Le grain de sable entre les doigts
publié dans MCM14, en Italie
“Jetzt müsste die Welt versinken
“Jetzt müsste ein Wunder gescheh’n.”
“A présent faudrait que le monde sombre,
“A présent faudrait qu’un miracle arrive.”
Je ne sais pas de qui c’est, je sais juste que c’est la traduction de deux vers allemands trouvés par Miller et recopiés sur le mur de son appartement à Paris.
Qui sait ce qui se serait passé si j’avais fait ce que mon ami Léo m’avait demandé de faire. Peut-être un miracle serait-il arrivé.
Léo me faisait confiance. Nous avions tant de fois sauvé la mise l’un de l’autre par le passé, quand nous étions plus jeunes, lorsque nous affrontions les casqués côté à côte… Parfois côte cassée à côté cassée…
A quoi aurais-je dû penser en premier? A mes enfants et à ma femme? A l’hypothétique succès d’un miracle… Que craignais-je? Que la pratique révolutionnaire soit pire que la réalité sociale? Que mes vieilles théories se voient infirmées par les faits? Que mes “dogmes” -ceux que je prônais, me disait-on- soient détruits par la révolution? Ou plutôt que notre règne arrive?
Je viens de lire ces deux vers dans le livre que m’avait offert Léo il y a longtemps et que je n’avais pas encore défloré… Nulle coïncidence, pas d’anniversaire, j’ai pris le volume sans y penser dans la vitrine de la bibliothèque et je l’ai ouvert. Au bout de quelques pages, Miller cite ces vers et leur traduction en bas de page m’a aussitôt fait penser à Léo… Sur la page de garde, sa signature et une marque d’affection…
Le baiser fait à Judas…
A quoi pensait Judas au moment où il accomplit sa sombre tâche? Aux trente deniers? A la prédiction (ou l’ordre) de Jésus? Ou a-t-il eu peur de ce que pouvait changer la révolte du Christ?
Léo m’aimait. Il estimait la force de mon discours, encourageait mes études, respectait mes choix… Aujourd’hui, Léo n’aime plus rien et son corps ne ressent plus la moindre souffrance, ni la plus petite joie…
Aimais-je Léo? Ou enviais-je sa confiance, son engagement, son sacrifice?… Aujourd’hui, je me demande ce que je ressens à son égard.
Que me suis-je dit encore ce soir-là, lorsqu’il vint me porter un paquet à ne remettre qu’à l’un de ses amis en main propre -David, un autre type que je connaissais aussi de ce passé commun, que j’avais peu fréquenté et dont je ne savais pas grand’chose des motivations-, entre le moment où il quitta le pas de ma porte et celui où j’ai arraché les morceaux de bandes adhésives? Ai-je pensé que ce pouvait être un piège? Ai-je eu peur de commettre quelque chose qui puisse retomber sur le confort de ma famille?… Ou ai-je vieilli d’un seul coup?
Il me tendait déjà le paquet, sans prendre le temps de me dire bonjour… Nous ne nous étions pas revus depuis tant de temps…
-Je t’expliquerai plus tard (ou était-ce “Je n’ai pas le temps de t’expliquer”?). Attends deux jours, puis tu iras trouver David. Tu te souviens de David?
