tout est dit…

August 3rd, 2007

Les églises ici sont parfois surprenantes… Aussi vous enverrai-je de temps en temps un exemplaire sous forme de photo.
Premier choix, “L’Église baptiste du Peuple”, dont l’architecture se fond dans le décor urbain (c’est le moins qu’on puisse dire), mais qui se distingue aussi par son slogan:
“Simplesmente Igreja”
“Tout simplement église”

tout simplement

Attali se serait-il diversifié?

Prégnance (fin de (réflexion de))

July 31st, 2007

À l’époque du patriarcat institutionnalisé et indiscutable (je parle de la période qui court de l’antiquité à l’avènement des nouveaux pères), l’homme, le soldat, le chevalier, le roi, avait l’habitude d’engrosser sa bourgeoise, sa duchesse, sa reine entre deux guerres, et de la laisser ensuite seule avec sa quenouille ou son tricot pendant les neuf mois de la grossesse…

Nous voici arrivés à la fin de cette période, certes joyeuse et pleine de surprises, de “oh quel joli ventre” et de “vous êtes sûrs qu’il n’y en a qu’un?”… Mais aussi de “Bien sûr chérie je te ramasse ça, c’est normal que tu fasses tout tomber” et “Des fraises, à trois heures du matin? Sans problème. Avec ou sans sucre en poudre?” Et puis aussi de “Désolé chérie, non, tu as raison, c’est de MA faute si le câble a sauté” et de “Je te promets de ne plus mettre tes humeurs sur le compte de tes hormones”.

Maintenant je comprends pourquoi l’homme, ce faible, ce grand romantique,… ce couard, a inventé la guerre…

Note: le mot prégnance n’est pas à proprement parlé français (en tout cas pas dans le sens où je l’entends là tout de suite), mais je le trouve tellement plus évocateur que “grossesse”.

Note encore: bien sûr, c’est une plaisanterie… si, si…

lecture facile -mais avec quelque chose dedans

July 30th, 2007

Comme la maman d’Y et L disait que ça lui plaisait bien de lire du Henry Potier au fond de ses plumes, je voudrais profiter de la tribune que je m’offre en plus de celle que m’offre Un Homme ici pour évoquer mes dernières lectures positives -je veux dire celles qui m’ont franchement emballé et qui, en plus, ont le mérite d’être faciles à lire.

Léo Malet est un auteur libertaire bien connu des amateurs de Tardi. Il a créé le personnage de Burma, détective de choc, qui trimbale sa dégaine essentiellement à Paris, un Paris qui commence pendant la IIe guerre mondiale et se poursuit tout au long des trente glorieuses.

Un Paris donc, où les intrigues apparaissent toutes plus ou moins invraisemblables, pleines de rebondissements étranges que Burma résoud pus grâce à la solidité de son crâne (qu’est-ce qu’il se prend dans la gueule) que celle de ses muscles. Mais c’est le portrait attachant des rencontres de Tardi et les descriptions d’une ville aujourd’hui disparue (le Paris d’avant Pompidou et Chirac) qui retiennent l’attention. Dans le contexte de l’après-guerre, socialement très intéressant (dimension que Simenon lui n’évoquait que de manière plus plate et franchement neutre), Léo Malet raconte la haute et les prol’ avec une égale acuité, ne ménageant aucun, mais visiblement plein de fraternité pour les plus démunis, les plus courageux, les plus débrouillards, même s’ils sont (surtout s’ils sont?) hors-la-loi…

Je viens de m’enfiler coup sur coup “Les eaux troubles de Javel” et “Un croque-mort nommé Nestor”. Le premier fait partie de la série “Les nouveaux Mystères de Paris”, le second est plus général (il se partage entre Paris, Nîmes et Fontainebleau). Le langage mi-crû, mi-latinisant, signe du “flic privé” qui a certes de l’éducation, mais se sent plus à l’aise dans les bars ouvriers que dans les salons des hôtels particuliers, ce langage anticipe -et selon moi vaut largement- Frédéric Dard, apportant une touche sociale que je n’ai pas réussi à distinguer chez San Antonio. Mais je ne suis pas un spécialiste de cette majesté-là, donc je nuance mon propos.

