Archive for June, 2008

ET SI LE CAUCHEMAR DE WAHOUB N’AVAIT PAS EU LIEU?

Thursday, June 26th, 2008

Joie sans mélange : Wahoub est sortie. Mais l’instruction se poursuit et Bertrand reste dedans…

Imaginons qu’à la place de Wahoub, les troupes de choc de la police fédérale n’aient arrêté personne. Ou se soient acharnées sur un de ses amis moins connus. Un quelconque Constant, un autre Abdallah, un troisième “ex-ccc”…

Imaginons un instant ce qui se serait passé.

En première ligne des réactions, quelques têtes identiques, évidemment: les copains du Secours Rouge et Wahoub elle-même, le patron du Verschueren, aussi. Mais seraient-ils parvenus à réveiller les (paraît-il) 40 signataires (dont 24 connus) de la carte blanche de la semaine dernière?
Le CLEA serait monté au créneau, et probablement quelques autres associations comme le Comité T ou la LDH (avec un peu d’optimisme). Grâce notamment à la personnalité de Wahoub qui, jusqu’à hier, mobilisait de l’intérieur.
Les amis de Bertrand et des autres auraient réuni une fraction non négligeable des 300 à 500 manifestants du 21 juin dernier (mais quelle fraction exactement?).
Plus difficile: les Secours Rouge auraient-ils réussi à réunir des fonds pour payer les avocats de Constant, Bertrand et Abdallah? Pierre aurait-il été libéré aussi facilement?
Autre chose: les éditoriaux ‘révolutionnaires’ (charrie pas!) de la Libre et du Soir sur la pertinence de l’application de la loi anti-terroriste auraient-ils été publiés?

On peut en douter sérieusement.

On doit peut-être -c’est terrible à dire- à l’arrestation de Wahoub une mobilisation “démocratique” et des réactions journalistiques et d’ONG telles que le débat sur les arrestations arbitraires de “l’après-11-septembre” (qui, franchement, joue à l’arlésienne que c’en n’est plus permis –si ce l’a jamais été) s’est un tout petit peu rallumé comme il aurait dû depuis un paquet de temps.

Combien d’entre nous n’auraient parlé de cette affaire qu’avec légèreté, au détour d’une bière ou en lisant un entrefilet dans le journal du matin, se demandant même si la police ne faisait pas tout bêtement son boulot et s’il ne fallait pas laisser la justice régler cette petite affaire qui, après tout, ne concerne que deux anciens poseurs de bombes, peut-être nostalgiques et désireux de faire montre de leur savoir-faire à d’autres moments qu’à des fêtes de mariage, un ex-truand et deux zozos dont, on l’entend souvent, on ne sait pas grand’chose -ce qui indique qu’on peut en imaginer plein, évidemment…
Quelle force, quelle légitimité, le Secours Rouge aurait-il eu si Wahoub n’avait pas été arrêtée?
Aurait-elle autant fait la différence depuis l’extérieur que de l’intérieur de sa cellule?

Attention, je ne remets pas du tout en question sa combativité, son dévouement, son intelligence et son engagement, mais bien les raisons de son actuelle capacité de mobilisation. Et surtout les motivations de ceux qui la soutiennent, qui font bien de la soutenir, mais dont on peut se demander s’ils vont continuer à remettre en question le processus en cours si wahoub échappe –comme je le souhaite- aux foudres des procureurs. Ces foudres que sont la criminalisation de tout ce qui refuse le diktat de la « guerre contre la terreur » et la condamnation a priori de qui ne pense pas dans les mêmes termes que la bourgeoisie au pouvoir.

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Me serais-je moi-même manifesté plus que nécessaire depuis mon lointain exil? Certes, j’aurais écouté Julien et Wahoub qui sont les détenteurs inconditionnels de ma confiance en toute matière politique -et autres- (à part sur la question de la responsabilité de l’échec de la Première Internationale de 1866, sans doute). Mais cela m’aurait-il autant touché d’apprendre que d’anciens activistes marxistes et trois de leurs amis s’étaient fait arrêtés si mon amie était, elle, restée dehors?