Si je me souvenais? Bien sûr que je me souvenais de ce grand escogriffe jamais capable d’éviter un coup de matraque ou le jet d’eau d’une auto-pompe… Je me souvenais encore de ce jour où il hurlait sa haine des cognes dans le fourgon et qu’on s’est tous pris une tournée de bottes par sa faute. Bien sûr que je m’en souvenais. De là à dire si j’avais envie de m’en souvenir, il y avait une marge…
-Tu te souviens de sa soeur, Jeanne? Elle habite toujours au même endroit… C’est là qu’il dort pour l’instant. Tu le trouveras là-bas, mercredi…
Il ne peut pas le faire lui-même mais personne ne sait qu’il est venu me voir… Il n’y a aucun risque… Demain, il ira se rendre à la police, parce qu’il est recherché pour un incident idiot -rien de bien méchant, mais ça endormira la méfiance des bleus… Mais le paquet, il faut… Il FAUT qu’il arrive dans les mains de David avant jeudi -mais pas avant mercredi… Enfin, un cinéma, quoi…
Je ne comprenais pas grand’chose, mais ce n’était pas nécessaire. Je lui rendrais un grand service, me dit-il encore. Ou plutôt, je rendrais un grand service à tout le monde -sans qu’il me précisât exactement ce qu’il entendait par “tout le monde”… Et il disparut dans la nuit…
Jeanne, je m’en souvenais aussi. Aussi précisément que son frère, bien que je ne l’aie guère vue plus de trois ou quatre fois… Avant de vivre avec Julie, j’avais vécu pas mal de vies différentes… Essayé plusieurs trucs, éprouvé quelques déceptions -ou que des déceptions?- avant qu’elle ne tombe enceinte et que je m’en félicite, que j’accepte ce boulot à durée indéterminée -presque à temps plein, payé largement deux fois ce que j’avais jamais reçu en tant que professeur de physique- et que je lâche progressivement les quelques activités que j’avais encore à gauche et à l’extrême gauche…
Jeanne habitait à trois rues de chez moi. Etait-ce la raison principale pour laquelle Léo m’avait porté son paquet? Avait-il vraiment confiance en moi ou n’avait-il pas eu le choix? Vu ce qu’il y avait dedans, je crois qu’il aurait préféré le jeter plutôt que de me le confier s’il avait pensé que je puisse le dénoncer.
Léo et moi avions accroché des bannières rouges et noires sur les toits d’une mairie, d’une université et d’un palais de justice; nous avions préparé et animé des dizaines d’émissions de radio sur des fréquences piratées; c’est avec lui que j’ai découvert la programmation en open source, que j’ai lancé mes premières opérations de hacking et de sabotage sur internet; c’est avec Léo encore que j’ai passé mes plus belles nuits à résoudre tous les problèmes de la révolution et de l’organisation du monde; Léo ne m’interrompait jamais et m’écoutait religieusement avec des lumières dans les yeux quand je lui décrivais le processus de contagion des peuples que je voyais déjà se répandre avec nos virus et nos montages vidéo par la voie des réseaux sans fil. Les questions qu’il me posait étaient toujours pertinentes et exigeaient de moi que je farfouille encore dans les tréfonds de mes neurones pour surmonter tel ou tel problème à venir. Ces fins de nuit, entre volutes bleues et larmes rouges, nous les assouplissions dans le récit vibrant de nos succès et nos défaites amoureuses. Ces matinées brumeuses, quand nous nous quittions quelques heures, lui pour rejoindre la caisse enregistreuse d’un grand magasin, moi pour tenter timidement d’avancer dans mes préparations de cours, je planais encore longtemps entre les références qu’il m’avait données à lire et les images des sites que nous avions parcourus et dont j’avais pris note de mémoire en me promettant d’y refaire un tour. Chose que je ne pouvais presque jamais faire, noyé sous le nombre…