Catzecat (car je t’ai reconnue), si tu t’ennuies au fond de ton lit, prends-toi plutôt un bon Malet, soit chez Robert Laffont, soit de seconde main aux éditions Fleuve noir (ou chez Robert Laffont aussi) :-), ça casse trois pattes à un canard, et c’est de la bonne littérature pas traduite… (j’ai rien contre les traductions a priori, mais c’est quand même généralement mieux en original -même si pas toujours)

Et en plus c’est bien drôle…

Henry Potier et les navets magiques -lecture très dispensable

July 28th, 2007

je n’étais pas le seul à pressentir dès le début que le phénomène Potter allait être envahissant et contre-productif.

Les arguments du genre “Sans lui certains ne liraient pas” et “on a bien le droit de rêver” me laissaient pantois. On devait donc se réjouir que les gens lisent ça plutôt que rien. On devait donc se féliciter que le rêve se vende comme des paquets de lessive -à coups de pub!

Dans le même temps, des gens plus compétents que moi mirent en lumière les mécanismes du succès de la daube (dans le Monde Diplo, notamment). Les critiques fusèrent, les défenses aussi… Harry Potter se mit à mériter de paraître… je veux dire de paraître plus qu’il n’est: une histoire pour enfants qui plaît aux adultes et qui a été médiatisée à tel point que Melville, Balzac et Cervantès seront au total sans doute moins lu en un, deux et quatre siècles (respectivement) que la JK Rowlings en dix ans…
Je suppose que les thèses de doctorat à son sujet commencent à pleuvoir…

Ma question est:
doit-on réellement se réjouir que des gens “qui ne lisent pas d’habitude” dévorent Harry Potter, au prix d’une énergie médiatique dantesque (à propos de bonne littérature peu lue…) et d’une invasion publicitaire jamais égalée (dans mon souvenir) pour un bouquin qui, si je ne m’abuse, ne changera guère le cours de l’histoire…

Qu’on ne se méprenne pas: je n’ai rien contre la littérature enfantine, au contraire. Mais je me désole (une fois de plus et pour un sujet de plus) que notre paysage médiatique se retrouve asphyxié par quelques phénomènes vaguement bien écrits, même pas spécialement originaux, et sans que cela ne permette de croire qu’enfants et adultes fans de la chose passent à autre chose ensuite… Ou alors je veux des résultats d’étude!

Une autre question est: dans un monde comme le nôtre où les enjeux sont tels que les gens devraient se tourner vers des sujets un peu plus graves (environnement, politique, social), un phénomène “de société” comme Harry Potter, terriblement innocent sur le plan idéologique, n’est-il pas totalement contre-productif? Je crois malheureusement que si…

L’enjeu, c’est de faire passer un gamin de Oui-Oui au Club des Cinq, puis à l’Ile au Trésor, avant de suivre avec des livres sérieux -et moins sérieux…
Mais que des adultes se passionnent pour un arbre creux accessible aux moins de dix ans, ça me dépasse…

Mais bon, avec ça, plus on parle, mieux Harry se porte, donc je ferais aussi bien de la fermer (je lis déjà les réponses: “Ouais t’aurais mieux fait de la fermer”).

Pas de demi-mesure!

July 26th, 2007

lu sur la première page du Soir en ligne, qui se distingue décidément par une déontologie de plus en plus raffinée:

Symboliquement et jusqu’à l’arrivée à Paris dimanche, vu le soupçon généralisé qui pèse sur le Tour, « Le Soir en ligne » ne publiera plus que des photos en noir et blanc des vainqueurs d’étape et des porteurs de maillot jaune.

Ça me ferait presque penser à “la liberté de penser” de Florent Pognon…

Proverbe bancaire

July 22nd, 2007

Nós temos mais sorte do que juízo.

(Nous avons plus de chance que de capacité de jugement)

Prononcé par un responsable bancaire brésilien qui a tenu à rester anonyme…

Ça en dit long sur l’état de la finance…

encore un qu’on ne pendra pas…

July 20th, 2007

Pol Boël est mort…

Au-delà de son insignifiance, un doute m’assaille: le jour de la révolution, que ferons-nous
1) des sociaux-traîtres?
2) des libéraux?
3) des membres du PS? (à distinguer des sociaux-traîtres, naturellement…) :p
4) des présentateurs télé (à l’exception d’une si elle le devient)?
5) des fonctionnaires de la FGTB (à l’exception d’un ou deux)?
6) des supporters du Standard et des équipes néerlandaise et italienne de foot (à l’exception de deux qui commencent à échapper à pas mal de purges)?
7) des cuisiniers de Chez Léon?
8) de la famille royale?
9) de moi?

je vous suggère donc de vous prononcer sur cet épineux problème: celui du “monde d’après” la sociale…

essayez de répondre en respectant la numérotation, hein! “Je suis pour la liberté, mais dans l’ordre.” (Michel debré)

