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Chronique des élections présidentielles locales III

Sunday, June 27th, 2010

Résumé des épisodes précédents:
Trois candidats, principalement, se disputent le siège de la présidence à partir de l’an prochain, au Brésil: José Serra, Dilma Rousseff et Marina Silva. Beaucoup d’intérêts s’entrechoquent autour d’eux.

Troisième partie: Marina Silva, actuellement créditée de 8 à 12% des voix au premier tour.

Membre du PT de la première heure, ex-ministre de l’environnement du Président Lula pendant près de six ans, Marina Silva a un parcours pour le moins atypique.

Originaire d’Acre, elle a grandi dans une famille très pauvre, dépourvue de droits scolaires pendant toute son enfance et n’a appris à lire et à écrire -contre le désir de son père- que… grâce à une maladie qui a failli la tuer et l’a clouée au lit suffisamment longtemps pour lui laisser le loisir de s’instruire. Elle ira ensuite jusqu’à l’université; à son crédit, malgré sa réussite, de refuser de servir d’exemple pour montrer que, même partant de rien, on peut arriver à tout: pour elle, être une exception ne permet pas de déterminer une règle. Et de continuer de réclamer un meilleur enseignement public.

Ensuite, elle a failli entrer au couvent. C’est un mariage qui l’en empêchera (elle a divorcé depuis). Plus tard, de catholique, elle virera évangéliste -c’est-à-dire membre d’une secte religieuse protestante. Entretemps, elle aura rencontré Chico Mendes, LE militant seringueiro des années 80′, assassiné pour avoir été une véritable épine dans le pieds des gros propriétaires terriens. Elle se consacrera à corps perdu à la cause de Chico Mendes.

Militante historique du PT depuis ses origines ou presque, Marina sera longtemps derrière Lula. Aujourd’hui, elle a quitté son parti, rejoint le PV (parti prétendument vert) et se présente aux élections sous cette couleur. D’aucuns estiment qu’elle pique des voix à Dilma Rousseff, la candidate de Lula, et qu’elle risque de soutenir indirectement José Serra. Sachant qu’il y a deux tours d’élections, ce raisonnement est pour le moins sujet à caution. Mais soit.

Revenons à la personne de Marina Silva.

Elle a la réputation de défendre exactement ce qu’elle dit, ce qui semble corroboré par sa sortie du gouvernement deux ans avant les élections; jusqu’au début de l’année, elle ne semblait pas destinée à se présenter. Ministre, elle a tenté de défendre, dit-elle, les intérêts de la nature, des peuples indigènes, elle était internationalement reconnue comme ZE militante écologiste. Ce qui ne l’a pas empêchée de participer -six ans!- à un gouvernement qui a poursuivi les programmes d’expansion de l’agriculture et de l’élevage sur les terres de l’Amazonie et de réalisation de gros ouvrages tels des barrages et des usines à gaz, sans compter le programme nucléaire local soutenu par la France: ses luttes avec le ministère de l’énergie et celui de l’agriculture se sont généralement soldées par des échecs. Elle a, semble-t-il, avalé pas mal de couleuvres sous le couvert du “réalisme” économique.

Même si l’on devait supposer une sincérité brimée et frustrée dans son chef, on ne peut s’empêcher de retoquer Marina Silva sur une récente déclaration qu’elle a faite dans le magazine Istoé: à la question “accepteriez-vous le financement de l’entreprise Vale?”, elle a répondu qu’elle estimait que cette entreprise respectait le droit social et l’environnement et que, oui, s’ils la contactaient, elle accepterait leur soutien.

Or, Vale est largement critiquée dans la presse de gauche (Caros Amigos, Brasil de Fato ((Caros Amigos: le site se trouve ici, mais vous devez naviguer dessus pour trouver la référence dans le numéro de mai 2010 de l’article Vale, a mineradora com as mãos sujas de sangue de Tatiana Merlino; et Brasil de Fato: Vale est une transnationale dont les pratiques sociales et environnementales sont combattues dans le monde entier.))) précisément pour son mépris pour les droits du travail et l’environnement dans l’ensemble des régions du monde où elle est active. De Marina, on craint une ignorance maladroite ou une tolérance coupable… Et ce n’est qu’un exemple qu’on pourrait multiplier.

Dans un autre registre, qu’on pourrait peut-être plus aisément lui pardonner, Marina Silva est hautement mystique, mélange allègrement les mérites de la science et de la foi ((Elle estime notamment que, si elle a été guérie de sa grave maladie étant jeune, c’est grâce à Dieu et à la médecine.)), s’oppose à l’avortement, par exemple, et n’accepterait de traiter des questions dites “éthiques” que via des réferendums. Il est clair que l’allusion à la démocratie directe devrait nous plaire ((Encore qu’elle critique fortement le régime vénézuélien pour son système participatif, allez comprendre.)), mais l’on sait parfaitement que l’influence conjuguée de toutes les sectes locales au Brésil amènerait fatalement plutôt à un recul des idées laïques qu’à des avancées.

Au total, même si, des trois candidats principaux, elle est la moins pire, Marina Silva, de jeune militante infatigable, est devenue, comme tous les autres, une jeune (elle a plus ou moins 50 ans) candidate infatigablement opportuniste.

Prochain épisode: José Serra

Chronique des élections présidentielles locales II

Friday, June 18th, 2010

Résumé de l’épisode précédent:
Petit topo sur les élections présidentielles brésiliennes.
En lice (officiellement à partir de ce week-end):
José Serra, du PSDB, qu’on dit ici du centre, mais que je verrais bien fort à droite, surtout question dialogue social;
Dilma Rousseff, du PT, chouchou de Lula, ex-coco, mais vouée à la Realpolitik et à la méritocratie;
Marina Silva, du PV, ex-ministre de l’environnement de Lula, très populaire, mais qui s’est fait plein d’ennemis aussi, et dont le côté mystique me gène.
-et quelques autres mandaïs, mais disons que, pour parler électoralement, il s’agit de quantités négligeables.

2e Partie: les forces en présence.

-le lobby financier et la banque centrale;
Patron de la Banque Centrale depuis la présidence (de droite) de Fernando Henrique Cardoso, Henrique Meirelles défend avec efficacité les intérêts des banques, grâce au taux d’intérêt régulièrement le plus élevé du monde. Sous prétexte de freiner une inflation qui était, jusqu’aux années 90′, l’un des fléaux du pays, le SELIC tourne toujours autour de 10% (Il est descendu à 8%, mais c’était un plus bas historique qui a été revu à la hausse suite à la crise), quand son homologue américain est virtuellement négatif (inférieur au taux d’inflation) et ceux des pays européens tournent autour de 1 à 2%. Les banques aiment ce taux, car il justifie leurs profits faramineux -sans bouger les oreilles-, alors que leur gestion a été reconnue régulièrement comme parmi les pires du mondes. La Banque Centrale fut et est l’un des cailloux constants dans les chaussures du PT au pouvoir depuis 2002: impossible de sortir de la dépendance des banques qui menacent constamment de replonger le pays dans le chaos pré-Lula. Ce dernier, en fait, a pactisé avec les banques afin d’établir ses grandes politiques de développement et de charité publique. Il a rejoint, ni plus ni moins, les mouvements “réalistes” des socio-démocrates européens.

