Archive for the ‘politopics’ Category

100.000 morts par jour… jusqu’à hier

Thursday, May 8th, 2008

Ils appellent ça les commodities

Ça fait plus chic. Ou alors, et je crois que c’est la bonne explication, ça permet d’éviter de se prendre la tête avec la conscience au moment de poser ses ordres de vente et d’achat, à trop penser que ce sur quoi on spécule et fait du profit, c’est des matières premières agricoles, autrement dit les trucs bizarres qui sortent du sol et qui empêchent les Haïtiens, les Camerounais et les Afghans de mourir de faim… d’habitude.

Moins maintenant.

Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU pour les questions de faim dans le monde, tire depuis des années le cordon de la clochette d’alarme (y’a pas le modèle corne de brume à l’ONU) comme un frappé: ça va nous péter à la gueule, ça va nous péter à la gueule. Déjà, jusqu’à hier cent mille personnes décédaient tous les jours des suites de carence alimentaire ou de faim.
Cent mille.
Tous les jours.
Et ça, c’était hier.
(Et donc meurent 6 millions d’enfants de moins de 5 ans par an)

Aujourd’hui, sous prétexte que
1) les spéculateurs n’arrivent plus à faire du profit sur les marchés technologiques, sur l’immobilier (cf. le scandale des subprimes) et autres gadgets dont les conséquences ne sont finalement que secondaires (emploi, misère sociale, confort, pression salariale, expulsions) et qu’il y a du blé à se faire sur le froment;

2) les voitures doivent continuer à consommer leur ration journalière de carburant, mais qu’il est temps de passer à autre chose et, ô surprise, elles peuvent aussi s’enfiler des huiles de colza et du jus de maïs –ah ben oui, tant pis, c’est d’autant moins de bouffe pour Dilma, Youssouf et Mohammed, ou alors ils n’ont qu’à travailler plus pour gagner plus de fric, et puis voilà;

3) les ajustements libéraux promus par le FMI et la Banque Mondiale dans les pays en développement, si, si, c’était de bonnes choses (mais pour qui exactement? Pour le commerce qui merde de partout? Pour les États déresponsabilisés? Pour les anciennes métropoles, les propriétaires de terrains, les spéculateurs et les multinationales de vente de semence et de chimie amusante? en tout cas pas pour les agriculteurs du tiers-monde, et pas non plus pour leurs collègues du Premier Monde), même si maintenant ils s’en mordent un peu les doigts –mais juste un peu, et pas question de réclamer des renationalisations, oh, on n’est pas des communistes, quand même;

4) le dollar est si bas qu’il fait l’humilité;

5) les Chinois et les Indiens sont entrés sur le marché de la consommation internationales et que ces petits salauds, tels des Amerloques et des Britons, veulent manger de la viande trois fois par jour (enfin, on va commencer par trois fois par mois, mais ils sont tellement nombreux…), et que donc ça va diminuer d’autant les surfaces agricoles, sauf qu’en même temps ces sales bêtes, il faut bien qu’elles bouffent, donc ça va augmenter d’autant les surfaces agricoles, j’espère que vous avez suivi;

6) il faudra bien trouver d’autres raisons pour s’ingérer dans les politiques internes des pays qui prétendent ne plus être colonisés;

Pour toutes ces raisons, donc, 850 millions de personnes sont directement menacées par la faim en ce moment même.

Là.

Maintenant.

Quand vous lisez ces lignes.

Parce que spéculer sur les “commodities” est ce qu’ils ont trouvé de plus rentable, de plus sûr, en ce moment.

(Au passage, ça arrange super-bien le Brésil qui est exportateur net de ces trucs-là… C’est vous dire si on en parle, ici)

Le problème, c’est que les chiffres sont devenus tellement énormes qu’ils ne siginifient plus grand-chose dans l’esprit du francophone moyen qui a accès à internet. Surtout s’il pense aux difficultés qu’il va avoir ce mois-ci à payer sa facture de téléphone portable.

De même, on aura beau accumuler les différents émoluments, salaires, défraiements, appointements, traitements, honoraires, jetons de présence, et autres rémunérations que cumulent les élites de nos nations, aussi bien publiques que privées, quand on découvre les pointes icebergiennes de leurs frais de bouche, faux-frais, notes de frais et autres avantages plus ou moins frais, on ne peut s’empêcher de soupirer d’aise à l’idée que ce ne sera pas à nous de déclarer tout cela au fisc. Ni à eux, d’ailleurs, bien souvent…

Les chiffres devraient dire quelque chose pourtant.

