Archive for the ‘économie mon amour’ Category

das Kapital libéral

Friday, December 24th, 2010

Une réflexion comme je les aime.

Imaginons qu’un jour les libéraux, les purs et durs, les vrais de vrais, l’emportent -je veux dire qu’on ait vraiment du néolibéralisme en Europe -parce qu’en fait, vous n’avez rien vu, parole de Brésilien d’adoption…

Que se passera-t-il?

Première chose: les transports publics seront intégralement privatisés. Ce qui signifie forcément, outre qu’ils baisseront probablement de qualité, que les chauffeurs seront payés au kilomètre parcouru -et non plus à l’heure- et au client chargé, et que le prix du billet va sacrément augmenter -ou alors ce sera le bus qui va baisser de qualité-. En conséquence de quoi, les poubelles à quatre roues vont commencer à pulluler, parce que les gens préféreront acheter des ruines “privées” ou des voitures bon marché que de payer des fortunes par an pour des services médiocres. Le tout, évidemment, à crédit (rebonjour les bulles). En quelques années, les embouteillages deviendront la règle plutôt que l’exception, à pratiquement toute heure du jour. C’est à peu près le lot de São Paulo, il paraît que c’est pire à Mexico-City. Sans compter que les chantiers routiers ne seront plus menés par une administration publique, mais entièrement soumis à des marchés privés, directement réalisés morceaux par morceaux par des instances d’arbitrage local -on se sera éloigné de la corruption de l’État, mais les marchés privés ne mènent pas moins au gâchis et au précaire. Et je vous dis pas l’état des routes et des trottoirs ici…

Deuxième chose: les assurances-maladies se vendront comme des petits pains dans des bureaux minables installés à tous les coins de rue; des entreprises de soins dentaires verront le jour, croîtront et s’effondreront, laissant les assurés sans l’assurance de garder leurs dents, qu’ils auront fait blanchir, redresser, rechausser, évider, par des mécaniciens dentistes sous-formés, recrutés dans des facultés de quatrième catégorie, comme il commencera à en pulluler, sans qu’on ait l’assurance que leurs professeurs en soient bien, qu’ils sachent exactement de quoi ils parlent, et soient même capables d’appliquer leurs doctrines. Le tout sera masqué par “les meilleurs services dentaires de la planète” ou “la deuxième nation en terme de chirurgie plastique” -dit-on autour de moi. Mais, même si c’est vrai, cela vaut-il le détour?

Troisième chose: les notaires seront entièrement libres d’exercer comme ils l’entendent, au prix qu’ils l’entendent, d’engager qui ils veulent, de faire tourner leurs “études” comme des super-marchés du service notarial. Ils vendront les mariages et leurs contrats, les déclarations de naissance et de mort, les successions détaxées et les historiques de propriété privée… Naturellement, ces bureaux deviendront les seules références en matière de droit patrimonial et, rapidement, de véritables chambres d’entérinement de situations théoriquement irrégulières, comme une appropriation indue ou un contrat de mariage inégal. J’espère que vous imaginez sans peine le détail de l’anti-réforme agraire qui s’est passée et se passe encore au Brésil. C’est ça aussi, le libéralisme…

Quatrième chose: la justice gratuite sera de l’histoire ancienne -encore que, déjà que, bon… Mais vous regretterez le bon vieux de la justice bourgeoise occidentale…

Cinquième chose: les normes de fabrication, de contrôle, de service, d’usage, de transport, de soins, etc., toutes disparaîtront pour faire place à des conventions, des contrats, des échelles, personnalisées, ciblées, catégorisées en fonction des demandes et des besoins des clients. Les accidents, les négligences, les accrocs aux contrats, les réparations hasardeuses nécessiteront peu à peu la disparition des statistiques, le recentrage de l’information -qui de toute façon, bon… Les agences de vérification seront encore plus “indépendantes” qu’elles ne le sont aujourd’hui. Tellement indépendantes et tellement bien payées par les producteurs, qu’elles agiront encore plus comme des agences de notation financière -vous savez? ces machins qui sont en grande partie responsables de la crise qui vous est tombée dessus ces trois dernières années… Bonjour les conflits d’intérêts!

Sixième chose: les espaces publics vont progressivement être vendus à des propriétaires privés. Vos déplacements seront progressivement réduits aux espaces qu’ils vous laisseront. Peut-être existera-t-il encore un droit de servitude minimal, peut-être pas. Alors? Des péages tous les dix mètres? Comment ça impraticable? N’avez qu’à rester chez vous et commander des pizzas…

Je réfléchis encore à d’autres trucs, mais je trouve que c’est déjà assez encourageant (pour nous inciter à la vigilance, veux-je dire)… Cela dit, je n’excuse pas les politiques libérales de nos politiciens modérés, je lance juste un appel du pied à ceux qui, en théorie, sont censés défendre les droits des travailleurs, les acquis sociaux, la justice sociale… Et qui y renoncent à petits pas, tels de gentils écologistes…

Ah, si le syndicalisme retrouvait ses couleurs d’avant les annés 70’…

À l’Ouest, rien de nouveau…

Saturday, September 4th, 2010

Texte trouvé ici. Tout ça pour dire que je ne suis pas mort, que le blog vit encore, et que les choses ont peu changé en 20 ans…
Ce n’est pas la fin de l’histoire, ça non!