-le lobby de l'”agronegocio” et les fazendeiros;

Ce lobby est à peu près partout au Congrès. Certains journalistes estiment à un tiers les congressistes qui y sont liés. Et tous les partis importants, ou presque, sont infiltrés par les tenants des grandes propriétés foncières. Leurs arguments sont connus: ils produisent une part majeure du PIB brésilien, sont responsables pour la plus grande partie des exportations du Brésil et nourrissent le peuple. Sauf que ces arguments tombent devant les défenseurs des droits sociaux et de l’environnement, et que les études les plus sérieuses montrent que le marché intérieur est surtout alimenté par l’agriculture familiale. Mais alors que celle-ci est très peu soutenue, l’agrobusiness, lui, reçoit la plus grande partie des subsides de l’état, paie peu voire pas d’impôts et bénéficie d’indulgences bancaires considérables. Leur influence est considérable dans le traitement de la réforme agraire -qui n’avance pas-, de la propriété de la terre -qui est entachée d’innombrables fraudes-, de la tolérance aux engrais chimiques et aux OGM, des droits du travail, des priorités en matière de déplacement des richesses et des capitaux.

-Les partis;
Les principaux partis sont presque tous nés après la dictature, mais deux d’entre eux, le PMDB (droite conservatrice) et le DEM (droite dure), sont les héritiers directs des deux seuls partis autorisés entre 1965 et 1985. Le PSDB (centre-droit genre MR ou UMP) est une dissidence du PMDB. Le PSol (plutôt gauche-extrême-gauche) et le PV (pseudo-écologistes) sont des dissidences du PT (ex-de gauche, genre PS) qui s’est déclaré le grand opposant à la sortie de la dictature. Il y a encore quelques partis, comme le PSB, le PDT, le PCdoB ou le PCB, qui sont des acteurs réguliers de la scène politique, mais plus petits. Leur importance est surtout liée au temps d’antenne à l’époque des campagnes électorales, car ce sont les alliances entre partis qui déterminent les quotas de chaque candidat ou de chaque cartel de partis. Ce qui donne une véritable enchère aux partis… Les défections des élus, qui passent d’un parti à un autre, sont légion, considérées comme un scandale par les uns, et un droit légitime par les autres. Je vous laisse deviner qui pense quoi.

-les mouvements populaires -le MST, et…;
Il faut être franc: les mouvements populaires au Brésil sont sous-considérés. Ils existent, au-delà du MST, mais ils sont terriblement faibles en raison de leurs relations soit au pouvoir en place, soit aux partis, soit aux syndicats. Le MST (avec le MTST) fait figure d’exception, ce qui explique l’extraordinaire campagne de diffamation dont il fait continuellement l’objet dans la presse générale (sauf évidemment dans la presse d’extrême-gauche, qui n’est pas négligeable). Ce mouvement gigantesque a certes des défauts (comme par exemple son aspect mystique prononcé), mais il n’est ni autoritaire, ni centralisé comme il a été parfois dépeint, même s’il suit des règles établies dès l’origine (il existe d’autres mouvements de sans-terre qui ne les suivent pas). Les différentes structures régionales jouissent d’une grande autonomie d’action et, si tout n’est pas horizontal, loin s’en faut, l’appui aux mouvements spontanés est systématique depuis les structures reconnues par les médias comme dirigeantes -et qui en fait suivent surtout les initiatives locales.

-les syndicats;
Ça ne vaut presque pas la peine d’en parler. Les syndicats sont tellement dépendants des financements “publics” qu’ils sont corrompus dans tous les sens. En outre, les droits de grève et de manifestation ici sont tels qu’ils font passer les régions européennes comme de douces localités libertaires.

-le clientélisme;
Sans doute la plus importante des influences politiques au Brésil. Des villes, des régions, des États entiers fonctionnent uniquement sur base des faveurs obtenues auprès des élus qui paient en “paniers de base” le choix qui s’est porté sur eux. Les structures quasi-féodales sont appelées ici “colonélisme”. Il y a un véritable rapport de suzerains à vassaux entre les potentats les plus grands et les plus petits, allant jusqu’aux milices privées, aux rabatteurs, aux informateurs… Le clientélisme au Brésil ferait passer les partis wallons pour des amateurs.

-les médias.
Les principaux médias au Brésil sont
a) les télévisions, parmi lesquelles la Rede Globo fait figure de tf1 locale. Son influence est manifeste et a été dénoncée jusqu’ici sans grand succès en raison de la surprotection dont elle bénéficie au niveau politique, chacun sachant que celui qui l’attaque se retrouve persona non grata sur la chaîne et se prive d’une audience énorme. Deux autres chaînes totalement à la botte de sectes protestantes se partagent le principal du gâteau.
b) les journaux, dont les principaux sont, parmi les quotidiens, la Folha de São Paulo (droite décomplexée perçue de centre-gauche), l’Estado de São Paulo (plus sérieux, plus conservateur, pas plus fréquentable), Globo (lié au consortium de télévision susnommé -berk) et quelques autres quotidiens, dont beaucoup de sports; et parmi les hebdomadaires, on retrouve surtout la Veja (porte-parole de la droite sécuritaire la plus réactionnaire), Época (guère mieux, type Figaro Magazine), IstoÉ (prétendument plus indépendant, mais défendant surtout les intérêts de ses propriétaires et donc pas anticapitaliste du tout), CartaCapital (qu’on pourrait qualifier de Marianne local). Les journaux les plus à gauche sont surtout des bihebdomadaires (Brasil de Fato) ou des mensuels (Caros Amigos), mais n’ont que peu d’audience. Piauí est probablement le meilleur journal en tant qu’outil journalistique, mais il est désabusé et s’est démarqué de toute engagement politique. Les trois derniers que je vous cite ici sont les seuls dont je conseillerais la lecture, à ma connaissance.

Les grandes entreprises:
Vale (privatisée, transnationale, mines), Petrobras (encore nationale, énergie, présente dans le monde), Odebrecht (construction), Camargo Correa (construction) pour certaines des plus influentes nationales; Bayer, Monsanto, les monteurs automobiles, pour les principales étrangères… Ce ne sont que quelques-unes des grandes compagnies qui bloquent toute possibilité d’améliorer les choses au niveau de l’environnement, des impôts, du droit du travail… Une véritable gabegie; il y a vraiment peu à en tirer d’intéressant. On en reparlera dans un prochain numéro.

3e partie à suivre: Marina Silva

Chronique des élections présidentielles locales I

Wednesday, June 9th, 2010

Bon, un petit mot de temps en temps sur cette année électorale, appelée de “post-Lula”, puisque l’actuel président, pour la première fois depuis 1985, ne se présentera pas aux élections.

En guise de premier chapitre, je vous parlerai des acteurs de ces élections.

1e partie: Quels sont les candidats ((Notez qu’il s’agit encore de pré-candidats. Officiellement, ils ne sont pas encore intronisés candidats, mais c’est tout comme, faut pas rigoler.)) en présence?