Soyons honnêtes ; malgré la certitude que c’est de la même liberté d’expression, d’action et d’association qu’il s’agisse, et que j’en suis bien conscient, la réponse est : sûrement pas. Sûrement pas autant.

Mais, et parce que je sais que c’est ce que voulait Wahoub dedans et ce qu’elle veut dehors, je ne me mobilise aujourd’hui que pour que tous sortent le plus vite possible -et en groupe de préférence- de cet imbroglio pseudo-judiciaire sous les acclamations de tous leurs proches et de celles des vrais citoyens responsables qui privilégient les droits de chacun à la vieille vierge effarouchée qu’est cette insupportable sécurité d’État, à laquelle tant de libertés et de vies humaines ont été sacrifiées partout dans le monde et à toutes les époques -sans exception -stupidement…

Les nouveaux Zola

Tuesday, June 24th, 2008

Je fais référence à des événements précis, dont les acteurs se reconnaîtront.

Le révisionnisme, à l’époque de Zola, c’était une bonne chose. Proust, Gide, France, Durkheim, Renard sont parmi les nombreux Français qui voulaient que soit revu le procès du capitaine Dreyfus, condamné pour faits d’espionnage dont il n’était pas l’auteur. (Les anars, à part Fénéon, devaient bien rigoler à cette époque.)

Aujourd’hui, sont appelés révisionnistes les méchants qui prétendent que les chambres à gaz n’ont pas existé, ou alors, si, mais en petite quantité (et pas assez, sans doute). Bref, des imbéciles frustrés et qui ne valent pas la corde pour les pendre, mais à qui, selon moi, Chomsky et Voltaire, on a tort de vouloir couper la parole: ils adorent afficher leur martyrologue.

Bref, le mot révisionniste a un peu changé de sens…

Par rapport à l’époque de Zola, une autre chose a changé: lui, l'”intellectuel” (qui n’avait pas son bac) accusait l’État et ses sbires d’avoir fait un mauvais procès à un pauvre bougre qui fera la Première Guerre Mondiale avec le grade de colon. Aujourd’hui, les “citoyens responsables” sont ceux qui condamnent des faits qui ont déjà été condamnés par la justice (de classe) et des hommes qui ont déjà été enfermés, voire massacrés, par le pouvoir qu’on ne discute pas. Parce que sans le pouvoir, c’est le bordel, je suppose. Mieux vaut un mauvais ministre de l’Intérieur que pas de ministre du tout.

On constate que la prison, supposée amender le forçat, ne le fait pas: alors, on re-condamne: on ne défendra pas un poseur de bombes. Ciel, se dit-on, l’effet tant désiré par les joyeux démocrates depuis la révolution française (et dont Vidocq déjà dénonçait l’efficacité plus que moyenne dans son opuscule Considérations sommaires sur les prisons, les bagnes et la peine de mort en 1844), de la prison, à savoir la rédemption, ne suit pas l’investissement. Qu’à cela ne tienne, le rôle principal de la prison n’est-il pas d’isoler et de punir le méchant?

Mais alors, pourquoi finit-il par sortir?

Toute la question, semble-t-il, est là: de plus en plus, le fragile terreau de la très moderne (quoique contestable, dans le principe) idée selon laquelle la prison peut “récupérer”, “amender”, “rééduquer” les malfrats pour les rendre ensuite à la citoyenneté dont ils n’auraient jamais dû se détourner, ce fragile terreau qui, finalement, est assez récent (c’est le XVIIIe siècle qui en a fait germer l’idée parmi d’autres bien plus rigolotes comme celle du bon sauvage ou de la main invisible du marché -était-on spirituels à l’époque), est remis en question en Europe.

Non seulement la prison sert de plus en plus à punir sans chercher à amender (voyez les lois fascistoïdes qui consistent à emprisonner ceux qu’ensuite l’on expulsera sous prétexte que la guerre et la famine ne sont pas assez manifestes “chez eux”), mais en outre on remet en question ici et là (et plutôt ici que là) l’idée selon laquelle le condamné, une fois sa peine purgée, a le droit de revenir vivre au milieu de ses pairs -c’est-à-dire ceux qui ne se sont pas fait attraper: les citoyens responsables.