LES SAIGNEURS DE LA TERRE DANS LE TIERS-MONDE LA DETTE TUE : UN AUSCHWITZ TOUS LES SIX MOIS..
SLOOVER,JEAN

Vendredi 22 mars 1991

LES SAIGNEURS DE LA TERRE

Dans le tiers monde, la dette tue: un Auschwitz tous les six mois. Justice, réclament certains. De plus en plus nombreux…

Deux milliards et demi de dollars. C’est la somme annuelle qu’il faudrait désormais dégager pour sauver les 40.000 enfants qui meurent de faim chaque année dans le tiers monde. Une somme considérable. Enorme, même, diront certains. Pourtant…

Pourtant, deux milliards et demi de dollars, c’est le prix de 5 bombardiers «high tech». C’est ce que l’URSS dépense chaque année en… vodka. C’est le budget publicitaire annuel des fabricants de cigarettes américains. C’est 2 % des dépenses militaires des pays occidentaux. Et c’est loin, très loin des 100 milliards de dollars que – sans compter les destructions – les coalisés ont dépensés dans le Golfe pour écraser la machine de guerre du «Maître de Bagdad». Alors, efficace l’ordre économique mondial? Cet ordre sur lequel le marché, dorénavant, règne en maître?

Certains, en tout cas, ne le pensent pas, que du contraire. Et parmi eux, un certain nombre de personnalités – comme l’agronome René Dumont, le chanteur Renaud, le syndicalite suisse Jean Ziegler… – ont décidé de le crier fort et clair: Nous vivons dans un monde où toutes les conditions du bonheur sont réunies, mais où le plus fort taux de croissance est atteint par… la misère. En cause: un impérialisme économique qui saigne à blanc le tiers monde et l’écrase sous le poids de la dette!

Ces mots, s’ils paraissent presque d’un autre âge, servent pourtant désormais de bannière aux Comités pour l’Annulation de la Dette du tiers monde (CATDM). Des Comités qui, depuis quelque temps, exercent, dans ce sens, une pression grandissante sur les instances financières internationales: FMI, G7,… C’est dans la perspective de prochaines actions que, tout récemment, la branche belge a organisé un colloque à l’ULB sur le thème: «Dette du tiers monde: bombe à retardement». Une manifestation qui a rassemblé près d’un millier de personnes. Visiblement le sort de l’hémisphère sud laisse de moins en moins indifférent…

C’est l’écrivain français Gilles Perrault, auteur – entre autres – du célèbre «L’Orchestre rouge» et initiateur de l’Appel international pour l’Annulation de la Dette, qui a ouvert les débats. Il nous explique pourquoi et comment, ses compagnons et lui, entendent «ranimer l’espérance»…

JEAN SLOOVER

Gilles Perrault, tout le monde, un jour ou l’autre, emprunte de l’argent, s’endette. Les pays du tiers monde, comme vous, comme moi. Pourquoi devrait-on effacer l’ardoise de ces pays plutôt que la vôtre? Que la mienne? Ou celle de la Belgique qui traîne derrière elle, depuis des années, un fardeau de 7.000 milliards de francs?

Parce que ces pays sont, eux, en état d’extrême urgence. parce que, là-bas, dans le tiers monde, la dette tue. Elle tue au travers des politiques d’austérité – volontaires ou imposées – que son remboursement implique. Dans ces pays où les gens n’avaient déjà presque rien, la rigueur signifie automatiquement des économies sur la nutrition, la santé, l’éducation…

Bref, la non-satisfaction des besoins les plus élémentaires des populations. L’Unicef a calculé l’impact de la dette: la mort de 40.000 enfants par an. Un Auschwitz tous les six mois… Des chiffres effrayants. Des chiffres qui ne nous interpellent pas; qui nous réquisitionnent. Au-delà de toute considération politique. Ne rien faire, c’est, tout simplement, de la non-assistance à personne en danger…

L’annulation de la dette changerait-elle pour autant le cours des choses?

C’est, en tout cas, un préalable. Il faut d’ailleurs, non pas annuler la dette, mais l’abolir. Comme on a aboli l’esclavage. C’est notre revendication. Radicale. La dette est un cancer. Et quand on découvre une tumeur, on ne l’enlève pas à moitié…

Ne pensez-vous pas, néanmoins, que… l’abolition de la dette puisse avoir un effet négatif considérable sur l’économie occidentale?

