Vive l’école buissonnière (professeurs protégés 3)

Suite de professeurs protégés 1 et 2 et de J’en saigne.

Plus on rencontre des gens, plus nous aurons la chance de trouver ceux qui compteront pour nous -et mieux vaut commencer tôt.

En primaire, la plupart des enfants ont entre trois et six professeurs (sans compter l’adjudant de la gym et le prof de religion-morale).

En secondaire, ce chiffre explose… Personnellement, j’ai eu 5 professeurs que j’ai trouvés réellement intéressants sur la quarantaine que j’ai dû avoir.

Ça fait peu…

Je pense à certaines rencontres que j’ai faites tardivement, de personnes intéressantes, vraiment, que je voyais une, deux fois, à l’occasion de souper à la maison, chez ma mère… de conversations fabuleuses avec telle amie de ma mère qui me fit découvrir ma romancière favorite ou avec tel autre type rencontré par hasard -et qui s’avéra être le frère de ma prof d’histoire -bien plus intéressant que la soeur…

Des personnes dont j’ai gardé le souvenir vague, mais qui n’avaient pas le temps matériel pour parler régulièrement avec un gamin de 14 ans…

J’ai eu la chance d’avoir des parents pas idiots -bien qu’ils m’aient laissé enfermé dans ma prison pendant 12 ans-: j’ai pleinement profité des vacances “vivantes” qu’ils m’ont offertes dans des camps de “sports-études” ou des quinzaines de cours de langue (dont une où je suis tombé amoureux pour la première fois -de ma prof d’anglais).

J’ai découvert les bibliothèques à l’âge de 6 ou 7 ans avec ma maman qui avait yoga juste à côté. Je suis resté abonné… Quand j’ai enseigné la morale à des gamins de 16 ans à Jemelle, je les ai emmenés dans la bibliothèque communale de Rochefort, pas mal du tout… C’était la première fois qu’ils y allaient -et c’était la première fois qu’un prof emmenait des élèves de mon école dans cette bibliothèque… Deux ont pris une carte ce jour-là… C’est toujours ça…

Quel travail, rien que de se rendre compte que les collègues vous laissent tout le travail…

Mais moi j’avais plus de temps, je n’étais pas pressé, je n’avais pas de voiture à payer, ni de famille, et encore moins de maîtresse… J’étais ouvert à la déprofessionnalisation de mon occupation, je pouvais facilement rester deux heures de plus à l’école pour ranger les pots de peinture avec mon collègue d’expression artistique, un gamin de 25 ans bourré d’enthousiasme qui a fait décorer les locaux immondes des préfabriqués de Jemelle par ses ch’tits élèves de 4e, 5e et 6e technique animation…

Dans la même école, j’ai donné plusieurs cours à l’extérieur -et ils me donnaient envie d’aller donner cours dans les bois pas loin, ou dans les champs, d’aller visiter la ferme où l’un de mes élèves travaillaient déjà en dehors des cours avec son père…

Je me souviens encore d’un prof de mon école -enfin, pas vraiment: un intérimaire qui refusait de se faire nommer quelque part.
Que de souvenirs avec lui! Des choses étranges, spéciales… Un cours près de l’étang du parc… Des leçons entières qui n’étaient que des dialogues entre quelques élèves et lui -qui se rendit compte que le programme, ben, il allait falloir s’asseoir dessus…

Mais quels heures extraordinaires passées sur Hugo, Baudelaire et Rimbaud!

Ça vaut tous les Lagarde&Michard du monde ça

Goliomitis, il s’appelait, tiens… Hommage… Un prof que j’ai eu trois mois à peine… Un congé de maternité…

One Response to “Vive l’école buissonnière (professeurs protégés 3)”

  1. Pierre Goliomitis Says:

    Monsieur Thito,
    Merci pour votre hommage.
    Je serais davantage ravi si vous pouviez m’envoyer un courriel où vous dévoileriez le secret de votre pseudo.
    Au plaisir de vous lire,

    Pierre Goliomitis

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