Dilma Rousseff (PT -Parti des Travailleurs), virtuelle ex-première ministre de Lula (elle a quitté le gouvernement avec la bénédiction du président pour se présenter, justement). Ancienne militante communiste, elle est passée au “réalisme” et est l’une des artificière du développement du Brésil dans le genre “il faut que le gãteau soit plus grand pour pouvoir le partager”. Son vice-président potentiel devrait être Michel Temer, pas trés net actuel président de la Chambre.
Elle est en faveur d’une méritocratie de la fonction publique, du projet de barrage à Belo Monte (très discuté), contre la dépénalisation des drogues depuis peu (elle a tourné casaque). Son programme économique est basé sur le développement industriel, l’aide aux grandes entreprises, la croissance du PIB et une redistribution des miettes du gâteau aux plus démunis (soyons justes: la misère a été considérablement réduite par rapport au passé sous son co-règne). Sa politique étrangère, a priori, se baserait comme celle de Lula sur une relative autonomie et une volonté de briller dans la cour des grands.

José Serra (PSDB -Parti de la Sociale-Démocratie du Brésil), l’homme que les USA voudraient, certainement. Ancien leader étudiant, il a passé le temps de la dictature en exil. Il fut ministre du Président Fernando Henrique Cardoso. Il a démissionné de sa charge de gouverneur de São Paulo, où il a brillé par sa volonté à ne jamais négocier avec les professeurs, notamment. Son rapport aux riches est… assez évident. L’homme a une bonne tête. Son programme économique est sensiblement le même que celui de Dilma. Son argument de vente consiste surtout à dire: “Il faut faire plus encore que ce que Lula a fait. Avec moi, ce sera fait.” En outre, il s’alignerait bien plus sur les exigences du grand frère du Nord.

Tous deux ne pourraient gouverner qu’avec le PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien), le parti le plus impliqué dans pratiquement tous les scandales de corruption, mais qui parvient encore à être le premier parti du Brésil en raison de son caractère féodal et clientéliste.

Le PSDB et le PMDB sont les héritiers du seul parti d’opposition toléré pendant la dictature. On en reparlera.

Marina Silva, ex-PT, ex-PDT (Parti démocratique travailliste -parti à la rose locale), actuellement candidate pour le PV Parti Vert), est très populaire pour son engagement environnemental. Ex-ministre de Lula, elle a quitté le gouvernement après six ans d’exercice. Prétend gouverner avec des membres du PT et du PSDB en cas d’élection. A des amis partout, selon elle. Sans doute encore plus d’ennemis. Mystique, opposée à l’avortement, critique envers Hugo Chavez, elle est cependant en faveur de réferendum à tiroirs, mais pas de la démocratie directe. Allez comprendre. Son vice-président présumé est un gros industriel à bonne bouille. Elle n’aurait pratiquement aucune chance de figurer au deuxième tour si les élections avaient lieu aujourd’hui, mais qui sait d’ici la fin de l’année.

Les autres candidats n’ont pas la moindre chance, pas plus Ciro Gomes qui navigue sur eaux bizarres et va probablement négocier son retrait contre une place de gouverneur, que Plinio de Arruda Sampaio le candidat du PSOL (Parti Socialisme et Liberté), le parti le plus à gauche de tout ce fatras qui ait un minimum de représentants. La liste est encore longue, mais insignifiante.

Au prochain numéro, nous évoquerons les différentes parties en présence. Ici, c’était encore du gâteau.

Ensuite, on parlera un peu des enjeux de la politique locale.

Enfin, je vous proposerai des réflexions qui m’ont été inspirées par des militants de gauche (je veux dire: de gauche) sur la situation brésilienne.

Aux dernières nouvelles, la croissance ne sert à rien

Sunday, April 25th, 2010

Et voilà… Tout à une fin…

Il se trouve qu’au Brésil, en 2009, la croissance a été virtuellement nulle. La presse réactionnaire évoquait même la première croissance négative depuis les années Collor, du nom d’un président qui ne termina pas son mandat pour cause de corruption et d’incompétence (trop) manifestes.

Dans le même temps, les stats viennent de tomber, la pauvreté a été réduite de 500.000 personnes et le nombre d’emplois réguliers a connu un solde finalement positif…

Comme quoi, la croissance n’est absolument pas une nécessité économique.

C’était notre rubrique: les économistes disent plus souvent de conneries que de vérités…

Brésil, forteresse bleue

Tuesday, February 9th, 2010

CartaCapital ((Revue crypto-de gauche.)), 8 juillet 2009, p. 21: selon l’Ipea ((Organisme de stats du gouvernement fédéral.)), les 10 pour-cent de la population la plus pauvre paient 33% d’impôts; les plus riches seulement 23%.

Il y a mieux: d’après un rapport de l’Ipea, toujours, les 10 % des Brésiliens les plus riches concentraient à la fin du XXe Siècle 75,4 pour-cent des richesses du pays.

Du même rapport, on note que ce n’est qu’au cours de ces dernières années (sous la présidence de Lula) que l’indice Gini ((Coefficient mesurant l’inégalité des revenus dans un endroit donné. Lorsque le coefficient est proche de zéro, cela signifie que les inégalités sont faibles (la Belgique se trouve d’ailleurs dans le peloton de tête de ces pays); lorsqu’il est proche de 1, cela marque une grande concentration des revenus.)) a recommencé à baisser, après une valse régulière entre 0,64 et 0,58 depuis le début de la dictature jusqu’à la présidence de Fernando Henrique Cardoso ((Conservateur, 1993-2000.)). Il reste cependant au-dessus de 0,56.

Il faut cependant noter que, si la charge tributaire atteint aujourd’hui 35,8% du PIB, selon un article de l’Estado, l’écart commence à se creuser entre l’impôt sur le capital et celui sur le revenu du travail.
En effet, alors qu’en 1996, ces deux chiffres flirtaient tous deux avec la barre des 2 pour-cent du PIB, aujourd’hui, le résultat de l’impôt sur le revenu du travail est à peine supérieur à cette barre alors que l’impôt sur le capital est aujourd’hui supérieur à 3,5 pour-cent du PIB ((P. 23 du rapport cité ci-dessus. Rendons justice à FHC, il l’a fait bondir pendant quelques temps à 4%, mais ça n’a pas duré.))

Une autre donnée très intéressante, c’est la charge de la dette.
Si l’on compare le produit de l’impôt total avant paiement des intérêts et après paiement de ceux-ci, on reste sur le cul:
En 2000, les impôts représentaient déjà 30,4 pour-cent du PIB. Mais le service de la dette représentait 6,3% du PIB. En 2003, ce chiffre était monté à 8,3 pour-cent du PIB. en 2005, il redescendait à 7,3, ce qui est encore très impressionnant. On s’attend à ce qu’il ait encore diminué, mais ce ne sera sans doute pas transcendant ((P. 26 et 27.)).

Un des chiffres les plus surprenants, c’est le taux de la charge tributaire par rapport au revenu familial en 2003 ((p. 28.))
Plus vous êtes riche, moins vous payez:
en dessous de 2 salaires minimum votre charge tributaire est de 48 pour-cent. Entre 2 et 15 salaires minimum, elle descend progressivement de 36 à 30 pour-cent. Au-dessus de 15 salaires minimum, la charge est inférieure à 30 pour-cent et descend jusqu’à 26 pour-cent pour les plus riches. En outre, s’il est vrai que ce sont les classes moyennes qui ont connu la plus grosse augmentation de leurs impôts entre 1996 et 2003 (101 pour-cent, due donc aux mandats Cardoso), ce sont les plus riches qui ont connu la variation la plus faible. En 1996, ils payaient en moyenne 17 pour-cent, quand la classe moyenne payait environ 15 pour-cent (et les plus pauvres 28 pour-cent). L’augmentation des impôts des plus riches n’a été que de 46 pour-cent, quand ceux des classes moyennes doublaient et que ceux des plus pauvres n’augmentaient “que” de 71 pour-cent.