J’aimais Léo. Ah, Léo, je t’aimais comme je n’ai jamais aimé personne depuis lors. Je crois que tu ne le soupçonnais pas, que tu ne l’as jamais su jusqu’au jour où, après avoir acheté ma maison, après avoir pendu ma crémaillère, je t’ai définitivement perdu de vue… Je me souviens encore des deux ou trois dernières fois où tu m’as appelé pour me demander de venir faire nombre dans un happening ou parler devant quelques étudiants de ce que nous faisions quelques années plus tôt et que j’ai refusé sous des prétextes plus vagues que les promesses électorales que nous parodions sur nos faux sites politiques… Je me souviens enfin de la dernière fois que je t’ai vu avant cette dernière nuit -à la télévision, interrogé par une caméra, tu étais porte-parole d’un collectif de militants pour les droits de minorités étrangères dont la perspective principale était l’expulsion avec l’alternative de l’enfermement ou de l’exploitation au noir… Ou les deux…
Léo, je te détestais, je crois, depuis la naissance de mon premier enfant, quand j’ai pensé à toi pour lui donner un parrain ou un prénom, et que je n’ai pas réussi à te joindre parce que tu étais parti faire le tour d’un continent du Sud et de ses mouvements de contestation pour en apprendre plus sur -sur quoi, déjà? sur leur organisation, leurs motivations ou leurs modes d’action? -ta soeur a été incapable de me répondre… Quelle déception lorsque je n’ai pas pu appeler mon fils par ton nom… Et que Julie l’a nommé d’après son grand-père douanier…
Le paquet était posé sur mon bureau, à côté du clavier et du dictionnaire anglais-américain-français que j’utilise quand je ne comprends pas le slang d’un de mes nombreux correspondants linuxiens -autant dire plus jamais… Moi, dans mon confortable fauteuil de cuir noir qui sentait encore bon le vrai neuf… Je me figurais mal l’importance que pouvait avoir un objet de la taille d’un tome d’encyclopédie pour Léo dont les modes d’activité avaient toujours été plus liés à des disquettes, des CD ou des clés USB qu’à des carnets ou des bouquins… Le poids, la densité, la forme rappelaient le livre ou le cahier plutôt qu’un autre type d’objet. Alors quoi? Qu’est-ce qui pouvait être si important et si délicat qu’il ne pouvait être transmis par le net ou par un autre objet informatique, ni tomber entre les mains indélicates des agents du pouvoir?
Ce soir-là, Julie était partie chez sa soeur et je savais que je resterais seul assez tard, à ruminer la situation plutôt que de travailler comme je l’avais prévu. A ressasser ma vie passée, à considérer ma vie présente, à me demander ce que je devais faire, à tenter de me souvenir quels étaient mes objectifs quand je courais dans les rues avec Léo et les autres, à me poser face à moi-même, aujourd’hui, par rapport à ce que j’étais alors et à peser l’importance de l’un et de l’autre -de mes enfants et de mes idéaux d’alors….
Sans Julie près de moi, je replongeais plus facilement dans mon passé. Je me revoyais au milieu des manifs anars, gueulant des slogans contre l’Etat, contre l’argent, contre la sécurité, contre tout ce qui représentait ce dont j’étais bénéficiaire depuis les naissances de Charles et Louise… Je me revoyais participer à des réunions sans fin dont le but était d’organiser des actions toutes plus colorées et différentes pour rameuter un public toujours plus indifférent aux malheurs de ceux qui vivaient derrière sa porte… Et maintenant derrière la mienne…
Que pouvaient bien préparer Léo et David après toutes ces années? Comment cela pouvait-il être plus grave qu’une arrestation?… Je pense que, plus que la peur, c’était la curiosité de ce qu’était devenu mon vieil ami qui me tenaillait. J’étais loin d’imaginer qu’un miracle était à portée de ma main dans un paquet mal ficelé. Je ne pensais pas que le monde pouvait être si près de son écroulement et la petite poussée suffisante pour provoquer sa chute reposer sur la vitre polie de mon bureau…
A vingt ans, à vingt-cinq ans, est-ce que je pensais que le monde devait sombrer? Ou jouais-je à la guérilla urbaine parce que papa était bourgeois?… L’option que je puisse avoir voulu une amélioration de la sociale-démocratie, à l’époque, me paraît totalement ridicule…
A vingt ans, à vingt-cinq ans, est-ce que j’espérais un miracle qui renverse toutes choses pour fonder un monde autre? ou une foultitude de mondes différents? Aurais-je, à l’époque, été chez la soeur de David?
