Ce soir, un nouveau président en France… Ou un ancien qui se renouvelle, enfin, on s’en fout, puisque la démocratie, étant en marche, le président n’est jamais que le chef de l’exécutif qui doit faire tout ce que le législatif lui dit de faire là où il lui dit de le faire quand il lui dit de le faire.
Non?
Ah! Ou alors, c’est vraiment important? Ah ben oui, on n’est pas encore dans la VIe République-où-c’que-le-pouvoir-personnel-ben-y-s’ra-aboli-y-s’rait-temps. Et, dans ce cas, les 50,1% de votants qui s’esbaudiront de la victoire de leur poulain ne manqueront pas de faire -tous- la fête dans les rues de France, se moquant gentiment des 49,9% qui se seront ramassés dans leur choix. Ben oui, puisque l’homme qui les représentera pile-poil comme ils veulent, ben, il sera élu. Et ce seront les aut’s qui l’auront dans le fion. Si tout se passe donc comme prévu une bonne dizaine de millions de bobos à lunettes ou de beaufs intégraux devraient danser la guinguette des Champs Elysées jusqu’à la Promenade des Anglais ((Sans compter les Froggies qui se sont réfugiés dans notre paradis fiscal d’Outre-Quiévrain.))… Logique, non?
Tout chiffre inférieur serait immanquablement la preuve qu’une proportion des votants ne sont rien que des tièdes qui n’assument pas leur vote. Il faudrait donc les envoyer à la guillotine, comme la tradition révolutionnaire, modèle républicain, l’exige. En passant, ça ferait de la place dans les dernières usines et ça ferait du boulot dans les orphelinats. Je ne vois pas les inconvénients.
Le retour aux principes révolutionnaires m’apparaît comme une évidence, à une époque où la crise économique, la menace de conflits toujours plus nombreux, la multipolarisation des forces en présence, le rejet de plus en plus affirmé (en comparaison avec quand?) de l’autre “qui n’est pas soi forcément puisqu’il est différent”, tout ça implique des solutions radicales telles que, dans le désordre:
-mettre plus de flics dans les rues (on n’y avait pas pensé);
-mettre plus d’étrangers dans des pullmans (ça ne s’était jamais fait);
-mettre plus de chômeurs au boulot (oh, ben, ça c’est chic);
–réenchanter le rapport au monde (vive la philosophie consommée);
–vendre plus de choses -y compris des trucs gratuits ((D’ailleurs, la gratuité, ça n’existe pas, on te l’a dit, c’est sûrement vrai, sauf dans les boîtes de céréales.)) jusque là- à plus de gens même s’ils n’ont pas d’argent (ça, c’est de la bonne);
-donner plus de pouvoir à moins de gens qui savent plus et mieux que nous (ça, j’ai l’impression qu’on l’a déjà fait, aussi, mais je ne me rappelle plus quand… ça fait un peu pyramide, non?);
-faire plus de lois qui coûtent plus cher et faire des économies là où le privé peut faire moins bien pour le même prix (ça nous rappellera le XIXe Siècle).
Ca, c’est radical différent. Ca va nous faire rêver. Mais pourquoi on n’y avait pas pensé tout seuls? Qu’est-ce qu’on a à foutre d’une santé et d’une éducation bon marché si on n’a pas le droit de nous acheter toutes les consoles de jeu et les outils de communication radieuse dont on se passait jusque là -on se demande encore comment.
En fait, l’avantage, c’est qu’on n’a même pas besoin d’y penser tout seuls, vu que là, comme ils nous l’expliquent si bien, c’est la crise. La criiiiiiiiiiiiise… LA CRISE, BORDEL!
C’est la crise!
Et donc, tes élections… Elles te parlent…
Vote.
Et va faire la guinche.
Là où on te dit de faire.
Oublie pas le péage.