Il venait de Porto Alegre

July 18th, 2007

L’avion, qui est tombé à deux kilomètres de chez moi, sur un bâtiment de la compagnie aérienne TAM (ironie du sort, comme disent les littéreux, l’avion était affrêté par la même compagnie) et sur une voiture qui passait par là, venait de Porto Alegre…

Il n’en faudrait peut-être pas moins pour que Georginou y trouve des armes de destruction massive, dans ce coin de gauchistes… ‘fin… d’alter-mondialistes disons… pour ne pas utiliser la nomenclature de notre premier serviteur sortant (voir le post précédent, j’ai la flemme de faire un lien).

à part ça, c’est nous les fascistes…

July 16th, 2007

Je me souviens qu’en septembre ou octobre 2001, Verhofstadt (premier) avait traité les militants qui organisaient le contre-sommet de Bruxelles de “quasi-fascistes”.
Quand on lit certaines de ses incohérences, c’en est presque amusant:

Selon le premier ministre démissionnaire Guy Verhofstadt, la bourgmestre de Mortsel confond la législation sur les demandeurs d’asile avec la problématique de l’immigration. Il répond ainsi à la lettre ouverte écrite par la bourgmestre anversoise Ingrid Pira au quotidien flamand De Morgen, dans laquelle elle annonce qu’elle ne signera plus d’ordre d’expulsion.

Mme Pira expliquait dans sa missive qu’elle devait faire face à un problème moral, après avoir lu une déclaration de M. Verhofstadt jugeant l’actuelle politique d’immigration inhumaine. Elle ajoutait suspendre sa signature jusqu’à ce qu’elle ait obtenu une réponse de Guy Verhofstadt. Celui-ci a dès lors publié un communiqué samedi, affirmant que Mme Pira confond, consciemment ou non, la législation sur les demandeurs d’asile et la problématique de l’immigration.
Une législation telle qu’elle existe en Belgique et dans les autres pays européens est destinée à empêcher que nous devions accueillir tous les pauvres du monde, estime l’ex-premier ministre. Mais s’il s’agit de parler de l’immigration en général, il estime en effet que les politiques européennes et américains en la matière sont égoïstes et inhumaines.

Il plaide pour sa part en faveur de davantage de libéralisme et pour une filière d’immigration légale. Il voudrait que l’Europe applique un système dans lequel les personnes étrangères viendraient dans nos contrées pour travailler au développement de notre société. Il s’agira d’insérer légalement ces personnes dans notre marché du travail mais aussi sur les plans culturel et sociétal, écrit-il. En attendant, il estime que la bourgmestre écologiste doit appliquer la loi qui a été approuvée par une large majorité démocratique.

(info envoyée par le Mouvement du 21 septembre, lié à la CRER.)
Donc, la politique européenne en la matière est égoïste et pour arranger le coup, il faudrait que la législation s’arrange pour que ceux qui seraient autorisés à venir travailler chez nous le fassent au bénéfice de notre société (qui, il faut en convenir, en a bien besoin quand on voit les pays non-européens, tellement privilégiés).

La vision restrictive et condescendante de l’immigration du “premier serviteur sortant” de l’État belge serait presque amusante si elle ne concernait pas directement la vie de milliers de personnes en Belgique et de centaines de milliers de personnes en Europe… Et combien d’autres dans le monde.

Mais rassurez-vous: les favelas sont encore plutôt au Brésil qu’en dessous de chez vous. Vive la démocratie!

la démocratie du travail

July 12th, 2007

dans le livre de Wilhelm REICH, Psychologie de masse du fascisme, dont j’ai lu l’an dernier l’édition 1972 de chez Payot (en traduction donc), on trouvera p. 27, une définition intéressante:

“Démocratie du travail. La démocratie du travail n’est pas un système idéologique; elle n’est pas non plus un système “politique” qui pourrait être imposé à la société humaine par la propagande d’un parti, de politiciens ou d’un groupe partageant une idéologie commune. La démocratie naturelle du travail est la somme de toutes les fonctions vitales régies par les relations rationnelles interpersonnelles qui ont pris naissance, qui ont grandi et se sont développées d’une manière naturelle et organique. La nouveauté de la démocratie du travail réside dans le fait qu’une régulation future possible de la société humaine a été dégagée pour la première fois dans l’histoire de la sociologie non pas d’idéologies ou de conditions devant être créées, mais de processus naturels qui ont existé et se sont développés depuis toujours. La “politique” de la démocratie du travail est caractérisée par le fait qu’elle rejette toute sorte de politique et de démagogie. Les masses laborieuses loin d’être affranchies de leur responsabilité sociale en seront au contraire chargées.