D’abord, il faut se rappeler qu’une grande partie des difficultés de remboursement des pays «pauvres» sont dues à l’augmentation vertigineuse des taux d’intérêt induite par l’appel massif des Etats-Unis aux marchés des capitaux en raison de leurs déficits commercial et budgétaire: les USA sont, aujourd’hui, le pays le plus endetté du monde. Leur endettement intérieur équivaut approximativement à six fois la dette de l’ensemble du tiers monde! Ensuite, au-travers des intérêts payés, les pays du tiers monde ont d’ores et déjà remboursé deux ou trois fois le capital emprunté. Par ailleurs, 20 à 25 % des sommes prêtées ont été accaparées par les dirigeants locaux et se sont immédiatement retrouvées sous forme de dépôts privés dans les coffres des banques occidentales. Les institutions financières occidentales, ont ainsi non seulement «le beurre», mais aussi une partie non négligeable de «l’argent du beurre». Enfin, il faut distinguer les dettes d’Etat à Etat et les dettes privées. Les dettes que l’on efface sont des dettes d’Etat à Etat. Les entreprises privées, elles, n’effacent rien: elles revendent leurs créances aux pouvoirs publics lesquels financent le non-remboursement de leurs titres par l’impôt. les profits sont ainsi privatisés et les pertes, socialisées…

Mais, quel que soit le payeur en dernier ressort, il y a quand même perte. Une vaste opération d’abolition de la dette aurait donc malgré tout un impact substantiel sur nos économies. Pensez-vous que l’opinion publique occidentale soit prête à l’accepter?

Il faut être clair: l’immense majorité des gens ne ressentirait pas grand chose. Certes, les banques souffriraient. Mais il n’y aura pas d’effondrement: l’impact principal se concentrera sur les plus riches.

Pas d’«Apocalypse Now» économique, donc, en cas d’annulation de la dette?

La preuve: lorsqu’il est dans l’intérêt du système d’abandonner ses créances, il le fait sans hésiter. Car, tous les pays ne sont égaux devant la dette.

Exemple?

L’Egypte. Les Etats-Unis ont annulé la dette du Caire en échange de son soutien à la coalition anti-irakienne et de l’envoi d’un contingent de soldats dans le Golfe… Par contre, la Jordanie et d’autres alliés de Saddam Hussein – que nous détestons – ont vu geler les prêts qu’ils avaient sollicités auprès des organismes financiers internationaux.

Précisément. Ne croyez-vous pas qu’en soustrayant les pays du tiers monde à leurs obligations financières, vous allez surtout déserrer la corde qui entoure le cou de nombreux régimes dictatoriaux?

Nous avons beaucoup réfléchi à cette question. La dette de pays dirigés de manière autoritaire ne doit être abolie que si, en même temps, les fortunes personnelles souvent colossales – voyez le Zaïre – accumulées par leurs dictateurs dans les banques du Nord sont redistribuées à leurs peuples.

Mais n’est-ce pas un peu utopique?

Non. C’est ce qui s’est fait pour les Philippines après la chute de Marcos. Il est vrai que telle était la volonté des Etats-Unis… Cela étant, les régimes démocratiques sont tout autant victimes de la dette que les peuples des pays dictatoriaux. Les militaires argentins ont perdu le pouvoir à cause des Malouines. Mais c’est la dette qui met aujourd’hui en péril la jeune démocratie à Buenos Aires…

Vous disiez tout à l’heure que l’abolition de la dette n’est qu’un préalable pour sauver le Sud. Un préalable à quoi?

A l’instauration d’échanges moins inégaux entre les deux hémisphères. La réalité est d’une simplicité désarmante: les pays du tiers monde ne peuvent pas vivre avec ce qu’ils vendent en raison des prix insuffisants auxquels on le leur achète. Point à la ligne. Les drapeaux métropolitains ont cessé de flotter sur les édifices des ex-colonies. Mais les prix des matières premières continuent à être fixées à Londres, à Chicago, à New York… Et, non seulement, il y a les termes de l’échange, mais il y a aussi ce que l’on échange. Car, dans bien des cas, les pays du tiers monde ont, pour diverses raisons politiques ou économiques, été contraints de substituer à leurs cultures vivrières traditionnelles des cultures de type industriel destinées à l’exportation vers les économies des anciennes métropoles. D’où la contrainte d’importer sans cesse davantage les produits de consommation courante autrefois produits sur place. Etc. Il faut changer, remodifier tout cela. Redistribuer les richesses.

Qui? Vous?

Les peuples du tiers monde. Ils savent que le marché les affame, les tue…

Est-ce que vous n’avez pas du Sud une vision lyrique, romantique? Gilles Perrault ne rêve-t-il pas son tiers monde?

Certains d’entre nous l’ont fait dans les années soixante: la chine, Cuba, la légende de Che Guevara, le Vietnam, l’Algérie, la Palestine… ont, tour à tour, incarné les espérances de ceux qui attendaient la grande délivrance. C’est vrai. Nous, nous ne sommes pas comme cela. Nous portons sur le tiers monde un regard sans illusion. Nous sommes lucides. Conscients des gaspillages éhontés, des monstruosités mégalomaniaques, des dictatures, de la complicité des bourgeoisies compradores, des achats d’armes, des massacres… C’est pourquoi, comme le dit René Dumont de l’Afrique, l’urgence pour le tiers monde, c’est aussi la démocratie. Pas nécessairement une démocratie à l’occidentale avec élection tous les quatre ans. Mais un régime qui donne aux gens des droits fondamentaux, comme l’éducation, et leur offre la possibilité de maîtriser davantage leur destin. D’avoir leur mot à dire dans l’allocation des ressources. Le nouvel ordre économique pour lequel nous nous battons est indissociable d’un nouvel ordre politique.

C’est quoi ce nouvel ordre économique?

La justice. La justice dans les échanges. La fin du (néo)colonialisme, si vous préférez.