Brésil, forteresse bleue, modèle du libéralisme… Ceci confirmé dans l’article paru dans Le Journal Indépendant et Militant, ici, fin de l’année dernière.

Lula, he is the guy! comme dirait l’autre…

Tristes Tropiques

Thursday, November 5th, 2009

Hommage au grand bonhomme qu’était Claude Lévi-Strauss, co-fondateur de l’université de São Paulo, grand connaisseur du sous-continent amazonien…

Juste pour ça…

La solution

Monday, August 24th, 2009

Le ministre des communications du Brésil, Hélio Costa, détient la solution à tous les maux de la jeunesse:

“Il faut qu’elle cesse de rester devant internet. Elle doit regarder plus la télévision et écouter la radio.”

Le progrès informatique a effacé les péchés du petit écran…

N’est pas à gauche qui veut…

Saturday, August 1st, 2009

J’ai envoyé une lettre à deux des principaux éditorialistes du CartaCapital, une revue hebdomadaire brésilienne ((Hebdomadaire vendu à 75.000 exemplaires, ce qui n’est pas très impressionnant comparé au million de Veja, franchement de droite.)), réputée la plus à gauche des quatre principales revues de ce type. Cette lettre concerne la situation de Cesare Battisti, ex-militant d’extrême-gauche, condamné en Italie pour faits de terrorisme, impliquant notamment la mort de quatre personnes, crimes qu’il nie.

Mino Carta et Walter Fanganiello Maierovitch ont consacré de nombreuses pages sur le sujet de janvier à juillet. Je vous reproduis cette lettre traduite en français, avec quelques commentaires supplémentaires pour éclairer mon propos à des non-Brésiliens.

Voici cette lettre ((Dont j’attends encore, fol espoir, la réponse.)):

Une obsession

Le Caros Amigos ((Revue de gauche ayant notamment pour chroniqueur des figures engagées comme Eduardo Suplicy, João Pedro Stedile du MST e José Arbex Junior.)), revue généralement bienveillante à l’égard du CartaCapital, s’étonnait dans un numéro récent de la virulence de vos propos à l’égard de Cesare Battisti ((Mais contrairement à vous sans revenir systématiquement sur la question.)). Au point où l’on pourrait s’interroger à leur place comme vous le faisiez sur une couverture: “Qu’y gagnez-vous?” (Vous vous posiez la question à propos de Tarso Genro, ministre de la justice) ((À en croire l’édition de votre revue du 18 février dernier, le ministre Tarso Genro a dû échanger sa décision d’accorder le droit d’asile À Battisti contre quelque chose –mais quoi? À ce propos, le moins que vous pourriez faire, ce serait d’avancer une hypothèse. Simple lecteur, me voilà frustré par une affirmation qui pourrait facilement être taxée de diffamatoire. Rermarque: tarso Genro fait partie de l’aile gauche du PT. Bien qu’il soit ministre, il fait figure de ce qu’il y a de plus…, enfin, de moins… Bon, il ne sera pas candidat à la présidentielle pour cause de gauchisme. Mais tout est relatif…))
Probablement rien du tout. Messieurs Mino Carta et Wálter Maierovitch, vous êtes très certainement bien trop ancrés dans votre position pour en saisir toute la relativité. Et pour votre lectorat de gauche, ce n’est pas évident de s’y retrouver.

Pourquoi avez-vous essuyé tant de contestations sur ce sujet? ((Essentiellement sur le site personnel de Mino Carta)) Et bien, parce que, tout simplement, votre perspective historique ne correspond pas à celle qu’espère, qu’attend un lectorat de gauche.

Votre point de vue est celui de l’État de Droit, conception éminemment bourgeoise et qui a essentiellement eu pour but, dans l’histoire récente, de défendre un concept encore plus relatif: la propriété privée. Raccourci? En effet, je me dois de m’expliquer.

Le sort de Cesare Battisti, en tant qu’individu, finalement, ne semble pas vous importer outre-mesure, et je dois avouer qu’il me laisse assez indifférent: j’ai plus de sympathie pour les milliers de morts palestiniens, pour les Népalais ignorés jusqu’en 2006, pour le sort des Indiens de l’Amazone et pour la cause des paysans du MST; en outre, je ne connais pas Cesare Battisti, je n’ai jamais rien lu de lui -que ce que vous avez pu citer, vous et d’autres revues brésiliennes-, je ne sais pas s’il est un bon père, un bon compagnon; j’ai rencontré tellement de personnes désagréables dans les mouvements de gauche, que ce n’est pas tellement en tant qu’individus que je peux les apprécier, mais en tant que partenaires vers un objectif commun; une société de gauche.
Puis-je le faire avec Cesare Battisti? Puis-je le ranger, en dépit de Giorgio Napolitano, Massimo D’Alema ou de tout autre membre de ladite gauche italienne, parmi ceux qui partagent -en gros- les mêmes idées sociales que moi?

Les politiques italiens

Mino Carta, vous citez à de nombreuses reprises le président actuel de la république italienne, Giorgio Napolitano, pour justifier de votre point de vue, arguant qu’un communiste historique et acteur de la période des années de plomb comme lui a plus de légitimité pour juger de la situation de Cesare Battisti que bien d’autres personnes (y compris vous-même?).

D’après Mino Carta et de nombreux sujets traités dans la presse brésilienne, Giorgio Napolitano est intervenu pour réclamer de l’État brésilien qu’il restitue le justiciable Battisti à ses juges.

Vous arguez aussi des positions comme celle de l’ex-président Cossiga pour contester ses critiques à l’égard de l’État de Droit italien de la même époque.

Francesco Cossiga, personnage de la “démocratie chrétienne”, a reconnu que la législation produite à l’époque des années de plomb était un ensemble de mesures d’exception qui, de fait, suspendait la démocratie.

Vous allez jusqu’à ridiculiser -et ce n’est pas moi qui vous en ferez le reproche- des personnages comme le sénateur à vie et ex-président du conseil démocrate-chrétien Andreotti pour appuyer votre thèse ((Voir CC 18 février.)).

Voyez comme les mots peuvent faire mal: vous démolissez un démocrate comme Giulio Andreotti, Monsieur Carta; vous refusez de considérer la parole d’un président de la république honoraire (Francesco Cossiga) ayant joué un grand rôle pendant les années de plomb, un homme qui a été élu à ce poste (certes lors d’élections indirectes, mais c’est la règle de cet État de Droit, similaire à celle d’autres pays à la même époque, comme les USA, ou la France sous la IVe République), et qui donc devrait, de votre part, recevoir les honneurs de la parole, si j’en crois vos raisonnements.

Dois-je rappeler que votre argument principal repose sur l’idée que la décision souveraine de tribunaux de justice dans un État de Droit ne peut pas être contestée par un autre État de Droit? -qu’en est-il de leurs pouvoirs législatif et exécutif?