Le destin de Judas… J’ai ouvert le paquet comme je viens d’ouvrir le livre de Miller, presque sans y penser…
L’ouverture… Nous jouions parfois aux échecs jusqu’à dix ou douze parties sur la nuit durant ces longues conversations nocturnes au cours desquelles le monde était bouleversé par nos esprits en attendant la réalité -sauf à considérer que nos esprits créent quelque monde parallèle naturellement, mais aussi bien Léo que moi avions depuis longtemps dépassé ce genre de niaiseries…
En jouant, nous discutions de choses plus légères que de politique ou d’économie, comme de théologie ou de philosophie… Léo avait tellement lu que je me sentais parfois le cadet des deux et qu’il me donnait l’impression d’avoir accompli toutes ces années d’études à ma place… Mais quelles enjambées dans les méandres de la pensée et de l’action pouvions-nous faire! Léo nous imaginait tous les deux au sein d’une communauté, parvenu à la tête d’un parti d’extrême-gauche ou filant le train, caméra sur l’épaule, à un escadron de guerilleros andins… J’étais sans doute déjà plus sage, mais je ne me voyais guère moins courageux que lui, capturé par la police de l’information ou celle des communications, interrogé par une section secrète de la sécurité ou même exécuté dans une arrière-cour à l’aide d’un parapluie bulgare…
Je me souviens que nous avions un jour suivi l’animation faite par un syndicaliste communiste américain, venu expressément pour cela lors d’une semaine d’immersion militante -quelques heures avant de rejoindre une manifestation ou une action plus agressive devant un hôtel exploitant sa main-d’oeuvre dans des conditions indignes. Le bonhomme nous avait expliqué pourquoi il fallait éviter dans certains cas de communiquer des informations par le web, surtout à la veille d’un moment crucial, et comment il fallait tenter de s’organiser en réseau de liaisons pour assurer le passage de l’information… Léo s’en était-il souvenu, lui aussi?
Je dois avoir vieilli… Je n’ai que piètrement décodé de quoi il s’agissait… En gros, d’un programme particulièrement sophistiqué qui intégrait une attaque sur le réseau pour parvenir à brouiller les données cadastrales déjà encodées et une action plus concrète et en règle qui avait pour objectif la destruction des archives notariales au moyen de produits chimiques agissant au bout de quelques semaines, couplés avec une espèce de virus à implanter directement dans les ordinateurs des études, au cours de cambriolages, l’ensemble permettant donc, si l’on s’y prenait bien, de détruire toutes les archives liées à la propriété immobilière en une fois… Ca, c’était la première partie… Correlée avec une seconde qui s’attaquait aux centres névralgiques de l’administration et de la justice. En particulier concernant la gestion du patrimoine immobilier et les litiges y afférant…
Tous les détails techniques étaient compilés dans les cahiers que je tenais en main. Difficile de dire si l’action se limitait à l’Etat ou au continent -en tout cas, l’envergure en était importante. Impossible de savoir à quel degré de préparation ils étaient arrivés, ni combien ils avaient réuni de personnes pour l’aventure. Ni s’il s’agissait d’un morceau parmi d’autres d’un plan plus vaste.
Que devais-je attendre, moi, de cette histoire? Où son succès nous mènerait-il sinon à la précarité de ma famille, de la santé de mes enfants?
L’idée me rappelait pourtant quelque chose de lointain, une conversation que nous avions eue, Léo et moi, dix ans plus tôt. J’y avais soutenu avec assez d’aplomb qu’il suffisait que la propriété immobilière disparaisse pour que le monde capitaliste dans lequel nous nous affadissions s’auto-consume rapidement et ne parvienne à se relever… Outre que l’économie s’effondrerait sur elle-même pour des questions de motivation, de stabilité et de contrôle, les inégalités sociales prendraient un grand coup dans l’aile à cause de la disparition des revenus locatifs, mais aussi parce que, le temps aidant, la gestion des biens les plus luxueux ne pourrait plus se faire qu’avec l’aide d’une masse critique de personnes -ce qui obligerait les plus privilégiés à partager leurs espaces ou à y renoncer.