Mais le capitalisme est plus vivant, plus fort que jamais?

On dit cela. On dit que le capitalisme a triomphé. Si c’est vrai, alors ce sera le triomphe des cimetières. Car c’est le sort de la planète qui est en jeu. La dette, non seulement pousse le tiers monde à la famine – jamais autant d’hommes ne sont morts de faim! – mais le contraint aussi à un gaspillage effréné de ses ressources naturelles. La déforestation n’est qu’un exemple parmi d’autres de cet «écocide» qui nous concerne tous. Que nous soyons du Nord ou que nous soyons du Sud, nous sommes tous sur le même Titanic…

C’est à une véritable révolution mondiale que vous appelez?

Aujourd’hui, le mot est quasiment obscène. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit. D’un changement radical du système économique mondial. Ce sera la révolution ou le chaos!

Vercors a dit récemment que si le futur devait se limiter au capitalisme sauvage, ce serait à désespérer. Le tiers mondisme, c’est l’alternative?

Je préfèrerais le terme «Mondialisme». Ou, pourquoi pas, «Internationalisme». Cela étant, nous ne sommes pas à la recherche d’une cause. La libération du Sud vis-à-vis des contraintes du marché mondial s’impose d’elle-même. Au simple vu des chiffres.

Pourtant, à l’Est, les masses populaires sont descendues dans les rues pour exiger exactement le contraire. Pour revendiquer une économie de type (néo)libéral?

Et maintenant elles manifestent pour protester contre le chômage, l’inflation, la crise… Et c’est là, précisément, que se situe notre rôle: sortir les fausses idées de la tête des gens. Montrer que si le marché peut être efficace à une certaine échelle, ailleurs, vu d’ensemble, il peut être totalement dysfonctionnel. Que s’il nous semble, à nous qui vivons dans l’aisance, largement bénéfique, c’est parce que d’autres, les trois quarts de l’humanité qui végètent loin de nos chaumières, ne disposent pas du minimum vital. Que si le marché gagne ici, c’est parce qu’il tue là-bas. Et que l’on ne peut pas, raisonnablement, entrer comme cela dans le XXIe siècle.

Est-il normal de laisser, à notre époque, se développer l’épidémie de choléra qui frappe le Pérou, alors qu’avec les moyens actuels, l’éradication de cette maladie ne pose aucun problème?

Lénine disait: «La cravate de l’ouvrier anglais est payée par la sueur du coolie indien». C’est cela que vous voulez nous faire comprendre?

Je ne connaissais pas l’expression, mais c’est tout à fait cela. A cette exception près qu’aujour-d’hui ce n’est plus d’une simple cravate qu’il s’agit, mais d’un costume complet…

1) 29, rue Plantin, 1070 Bruxelles. Tél. 02-523.40.23 ou 24.

citius altius fortius

Wednesday, August 11th, 2010

On ne le dira jamais assez: l’information est l’arme ultime, au moins en matière économique. Et ce n’est pas nouveau, comme Crassus et Rotschild nous l’avaient déjà appris.

Le problème, c’est que le temps commence à se compter désormais en minutes, en secondes,… et même en micro-secondes…

C’est ce que tend à nous faire savoir cette info (qui n’en est pas une, car, il faut bien le dire, sur le coup, j’ai une guerre de retard): ce sont désormais des ordinateurs ((Voir par exemple ceci ou ceci ou ceci.)) qui passent les ordres de vente et d’achat à la bourse.

Et ça, ça doit commencer à nous faire très peur. Car il semble bien que ce sont eux les petits responsables d’un dévissage sérieux à la Bourse de New York, le 6 mai dernier. Une chute de 9%, ça marque un trader de Wall Street.

Alors, si on peut s’en contre-balancer, a priori, vu qu’un courtier qui se jette par la fenêtre, c’est un peu une forêt qui renaît, un lac qui ne s’assèche pas, dix mille emplois de sauver, un peu moins d’OGM et probablement une demi-guerre en moins (en moyenne), on doit tout de même se souvenir qu’à court, moyen, voire long terme, comme nous ne nous occupons pas assez de l’économie financière, c’est elle qui décide pour nous. Or, si l’on menace maintenant le High Frequency Trading de se retrouver hors-la-loi, ça ne signifie absolument pas que les gros bills financiers vont renoncer à utiliser des cerveaux artificiels conçus par des nerds totalement en dehors des réalités de la toute grande majorité des habitants de la planète, faune, flore et humanité comprise.

Autrement dit, l’information va aller toujours plus vite. Et à un certain moment, toujours plus vite aura un drôle de relent d’impossibilité d’avancer.

Et alors, Krach.

Et Krach à côté duquel celui de 1928, celui de 1973 ou les derniers qui viennent de nous titiller coups sur coups depuis 1997 ((Bulle asiatique, bulle Nasdaq, bulle immobilière-hypothèque, sans compter toutes les mini-bulles qui, telles des mini-tumeurs, nous pourrissent la vie sans que la bourse ne s’en ressente.)), seront de doux souvenirs comme les guerres de Samouraïs doivent l’avoir été à ceux qui se sont pris la bombe A sur la tête.

Me fais-je bien comprendre?