Jean Ziegler ne sera bientôt plus là (on ne le lui souhaite pas, mais il ne rajeunit pas, le pauvre) pour marteler qu’un gosse meurt toutes les cinq secondes –de faim. Et que demain, ce sera toutes les quatre secondes. Ou toutes les trois…

(À écouter encore ici, sacré Jean)

L’idée cependant que la résolution à court, moyen et long terme de ce problème serait que nous consommions moins d’à peu près tout (y compris de viande et de tabac, de vin, de bière et de fromage, de sauces, de truffes et de chocolat, et même de café… Non, pas de café… Ah ben, si de café aussi, merde…) pour que d’autres puissent s’empiffrer d’une poignée de grains de riz et d’un bol de gruau d’avoine en plus d’une papaye au dessert, cette idée ne fait pas encore son chemin dans l’esprit de la toute grande majorité –de la quase-totalité des gens du Premier Monde.

L’idée que nous devrions habiter plus près de notre travail, ou que nous devrions partager notre voiture, ou même l’abandonner (et non pas la revendre pour en acheter une moins polluante) et prendre le train et le bus, le taxi en cas de nécessité, plutôt que de penser à coupler notre moteur au gaz ou au biocarburant, l’idée que nous devrions mettre un pull quand il fait seize degrés et pas monter le chauffage (une idée qui m’avait marqué dans des petits tracts dessinés par Franquin quand j’avais dix ans), que nous devrions repenser à toute cette énergie que nous faisons voyager sur des milliers de kilomètres, plutôt que de transformer nos usines au charbon en usines au tourteau, ces idées-là non plus ne font pas encore beaucoup de petits dans nos têtes. Pourtant elles commencent à prendre de l’âge, ces idées.

Lorsque le Brésil est critiqué pour vouloir se faire un peu de beurre sur les bagnoles à l’éthanol (ici à la canne à sucre), on oublie un peu vite que, d’une part, c’est nous qui consommons l’énergie qu’ils vont produire, d’autre part, ce que fait le Brésil (déboiser, pâturiser, chimiser, rendementiser, irriguer, désertifier, exil-ruraliser, bidonvilliser, etc.), l’Europe et les USA l’ont déjà fait au cours des trois derniers siècles et qu’on devrait commencer à reboiser avant de les montrer du doigt, qu’enfin le plus gros brûleur de nourriture (du maïs), c’est déjà, c’est encore les USA…

De même que l’on craint l’arrivée sur le marché de deux milliards et quelque d’Indiens et de Chinois qui voudraient se gaver de filet mignon, de bordeau rouge et de Roquefort Société, mais ils sont encore très loin, en chiffres absolus comme en chiffres relatifs, de titiller les statistiques des héritiers dorés de l’ère de l’industrialisation. Je veux dire: nous…

Et youpie! Vive Adam Smith, vive von Mieses, vive Friedman!

Et puis vive Ricardo, un peu plus pessimiste, quand même

it’s christmas in heaven…

Saturday, May 3rd, 2008

Un jour,

Toutes les économies de tous les pays seront formidables.

Toutes les dettes seront remboursées ou stabilisées.

Le commerce sera vraiment libre et équitable.

La concurrence sera loyale, les prix conformes à la loi de l’offre et de la demande et la satisfaction de chacun rencontrée.

Chaque région du monde cultivera ses propres compétences et l’excellence de sa population.

Les entreprises pourront se développer harmonieusement et les travailleurs choisir leur emploi.

Les subventions et les taxes douanières auront disparu.

Le commerce aura apporté la paix dans tous les pays et toutes les balances commerciales seront positives.

Et même, les entrepreneurs, les actionnaires, les patrons associeront le souci de la rentabilité à celui des conditions de travail des employés et de l’impact environnemental de leur production.

Le rêve d’Adam Smith.

On échangera du vin du Portugal contre des draperies d’Angleterre, quoi…

Youpie…

Vous n’avez pas un peu l’impression qu’on se fout de votre gueule?

