Archive for November, 2009

Quand un état de droit reconnaît une dictature…

Sunday, November 29th, 2009

… c’est encore un état de droit?

La lutte armée est-elle soluble dans la démocratie bourgeoise?

Saturday, November 28th, 2009


La révolution, la révolte, les mouvements violents, ce n’est pas bien, comme l’a si joliment repris Serge Halimi dans un article de l’édition de mai 2009 du Monde diplo, d’après l’opinion des partisans de la fin de l’histoire de Fukuyama, Francis, idéologue néoconservateur.

La lutte armée, c’est anti-démocratique, surtout si vous habitez le Chiapas ou la Colombie, par exemple. Mais c’était déjà valable au Congo du temps de Mobutu -jusqu’à ce que Kabila père et fils prennent le pouvoir- et au Népal, avant que les maoïstes ne permettent la déposition du régime de “démocratie imparfaite” chère à Loulou Michel. De même que la résistance à l’installation des gouvernements pro-alliés en Irak ou en Afghanistan ne peuvent en rien être légitimés. Ne parlons pas de ces infâmes antisémites que sont les terroristes palestiniens (sémites, eux aussi, au passage).

Bref, la lutte armée est illégitime; elle ne peut en aucun cas amener la démocratie, ni assurer le commer… la liberté, voulais-je dire.

Bon…

Y’a des exceptions, il paraît…

Les Moudjahiddins du peuple se battaient contre les infâmes communistes soviétiques et, eux, ça va… Enfin, ça allait jusqu’à ce que le régime de Moscou se casse la gueule… Maintenant, on aimerait bien qu’ils se calment.

Les Contras, au Nicaragua, c’était pour le bien du peuple qu’ils se battaient, si, si. Du moins, Reagan et consorts les apuyaient-ils.

La déposition armée d’Allende au Chili et du régime Péroniste1 en Argentine, c’était pour restaurer la démocratie.

Les exemples, d’ailleurs, de “lutte armée pour la démocratie” ne manquent pas en Amérique Latine, soutenue de près ou de loin par l’USAID de sinistre mémoire. Mon pays d’adoption, le Brésil, a subi un coup d’état violent2 dont le but était d’éviter la bolchevisation du plus grand pays de la région. La liberté (d’entreprise et de consommation, sans doute, mais pas du plus grand nombre) était à ce prix.

Il semblerait que la lutte armée ne soit pas toujours illégitime, en dépit des minauderies des défenseurs de l’État de Droit(e) actuel. La violence révolutionnaire, sans laquelle nous nagerions sans doute encore dans les monarchies absolutistes depuis la France jusqu’en Russie, et des colonies américaines à celles d’Asie et d’Afrique, ne trouve grâce auprès des bonnes âmes -comme par exemple Gilles Martin-Chauffier dont la critique de Rouillan, l’ancien d’AD, déborde de “lubies thermidoriennes”, “Révolution, vieille reine tyrannique”, “les Huns de la rue Gay-Lussac”, “bouffonerie tendance juchée sur les échasses de la Commune”3- que lorsqu’elle défend les “valeurs” (boursières) du Premier Monde.

D’un autre côté, nos démocraties (formelles) s’appuient souvent sur des régimes autoritaires sous les prétextes les plus divers. Depuis combien de temps nos beaux gouvernements sont-ils les alliés de l’Arabie Saoudite, du Gabon, de l’Algérie, de la Tunisie, et même de la Birmanie, alors que les dirigeants de ces pays n’admettent aucune opposition? C’est en dizaines d’années, en génération, qu’il faut compter le renoncement des démocraties (formelles) en faveur de régimes dictatoriaux violents parce qu’économiquement et stratégiquement cela leur convient bien.

Cette complicité va parfois jusqu’à la couverture d’assassinats d’opposants (pour ce qui concerne les gouvernements algérien ou russe par exemple). Sans compter les emprisonnements arbitraires ou les tortures, les vexations, les interdictions, les exils…

On ne peut condamner la lutte armée sous prétexte que celle-ci se décrédibilise par son essence violente et faire reposer sa propre pseudo-légitimité sur des choix stratégiques aussi discutables. Pour que nos régimes aient un minimum de cohérence, il faudrait qu’ils n’aient aucune relation commerciale ou diplomatique avec des régimes où les droits qu’ils reconnaissent (et accordent, disons, le plus souvent) à leurs propres ressortissants sont déniés.

Mais ne rêvons pas: alors que les vierges effarouchées de l’Union Européenne se désolaient sur la fin de la licence de la chaîne putschiste de télévision RCTV au Vénézuéla, que les USA se pincent le nez en évoquant une possible fin de l’embargo sur Cuba, que les défenseurs des droits (de propriété) de l’homme se pâment devant les atteintes faites aux latifundiaires de Bolivie, que les médias principaux se refusent à donner la parole aux mouvements les plus émancipateurs parce qu’ils remettent en question leur soumission au capital (via la publicité qui s’étalent entre leurs rubriques économiques et leurs fiches cuisines), il ne saurait être question de reconnaître à un peuple de se libérer par la force des armes.

N’empêche, le t-shirt Che Guevara est probablement le plus vendu dans le monde.

La lutte armée n’est peut-être pas soluble dans la démocratie, mais son marketing est inusable…

  1. Dont je ne me ferais pas plus le défenseur que de l’actuel en Belgique. []
  2. Bien que “le sang n’ait pas été versé”, grâce ou à cause de la renonciation de son président légitime de l’époque, le social-démocrate João Goulart. []
  3. Paris Match, 14 mai 2009, p. 39. []

“Il y a des signes qui ne trompent pas…”

Tuesday, November 10th, 2009

Vainqueur (au féminin) du prix Goncourt, Marie Ndiaye s’est vue rappeler à l’ordre par un député de la majorité, en France, Eric Raoult. Celui-ci n’a pas apprécié les paroles prononcées par la lauréate (d’origine partiellement sénégalaise):

Je trouve cette France-là (de Sarkozy) monstrueuse. (…) Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d’une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j’aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : “La droite, c’est la mort.” Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible.

1

Le sieur Raoult, offusqué, s’est sans doute rappelé les relations artistes-États sous l’Ancien Régime, lorsqu’il a émis la nécessité d’un “devoir de réserve dû aux lauréats du Prix Goncourt”2.

Pour autant, ceci est loin d’être une nouveauté: les personnalités peu enthousiastes, voire agressives à l’égard du gouvernement de Nicolas Sarkozy ont tendance à avoir certaines difficultés ces derniers temps. Pour preuve le vent qui souffle dans le dos de certains humoristes radio comme Didier Porte ou des Guignols de l’Info qui plaisent de moins en moins à Sa Majesté. Il y a des signes qui ne trompent pas…

Heureusement qu’il a épousé une femme “de gauche”…

  1. Dans les inrockuptibles, pourtant gentillets. []
  2. Voir le peu révolutionnaire Libération. []

Tristes Tropiques

Thursday, November 5th, 2009

Hommage au grand bonhomme qu’était Claude Lévi-Strauss, co-fondateur de l’université de São Paulo, grand connaisseur du sous-continent amazonien…

Juste pour ça…