La concierge est dans l’escalator
September 30th, 2007De nouveau, gros regret de n’avoir pas en permanence un appareil photographique avec moi (petit sondage: qui dit encore ce mot composé en entier?)…
(Je précise tout de suite que c’est pour la première séquence que j’exprime ce regret, point certes pour la seconde, ce qui me vaudrait de me taxer moi-même de voyeur imbécile et minable)
L’autre jour, j’arrive à ma station de métro de prédilection (pas tellement pour une question esthétique, mais surtout parce qu’elle est la plus proche de l’appartement), et je constate que la moitié de l’escalier dans le sens de sa… heu… longueur? profondeur?… est barrée par une espèce de corde à linge genre scellé de flic ou bande velpo noir-jaune (signe des temps: la Flandre gagne du terrain), soutenant quelques petits panneaux: “accès interdit -en manutention” et un, en bas de l’escalier, pourvu du message bateau classique: “En manutention pour mieux vous servir.”
Soit…
Je prends donc l’escalator, contrit de devoir monter les vingt marches qui me séparent de l’air moyennement libre (because pollution) de la surface au moyen d’un engin consommant une électricité qui, pour être à 80 pour-cent produite par des moyens hydro-électriques, n’en a pas moins traversé la moitié du pays, et qui sait perdant combien de son potentiel en chemin, etc. etc. (suit un discours écolo militant de base pour l’usage des escaliers traditionnels, même par l’handicapé, le cachochyme et le bébé de 8 mois. Je vous l’épargne, adressez-vous à votre René Dumont favori).
Bref… En chemin vers le sommet, je jette quand même un oeil (plop) sur l’escalier (dont la moitié, pour rappel, est toujours accessible -mon discours sus-mentionné est donc une vaste supercherie) pour en distinguer les éléments inopérants, en panne ou défectueux…
Que dalle,
Peau de balle,
Quéquette branlette,
Tu parles,
Va te rhabiller,
Polop
Rien de rien…
Cet escalier était en parfait état d’utilisation à moins qu’il ne cachât un moteur en révision dont l’utilité ne m’apparaît pas clairement dans la seconde…
L’idée me vint qu’il fallait sans doute justifier un emploi fictif (l’ouvrier réparant était sans doute parti manger son 14h30), mais le niveau social de l’emploi me parut légèrement en retrait par rapport à ceux que briguent généralement les amis des édiles et autres hauts-fonctionnaires…
Alors quoi?
Je ne le saurai sans doute jamais.
D’autant que le lendemain, reprenant ledit escalier, je constatais sans grande surprise qu’il avait été remis à la disposition pleine et entière du public… Un malaise passager (pour un lieu de transit, l’expression est gratinée), sans doute…
Et donc, il était à nouveau en accès libre, et ce pour mieux nous servir…
Ce midi, rentrant de ma leçon sabbatique (on doit bien dire ça, non, pour un samedi?), j’eus l’occasion de me dire qu’on aurait mieux fait de le conserver en totalité interdit d’accès: un pauvre bougre, méritant visiblement cet adjectif au propre comme au figuré, s’était lamentablement ramassé en bas de l’habitat naturel du concierge parisien colloqué station Saúde, sortie Jabaquara…
Deux flics, un infirmier et un employé du métro s’affairaient pour l’installer sur une belle planche de trois mètres de long, mais le bougre devait se foutre de la qualité des précautions prises: il avait descendu son dernier escalier…
Quant à moi, j’ai emprunté l’escalator -mis en panne pour permettre le passage dans les deux sens- en me disant que la réparation de son frangin non mécanisé n’avait probablement pas été des plus parfaites…
Mais où va le monde, ma bonne dame?