Le bookmaker et son tueur

Wednesday, June 23rd, 2010

La Société Générale réclame 4,9 milliards d’euros à Jérome Kerviel.

Par souci, paraît-il, de “simplicité” et de “compréhension”.

Un bon libéral est un libéral mort, disait le Colonel Custer.
et Henri IX lui répondit “Tuez-les tous, qu’il n’en reste pas un seul pour me le reprocher après.”

Deux grands penseurs qu’il faudrait peut-être enseigner plus souvent à nos petits…

On the road again

Monday, May 31st, 2010

“Imaginez que l’on crée un moyen de transport non-polluant, comme un casque télétransporteur, par exemple. Tout le monde trouverait ça fantastique ((À part les constructeurs automobiles évidemment.)) et on attribuerait un prix à l’inventeur. Mais, supposons encore que, quand il reçoit sa distinction, il révèle que la machine fonctionne avec de la chair humaine et que pour l’utiliser (au Brésil), elle consomme dix personnes par jour. Il serait sûrement arrêté aussitôt. Pourtant, ce n’est pas le cas avec la voiture, tout le monde l’accepte.”

Voilà comment un professeur de la Faculté de Médecine de l’Université de São Paulo, Paulo Saldiva, résume la problématique du culte de la voiture.

L’an dernier, ce sont plus de 4 personnes par jour qui mouraient au Brésil dans un accident de voiture, et l’on estime à environ 10 personnes par jour qui meurent en raison des suites de l’abus de voiture: pollution et stress donc maladies, accidents ((Si j’ai bien compris l’article de Camila Souza Ramos et Glauco Faria, O caos sobre rodas, in Forum, Outro mundo em debate, mai 2010, p. 8-13.)).

Savez-vous en outre que les dépenses d’asphaltage, de signaux, de feux, etc., représentent la moitié des dépenses d’urbanisation d’une ville? Prenez tous les frais d’hôpitaux, d’école, d’arborisation, de trottoirs, de lumière, de pistes cyclables, d’équipements publics, de places, etc., tout cela coûte moins cher que le service “public” de la bagnole -qui pourtant, en moyenne, ne sert qu’une petite minorité de la population mondiale ((Même article, qui cite Raquel Rolnik, professeure à l’Université de São Paulo.)). Si on concentrait plus d’investissement dans les transports publics, il y aurait donc fatalement plus de justice.

Et moins de croissance, hehehe…

On compte enfin que les habitants de São Paulo, en raison du trafic, passent 2h43 en moyenne chaque jour dans des déplacements entre leur domicile et leur travail. 41 jours par an…

Ça ne vous fait toujours pas réfléchir ((Les Paulistes sont plus de soixante-pour cent à s’accommoder de la situation. Ils écoutent les infos (30%), de la musique (27%), étudient (16%), travaillent (11%) ou regardent le trafic (10%). Et vous?))?

Ay, Caramba! Vous l’aimez donc tant que ça, la croissance?

Comment que je te dé-Grèce tout ça…

Monday, May 17th, 2010

Il y a une chose qui est certaine, avec la nouvelle “situation” que l’on qualifierait bien de crise en Grèce, s’il n’y avait pas un petit sentiment de continuité dans celle-ci depuis… Oulah, depuis quand déjà?, bref, il y a bien une chose qui est certaine, c’est que, curieusement, étrangement, plus les banques, les investisseurs, les États font les cons, et plus ce sont les gens, les travailleurs, les chômeurs, les pensionnés, les jeunes et les femmes qui s’en prennent plein les gencives ((Ceux qui, finalement, auront le plus souffert, au cours de cette crise contingente aux trop fameux subprimes, ce sont les travailleurs des économies qui auront pris la crise au rebond, aussi bien aux USA, que dans les pays dits “périphériques” (quelle belle image), ou en Europe, avec, donc, une nouvelle -et sûrement pas dernière- péripétie au pays qui “inventa” la démocratie.))…

Ça doit être une coïncidence…

Ou alors je vois juste, simplement, tout simplement, quand je pense que cet état de, allez, de crise, disons, pour céder à la terminologie à la mode ((Mais alors, il faut reconnaître que crise est à peu près aussi galvaudé que, pour prendre un exemple tarabustant, génocide. Voir par exemple ici.)), permet tout simplement de miner encore plus, et de plus en plus, le système d’État providence qui s’était développé au cours du XXe Siècle en Europe et qui, depuis la… tiens, tiens, la crise du pétrole de 1973, voit ses fondations se réduire comme peau de chagrin sous les coups de boutoirs des gouvernements et des décideurs économiques.

(Non que l’État providence me paraisse la meilleure des choses au monde, mais, dans l’histoire, c’était un des aboutissements les plus équilibrés en matière de justice sociale -bien qu’aux dépens d’une grande part de la population mondiale, malheureusement…)

Tous les prétextes sont d’ailleurs bons: que cela aille mal ou que cela aille bien, on trouve toujours une bonne excuse pour rendre aux petits césars de la finance, de l’économie, du profit, ce qui ne leur appartenait pas.