Après tout, elle n’est pas belle l’idée selon laquelle certains feraient mieux de naître en taule et d’y rester? Cette thèse, dont son plus scientifique représentant, Cesare Lombroso, sévit au XIXe Siècle, mériterait d’être revivifiée et réactualisée par nos “imbéciles heureux d’être nés” le cul dans la sociale-démocratie. Ça leur permettrait d’asseoir leurs condamnations et leurs re-condamnations sans souci de devoir en vérifier les faits. Ainsi, tout agité social relâché dans la nature pourra, à tout moment, être remis derrière les enceintes ducpétiesques quand le contexte social le réclamera. Et, par extension, tout qui se sera un peu trop approché d’eux sera considéré comme contaminé par la violence émanant de leurs personnes (C’est McCarthy, en gros…) telles les effluves séductrices et obscènes des chevelures musulmanes qu’il faut enfermer sous d’irrationnelles protections de soie -éventuellement Gucci ou Versace.

Comme il est facile de refuser de défendre des “poseurs de bombes” ou de se cacher derrière des “principes” pour ne pas se prendre un coup de bâton électoral. On agite le mythe de l’Islam intégriste (encore un mot -intégriste- qui, au temps de Zola, signifiait autre chose qu’aujourd’hui, tiens) pour stigmatiser des gamines et les replier dans les jupes des moins intéressants des clercs de cette religion-là ou on évoque les “années de plomb” sans aucune perspective historique (et en oubliant la popularité -même relative- des activistes de gauche de cette époque) pour se draper dans un monceau de clowneries et diviser ce qui reste des progressistes sous prétexte qu’on se sent plus près de Louis Michel que d’un obscur militant d’extrême-gauche. Bientôt, ils se sentiront plus près de Bush que des Farc, d’Uribe que de Chávez, de de Gaulle que de Cohn-Bendit (jeune), de Nicolas que d’Arlette. Après tout, dans le tas, qui sont les citoyens responsables?

C’est le genre de raisonnements qui les aurait amenés à condamner à mort ou à la prison à peu près tout ce que l’histoire compte de rebelles ayant eu l’idée d’user de la violence un jour parce qu’ils ont cru que le contexte social le leur permettait pour parvenir à un monde meilleur. Les travailleurs de Hay Market Square Chicago de 1886 n’auraient pas trouvé grâce à leurs yeux, ni, qui sait?, les mutins les plus violents de 1917.

Allez, vais-je encore crisper plus la situation? Condamner la violence par principe, c’est bien joli, mais ça leur demanderait un peu plus de boulot qu’une carte blanche sélective dans ses affinités…

Qui a vomi?

Saturday, June 21st, 2008

Qui a dit, histoire de condamner le téléchargement de produits culturels sur internet:

“Internet est un lieu en dehors des lois. Or la liberté ne signifie pas que l’on est hors-la-loi. Aucun d’entre nous ne peut être hors-la-loi. C’est la condition de la démocratie.”

-Philippe Moureaux?
-Joséphine Baker?
-Ludwig van Beethoven? (ou von)
-Catherine de Médicis?
-la femme (de gauche) du président (de droite)?
-Laurent Joffrin de Libération, qui comme chacun sait, ne promeut que ce qui est de gauche?


Apparemment, le mariage ne bonifie pas les gens…

responsables / irresponsables

Friday, June 20th, 2008

Je vous invite à aller jeter un oeil sur ces deux sites.

http://www.secoursrouge.org/
http://wahoub-fayoumi.blogspot.com/
Vous y trouverez des demandes de soutiens de toute sorte, y compris financiers. C’est assez urgent…

“Citoyens responsables”, de quoi l’êtes-vous, exactement? Et bien notamment de vivre en sociale-démocratie théorique, sans réagir lorsque des gamins sont mis en centres fermés, lorsque des arrestations arbitraires sont réalisées sous prétexte que nous sommes tous amérloques, lorsque vous vous gaussez de vos politiques qui s’occupent plus de la scission d’un district électoral que du respect des droits fondamentaux de l’individu…

En attendant, courez, les copains, vous avez la croissance au cul!

