la religion est une trop vieille reliure

Pendant que des évêques et d’autres imbéciles au Brésil ressortent le vieux discours anti-athée contre la candidate du PT, comme cela arrive régulièrement en Amérique Latine1, mais aussi dans des pays réputés “développés” (sans rire), y compris dans “la plus grande démocratie du monde” (comprenez les USA, où l’ingérence religieuse est une des plus pernicieuses qui soient), on apprend qu’une dizaine de personnes, dont des enfants, pris d’une peur panique à la vue d’un homme qu’ils ont pris pour le diable, se sont jetés par la fenêtre du deuxième étage de leur immeuble, provoquant la mort d’un bébé parmi eux. Ça, c’était dans les Yvelines, en France. Un pays éclairé par les principes des Lumières, mais dont le président baise les genoux du Vatican quand il veut regagner les voix de l’électorat traditionnaliste…

L’influence de la religion, des religions, sur la société n’a plus rien de positif, si même elle a pu l’être dans le passé. Elle abêtit, éloigne de la raison, de la science, sous des prétextes oiseux; elle dénature d’ailleurs l’existence même de celle-ci, la faisant passer pour une adversaire avec une vie propre, alors que la science n’est qu’un instrument dans les mains des hommes, une méthode, pas une doctrine.

Les scientifiques qui utilisent la science en cherchant -du mieux qu’ils peuvent, ils sont humains aussi- à établir des faits en fonction d’une méthode rigoureuse, sont régulièrement condamnés par des obscurantistes arc-boutés sur leur foi et leurs préjugés plusieurs fois millénaires. Leur dénier une conscience sous prétexte qu’ils seraient athées ou éloignés de la foi est digne des discours qui, il y a 300 ans et plus, déniaient aux Indiens et aux noirs la possession d’une âme que l’on réservait plutôt aux blancs -alors même que l’existence de l’âme n’était qu’un acte de foi.

Si les religions n’étaient pas autorisées de s’exprimer sur la scène politique, et en dépit de tous les autres défauts de celle-ci, l’histoire compterait probablement bien moins de dictatures, d’autres auraient moins de prétextes pour exister et l’on pourrait parler infiniment plus librement de sujets importants, principalement liés à la médecine et la santé, à la liberté des femmes concernant leurs corps, aux progrès scientifiques

Les religions, qu’elles demandent pardon, se corrigent, se réforment, ou au contraire se replient sur leurs principes, reviennent aux principes les plus sectaires, sont toujours en retard par rapport à l’évolution de la société vers un mieux-être, l’égalité, la liberté, l’émancipation des femmes, des hommes, des enfants, la reconnaissance des droits de chacun et de tous.

Les religions, quand elles sont considérées comme une liberté privée, non seulement empiètent sur la liberté des enfants soumis aux parents, mais en réalité s’arrogent toujours plus de privilèges de paroles au niveau public et collectif. Quand une religion est minoritaire, elle réclame automatiquement plus de tolérance, qu’elle dénie quand elle se sent en position de force. Pape, imam, évêque, lama, marabout, rabbin, même combat contre la vérité factuelle et la recherche du bonheur terrestre -le seul véritablement prouvé comme possible.

La religion, au singulier, si elle relie les hommes -comme elle le prétend, ce que je ne vois pas qu’elle fasse en réalité-, est une reliure qui sent le moisi et ne répand plus que des champignons qui détruisent la fibre des individus et interdit ou freine toute véritable relation humaine libre et vivante.

La religion ne devrait plus avoir droit au chapitre au niveau public.

  1. On en a régulièrement des exemples un peu partout, en particulier en Bolivie, au Vénézuéla, au Honduras, en Equateur. []

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