(Nota: Imaginez un instant, déjà, que toutes les balances commerciales soient positives, et revenez me voir après…)

Le pays du libéralisme qui gagne…

Wednesday, April 23rd, 2008

Il est interdit à une compagnie étrangère de vendre du pétrole ou du gaz extrait aux USA à l’étranger, sauf autorisation expresse du Président des USA, autorisation qui peut être retirée s’il en ressent le besoin. (source: document publicitaire de Petrobras dans le CartaCapital du 26 décembre 2007). Par contre, ils se réservent le droit d’aller en chercher ailleurs à coups de baïonnettes…

Une banque étrangère ne peut être actionnaire à plus de 25 pour-cent d’une compagnie d’assurance étatsunienne.(Affaire du Crédit Lyonnais et Executive Life) C’est bien dommage: avec le dollar si bas, pour l’instant, c’est donné d’acheter de l’amerloque…

L’agriculture étatsunienne est subventionnée et sa concurrence envers l’agriculture étrangère est donc déloyale. En 2005, ces subventions s’élevaient à 25 milliards de dollars. Sans oublier que ces subventions ne profitent pas nécessairement au travailleur… (Source) Le résultat étant plus la protection des proprios que des fermiers, les conséquences en sont doublement désastreuses.

De nombreux produits fabriqués aux USA sont protégés par des taxes à l’importation de concurrents étrangers, comme par exemple l’acier (30% jusqu’en 2004), ou les biocarburants (48%). (Source: CartaCapital du 23 avril 2008.) Histoire de protéger leur système de protection sociale, sans doute?

De nombreux contrats commerciaux juteux ont été signés dans le cadre des guerres “gagnées” par les USA à l’étranger. À commencer par la reconstruction des pays détruits… Vous avez besoin d’une source ici?

En 2008, ce sont plus de 33 milliards de dollars qui seront distribués aux 28 millions d’habitants les plus pauvres du pays. On ne s’en plaindra certes pas, mais ce n’est pas très conforme au libéralisme.
(CartaCapital 16 avril 2008)
..

Dois-je rappeler comme je l’ai écrit ici que sans les interventions armées, le budget militaire et l’accroissement sans fin de leur dette, les USA auraient une croissance négative?

Il est beau l’exemple libéral d’Outre-Atlantique…

Et je ne vous parle même pas des effets… seulement des faits…

Qui a dit, le retour

Thursday, April 17th, 2008

Maintenant qu’on l’a mis à la mode, surtout chez Un homme, on va s’en faire encore un petit.

Qui a dit:

“Nous avons besoin d’une nouvelle morale pour abolir les privileges de la classe politique.”

1) le président Medvedev de Russie
2) son premier ministre, le délicieux Vladimir Poutine
3) un de ses meilleurs amis, “il cavaliere”, Berlusconi
4) un interlocuteur privilégié de ce dernier: George W. Bush
5) l’un des derniers amis de celui-ci, Alvaro Uribe, dirigeant de Colombie…

En tout cas, quel qu’il soit, ça devait être un gag…

Ceci n’est pas un état policier

Wednesday, April 9th, 2008

-ou comment décharger sa frustration quand on est du côté du manche

Je vous ai parlé à quelques reprises de mon ami Bahar ici, ici et ici.

Il se trouve que, de manière indirecte, le voilà de nouveau en proie à la vindicte bourgeoise des laquais du capitalisme (j’use exprès un vocabulaire cher à un certain Karl qui, pour des raisons évidentes, a demandé à rester anonyme), j’ai nommé les juges. Son épouse, Deniz, enceinte jusqu’aux yeux, régulièrement établie et attachée en Belgique depuis un paquet d’années, se voit pour l’instant refuser la nationalité belge, sous prétexte qu’elle ne pense pas comme le procureur Delmulle que le marxisme-léninisme soit dépassé et dangereux(1)…

« Attendu que la Sûreté de l’Etat a fourni des renseignements négatifs relatifs au requérant :
Cette personne est une militante du DHKP/C ainsi que pour son engagement au sein du Bureau d’information du DHKC de Bruxelles (la vitrine médiatique tolérée du DHKP/C dans la capitale).