Pour ce qui est de ce cas spécifique, qu’est-ce qui pressait de “sauver l’État grec”, qui, par essence, étant un État, ne peut pas faire faillite, théoriquement ((Voir à ce sujet, par exemple, le raisonnement de Frédéric Lordon, ici.))? Depuis le traité de Maastricht et les mesures contraignantes qui lient les États liés à l’Union Européenne de ne pas excéder des déficits budgétaires de 3% du PIB, de rembourser régulièrement leurs dettes, de limiter à 60% du PIB leurs dettes globales, on en passe et des meilleures telles que ni les USA, ni le Japon ((Actuellement endetté à plus de 200% de son PIB selon le même Frédéric Lordon, dans la traduction d’un de ses articles que j’ai pu lire en portugais ce mois-ci dans le Monde diplomatique Brasil.)) ne pourront jamais entrer dans notre belle Association de Marché Garantissant les Meilleurs Prix aux Plus Gros -et que c’est bien dommage…, depuis ce traité, donc, l’Allemagne, la France et l’Italie (pour ne parler que des trois plus gros de la zone euro) en tête ont été dans une situation de rouge plus ou moins continuel qui ne les a pas empêchés de conserver une économie suffisante pour rester dans le G7 -que je sache…

Et pourtant, il aura suffi à la Grèce d’une crise, une seule -une crise? vraiment?- pour se retrouver en situation d’être faillie. Et les vierges effarouchées de l’Union de crier au scandale et de menacer ces tricheurs de politiciens grecs -comme si eux-mêmes n’avaient jamais manipulé un bilan pour tenter de maquiller un déficit, on rêve!- de se retrouver au ban de la sacro-sainte bannière bleue (couleur choisie au hasard) à nombre d’étoiles variables…

Il est évident que ce n’est pas l’avenir du Parthénon qui préoccupe les instances supérieures de l’Union (dont les commissaires méditerranéens semblent faire les morts, curieusement), mais bien la nécessité de respecter la règle d’or de laisser les marchés financiers s’occuper de gérer les dettes nationales, et donc, incidemment (tu parles!), de dicter leurs lois au-dessus des parlements prétendument démocratiques…

Grecs, si l’Allemagne vous fout à la porte de l’UE, partez la tête haute et reprenez les rênes de votre État. Vous avez tout pour être heureux: l’huile, l’eau, le vin, la mer, l’histoire et la culture… Contentez-vous de peu, j’arrive avec le chocolat…

Je suis ma voiture… de trop près

Friday, May 14th, 2010

Dans un article récent ((Ici.)), j’ai prétendu (sans être le premier) que la propriété nous enferme, nous emprisonne. J’affirmais que notre propre bien était une prison ((J’utilisais les termes suivants: La propriété elle-même, par beaucoup considérée comme la plus importante des libertés, tant d’une personne que d’un État, est en fait la propre cage de l’individu qui a accepté de se transformer en personne, c’est-à-dire en titulaire des titres de biens matériels et immatériels qui lui serviront de limites et l’encercleront par opposition aux autres qui seront encerclés aussi, à la fois par les limites de cette première personne, par celles de toutes les autres personnes et par les leurs propres.)).

Même si j’aime beaucoup “Fight Club” en ce qu’il pose de manière audacieuse un grand problème lié à la militance ((L’engagement et son influence sur l’individu engagé.)) , je ne voulais pas dire cela dans le sens que “nous ne sommes pas notre portefeuille, nous ne sommes pas notre voiture, nous ne sommes pas notre putain de treillis”… pour paraphraser un Tyler en grande forme au milieu du film… ((You’re not your job. You’re not how much money you have in the bank. You’re not the car you drive. You’re not the contents of your wallet. You’re not your fucking khakis. You’re the all-singing, all-dancing crap of the world.))

Ce que je voulais dire, de manière plus générale, c’est que le fait d’être propriétaire d’un bien nous aliène à notre individu en nous réduisant à être son gardien. Il est vrai que nous perdons notre identité en laissant nos biens nous définir, et je suis bien d’accord avec cette autre réflexion (d’origine anarchiste) de Tyler: “Les choses que nous possédons finissent par nous posséder.” ((The things you used to own, now they own you.))

Ici, cependant, je m’attarde sur un autre point: les choses que nous possédons nous limitent par le fait même que nous les possédons… Sans compter qu’elles limitent les autres et que les biens des autres nous limitent également ((Voir l’article dont je parlais plus haut.)).

Rien n’est sans doute plus illustratif que la bagnole à cet égard. Outre que le fait d’être ou non propriétaire ((Attention, je dis bien propriétaire, pas autre chose comme possesseur, détenteur, usufruitier; s’il le faut je m’en expliquerai dans un autre article.)) d’une voiture x, y ou z nous range automatiquement dans une catégorie de personnes et crée de fait une inégalité qui, on s’en souviendra, réduit notre liberté ((Citant toujours le même article: l’égalité est indispensable à cette forme de liberté individuelle, et cela signifie qu’en aucun cas l’expression de la liberté d’un individu puisse être soumise au prétendu droit d’une personne, morale ou physique, à détenir en sa propriété, temporairement ou définitivement, les moyens qui permettraient à un ou plusieurs individus de se prémunir contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, la maladie, l’inconfort ou toute autre chose qui accélère la mort. Par personne morale, j’entends aussi ici un État ou une administration “publique”.)), le droit que nous avons créé autour de cet objet de haut prix nous oblige à le garder, à en être à la fois le protecteur, le défenseur, le garde-chiourme. Nous craignons pour elle, nous dépensons beaucoup de notre temps et de notre espace à la défendre, par exemple lorsque nous réduisons une partie de notre maison à l’état de garage ou quand nous cherchons pendant des heures par an un espace sûr pour la stationner, de préférence dans un endroit illuminé avec des policiers autour ou dans un parking payant…