Ils sont encore de plus mauvaise foi que les nôtres

Tuesday, June 17th, 2008

“La police nie avoir utilisé des matraques” (appelée casse-tête en portugais)

Lors d’une manif “tous nus à vélo

Regardez la deuxième photo surtout. La première c’est un casse-couilles…

Les plus avisés d’entre vous reconnaîtront aussi le gaz au poivre sur la deuxième photo…

Vive la fête

“la saison de reproduction des cols blancs…

Thursday, June 12th, 2008

… coïnciderait-elle enfin avec celle des cols bleus aux USA.”

Non, il ne s’agit pas de canards (déchaînés), mais de l’expression utilisée par les médias US pour parler des employés de bureaux supérieurs (cols blancs) et des ouvriers (cols bleus). C’est mignon, non?

Or, jusqu’il y a peu, constate cet article du magazine plus-ou-moins-mais-pas-trop progressiste-genre-pro-Obama The Nation, les luttes syndicales des uns et des autres ne correspondaient guère. Mais il semble que le vent tourne (il y a d’ailleurs un joli “manifesto” comme on dit en italien, en tête d’article, qui rappelle les plus belles heures de la propagande maoiste, ce me semble): les cols blancs, eux aussi, sont maltraités par les patrons (grrr). Alors ils rouspètent. Enron, la crise des subprimes, les “permatemps“, c’en est trop!

Notons que des problèmes comme celui de faillites plus ou moins arrangées ou de crise sur les emprunts, lorsqu’elles ne concernaient que les (très) bas revenus, n’intéressaient pas le politique, mais comme ils commencent (enfin!) à toucher de plein fouet cette classe sociale normalement privilégiée que sont les employés de bureau de type “upper middle professional class” -comme les appelle l’article- alors, évidemment, ça change tout.

Que les ouvriers se prennent des délocalisations par milliers dans la gueule, c’est normal: c’est la preuve que le libéralisme fonctionne, ça a été le cas pendant deux cents ans, pas de raison de changer.

Que les employés, mais aussi petits actionnaires via leur fond de pension, d’une grosse compagnie énergétique se prenne une faillite et mette des milliers de pavillonards sur le carreau, retraite (privée) comprise, et tout à coup les mass-medias se disent que, tiens, c’est pas juste, dis donc, et que, quand Wall Street pique du nez et que surgissent des “petits propriétaires emprunteurs de tous les États, unissez-vous”, même les très républicains congressistes en appellent à un allègement des dettes -alors que les ouvriers expulsés depuis la fin des trente glorieuses, eux, sont toujours en train de graisser leurs riot-guns dans leurs caravanes avec l’espoir de liquider un de ces sales petits Coréens qui leur ont piqué leur boulot au cas où ces sales jaunes venaient à visiter une ville sinistrée pour rigoler.

Dans l’article, c’est, semble-t-il, dans le giron de Microsoft(1) que des employés maltraités (permatemps: permanents temporaires) se sont réveillés parmi les premiers et ont commencé la révolte.
Ira-t-elle jusqu’à la lutte finale? Les “Dilberts of the world” iront-ils, tous, mug dans le mug, jusqu’à la grève générale de la souris?

Pousseront-ils le bouchon jusqu’à détruire leurs ordinateurs portables à la manière des ouvriers des siècles précédents qui manifestaient par là (eux détruisaient leurs machines, pas leurs portables, camarade) leur mécontentement (au risque d’abandonner leur droit à naviguer sur la Toile)?

Les verra-t-on signer des pétitions en masse on-line (auquel cas il leur faudra éviter l’action précédente)?

La révolution technologique tournera-t-elle à la révolution tout court?

On n’ose y croire -avec un n’, hein…

(1) Et ce malgré Akhtar Badshah, directeur des programmes communautaires globaux, qui, dans un interveiw accordé à CartaCapital, ici, affirme que Microsoft a toujours été à la pointe du souci social depuis 1983, et que, même que, dis donc, c’est dans l’ADN de la société, ce n’est pas du tout intéressé, cette fibre sociale et philanthropique. Dis donc.

Ce que j’entends par… déprofessionnalisation de l’enseignement

Tuesday, June 10th, 2008

Bon, alors je dois définir deux ou trois choses.
En rapport avec les articles qui ont suscité débat un peu plus tôt dans l’année (dans l’ordre: ce premier, ce second, ce troisième, ce quatrième, et ce dernier, qui étaient consacrés à l’enseignement).