La définition se poursuit et je vais la retranscrire tout de suite, mais je désirais faire une pause ici. Les italiques sont de Reich; par contre, c’est moi qui souligne. Pourquoi précisément ces passages? Comme toute définition, elle ne peut exister qu’en son ensemble et il ne saurait être question d’en retirer une partie arbitrairement. Ce n’est pas le but, mais les deux passages soulignés sont remarquables dans leurs intentions particulières.

Le premier mène à l’affirmation que la démocratie du travail est un fait, non une construction; elle s’exerce dans les relations entre travailleurs qui admettent l’égale considération du travail de l’autre. Je ne suis pas trop accroché par le terme “naturel” qui lie ces relations. Selon moi, le terme naturel est assez osé et il ne m’importe pas de savoir si oui ou non une démocratie humaine repose sur une existence naturelle ou non. La guerre comme la paix, l’égalité comme l’inégalité, la dictature comme la démocratie sont des phénomènes humains; qu’ils soient culturels ou naturels, je fais mon choix parmi eux. Si un jour quelqu’un me montrait que la démocratie, la paix et l’égalité sont des choix culturels contraires aux réalités naturelles, je n’en ferais pas moins le choix de ces trois-là contre les trois autres.
Par ailleurs, le côté central du terme “travail” me gène un peu dans cette définition, sans pour autant que me vienne à l’esprit l’envie de contester sa valeur générale. Le travail et les travailleurs étaient logiquement au centre des préoccupations de l’époque de l’écriture de Reich, époque où contester le travail était une hérésie des deux côtés de la guerre froide; et puis Reich est tout de même encore très influencé par la force de frappe marxiste…

Le deuxième passage souligné est, lui, véritablement d’actualité dans sa problématique: si Reich aujourd’hui serait sans doute heureux de constater le progrès de la liberté sexuelle (encore à poursuivre), il ne pourrait qu’admettre que la responsabilité sociale n’est pas plus entre les mains des bases sociales qu’auparavant.
Nous sommes donc encore loin de la démocratie du travail vue par Reich. Ce qui n’empêche pas que son aspiration m’apparaisse légitime et désirable, en effet.

Suite de la définition:

“Les démocrates du travail ne briguent pas des postes de “fürher”. La démocratie du travail développe à bon escient la démocratie formelle caractérisée surtout par l’élection des délégués politiques et n’implique aucune autre responsabilité de la part des électeurs, la démocratie du travail est une démocratie authentique, effective et pratique, conçue sur une base internationale. Cette démocratie repose sur les fonctions de l’amour, du travail et de la connaissance et se développe d’une manière organique. Elle combat le mysticisme et l’idée d’un Etat totalitaire non par une attitude politique, mais par les fonctions vitales pratiques qui obéissent à leurs propres lois. Bref, la démocratie naturelle du travail est une fonction bio-sociologique naturelle et fondamentale qui vient d’être découverte. Elle n’est pas un programme politique.”

En bref, la démocratie du travail envisagée par Reich est la simple application des coopérations qu’il estime naturelles (moi, moins, mais qu’importe). Si ces coopérations ont surtout lieu dans le travail humain, Reich précisera sa pensée au long du livre sur ce qu’il appelle le travail, ou du moins sur le travail digne d’intérêt et porteur de démocratie.
Sera considérée comme travail toute occupation utile ou nécessaire à la vie humaine. En sera donc exclue toute activité neutre ou nuisible à la vie humaine… Mais ceci, c’est presque la conclusion du livre. Entre-temps, Reich passe en revue les techniques utilisées par tout pouvoir autoritaire convaincu de sa légitimité pour conserver sa force. Ces techniques semblent résolument concentrées autour du concept d’économie sexuelle.
L’anxiété, le manque, la frustration, fondés sur les interdits, les codes, la morale, tous plus émotionnellement et irrationnellement marqués, conduisent hommes et femmes vers la soumission apparemment délibérée à l’autorité. Reich montre que l’histoire du fascisme (au sens large, qu’il ne limite pas à ce qu’il connaît directement au cours des années 20 et 30) se nourrit de cette économie sexuelle à contre-sens de la vie.

Je viens encore de voir “Angela’s Ashes” de Alan Parker, qui évoque la répression morale en Irlande dans les années 30′ et 40’… Ça parle directement…