Outre que cette voiture, quand vous la déplacez, limite d’autant les déplacements des autres voitures, mais aussi des piétons, loin de vous assurer la liberté promise par la publicité, elle vous assigne à sa garde permanente, vous interdit de l’abandonner au milieu d’un bouchon, vous oblige à aller la chercher à la fourrière, ou à la porter chez le garagiste. Vous êtes inquiet pour elle, parfois plus que pour vos enfants, que pour vos proches et pour vos amis… Il y a quelque chose de maladif, là-dedans, il est temps de le reconnaître.

Mais il y a plus, c’est que, si la voiture peut paraître une forteresse pour certains qui la prennent grande, blindée, dotée d’une alarme et de vitres obscures, elle peut aussi devenir une cible par ce fait même qu’elle paraît plus ce qu’elle est exactement: un produit de luxe.

La voiture la plus haute, la plus rapide, la plus solide est également la plus enviée, la plus désirée, donc la plus facilement attaquable, soit qu’on la désire, elle, soit que l’on sait que la personne qui s’y trouve a fatalement quelque chose d’intéressant sur elle. Plus elle sera protégée et plus on trouvera de moyens pour en violer les protections.

Tout cela est tellement vrai, à São Paulo, bastion du libéralisme capitaliste abouti, que certains de ses habitants particulièrement privilégiés préfèrent se déplacer en hélicoptère. Selon une revue de droite, elle est la seconde ville en terme de flotte privée de ces engins. Mais il n’est probablement pas loin le temps où ce nouvel abri, cette nouvelle forteresse, se trouvera réduite, elle aussi, à l’état de cible. L’an dernier, un hélicoptère de la police militaire (les mêmes qui apparaissent dans le film “Tropa de Elite”) a été descendu par un lance-roquette depuis la favela qu’il survolait…

L’escalade de cette violence est l’exact reflet de l’escalade de l’extension de la propriété et de la nécessité de la défendre: nous nous transformons toujours plus en otages des biens qui nous défendent et que nous défendons. Ceci définit à quel point Diogène avait raison en brisant sa tasse le jour où il découvrit qu’il pouvait se passer de cette dernière possession et boire dans le creux de ses mains…

Multipliez maintenant ce problème lié à la voiture par l’ensemble des biens que vous considérez importants dans votre vie, et vous aurez une petite idée du problème qui lie la propriété privée et la liberté.

égalité et liberté ou liberté et égalité?

Tuesday, April 27th, 2010

Une des critiques qui nous tombent régulièrement sur le râble, libertaires, anarchistes, anti-autoritaires, anarcho-communistes et autres zigotos aux appellations les plus diverses, c’est que nous serions incapables de faire un choix entre la liberté et l’égalité quand le cas se présente. Dit autrement, on nous demande, en fait, de nous prononcer quant à celle de ces deux valeurs que nous mettrions en premier sur une échelle.

Étant entendu dans le piège que si nous choisissons la liberté, nous sommes d’infâmes capitalistes qui nous cachons derrière de prétendus nobles idéaux et que si nous choisissons l’égalité, nous ne sommes que des staliniens qui tentons de nous cacher sous une couette noire et rouge.

Le piège est grossier et nous ne devons pas nous y laisser prendre, car en fait ce sont les deux positions prétenduement antagonistes et classiques qui s’avèrent contradictoires.

Il n’y a pas de liberté sans égalité et il n’y a pas d’égalité sans liberté. Je le dis et l’affirme de la manière la plus absolue, sans me référer à des limites du genre “égalité des droits”, “égalité des chances”, “liberté d’entreprise” ou toute autre chose.

Il est évident qu’une telle affirmation comporte des conséquences que ni les socialistes autoritaires, ni les sociaux-démocrates, ni les capitalistes libéraux n’accepteront d’assumer.

Premièrement, la liberté ne peut se satisfaire d’aucune limite en dehors de celles que possède la nature humaine, mortelle et corporelle. Notre liberté ne se pose pas en terme de capacité à accumuler les biens et les richesses, mais à défendre temporairement contre nos propres limites physiques nos capacités à penser, agir, créer, fabriquer, enseigner, apprendre, produire et reproduire, aimer et rechercher le bonheur, la satisfaction et le contentement en attendant la mort.

Toute autre liberté est fictive, à commencer par la liberté d’entreprendre, par exemple, qui est régie par des principes tellement complexes et qui, surtout, implique automatiquement des limites dans le champ des voisins de celui qui entreprend, qu’en réalité ce type de liberté s’avère être une prison. La propriété elle-même, par beaucoup considérée comme la plus importante des libertés, tant d’une personne que d’un État, est en fait la propre cage de l’individu qui a accepté de se transformer en personne, c’est-à-dire en titulaire des titres de biens matériels et immatériels qui lui serviront de limites et l’encercleront par opposition aux autres qui seront encerclés aussi, à la fois par les limites de cette première personne, par celles de toutes les autres personnes et par les leurs propres.

