humaniste ayant tenté dans la seconde moitié du 19e Siècle d’exposer la vérité à ses contemporains. Incompris, il se contenta d’essayer de la vivre.)),
Décodeur du non-faux ((non-faux: synonyme: vrai; litt. ce qui doit être enseigné pour être su; comporte une difficulté dans l’apprentissage du premier a qui il est donné (complexe de Platon).)), brûleur d’eau, noir flambeau,
Tu étais, du réel ((réel: illusion.)), contre-révélateur

Patrocle à Achille

Monday, September 15th, 2008

Tu dors, Achille. Déjà, tu m’as oublié –
La solitude, tu sais, c’est l’ennui, le froid.
Le vent tiède et pur, ami, sache apprécier
Le vent un peu vif, serein, qui calme l’effroi.

Tu dors, Achille. Déjà, tu m’es étranger –
Le franc souvenir, lointain, des emportements,
Qu’en vain je tentais, parfois, de décourager,
N’est plus qu’un reflet, éteint, un flou grondement.

Ta chaleur me manque, ami, ton souffle, ta voix,
Ton regard, tes bras, tes mains, l’or que j’entrevois,
Comme en ces temps bleus, Achille, où mes sens vivaient.

La nuit est noire, mon frère, au-delà du Styx,
J’aurais donné tant, de rien, pour être Phénix…
Quand toi, tu dormais, Achille, et je t’enviais.



Poème écrit, oulala, il y a près de quinze ans… parmi bien d’autres, mais que, tout à coup, il me plaît de mettre en ligne… Histoire d’alléger…

Qui va m’offrir un abonnement pour mon anniversaire?

Thursday, September 11th, 2008

http://www.sinehebdo.eu/

Siné foutu à la porte par Val, on dirait presque que ce dernier voulait lui faire un cadeau, ou le remercier pour service rendu… De la part du patron (dans tous les sens du terme) du Charlie Hebdo-dernière période, un licenciement, c’est comme une médaille…

Alors, histoire de, il lance son hebdo avec une cinquantaine de potes…
Et quels potes…
Lefred-thouron, Tardi, Michel Onfray, Godin, Jackie Berroyer, Carali, … Belle bande…

En espérant que Charb reviendra de ce premier faux pas dans sa carrière…

J’ai fini le tome trois

Sunday, September 7th, 2008

… Pas de Harry Potter, hein, non… De la Recherche…

Il m’aura fallu lire 247 pages pour me rendre compte que Proust est effectivement un tout grand écrivain.

185 pages, d’abord, de résistance contre moi-même… D’auto-discipline, oserais-je dire, puisque je voulais enfin vaincre ce signe indien qui m’empêchait d’arriver à la fin d’un Proust -et que je voulais bêtement commencer par le premier -Combray.

Apparemment, c’est le plus hard… en tout cas, il m’a permis de m’endormir tôt à plusieurs occasions. Quelle barbe!

Même si je voyais “où il voulait en venir”, je comprenais le jugement de Gide qui avait déconseillé aux éditeurs à qui Proust l’avait envoyé de le publier. Jugement qu’il regretta ensuite amèrement, mais qui s’explique par l’ennui profond où plonge un récit sans intrigue, l’évocation imbriquée de souvenirs, de sensations et de descriptions d’émotions, d’attitudes, d’habitudes longues, minutieuses, fastidieuses.

Au total, un portrait qu’on pourrait qualifier d’impressionniste (je ne sais pas si je suis original, ici, je suppose que non, puisque Proust aimait les impressionnistes), difficile, mais qui nous permet d’entrer dans un univers intellectuel remarquablement transmis.

Mais malgré tout, donc, une course contre l’ennui…

Et puis vient Un amour de Swann. Avec deux n. Je l’avais bien lu à quinze ans pour faire plaisir à un professeur de français, mais je ne m’en souvenais guère, et pas de manière très positive.

En réalité, je suis conquis par les pages déjà lues. Et, de l’ennui, je suis passé à l’enthousiasme. Comment peut-on expliquer qu’un même auteur, qui a la prétention d’une unité d’oeuvre, puisse provoquer des sentiments aussi disparates chez moi (et pas seulement à vingt ans de distance, mais simplement à quelques dizaines de pages).

Il faut admettre que la causticité de Marcel ne transparaît pas facilement -à première vue. Ce n’est qu’après soixante pages d’Un amour de Swann que j’ai commencé à vraiment la percevoir. Que j’ai compris que Proust avait un oeil critique et lucide sur la classe sociale qui l’avait élevé.

Swann, d’ailleurs, n’échappe pas aux critiques du narrateur, et lorsque l’on sait qu’il en était un miroir, on ne peut que se dire qu’il y a une forme de réflexion acerbe à son propre endroit dans l’ouvrage.

Alors, Proust? Premier stalinien à avoir fait son auto-critique?

Non, sûrement pas. C’est aussi chez Proust que l’on montre, a contrario, que l’amour est tout sauf bourgeois. Dans le monde superficiel des agents de change et des médecins mondains qu’il nous décrit, Proust parvient à faire sortir tous ces détails qui différencient précisément l’amour de ce que la bourgeoisie de son temps pratique par conformisme. Swann n’est bourgeois que lorsqu’il oublie qu’il est amoureux -et, lorsqu’il aime, il est vite rejeté par son entourage bourgeois. Lorsqu’il cesse d’être amoureux, ou qu’il se pare pour la galerie, il est aussi insupportable que les autres personnages.