Mais non. Cossiga ne mérite pas la considération que vous prêtez à Napolitano, parce qu’il est méprisable, parce que des scandales entourent son nom, parce qu’il est de droite, tout simplement, peut-être, puisqu’il n’a jamais été condamné pour aucune de ses actions que vous estimez pendable. De même, Giulio Andreotti a systématiquement été sauvé -certes, de manière douteuse, par le biais de manoeuvres judiciaires adroites, mais, eh! ce sont des pratiques courantes dans un État de Droit.

Giulio Andreotti et Francesco Cossiga sont deux des respectables sénateurs à vie qui ont d’ailleurs contribué à soutenir le très fragile gouvernement Prodi en 2006. Ils font partie des “sages” de la république ((Cela dit, on se demande pourquoi vous parlez de Giulio Andreotti, car vous ne rapportez aucune déclaration de sa part qui pourrait influencer la situation de Battisti dans un sens ou dans l’autre.)).

D’autre part, un président du Conseil comme Berlusconi ne cesse d’être attaqué, vilipendé, brocardé dans vos pages. En Italie, sa popularité est à comparer à celle du Président Lula au Brésil ((Il est vrai que la gauche institutionnelle, en Italie, est tellement medíocre, que les Italiens n’ont guère le choix.)). Paradoxe.

Chose curieuse, encore, lorsque vous évoquez Bettino Craxi, ou plutôt son gouvernement, cet homme “de gauche” qui a été premier ministre ((En fait président du conseil, entre 1983 et 1987, nommé par Sandro Pertini (78-85, et encore sous le mandat de Cossiga (85-92)!)) à l’époque où Battisti a subi ses foudres judiciaires depuis son exil, ce qui vous permet donc de justifier la condamnation qui a suivi, vous oubliez de rappeler que celui-ci a bel et bien été condamné pour ses agissements dans le même État de Droit dont vous vous faites les défenseurs. Serait-ce que le président d’alors commît une erreur en le nommant à la place équivalente à celle d’un chancelier allemand élu par le peuple et désigné par le Président de la République pour diriger le pays?

L’État de Droit -remise en question

Voyez comme votre point de vue à l’égard de l’État de Droit peut être contradictoire.
De la même manière, votre interprétation de l’histoire de l’Italie et du Brésil sonne étrangement, et en tout cas ne peut se targuer de vérité absolue. Votre vision, surtout celle de Monsieur Maierovitch, est celle d’une ligne conformiste, conservatrice, qui cherche à se définir à partir de critères juridiques qui, finalement, reposent uniquement sur des compromis historiques qui ne se justifient que par eux-mêmes.

L’État de Droit, si vous observez l’histoire de toutes les nations où il existe ou a existé, se fonde sur la violence, naît dans la douleur, a connu des excès, des révolutions, des exécutions sommaires, des injustices, la terreur ((Les lois “patriotes” en Europe, suivant celles des USA, ont de manière évidente cet objectif. En Belgique, d’où je viens, elles ont déjà servi à criminaliser des mouvements militants et alternatifs. Ce n’est qu’un exemple.)), qui sont le ciment qui a servi à joindre les pierres prétendument légitimes de sa réalité: la constitution, la loi, les élections.

Vous parvenez à citer (et condamner) Robespierre ((Maierovitch, CC 20 mai 2009.)) pour évoquer les régimes de terreur, l’État terroriste. Mais Robespierre et ses associés ne sont jamais que des révolutionnaires qui ont renversé un état précédent pour le remplacer par un autre; eux-mêmes, et en particulier Robespierre, étaient partis avec des principes nobles ((Bien que discutables encore, selon moi.)) et opposés à la peine de mort, mais ils furent confrontés à la violence des conservateurs. Le système Gandhi n’étant pas encore à la mode à l’époque, ils répondirent par la force, avec des excès qui, finalement, au regard du résultat (avènement de la république française et tout ce qu’elle implique dans l’histoire) peut -relativement- expliquer la violence que Robespierre a appliquée, et que presque tous les autres ont ou auraient appliqué à sa place, de Danton aux Girondins…

Pour revenir encore sur la notion d’État de Droit que vous évoquez régulièrement, notamment pour dire que l’Italie possède une bien vénérable constitution de 60 ans ((Vous évoquez dans votre éditorial du 22 juillet l’article premier selon lequel l’Italie est une république basée sur le travail; je vous trouve incroyablement cynique, au regard de l’histoire mafieuse, capitaliste, exploiteuse de la classe au pouvoir en Italie depuis 1948 –sans compter les années précédentes qui sortent du propos.)), il faut aussi rappeler que cette base politique n’a pas empêché que la Péninsule possède l’une des histoires les plus remuantes en terme de corruption, de relations mafieuses entre ses dirigeants et la grande criminalité (vous l’avez vous-même souligné concernant au moins deux de ses ténors), de personnages comme Bettino Craxi, impliqués dans des procès très lourds, mais dont la plupart échapperont par des manoeuvres que seuls peuvent se permettre les membres de la classe au pouvoir d’un… État de Droit ((Je crois que M. Maierovitch ne me contredira pas si je dis que l’une des conditions pour qu’un État de Droit existe soit que tous les justiciables, y compris les plus importants, soient mis sur un pied d’égalité face à la loi. Ce n’est remarquablement pas le cas en Italie. Mais où l’est-ce?))… Ainsi firent Berlusconi, Cossiga ou Andreotti, dont le destin fut, est et reste de régner sur les institutions de ce État de Droit. Cette situation n’est pas neuve. Elle est dénoncée par les esprits les plus brillants d’Italie depuis des décennies, comme par les voix de Giorgio Gaber ((Je vous invite à écouter Qualcuno era comunista (ici ou ), ainsi que Destra-Sinistra, Io non mi sento Italiano, Io se fossi Dio et bien d’autres textes de Luporini et Gaber.)), Dario Fo ((Morte accidentale di un anarchico.)), Nanni Moretti, Beppe Grillo, Sabina Guzzanti, par exemple, parmi bien d’autres, y compris des journalistes et penseurs modérés.

La démocratie et le fascisme

Comme le disait Giorgio Gaber, plus nous sommes libres de les critiquer, plus cela signifie qu’ils sont forts; le droit d’expression n’est donc pas nécessairement un signe déterminant de la réalité d’un état démocratique, car les dirigeants se sentent suffisamment forts pour mépriser leurs opposants les plus rationnels, les plus raisonnables et les plus intelligents.

Un autre point à considérer et qui remet tout de même considérablement en question votre appréciation de la stabilité de la constitution italienne, est que les gouvernements italiens se sont succédés à un rythme effréné depuis 1948: on compte pas moins de 57 gouvernements différents, une moyenne de pratiquement un par an. Avec une prime à l’étonnante stabilité du gouvernement Berlusconi II, l’un des plus longs de cette époque.

Vous estimez encore régulièrement dans vos nombreux éditoriaux que le droit n’a rien d’exceptionnel en Italie.
Je me permets de vous citer ce passage d’un livre de Morris West, paru en 1973 en anglais:
((La traduction, ici, malheureusement, vient du portugais: Morris WEST, A Salamandra, p. 196-197, trad. de Pinheiro de Lemos, éd. Record. Titre original: “The salamander”.))

