Etre obligé de se justifier de toute une vie de gauche (II)

Suite de ceci.

La guerre civile n’est que très rarement… une guerre civile.

Une guerre civile, ce n’est pas une révolution. Par ailleurs, par guerre civile on entend avant tout une guerre qui oppose des parties de la population d’un pays à d’autres parties de cette même population. Or, ce genre de concept est difficilement adaptable à la situation complexe d’une réalité historique. Y’a-t-il eu guerre civile en Vendée en 1793? Il faudrait retirer toute ingérence extérieure et, notamment, couper le conflit vendéen des agressions prussienne et autrichienne à l’Est. Or, il n’y aurait pas eu de guerre en Vendée sans la déclaration de guerre d’avril 1792 et la levée en masse girondine qui s’en suivit. Guerre civile en 1917-1921? Si l’on exclut l’intervention des forces “alliées”, françaises et anglaises surtout, alors, soit. Mais est-ce crédible? Guerre civile, la guerre de Trente Ans? A condition de considérer les principautés germaniques comme un tout et l’intervention des Français comme négligeable. Guerre civile, celle de César contre Pompée, qui eut lieu partout sauf à Rome?

Et puis 1936, Espagne: guerre civile? Aucune intervention extérieure? Si, mais précisément la noblesse -jugement de l’histoire- des Brigades Internationales n’a-t-elle pas été de n’être bénie par aucun Etat? Coïncidence de l’histoire? Serait-ce que la seule intervention d’Européens dans une guerre qui trouve grâce à mes yeux doive n’avoir obtenu l’aval d’aucun gouvernement? Ou bien est-ce le contraire: la seule intervention louable et justifiée -bien qu’ayant essuyé un échec cuisant- ne pouvait, du fait de la justesse de ses motivations, ne trouver aucun appui des Etats qui se disaient démocratiques et qui craignaient en réalité un gouvernement qui l’était (admettons).

Or, et de toute façon, nous n’avons pas affaire, en Syrie, à des joyeuses bandes de Brigadistes désireux de soutenir un gouvernement républicain de gauche, limite anarchiste, à l’instar de ce qui se produisit en Espagne en 1936.

Certes, parmi les combattants à l’oppression de Bachar el-Assad, il ne peut manquer d’y avoir des militants sincères d’une société juste et égalitaire, voulant rassembler les Syriens dans une grande nation souveraine et démocratique (et donc échappant aux influences des puissances régionales, voire mondiales). Mais en quelle mesure, et dans quelles proportions, cependant, s’exprimeraient, à notre grande joie ces combattants de la liberté sur la place inversement proportionnelle de la religion et de la femme, naturellement, quand on voit ce qu’ont réalisé les révoltes anti-soviétiques en Afghanistan ou ce que sont devenus les droits des femmes dans les chefferies libyennes après la mort de Khaddafi.

Mais qui suis-je encore pour juger du choix des peuples à préférer enfermer leurs femmes dans des sacs? L’Afghanistan n’est-il pas meilleur aujourd’hui que sous le joug soviétique? Et la Libye n’est-elle pas débarrassée avec profit de son tyran? Ironie, ironie…

Procès d’intention indigne de ma part! Il existe des laïques féministes qui se dressent vaillamment contre le régime de l’infâme Bachar, lequel, pourtant, s’il n’est sans doute pas féministe, n’a jamais été enclin à s’appuyer sur une vision de la religion pour imposer son régime de fer. Il en aurait été malvenu, tant la minorité dont il est issu est… minoritaire. Pour autant, je réclame des chiffres: quelle proportion de laïques, égalitaires et syriens désintéressés parmi ces occidento-proclamés rebelles?

La réalité de la guerre réputée civile syrienne, c’est qu’une bonne partie du monde, tant issue de la région médio-orientale, que de la “communauté internationale” (celle de l’OCDE, du FMI et surtout de l’OTAN, et donc à l’exclusion de trois quarts de la population mondiale ((Aucune intervention sud-américaine, chinoise, indienne, et je ne me rappelle guère de mouvements africains interventionnistes, sinon du côté des Islamistes.)) ), est intervenue dans ce conflit d’une manière ou d’une autre.

Des soldats du régime Assad n’ont-ils pas été bombardés “par erreur” par les forces de l’OTAN en 2016 ((Il semble que des avions russes viennent de rendre “la pareille” en ce début de mars 2017, mais c’est une pure coïncidence: mon papier était déjà presque terminé en décembre.))? On a aussi parlé d’officiers britanniques, israéliens, turcs et saoudiens présents sur le terrain. Pourquoi les Américains ont-ils demandé l’été dernier d’épargner Al-Nosra dans leurs bombardements? Est-ce d’ailleurs vrai? Ne suis-je pas intoxiqué par des agences russes? Pourquoi le Figaro alors s’en faisait-il régulièrement l’écho? Peut-être parce que Dassault espère encore vendre son matériel à l’infâme nouveau Tsar?

Le genre d’information qui s’égare dans les rédactions, guère confirmées, ni démenties…

(à suivre)

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