Archive for October, 2013

La voie est dans la ruelle.

Tuesday, October 22nd, 2013

Librement inspiré de ceci

La ministre Sabine Laruelle a averti hier le Machin Réformateur qu’elle arrêterait sa carrière politique en 2014. Elle ne compte plus siéger comme députée et ne sera pas sur les listes aux prochaines élections. (…) Elle veut partir avant de devenir trop cynique. Mais, tout de même, elle compte bien empocher sa prime de sortie parlementaire… Bref, elle démissionne, mais fait comme si on la licenciait. Attendez, non, c’est pas tout à fait ça, mais… Bon écoutons-la.

Sabine Laruelle (MR) a annoncé hier qu’elle mettrait fin à sa carrière politique en 2014. La ministre fédérale en charge des paysans, des petits exploiteurs… -tants (-tants, -tants, j’ai rien dit), et des vampirisés, ne participera même pas aux prochaines élections. Cette nouvelle a pris tout le monde entier de court, y compris au sein de son cabinet de toilette et à la CIA. Pourtant, elle a mûri cette décision depuis des mois (voire depuis des années, on n’a pas approfondi l’analyse).

Pourquoi annoncer maintenant votre départ? Il y a eu un événement spécial? Un coup dur politique de trop? On a raté un truc?

Les mots en gras sont vraiment de la blonde. Les trucs en italique sont vraiment du journaliste. Enfin, de l’interviewer… Du truc, là, qui sert la soupe…

Non, rien de spécial. Pourquoi annoncer cela maintenant ? Je m’ennuie. Faut bien se rendre compte que je n’ai pas un boulot, comme, disons, je ne sais pas, moi, un postier qui se lève tous les matins à cinq heures pour de nouvelles aventures jusqu’à l’âge de 65 ans. Ou un prof’, qui ne sait jamais ce qui va lui tomber sur la tête dans sa classe (d’ailleurs, ses élèves ne le savent pas non plus, c’est souvent de l’impro, c’est cool non?). Je ne veux pas faire la législature de trop, j’ai envie de nouveaux défis. Des trucs de ouf! qu’on ne fait pas au gouvernement, comme de commander soi-même une pizza chez Rob, ou de faire du vélo sur une piste cyclable…

Pourquoi serait-ce pour vous “la législature de trop”?

Je veux partir avant de devenir aigrie, stratège, alimentaire… Ma motivation s’érode. Je vais avoir 50 ans il faut savoir se remettre en question, c’est le bon moment de me demander ce que je veux faire des quinze prochaines années. Vous ne croyez pas qu’un ex-métallo de chez Mittal, ou un employé de CPAS devrait se poser la même question? Et la réponse est : faire autre chose que de la politique, je veux me mettre en danger. Ca, c’est le truc qu’un petit salarié, vous voyez, ben, il peut pas comprendre…

Pour faire quoi? Vous avez sûrement une idée quand même…

Je n’ai rien de prévu pour après. Enfin, rien jusqu’après mes vacances dans le Rif. Ca tombe bien, l’hiver arrive, je vais aller rectifier mon bronzage dans le Sud. Peut-être travailler dans une organisation internationale, dans une ONG… Ou alors reprendre des études. Le ciel est la limite, comme ils disent au pays de la droite décomplexée. Voilà ce qu’il faut se dire: il faut se donner l’occasion de se lancer! Vous allez me dire que la fille qui émarge des titres-services n’en a pas les moyens? Et alors? Elle n’a qu’une vie: ‘faut qu’elle arrête de s’en faire: si elle se plante sur ce coup-là, elle peut toujours se jeter d’un pont ou se pendre dans le bureau d’un de ses innombrables ex-patrons pour lui donner une bonne leçon.
Si je restais après 2014, je sens que je n’aurais plus assez d’enthousiasme. Tout m’énerve plus vite qu’avant. Ce n’est pas une solution facile, j’aurais pu choisir de rester députée. On est blindés de tunes et on n’a pas grand’chose à faire, on paie pas la plus grande partie de nos frais et ce sont les petites mains qui nous mâchent le travail.