“Les lois italiennes, de toute manière, favorisaient largement l’Etat et étaient contre l’individu. Bien des vieilles dispositions fascistes figuraient encore dans les livres et pouvaient être invoquées à volonté. Nous n’avions jamais adopté, Dieu seul sait pourquoi, l’institution anglaise de l’habeas corpus. Un homme pouvait être maintenu indéfiniment en prison sur base d’une accusation fallacieuse et un juge complaisant pourrait retarder les interrogatoires et les demandes de la défense jusqu’à son jugement. Notre justice était surchargée de travail et nos systèmes de documentation étaient terriblement anciens. Nos méthodes d’interrogatoire étaient brutaux dans le meilleur des cas et nos prisons une véritable honte (…)”

Faut-il vous rappeler l’affaire Pinelli, l’un des points de départ des années de plomb, véritable provocation contre les mouvements de gauche, qui n’étaient absolument pas responsables des massacres perpétrés, selon toute vraisemblance, par des mouvements d’extrême-droite, et probablement avec la bienveillance d’une partie de l’appareil policier et d’état? ((Pinelli est un anarchiste italien qui, prétenduement suspecté d’avoir commis un attentat en 1969, “tombera” d’une fenêtre pratiquement inaccessible d’un immeuble de la police après plusieurs journées d’interrogatoire. Son ami Valpreda passera plusieurs années en prison avant d’être libéré, faute de preuves.))

En outre, on ne peut attribuer l’existence des lois d’exception aux seuls événements des années dites de plomb: de nombreuses lois liberticides préexistaient aux années 60, comme l’évoque Morris West, certaines remontent à la période fasciste, continuèrent d’exister, et pour certaines existent encore. Je vous invite à découvrir les articles 270 à 270-decies du code pénal italien, toujours en vigueur.

Le code pénal actuel a été promulgué sous Mussolini et a ensuite évolué, mais son inspiration reste fasciste.

Il me reste par ailleurs à vous rappeler que, jusqu’en 2006, une loi de ce même code pénal (art. 272), interdisait, sous peine de prison, de se réclamer d’une autre option politique –en l’occurrence celle de la dictature du prolétariat de Marx- que celle qui existe en Italie: preuve s’il en est de l’incroyable intolérance de l’état que vous appelez de droit et qui ne souffre pas la moindre remise en question.

Continuité de l’État de Droit

Un autre élément essentiel de l’État de Droit, selon les études que j’ai faites en Belgique, est la nécessité de sécurité juridique qui doit prévaloir, afin d’assurer au justiciable qu’une décision prise à son bénéfice puisse l’assurer d’une non rétroactivité en sa défaveur plus tard. Or, vous défendez le changement de politique en France qui a frappé la doctrine Mitterrand et critiquez Battisti qui a ensuite fui la France pour d’autres refuges. C’est la France qui, en l’occurrence, n’a pas respecté un engagement qui aurait dû prévaloir dans la logique de la “continuité de l’État” ((Principe que je trouve au demeurant extrêmement contestable considérant les activités de gouvernement de droite, corrompus, dictatoriaux, qui laissent des ardoises aux gouvernements de gauche que l’on accable généralement dans la presse réactionnaire. Je reconnais que ce n’est habituellement pas votre cas, surtout concernant les régimes de gauche en Amérique Latine. Ce qui fait que je m’attriste d’autant plus de votre position dans cette affaire-ci.)). Quod non.

Enfin, et pour en terminer avec l’État de Droit, il faut tout de même soulever que cette notion est et reste éminemment subjective, relative et d’une fragilité nerveuse: si l’on rappelle que l’un des principes majeurs de l’état de droit est la hiérarchie des normes, considérant que dans la plupart des pays qui prétendent la pratiquer le pouvoir exécutif s’est emparé, aussi bien en Italie, qu’au Brésil ou dans les autres démocraties “traditionnelles”, du pouvoir de “dire la loi” au détriment du pouvoir législatif, passif, qui ne réagit que mal, peu, voire pas du tout, on peut, par l’absurde, affirmer que l’État de Droit existe rarement, qu’il est l’exception, surtout si l’on considère le droit du plus faible, de celui qui ne possède rien, de celui qui n’a pas les moyens de prester en justice alors que d’autres se présentent bardés d’avocats et pourvus des meilleures garanties de résultat de leurs procès. Mais cela, vous le savez aussi bien que moi, sinon mieux.

Concernant le procès Battisti, je vous renvoie au site (en italien) suivant qui conteste la totalité de l’argumentation des tribunaux italiens. Certes, de ces pages, il ne peut s’établir avec certitude que Battisti soit blanc dans les faits qui lui sont reprochés, mais le fait que la justice italienne n’ait exprimé aucun doute à cet égard est d’une grande légèreté ((Dans votre éditorial du 22 juillet, vous contredisez encore le ministre Genro sur base du fait que ne peuvent bénéficier de l’asile les personnes qui ont participé à des actes terroristes. Une fois de plus, votre argument repose ici sur le principe que le droit a été dit dans les règles, alors que le ministre Genro soutient le contraire: vos arguments ne peuvent donc se rencontrer.)).

Histoire comparée n’est pas raison

Comparer Battisti au cas Ben Laden ((CC du 20 mai 2009.)) montre bien jusqu’où votre point de vue est biaisé par votre relativisme historique. Votre raisonnement rappelle la critique faite au pacte germano-soviétique tout em évitant de parler de la rencontre de Chamberlain et Daladier avec Hitler em 1938. Que dire des réfugiés espagnols de la République? Après tout, les États démocratiques auront des relations suivies, claires et amicales, avec le régime de Franco au lendemain de la 2e Guerre Mondiale: la Republique espagnole de 1932 a été trahie par les États de Droit, qui ont privilégié la diplomatie à la justice. Mais je suis certain que vous le déplorez, n’est-ce pas? Pourtant, vous ne pouvez les comparer à l’attitude de Tarso Genro; ce serait même plutôt une attitude opposée à la sienne. L’Italie d’aujourd’hui n’est pas l’Espagne de Franco, soit, mais rien n’est jamais comparable, et surtout pas Battisti et Bin Laden, le Brésil et l’italie (qui, dans les années 70, s’entendaient bien) ou le nazisme et Robespierre.

De même, l’Italie des années 70′ n’est pas le Brésil à la même époque. Mais il semble pourtant que Mino Carta fasse la confusion sur son blog:

“Le ministre Tarso Genro a dit à Belem que sont principalement en faveur de l’extradition de Battisti ceux qui défendent l’amnistie des criminels de la dictature [brésilienne], “à l’exception de Mino Carta”. Je remercie (le ministre) pour la référence, mais j’observe cependant que le ministre tombe dans une flagrante contradiction. N’est-ce pas lui qui (…) a suggéré que l’Italie devrait promulguer une loi d’amnistie similaire à celle réalisée à l’époque par le dictateur de garde au Brésil?”

Attendez voir, ai-je bien suivi? Le ministre Genro n’aurait donc pas fait la différence entre l’Italie et le Brésil dans les années 70′ (un Etat de Droit et une dictature) lorsqu’il s’agissait de distinguer le terrorisme dans l’un et la rsistance dans l’autre, mais, dans ce cas-ci, le ministre Genro, selon Mino Carta, aurait dû estimer qu’il s’agissait des mêmes phénomènes et qu’aucun des deux ne devrait admettre de loi d’amnistie.
Mino Carta se refuse à considérer que dans les deux cas, le ministre Genro a suivi deux raisonnements différents parce qu’il s’agissait précisément de deux cas différents.