La liberté, cependant, implique bien d’autres choses, comme par exemple celle du choix intellectuel de ses propres valeurs, de sa métaphysique, de sa définition de la vie, choix qui doit absolument être individuel et ne peut être limité par une autre notion comme celle de la “liberté du père à choisir la religion ou l’éducation de ses enfants”. Tout doit être fait, dans une société libertaire, pour que la famille ne soit que le lieu privilégié, mais aussi éventuel, non forcé, du partage de l’affection et de l’apprentissage de bases de vies dans la société libertaire, non dans un esprit sectariste, élitiste, corporatiste, patriarcal, ou autre chose du même goût.

L’égalité est indispensable à cette forme de liberté individuelle, et cela signifie qu’en aucun cas l’expression de la liberté d’un individu puisse être soumise au prétendu droit d’une personne, morale ou physique, à détenir en sa propriété, temporairement ou définitivement, les moyens qui permettraient à un ou plusieurs individus de se prémunir contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, la maladie, l’inconfort ou toute autre chose qui accélère la mort. Par personne morale, j’entends aussi ici un État ou une administration “publique”.

L’égalité est donc indispensable à la liberté, et la “liberté d’entreprendre”, tout comme la propriété, ne doivent pas créer l’illusion du contraire.

Par ailleurs, il doit être évident que l’égalité ne saurait se prévaloir d’une première place par rapport à la liberté, car, si cela était, l’exercice même de l’égalité s’en trouverait empêché. En effet, comme l’égalité doit être l’égalité devant la recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, si elle devait être soumise à un appareil qui prétendrait la garantir (comme un État, un syndicat, un parti ou tout autre appareil d’un type ou d’un autre), elle perdrait aussitôt son essence, puisque son objectif devrait être de permettre aux individus de choisir précisément chacun selon ses envies et en fonction de sa propre individualité ce qu’il estime être sa propre quête comme vue ci-dessus, dans les limites de sa mortalité. Aucun appareil ne peut prétendre savoir légitimement ce qui est bon ou non pour chaque individu.

L’égalité ne saurait non plus se soumettre à une autorité spirituelle (religieuse, nationale, communautaire, scolaire, autre) quelconque -et fatalement patrimoniale, mais imaginons un instant que ceci n’entre pas en compte, même si nous savons que c’est impossible-, car, ce faisant, elle se réduirait d’autant et cette égalité disparaîtrait au profit d’une uniformité qui ne signifie pas du tout la même chose.

En définitive, donc, liberté et égalité, loin d’être antinomiques ou en concurrence (ce qui serait un comble), sont correlées et, j’oserais le dire, les deux manifestations d’une seule et même chose: le droit de tout individu dans son humanité et de toute l’humanité exprimée dans chacun de ses individus à poursuivre temporairement -c’est-à-dire jusqu’à sa mort- sa propre recherche du bonheur, de la satisfaction et du contentement, dans les seules limites que nous avons dites ici plus haut.

Pour que ce droit puisse se manifester pleinement, deux entraves doivent en être écrasées impitoyablement, comme diraient les anars les plus historiques, de Goodwin jusqu’à Debord, c’est l’État et la propriété. L’un d’ailleurs n’allant pas sans l’autre, et vice versa.

Aux dernières nouvelles, la croissance ne sert à rien

Sunday, April 25th, 2010

Et voilà… Tout à une fin…

Il se trouve qu’au Brésil, en 2009, la croissance a été virtuellement nulle. La presse réactionnaire évoquait même la première croissance négative depuis les années Collor, du nom d’un président qui ne termina pas son mandat pour cause de corruption et d’incompétence (trop) manifestes.

Dans le même temps, les stats viennent de tomber, la pauvreté a été réduite de 500.000 personnes et le nombre d’emplois réguliers a connu un solde finalement positif…

Comme quoi, la croissance n’est absolument pas une nécessité économique.

C’était notre rubrique: les économistes disent plus souvent de conneries que de vérités…

économie, mon amour

Friday, April 9th, 2010

Pour qui ça intéresse, je viens d’ajouter une nouvelle catégorie d’articles qui reprend ceux qui évoquent l’économie -vue à travers les lunettes d’un anarchiste, naturellement.

Je n’ai pas assez de mes nuits et de mes jours pour traiter de tous les sujets que je voudrais. Je pense qu’il me faudrait quatre ou cinq vies pour ce faire. Et bien plus d’énergie aussi. Mais je pense aussi que, contrairement à une idée fort répandue, les problèmes économiques sont bien plus accessibles qu’on a l’habitude de le prétendre, surtout du côté des professeurs de cette matière. Intéressez-vous à l’économie, car elle, elle s’intéresse beaucoup à vous… Enfin, à certains aspects de votre personne…

Ah, et puis, il y a aussi la colonne de droite, avec quelques titres toujours d’actualité… Bien qu’ils aient parfois trois ans.