Selon les renseignements fournis par la Sûreté de l’Etat, le DHKP/C est un mouvement terroriste marxiste-léniniste luttant pour l’instauration d’un ordre social communiste en Turquie. Ses objectifs sont de mettre fin, en fomentant une révolution populaire armée, à l’hégémonie politique, économique, militaire et culturelle de l’impérialisme en Turquie, de détruire la « suprématie impérialiste » américaine dans le monde et de faire cesser la répression contre les Kurdes. »

Dit le procureur du roi qui lui refuse sa green card au pickles…

Deniz n’a jamais été poursuivie devant un tribunal pour quoi que ce soit. Et pour rappel, Bahar et ses co-inculpés n’ont pas été condamnés pour appartenance à un groupe terroriste. Ils ont été acquittés. Si, si. Que tu le veuilles ou non, magistrat.

Il est en liberté.

Il a le droit de penser ce qu’il pense.

Lui.

En tout cas pour l’instant (croisons les doigts).

Mais pas sa femme…

Pourtant je pense ce que je veux en Belgique…

Du moins, je le croyais…

Enfin, pas vraiment, ça fait longtemps que je ne me fais plus d’illusion, mais là, ça y est, magistrat, tu nous montres par A+B que la Belgique est un pays qui interdit de penser autrement que toi. Bravo, magistrat. Tu as réussi ta révolution conservatrice.

C’est pour la même raison que toi et ta coupole en bronze empêchez également un homme de 60 ans passés, qui a travaillé la moitié de sa vie en Belgique, d’obtenir la sécurité, l’assurance, de pouvoir y rester jusqu’à la fin de ses jours sans craindre une extradition toujours possible entre complices de l’Interpol…

Je te le dis, magistrat, ce n’est pas joli-joli…

Tu sais, magistrat, que le bébé de Deniz va être Belge? J’espère que ça te fait bien mal, proc’, à l’endroit “que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici”.

Alors, évidemment, ce post ne s’adresse pas à un magistrat dont les qualificatifs (et les attributs) sont impubliables, mais bien à tous ceux qui voudront manifester leur solidarité avec Deniz en allant la retrouver, elle et ses amis, le mercredi 16 avril 2008 à 14h au Palais de justice de Bruxelles (la coupole en Bronze dont question plus haut) à l’intérieur de ou plus probablement devant la 12e Chambre du Tribunal de première instance, salle 0.14.

Sources et infos sur le site du CLEA.

(1) Certes, cela se discute. Moi-même… Mais bon… N’empêche…

Une démocratie à l’épreuve des balles

Monday, March 10th, 2008

La Colombie, sincère alliée des USA (la plus grande démocratie du monde), est également une république heureuse et prospère, dont la population ne peut s’empêcher d’élire que des libéraux et des conservateurs depuis des décennies. Il doit bien y avoir une raison pour ça… En tout cas, le magazine brésilien Veja y croit dur comme fer.

Il faut dire que les communistes, soit ont été massacrés peu après l’assassinat du libéral modéré (ou populiste selon les sources) Jorge Gaytan, soit se sont constitués en groupes armés qui, selon les dires du président, ne font rien qu’à être des terroristes plein de drogues.
Il faut dire aussi que les dernières élections colombiennes, avec 56 pour-cent d’abstention, n’ont pas été tout à fait clean, niveau fraude. Il faut dire enfin qu’Uribe est le premier président colombien depuis Bolivar à avoir trouvé le moyen de se faire réélire. Comment? en changeant la constitution deux ans avant… Tiens, tiens? Ça ne vous rappelle rien?

Difficile de ne pas reconnaître à Uribe le droit d’intervenir dans un pays laxiste comme l’Équateur pour éliminer de dangereux combattants (surpris en plein sommeil) qui s’y sont réfugiés, les lâches, comme si on jouait à touche-touche-plus-haut…

Le hic, c’est que Raul Reyes, désormais feu, était en pleine négociation pour libérer des otages. Ça la foutrait mal si Uribe n’avait pas trouvé sur le corps dudit un ordinateur portable plein d’informations super-géniales. La première desquelles, répercutées par tous les bons journaux des bonnes librairies, étant que l’infââââme Chávez aurait fourni 300 millions de dollars aux Farc pour les aider à répandre la terreur (dixit Uribe, et notamment reproduite par le très peu déontologique Veja, magazine à l’usage des imbéciles brésiliens -je vois pas d’autres qualificatifs).
Or, que lit-on sur ce fameux lap-top? Un échange de mails entre membres des Farc inclut en effet l’horrible mention suivante, à la date du 23 décembre dernier:

Con relación a 300, que en adelante llamaremos ossierya hay gestiones adelantadas por instrucciones del jefe del cojo, las cuales comentaré en nota aparte. Al jefe lo llamaremos Ángel, y al cojo Ernesto.