L’histoire comparée est un exercice difficile que ni les juristes ni les journalistes ne devraient aborder sans de grandes précautions.

Suppositions

En réalité, ce que vous, Mino Carta, essayez de faire, c’est de justifier de votre amitié pour une certaine “gauche” italienne ((CC du 18 février 2009.)) qui, depuis longtemps, n’est plus du tout à gauche. Le Parti Rifondazione Comunista seul se positionne plutôt contre l’extradition de Battisti. À l’inverse de Napolitano, D’Alema et les autres, Rifondazione est resté plus ou moins fidèle à ses positions anciennes. Certes, lors des années de plomb, Berlinguer eut une attitude péremptoire à l’égard des militants communistes violents -que vous appelez terroristes-, mais Berlinguer n’était pas tout le PCI et ce dernier a souffert de la division qu’entraîna notamment cette condamnation: rien n’est simple. La gauche n’est pas Napolitano et, selon moi, Napolitano n’est plus à gauche ((Et je suis loin d’être seul dans mon cas. La “gauche historique” de d’Alema et consorts n’est plus reconnue par la plupart des Italiens que par opposition aux très droitiers Berlusconi, Fini, Bossi et leurs alliés. Ce phénomène n’est d’ailleurs ni nouveau ni particulier à l’Italie. La “gauche” des démocraties parlementaires n’est plus depuis longtemps véritablement de gauche -si elle l’a jamais été…)).

Ce que vous, Wálter Maierovitch, essayez de faire, est de justifier un système juridique qui vous convient: l’État de Droit bourgeois tel qu’il existe en Europe principalement, et qui -faut-il vous le dire- reste injuste malgré ses avancées historiques indiscutables ((Il n’y a pas qu’au Brésil que le système judiciaire est notoirement de parti pris pour les classes supérieures et que le parlement est majoritairement corrompu. )).
Le fait que Cesare Battisti puisse vous échapper ((Plus exactement échapper à ce que vous défendez: la force de la loi et de la justice institutionnelle.)) vous est intolérable, Monsieur Maierovitch; on peut le comprendre, mais on ne peut le faire que si l’on suit votre propre raisonnement: il n’y aurait, selon vous, de contestation acceptable qu’à l’intérieur du droit; c’est-à-dire par les élections, par les manifestations encadrées, par la presse autorisée, par la grève déterminée par le droit.

La violence historique, la violence de l’État

Il faut cependant vous rappeler que, sans aucune violence, si l’on ne se réfère qu’à la transition de l’époque moderne à l’époque contemporaine, il n’y aurait jamais eu d’élections, jamais eu de parlement, jamais eu de république, jamais eu aucune de ce que vous appelez démocratie.

Sans révolution, sans mouvement violent, l’Allemagne serait un empire, la France une monarchie de droit divin, et le Brésil une colonie portugaise avec des esclaves.
Sans révolution, l’Angleterre aurait un prince omnipotent à sa tête et le parlement anglais n’aurait que le droit de murmurer son mécontentement; les USA devraient encore payer la taxe sur le thé et que dire des ex-colonies espagnoles?

La violence, je la déplore de manière générale; mais il serait trop facile de la condamner d’un côté en oubliant qu’elle est surtout exercée par l’État “légitime” de Droit et surtout comme vous le faites aussi facilement dans le chef d’un homme qui doit être replacé dans son contexte: les années de plomb sont la dernière période de l’histoire, jusqu’à ce jour, où il était permis d’espérer, à gauche, qu’un monde meilleur pouvait arriver si l’on parvenait à renverser l’ordre bourgeois. C’était au lendemain de la révolution cubaine, c’était juste après la défaite américaine au VietNam, l’époque de l’indignation contre les dictatures sud-américaines, et de l’imitation des résistances de ces pays.

Pensez ce que vous voulez aujourd’hui, mais vous êtes en contradiction avec l’ensemble des pensées de la gauche de cette époque-là, ou peut s’en faut. Vous condamneriez les discours de Sartre jusqu’à sa mort, les positions de Malraux sur la révolution chinoise ou sur la guerre d’Espagne; vous voueriez Orwell aux gémonies, vous ne pourriez supporter les textes révolutionnaires de la totalité des penseurs de gauche du milieu du XXe Siècle (Russel ou Reich, par exemple), sans parler naturellement des anarchistes, dont les pensées ont pourtant insipré les mouvements émancipateurs des femmes, des objecteurs de conscience, des pacifistes…

J’apprécie le Carta Capital pour le courage de ses propos, mais je désespère de vous voir reprendre vos esprits, Mino Carta, car vous perdez votre temps, votre énergie et notre patience à insister aussi lourdement sur un cas qui, finalement, devrait être plus du ressort des conservateurs que du vôtre. Abandonnez vos illusions sur la gauche italienne qui n’existe pour ainsi dire plus; souvenez-vous de Nanni Moretti dans “Aprile” qui implorait Massimo D’Alema de dire “quelque chose de gauche” au cours d’un débat télévisé. Cher Mino Carta, vous montrez habituellement des positions politiquement plus libertaires. Certes, vous n’êtes pas opposé au marché libéral régulé, contrairement à une bonne frange de la gauche qui existe encore et aspire au socialisme, mais vous êtes indulgent au chavisme et aux mouvements sociaux qui parcourent le Brésil: vous êtes, dans la presse hebdomadaire, une bouffée d’oxygène. C’est là que nous vous attendons, que nous espérons vos qualités d’éditorialiste, de penseur, d’intellectuel de gauche. Laissez tomber Battisti.

De Monsieur Maierovitch, je n’attends pas la même chose. La plupart du temps, je suis en désaccord avec ses positions conservatrices, même si ses arguments sont souvent intéressants. On ne peut guère attendre de vous autre chose, de même que je verrais mal Antonio Delfim Netto critiquer ouvertement le régime sous lequel il fut autrefois ministre…

Le reste de la lettre était essentiellement formule de politesse…

Dictadouce

Friday, April 24th, 2009

La Folha de São Paulo, l’un des plus importants quotidiens du pays, bien à droite au niveau économique, mais qui se marque aussi par une nette préférence pour tout ce qui n’est pas Lula, bronzé, peu éduqué, petit, carrément brun, de gauche, trop intello, et vous avez saisi l’idée, ce quotidien, donc, a sorti récemment de jolies réflexions sur la dictature militaire qui sévit ici entre 1964 et 1988 ((Je dis 1988, bien qu’entre 1985 et 1989 ait sévi un président civil, mais clairement du parti des militaires. 1988 marque une rupture avec l’adoption d’une constitution qui promettait beaucoup de choses… à ceux qui y croyaient.)).

C’est au détour d’un article qui critiquait (pour la énième fois) le régime vénézuélien actuel, que la Folha, par l’entremise d’un éditorialiste, s’est permise de comparer les régimes militaires d’Amérique Latine, genre Pinochet, Stroesnner et le brésilien en particulier, avec le gouvernement élu au suffrage universel du président Chávez Fria.