Je commencerai donc par:
déprofessionnalisation:
Je n’entends pas “professionnalisation” comme beaucoup qui y placent la compétence, le savoir-faire, le sérieux et l’abnégation. Pour moi, toutes ces qualités ne sont pas le monopole des professionnels. Et donc, j’entends par déprofessionnalisation l’émancipation d’une activité productrice, créatrice ou enseignante de sa nécessité financière. Il existe des professions trop importantes pour dépendre de leurs autorités payeuses. Que ce soit l’État ou le capital privé ne change rien: l’intention de l’un étant de reproduire son propre pouvoir, de l’autre de conserver les structures sociales à son avantage (ce qui revient d’ailleurs au même), ni l’un, ni l’autre ne devraient être en mesure de décider pour la population non possédante et non dominante de ce qui détermine leur existence. Ainsi l’enseignement, la santé, la justice, ne devraient pas être à la disposition des plus forts (ci-identifiés les nantis et les gouvernants).

Concernant l’enseignement et l’État, justement:
Je lisais récemment un article dans le Caros Amigos sur l’élitisme à l’école, à São Paulo. Le gouverneur de l’État, un ancien gauchiste passé à l’ennemi (actuellement l’un des leaders du plus puissant parti héritier de la dictature), José Serra, veut promouvoir le paiement des professeurs en fonction des résultats scolaires des élèves.

En voilà une idée qu’elle est bonne.

Je veux dire: elle n’est pas logique? Nous avons, professeurs, une obligation de résultat, au fond…
Non?
Si… Nous avons une obligation de résultat. Mais nous ne devrions rendre des comptes qu’à ceux qui nous font confiance -pas à ceux qui conditionnent notre salaire à une série de prérequis qu’ils affirment démocratiques parce que leurs auteurs ont été prétendument élus…

L’enseignant professionnel est exposé, et pas seulement dans le cas brésilien évoqué ici, à la surveillance de son autorité consulaire (de “consul”, autorité suprême sous la république romaine, élu tous les ans démocratiquement, le plus souvent grâce à la somme investie par son parti). Il est donc soumis à son bon vouloir. Qui a vu le film (ou lu la bédé) “Persépolis” se rappelle, je suppose, du personnage de l’institutrice iranienne de l’héroïne qui, avant la révolution de 78′, fait l’éloge du Shah, sans discussion possible, et, après, le voue aux gémonies et fait sienne la loi qui veut que toutes les filles doivent se couvrir de la tête aux pieds.

Combien de professeurs sont prêts à enseigner à leurs ouailles que les colonies ont eu un impact positif sur les populations soumises? Je veux dire: des professeurs d’aujourd’hui, normalement avertis, qui savent, qui ont étudié récemment, qui ont mai-68, Charonne et autre guerre d’Algérie derrière eux, que le colonisateur n’est pas légitime et que, si leurs vies n’étaient pas parfaites, les peuples colonisés n’ont pas bénéficié de la présence occidentale. Combien de professeurs, si on leur impose demain d’enseigner le contraire, oseront risquer leur salaire?

Combien de temps a-t-il fallu pour que les mutineries de 1916-1917 ne soient plus vues comme des trahisons à la patrie au cours d’histoire? Pour que Paris s’arroge enfin une Place de la Commune?

Si nous devons toucher un salaire pour notre travail d’enseignant, nous mettons en jeu notre intégrité, notre sens critique, notre loyauté envers nos élèves et notre matière. Selon moi, c’est contraire à la vocation de l’enseignant (tout comme de l’assistant social, du journaliste, du médecin, etc.).

Voilà pourquoi l’enseignant ne peut pas être professionnel. Parce qu’il doit être libre et sans contrainte; l’enseignant, comme l’artiste ou le chercheur, ne sera certain de pouvoir faire un bon travail que s’il l’exerce en conscience et dans le respect ce qu’il fait, et de ce pour quoi et pour qui il le fait. Son revenu ne peut dépendre de son activité d’enseignant: il doit donc être libéré de la nécessité de respecter un contrat et donc être assuré du minimum vital sans devoir rendre de comptes sur l’objet de son enseignement.