Même chose pour le personnage du narrateur qui, dans À l’ombre des jeunes filles en fleur et Du côté de Guermantes, est capable des pires mesquineries dont il émiette sa vie. Les aristocrates, au travers de litotes, de détours, d’anecdotes, sont vus sous leur vrai jour. Cette duchesse qui, dit-on, traite si bien ses domestiques ne cesse de les brimer, de les empêcher de vivre; elle qui méprise le petit esprit de la plupart de ses pairs n’en a guère plus. Mais tout ceci n’est jamais présenté de manière directe. Tout est suggéré, présenté dans les scènes mondaines, dans les dialogues, alors que les descriptions rappellent plutôt les films en costume genre Sissi…

Le narrateur de La recherche est en permanence attaché à ces petits détails qui émaillent la vie amoureuse et qui ressemblent tellement à ce que nous vivons dans l’état passionné.
C’est probablement en lisant Proust que certains cocos tendance mao ou stal ont décrété que l’amour était un sentiment bourgeois, alors que c’est tout le contraire: c’est lorsque nous sommes amoureux que nous le sommes le moins.
(je vais encore me faire des amis à gauche, moi)

rapport de forces -ou comment se faire des amis…

Wednesday, September 3rd, 2008

En lisant l’intro d’Interventions de Chomsky (( publié chez Penguin Books en 2007. )), je suis tombé sur quelques réflexions de Peter Hart qui déplore le fait que dans les principaux journaux américains (et de citer le Washington Post, le New York Times, le Los Angeles Times et USA Today) la gauche n’a pour ainsi dire pas voix au chapitre.

Les chroniqueurs (columnists) catalogués à gauche sont rares, et beaucoup furent virés durant les dix dernières années, selon son analyse, sous prétexte que, selon certains éditeurs, “le marché décide”.

(Quand on constate la pauvreté de la presse européenne de manière générale et ses rares exceptions, on peut généraliser le débat)

L’argument est démonté par Hart ((mettant notamment en évidence que les chroniqueurs conservateurs n’ont pas plus de succès que les libéraux.)) , mais il oublie une petite chose: tous ces journaux ont des propriétaires et, dans le monde dans lequel nous vivons, au moins en Occident ((Vous savez, cette partie du monde où la propriété privée règne dans le droit.)), ce sont ces derniers qui décident.

Peter Hart a raison d’estimer que les voix de la gauche ne se font pas entendre suffisamment fort, que les conservateurs ont confisqué la plus grande partie des médias, mais (désolé si j’en choque plus d’un, ici) c’est de bonne guerre…

Nous ((La gauche.)) avons accepté depuis très longtemps le combat sur le terrain de la droite, là où, pour être efficace, nous aurions dû gagner en quelques décennies… Cependant, ce terrain, j’en suis aujourd’hui convaincu, était trop favorable à la droite, aux conservateurs. D’abord parce que les moyens en présence étaient considérablement plus importants de leur côté. Le rapport de force en leur faveur était évident. La masse capitaliste, considérant qu’un franc égale une voix, était tout à fait à leur avantage. Pendant quelques dizaines d’années, disons entre 1866 et 1936, il est possible que la masse humaine eût pu faire pencher les plateaux de la balance en notre faveur, mais trop des nôtres, même sincères, ont accepté de batailler dans la “voie de la démocratie”, sous des prétextes humanitaires que l’on peut comprendre (ce que je fais) et approuver (ce que je ne fais pas), mais qui, historiquement, nous l’ont mis bien profonde…

Ensuite, et les deux arguments se valent, il y avait trop de monde dans nos rangs qui ne désirait pas réellement gagner, mais bien “jouer le jeu” de la démocratie, faire balancer les plateaux alternativement d’un côté et de l’autre pour équilibrer les forces en présence, dans l’idée que la société se construit sur base du pluralisme des idées… alors même que celles de la gauche et celles de la droite, si elles sont franches, sont inconciliables ((l’une reposant sur la propriété privée, l’autre la dénonçant.)).

Bref, nous n’en sommes pas sortis indemnes.

Les lieux où le rapport de force nous est favorable n’existent tout simplement pas. S’il fallait compter sur les masses populaires, la corruption des syndicats, des partis, des républiques socialistes a fait le ménage pour la droite et de moins en moins de gens y croient -qui leur donnera tort? Quant aux élections, elles montrent qu’à de rares exceptions près ((qui risquent bien de n’être que des accidents de parcours pour les conservateurs, et même au pire de solides cautions au système qui les maintient en place.)), les gens même les plus humbles votent le plus souvent contre leurs intérêts. Les élections montrent régulièrement que les figures médiatiques l’emportent sur les défenseurs de leurs droits. Sarkozy en France, Collor au Brésil en sont deux exemples manifestes, mais il serait assez aisé d’en faire un décompte plus important -par contre, pratiquement impossible de le rendre exhaustif.

Les lieux où nous pouvons compter des alliés sont ceux où les hommes vivent contre ou sans la propriété privée. L’impérialisme du capitalisme aidant, ces lieux sont de plus en plus rares.

Et ils sont principalement dans la tête d’individus…

C’est dans cette analyse de la défaite d’une bataille qui s’est jouée dans les idées, dans les confrontations, mais pas tellement sur le terrain (occupé par la guerre des blocs où seules les ambitions se jouaient pour la direction du jeu), que nous nous trouvons confrontés à un problème difficile à surmonter: sommes-nous capables de mener la bataille sur notre terrain, en dehors du rapport de forces imposé par les princes de la concurrence?

Première étape, en outre: tous les hommes et toutes les femmes de gauche sauront-ils bien identifier à la fois le problème et le prochain champ de bataille?

On n’est pas près de rigoler…