Pour arriver à la conclusion que les généraux du pays de Pelé et de la Samba avaient été finalement assez cools. La preuve, Pelé pouvait y faire de la pub et la samba pouvait être dansée, même mal, par les touristes ((Y compris Pierre Richard dans le Retour du Grand Blond, pourtant excellent.)).

Et adopter l’expression “Ditabranda”, que l’on pourrait traduire par le titre repris ci-dessus… ((Ou plus précisément, mais ça perd son sel en jeu de mot, dictasouple.))

Dictadouce…

Plusieurs de ses collègues lui ont emboîté le pas quand les critiques ont commencé à fuser. Mal leur en a pris.

Indignations d’intellos, désabonnements et autres manifestations se sont naturellement succédées. Et de remuer la merde, naturellement, car la Folha et son groupe éditorial, en 1964, avaient clairement pris parti pour la junte putschiste. Elle faisait l’éloge des flingages de résistants (appelés bien sûr terroristes) et se félicitait, à l’instar de la classe entrepreneuriale, du “miracle économique” des annés 71-74, qui fit tout de même dire à l’un des présidents-généraux: “L’économie du Brésil va bien, mais pas le peuple.”

Raison de cette offensive révisionniste ((Le révisionnisme est un mot trop souvent employé de manière péjorative. À l’époque de Dreyfus, les révisionnistes étaient, faut-il le rappeler, ceux qui voulaient revoir le procès du bonhomme.))?
On en distingue plusieurs possibles.

La première serait de tenter de diminuer les mérites des résistants qui, depuis 25 ans, se battent (eux ou leurs familles) pour faire reconnaître leurs droits à des indemnisations, trés contestées du côté des nantis, des résistants parmi lesquels on compte aussi la très probable candidate du PT aux prochaines présidentielles, Dilma Rousseff ((À l’époque, franchement communiste.)), qui fut arrêtée, torturée et emprisonnée plusieurs années ((Le plus ironique est que le fort probable candidat de la droite est également un ancien résistant de gauche devenu, disons, pragmatique, le très sérieux gouverneur de SP, José Serra.)).

La seconde pourrait être une tentative d’auto-réhabilitation, puisque la Folha est mouillée jusqu’au cou dans l’entreprise militaro-putschiste de ’64 qui attire ces dernières années les foudres des historiens et des mouvements cherchant à faire comparaître les bourreaux et leurs commanditaires en justice ((La gauche brésilienne se plaint régulièrement du fait que l’Argentine, le Chili et même certains pays d’Amérique centrale, parviennent à confronter les anciens tortionnaires à la justice, alors que Lula et consorts traînent ici les pieds.)).

Une troisième motivation possible serait, selon certains, de préparer une éventuelle nouvelle fournée de mini-coups à l’échelon des États où la gauche (modérée, hein) a tendance à trop souvent l’emporter.

Enfin, il existe un lien possible avec la crise économique actuelle: le néo-libéralisme s’en est pris plein les dents. Or, celui-ci était bien sûr collé aux basques des dictatures latino-américaines. Les journaux et revues des milieux conservateurs sont ici en pleine panique et développent des arguments de plus en plus incohérents pour tenter de sauver ce qui peut l’être des théories ultralibérales qu’ils ont défendues depuis des dizaines d’années ((Tout en se parant de l’objectivité et de la neutralité journalistique que l’on devine aisément.)). Parmi ces arguments, la défense, même modérée, des régimes qui ont le mieux et le plus contribué à la diffusion de ces théories semble naturelle.

Toujours est-il que ça ne prend pas toujours aussi facilement.

Dans un prochain numéro, si je vous ai suffisamment mis l’eau à la bouche, je vous raconterai un peu les aventures des principaux quotidiens et hebdomadaires que l’on rencontre à São Paulo…

On est dé-, on est dé-, on est dé-

Wednesday, February 25th, 2009

Oh, le monstre Chávez, petit caudillo d’opérette, qui aspire au pouvoir ad vitam (tel un pape ((Mais, euh, lui, il est élu par une bande de vieux habillés en rouge -argh! Ça veut dire quoi? Vite, la théorie des couleurs en politique!))), et l’horrible Morales qui veut changer la constitution pour priver les latifundiaires de leur plaisir de ne pas pouvoir faire le tour de leur propriété en moins d’un mois, ah, l’immonde Castro ((Mais lequel?)), qui refuse de privatiser la terre des ancêtres de Batista émigrés en Floride et au Mexique…

Alors que le monde est empli de ces belles démocraties soutenues par l’Occident, telles Israël ((Qu’on ne saurait trop être prudent de qualifier de colonialiste; ce serait faire preuve d’antisémitisme. Alors, on va se contenter de dire que l’État d’Israël est un sapin de hanuka.)) ou Haïti ((Consicencieusement libérée par de judicieuses interventions extérieures chaque fois que le président était un immonde méchant pas de droite.)), ou ces splendides monarchies qui, certes, sont encore loin de la liberté d’expression, mais permettent au moins qu’on y commerce à l’aise, telles l’Arabie Saoudite ((Où l’expression d’une autre foi que celle promue par la famille en place est passible de la peine de mort.)) ou de jolies juntes comme la Birmanie ((Promue, comme chacun le sait, par le French Doctor Kouchner, en échange d’une jolie rémunération.)).

Ah ça oui, le commerce, c’est important, et le pluripartisme, dis donc, alors, là… On vient encore de le voir en Israël: on sent qu’il y a pas mal d’options entre la guerre vue par le Likoud, la guerre vue par Kadima, celle vue par les travaillistes et celle vue par Israël Beytenou, on sent qu’on a de la marge…

C’est un peu comme au Brésil: quand on songe que seize partis font partie du gouvernement, dominés par le plus important d’entre eux (le PMDB), héritier de la dictature, et que le principal parti de l’opposition (le PSDB) est une émanation de ce dernier ((Oui, alors, ceux qui pensaient que le PT dirigeait le pays, heu… Non, en fait…)), on ne peut que se demander quand commence et quand termine la démocratie.

Est-il utile de parler des Zuessa? C’est qu’il s’agit d’un modèle de transparence et de respect du droit de tous et de chacun, là-bas, comme les exemples des élections de 2000 et 2004 l’ont montré.

Ah, et puis l’Italie de Berlusconi et des “ex-communistezistoriques”. Voilà un pays qui-ne-fait-pas-rire! La France et son petit nerveux á la fibre naboléonienne, un exemple de sérieux démocratique. La Belgique, et ses circonvolutions pseudo-communautaires, ou comment ne pas résoudre les problèmes pour conserver le pouvoir. On évoque l’Islande, et ses succès financiers qui en firent le pays “où il fait le mieux vivre” ((dixit l’ONU dans un rapport déjà cité ici.))? Quid de l’Union européenne dans son ensemble, qui fait recommencer les réferenda jusqu’à ce qu’ils conviennent à ses classes dirigeantes et les évite quand c’est possible?

Alors, oui, en fustigeant la dernière réforme de la constitution vénézuélienne qui permet à tout élu de se représenter autant de fois qu’il le désire -et sous couvert d’un système de révocation à mi-mandat qui n’existe nulle part ailleurs de manière aussi remarquable), en défendant la propriété privée des princes féodaux andins et en saluant à l’avance la mort prochaine du plus connu des porteurs de training Adidas, c’est certain:

On est dé-, on est dé-, on est dé-

MOCRATES!
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