Qui surveillera l’enseignant? Vous, camarades, pas l’État, en qui votre confiance est mal placée… Ni une officine privée qui n’aura pour but que de servir les objectifs de ses financiers.

Au boulot…

à venir: définitions de l’école et de l’auto-discipline.

Ne rien savoir…

Friday, June 6th, 2008

Ne rien savoir, être loin, être impuissant, se demander pourquoi…

Silence. Une courte info. Un rien. Un mélange de dépêche et de demi-reportage. Se fier à ses collègues, c’est terrible, car on sait ce qu’ils valent. Solidarité? Ha! Tu parles!

“Quand ils ont arrêté une communiste, je n’ai rien dit…”

Ce n’est peut-être rien, on a encore l’illusion qu’on est en dém…

Arrête, c’est dégueulasse: on utilise pas un mot pareil pour…

Attends, attends, tout va s’arranger…

Et moi, je fais quoi? -Tu arrêtes de penser à toi, tu te dis que les potes sont là-bas, sûrement à la porte de la turne des bleus et qu’ils attendent qu’elle sorte.

Oui, voilà, ils ne peuvent rien faire, parce qu’on est quand même un peu trop… On n’est pas aussi nombreux que ces imbéciles cocus qui réclamaient plus de sécurité, plus de (haha) justice et plus de blanc partout à 300.000, mais on est trop nombreux pour qu’ils nous fassent tous taire…

Attends, attends, tout va…

Non: tout ne s’arrangera pas tout seul. Il faut faire s’arranger les choses…

Un jour, ils s’en prendront à ceux qui… Ils s’en prennent déjà à ceux qui…

Attends, attends…

“Quand ils sont venus arrêter ma fille, mon père, ma femme, mon ami…”

Ne rien savoir, attendre, se dire que, là-bas, elle dort peut-être derrière les barreaux, ou peut-être est-elle dans son lit. Peut-être est-elle avec son ami. Peut-être sourit-elle. Mais ne rien savoir, même si ce n’est pas dans les pires circonstances qu’on puisse imaginer -oh, loin de là-, c’est beaucoup trop laisser de place à trop de pensées.

Ce n’est peut-être rien. C’est peut-être rien, dites…

Aprés tout, ils n’ont rien. Il n’y a rien là derrière, c’est une fois de plus leur technique de terrorisme larvé qu’ils sont seule capables d’utiliser.

Ce ne serait pas la première fois qu’avec rien…

“Quand ils sont venus m’arrêter…”

Bande de débiles, pourquoi toujours vouloir faire pire, toujours pire, sans cesse pire…

Ne rien savoir…

Ne rien savoir…

Demain, je saurai sûrement, demain, je serai rassuré… mais en attendant, je dois dormir, je dois veiller, je dois attendre…

Ne rien savoir…

Ne rien savoir…

Le libéralisme à l’américaine

Sunday, June 1st, 2008

Ne voilà-t-il pas que j’en apprends de belles sur le pays du libéralisme, dont j’avais déjà égratigné les principes économiques ici.

Si vous allez jeter un oeil ici, vous découvrirez qu’en 1977 (sous le règne du très stalinien Jimmy Carter, donc), les USA ont voté une loi (jamais abrogée, que ce soit sous Reagan, Bush père, Clinton ou Bush fils) qui dit, en substance, que l’argent déposé sur les livrets d’épargne dans les p’tites banques doivent être investis par lesdites institutions libérales dans les localités dont sont issus les déposants…

Si ce n’est pas une restriction à la liberté de disposer de l’argent des autres, ça…

Cela dit, petit clin d’oeil à ceux d’entre mes lecteurs qui croiraient encore à la soc-dem, voire au libéralisme contrôlé, c’est un type de loi qui a le mérite d’obliger le capitalisme bancaire à réserver une part de son gâteau pour le développement local. “think global, act logal”, comme disait l’autre.

Personnellement, je n’y attache pas tellement d’importance, puisque je ne crois pas au capitalisme, même si les banques étaient nationalisées, mais c’est un sujet de conversation intéressant à discuter au PS -français ou belge-, histoire d’inventer un nouveau vernis pour prétendre qu’on peut faire de la gauche avec de la droite ou vice versa.