Faut-il souhaiter que les plans Paulson-Brown-Barroso-Merkel-Sarkozy-Reynders (et variantes) fonctionnent ?

Ceci est la suite des posts précédents:
Les riches vont-ils être moins riches,
Le socialisme pour les riches,
Le libéralisme, le néo-libéralisme et le capitalisme.

(Accessoirement, barrez dans la liste des noms ci-dessus les mentions qui vous font le plus rire)

(accessoirement deux, ça ne fait pas trop mal aux culs des Européens de cette bande d’avoir faussé complètement le jeu de la concurrence cher aux principes de l’Espace Économique ?)

Imaginons les deux situations :

1) les plans fonctionnent et les banques se récupèrent dans un délai considéré comme raisonnable par les acteurs du marché1, ce qui permet, à terme, aux États de revendre leurs participations et de se voir rembourser leurs prêts. Dans ce cas, il nous reste à considérer deux situations : celle où les États récupèrent au moins leur propre mise, avec un profit éventuel qui étonnerait tout de même pas mal ; l’autre, plus vraisemblable, où les États, heureux du retour à la normale2 de l’économie de marché libérale, s’affirmeront prêts à renoncer à une partie de leurs mises que les banques ne « parviendront » pas à rendre.
2) Les plans ne fonctionnent pas, et c’est là que ça devient cocasse. Car alors, il faudra envisager une chute de confiance terrible de la part du public, des replis nationaux, voire régionaux, et en tout cas sociaux. Les plus petits s’en prendront plein la gueule et il y a fort à parier que, sur le modèle d’un discours récent de notre futur retraité de la Maison Blanche, sous prétexte de sauver ce qu’il reste du « système économique », tout un tas de barrière sécuritaire vont nous tomber sur la tête –comme si nous n’en avions pas assez.

Personnellement, entre Charybde et Scylla, entre peste et choléra, je n’ai jamais réussi à trancher.

Car, donc, 1) si les plans fonctionnent, et quelle que soit l’alternative, cela servira de blanc-seing aux « acteurs du marché » pour continuer leurs méfaits comme avant3. Autrement dit, rien ne changera structurellement, et les seules victimes réelles de ce petit incident de parcours qu’on appellera la crise des subprimes dans les livres scolaires seront les quelques centaines de milliers de personnes qui auront perdu leurs maisons, les quelques dizaines de milliers de petits actionnaires qui n’auront pas été informés au bon moment qu’il fallait vendre ou acheter, et surtout les quelques centaines de millions de pauvres qui auront, eux, soufferts de la montée des prix et des fermetures de crédit bien plus que les classes moyennes ou aisées4.

2) Si les plans ne marchent pas, la situation économique mondiale va encore se crisper. Ce ne serait rien si l’économie virtuelle n’avait pas un pied sur la carotide de l’économie réelle. Certes, dans ce cas-là, un plus grand nombre de vrais responsables économiques vont se casser la gueule. Mais il y en aura toujours assez pour continuer à nous tenir par les bourses5. Et ce ne sera de toute façon qu’une maigre consolation en regard de toutes les compressions, rationalisations, restructurations, limitations, restrictions, de tous les gels de salaire, appels à la raison et au calme, mouvements sécuritaires et autres replis racistes.

Pour autant faut-il espérer que les plans fonctionnent ?

Et puis quoi encore ?

  1. Vous me rappelez qui sont ces cons ? Je veux dire : ça ne vous défrise pas que les médias les plus lus et vus ne se bougent même pas un petit peu pour vous dire que la situation de l’économie dépend de zouaves non-identifiés dont les humeurs et les tendances psychotiques influent directement sur notre « employabilité » ? []
  2. Faut le dire vite. []
  3. C’est d’ailleurs en gros la thèse assumée de certaines autorités économiques comme Antonio Delfim Netto, conseiller de Lula et chroniqueur à CartaCapital, en plus d’être un ancien ministre de l’économie sous la dictature brésilienne. Bonjour la référence. []
  4. Toujours selon Delfim Netto, « la crise est la norme » (CartaCapital des 22 octobre et 12 novembre 2008). Il faut donc considérer ses effets comme normaux. En outre, selon lui, le capitalisme en ressort raffermi car il se guérit de ses défauts au fur et à mesure. Le problème, c’est que s’il guérit, à chaque fois il laisse des millions de victimes, et que, toujours selon le même, il y aura des crises à l’infini. Alors, est-ce la peine de soutenir un tel système, dont en outre la nature se réjouit des guerres et profite des crises ? []
  5. Jeu de mots horrible []

5 Responses to “Faut-il souhaiter que les plans Paulson-Brown-Barroso-Merkel-Sarkozy-Reynders (et variantes) fonctionnent ?”

  1. Monsieur Y Says:

    Moralité ? Vive la crise ?

  2. thitho Says:

    J’ai dit ça?

  3. Monsieur Y Says:

    Non … c’était juste pour dire …

  4. julien uh Says:

    Le fait est que que les plans fonctionnent ou non on a déjà la baffe sécuritaire dans la gueule et cela ne changera pas. Qu’ils fonctionnent ou non, on ressent déjà les conséquences économiques, réelles. Et crise ou pas crise, nous sommes tous les jours un peu plus citronnés.
    Et même si les plans fonctionnaient, il leur faudra du temps pour tourner à plein régime alors que les conséquences matérielles sont déjà là. En fait mieux vaudrait se demander comment exploiter ce moment de crise pour mieux résister : d’un point de vue politique, s’entend, mais également économique. Si les petits épargnants que sont nombre de travailleurs arrêtaient d’investir en bourse, de réclamer des salaires nets plutôt que bruts, variables plutôt que fixes, ce serait déjà pas mal.

  5. Xtof Says:

    Tout à fait d’accord avec toi Julien, la précarisation devient monnaie de plus en plus courante, même et surtout dans les pouvoirs publics, l’utilisation de main d’oeuvre indépendante étrangère suit le même chemin, dans la construction en Belgique de plus en plus de Brésiliens arrivent sur le marché, tant mieux pour eux me direz-vous, mais -est-ce bien normal tout cela ?
    La résistance, oui, mais en un bon bloc uni et pas chacun chez soi!

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