Mais vous pourriez quand même pousser les listes. N’est-ce pas un gâchis pour le MR en province de Namur pour les prochaines élections?

Il faut rester modeste, personne n’est irremplaçable (rires, puis silence, puis de nouveau rires, puis reprend son sérieux). Il faudra réfléchir autrement pour la composition des listes, c’est vrai. Mais il y a des talents : François Bellot, Richard Fournaux, Anne Barzin… Bon, vous avez raison, ça risque quand même de faire un sacré gâchis pour le MR… Mais, bon, en même temps, on s’en fout… Comme si ça allait changer quelque chose dans la composition du prochain gouvernement. (rires derechef)

Donc vous quitterez aussi le Parlement en 2014. Avec votre prime de fin de législature?

Vous avez entendu ce que je viens de vous expliquer? Vous êtes sourd ou quoi? Je n’ai plus rien après. Rien de rien! La gêne, mon gars. Mon diplôme d’ingénieur agronome? Mais je l’ai hypothéqué, mon pote. Je vais vivre de quoi? Vous allez me donner une allocation? Vous vous imaginez que je vais vivre longtemps avec les 3000 euros du chômage? Quoi, c’est pas 3000 euros? Ouais, bon, j’en sais rien, moi… Je ne pars pas pour un autre poste ailleurs ni pour diriger une entreprise publique, moi… Donc là, je n’ai rien après. Je ne sais pas où j’en serai dans sept mois. Le chômage et son cortège de misère, comme disait Blier… Enfin, heureusement, j’ai mon carnet d’adresses… (murmure) Faut bien que ça serve à quelque chose d’être député…

Votre prime parlementaire s’élèvera à combien?

Je n’en sais rien du tout. Mais, cette prime, ça sert justement à ceux qui quittent la politique, non? Bon, d’accord, moi je la quitte volontairement, mais après dix ans quand même… Dix ans de service dans le confort total, le chauffage central et la vie royale. On ne renonce pas à ça sans une petite compensation, non? En plus, si je ne trouve pas un truc à ma mesure, je n’aurai plus droit aux feux de la rampe… J’adore ça, les caméras, les journalistes… Vous faites quoi, après le bouclage?…

Heu… Certains aspects de la vie politique ne vous ont jamais vraiment intéressée: les sections locales, les soupers-boudins… Vous quittez tout cela aussi.

Les soupers-boudins, ça n’a jamais été ma tasse de thé, c’est vrai. Parler avec des retraités, des employés, des pauvres… Pff… En plus, la qualité de la bouffe, je vous dis pas… Par contre, j’adore parler à des conférences et porter des dossiers au gouvernement. Ca, c’est super délire. On m’a tout préparé, je dois juste apprendre des petites phrases choc par coeur et les répéter jusqu’à ce qu’elles deviennent des vérités, et les dossiers, c’est génial aussi: les intercalaires de couleur, les chemises en plastique, les rondelles pour les trous. C’est un monde, vous savez. ‘Faut absolument que je trouve un autre boulot où je pourrai avoir tout ça, mais sans les soupers-boudins.

Vous voulez aussi éviter de vivre la prochaine période de formation du gouvernement qui risque d’être très difficile?

Boh, non, ça c’est plutôt rigolo… Vous vous rendez compte? La dernière, 500 jours sans gouvernement! Ca voulait dire qu’on travaillait finalement encore moins que d’habitude! Même pas de dossiers du gouvernement à traiter! Je pouvais me contenter de compter mes gommettes et de vérifier mon stock d’intercalaires! Tout ça pour le même salaire! De temps en temps une réunion avec les socialos… C’était plutôt rigolo, on ne devait même pas se coltiner les flamands: c’est Elio qui s’occupait de tout… Enfin, Elio… Son équipe quoi, parce que, bon… C’est pas Louis qui lui a appris la langue de Vondel, hein… (rires)

Vous avez dit ce lundi à vos collaborateurs, en annonçant votre départ en 2014, qu’ils ne seraient pas “recasés” ailleurs…

Qu’ils se démerdent!