J’avais gardé assez peu de souvenir de mes propres réflexions lancées alors de manière presque instinctive, au cours d’une nuit arrosée comme fréquemment, mais je me rappelais que Léo avait pris quelques notes et semblait plus attentif qu’à l’accoutumée… Je me souvenais aussi qu’il m’avait interrompu pour me réclamer quelques détails techniques sur ce que j’avançais… Et moi de lui fourguer tout ce que je maîtrisais en matière de droit privé, de notaires, d’administration et de justice civile…
J’aurais dû me sentir flatté, fier de voir Léo tenter de réaliser ce que je pensais être une de mes meilleures idées. Mais j’avais surtout un sentiment de crainte violent… Une crainte mêlée à un autre sentiment qu’alors je n’aurais pas pu identifier. Aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas de la haine.
Le paquet ouvert, après consultation, resta sur mon bureau pendant encore quelques heures… Julie était rentrée avec les enfants. Ils étaient couchés, elle aussi… Aurais-je pu lui dire: “Tiens, tu sais qui est passé ce soir? Léo…” et tout ce qui aurait dû suivre… Ridicule… Je n’aurais pas tenu le secret plus de deux minutes. Mais j’ai longuement regardé Louise et Charles dans leur chambre… Et je me suis senti triste… Sans trop savoir pourquoi… Cette nuit fut pour moi la première d’une longue série blanche…
Combien sont-ils, ces vétérans de la jeunesse militante qui, comme moi, ont cédé aux pressions de la famille, de la rue, du travail ou plus prosaïquement du pain? (Mais du pain beurré et avec des graines de tournesol dedans.) Pourtant, lorsque nos aînés nous contemplaient en souriant, nous étions certains, tous, que cela ne nous passerait pas et que nous continuerions à monter des barricades de pneus quand il le faudrait, que nous ne laisserions jamais tomber les camarades ouvriers, ou que sais-je? (Car ce n’était pas vraiment les créneaux où j’avais épanoui ma rebelle-attitude…)
Combien sont-ils, plutôt, ceux qui, parmi nous, sont restés fidèles à leurs idées, à leurs engagements ou à leurs révoltes? Mais ceux-là, on s’en moque, on en sourit et on plaint leurs enfants, sans même savoir s’ils sont heureux ou non.
Le plus terrible, me disais-je, était que nous semblions alors vivre exactement pour ce moment précis, celui où nous tiendrions entre les doigts ce qui pourrait faire tomber le monde afin qu’en surgisse un nouveau -ce miracle humain… Cet accomplissement révolutionnaire, qui, pour beaucoup, devait tenir en une parcelle infime de temps -un mois, une semaine -autant dire rien-, une parcelle qui allait changer la vie.
Pas seulement la nôtre, celle de l’humanité entière -et pas seulement pour le présent, mais pour l’avenir entier… Et peut-être, justement, cet instant était-il arrivé. Ne pouvais-je pas imaginer que Léo, David et qui sait combien encore avaient touché du doigt la petite puissance nécessaire pour rivaliser avec l’ensemble des forces d’inerties en place?
Je pouvais l’imaginer. Non seulement je le pouvais, mais je me rendais simplement compte que Léo et les autres s’étaient contentés de trouver un moyen complexe pour appliquer une idée toute simple que je leur avais refilée et qui, en théorie, pouvait marcher… Ah! Oui, j’aurais dû me convaincre que le monde allait changer grâce à moi -du moins pour une petite partie… – et que c’était une bonne chose!
Ne disais-je pas moi-même dix et cinq ans plus tôt que ce monde n’était qu’un infâme tas de fumier qu’il fallait retourner de la base au sommet afin d’en sortir le meilleur -ou du moins afin de permettre à chacun de trouver ce qu’il y avait de meilleur en lui à ses yeux!
Et je réalisais soudainement que c’était moi, sans doute, qui avais été retourné par les années, par les enfants, par le travail, par le confort… Moi qui ne pouvais plus envisager de renverser les choses, parce que les choses me contenaient avec tout ce qui avait depuis lors pris de la valeur sans même que je m’en rende bien compte… Et je le réalisais seulement maintenant… Mon chien, ma voiture, mes vacances, mon crédit, mon assurance-vie… Ah oui, j’y tenais…
Et j’y tiens encore aujourd’hui, le miracle n’ayant pas eu lieu.
janvier 2006 (version février)