Ce qui se traduit par (j’ose espérer que les plus hispanophones d’entre vous me corrigeront si je me suis fourvoyé):
“En relation aux 300, que nous appellerons désormais “dossier”, des efforts se poursuivent selon les instructions du chef du cojo, dont je parlerai dans une note suivante. Appelons le chef Angel et le cojo Ernesto.”

Voilà, voilà… les 300 millions de Chavez (qui prend ici le nom de code “Angel”, mais, dans le reste du mail -et notamment à la ligne suivante-, est appelé… Chávez)…

300 millions de dollars… Alors que le dollar est si bas… Est-ce bien raisonnable?

La suite du mail évoque très clairement la libération d’otages. Le journaliste d’investigation Greg Palast (qui nous fournit le texte du mail) suppose que les 300 se réfèrent à la mention de 300 prisonniers à échanger… Il n’en est pas sûr, mais l’hypothèse a déjà l’air plus vraisemblable que d’envisager 300 millions (pourquoi millions et pas milliards?) de dollars (pourquoi dollars et pas euros?).

Quelques sources un peu alternatives à propos d’Uribe:
http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=578 qu’on peut difficilement taxer de gauchisme: il est sénateur socialiste en France.
http://www.legrandsoir.info/spip.php?article5870 déjà plus radicaux…
http://risal.collectifs.net/spip.php?article1866 de vrais chavistes, ceux-là…

Brèves

Sunday, March 9th, 2008

machines à voter

Polémique dans les Hauts-de-Seine après la panne d’une machine à voter
La candidate des Verts dénonce cette panne qui s’est produite à Sèvres.
Les électeurs ont dû utiliser les machines réservées aux handicapés.

En soi, on s’en fout… Les élections, à ce jour et telles qu’elles existent, ne servent qu’à donner des chèques en blanc à des conservateurs-de-la-rupture-qui-vont-tout-changer-sans-toucher-à-vos-privilèges… Évidemment, utiliser des machines, c’est encore pire: un jour, elles finiront par voter pour vous (pas pour moi, je vous rassure -et cela dit, est-ce pire que de vous voir continuer à aller voter?).

Le côté amusant, c’est que seules les machines pour handicapés fonctionnaient encore… et selon l’article il ne sera pas possible de retransvaser les comptes de cette machine dans l’originale (qui souffrait sans doute d’un handicap).

Dans le décompte final, voilà une ville des Hauts-de-Seine (fief de Sarkozye) qui affichera un haut taux de personnes déficientes… Coïncidence? Quelle déficience, d’abord?

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La 3e guerre mondiale est reportée

Dans la série des bonnes nouvelles, embrassades entre Chávez, Correa et Uribe sous l’oeil attendri d’Ortega et Morales.
Ouf.
On a échappé à la guerre à 3.000 km de chez moi.
Alors:
1) Uribe était sincère (et combien de temps vont mettre les Amerloques pour cesser de le financer, le déposer et mettre un autre facho à sa place);
2) Uribe temporise (et la guerre d’Amérique Latine ne fait que commencer);
3) Uribe a confondu Correa avec Condoleezza Rice (et ses conseillers ne l’ont pas encore compris, croyant à l’une des deux autres solutions);
4) Uribe en a profité pour empoisonner Correa et Chávez, ce n’est plus qu’une question de jours…

Qu’en aurait pensé Bécaud?

Thursday, February 21st, 2008

Castro s’en va; ou plutôt, il annonce son retrait politique, son auto-cantonnement dans la sphère de la pensée…

Pro- et anti-Castristes vont se disputer le bilan de l’étrange révolutionnaire devenu -par la force des choses ou par décision propre?- conservateur, tout au moins de son pouvoir…

Je ne me réjouirai pas de son départ, non pas parce que je fais partie du clan de ceux qui voyaient en lui le “dernier bastion” ou la “figure de proue” ou quoi que ce soit d’autre…

Je ne me réjouirai pas, parce qu’en ce moment, dans la tête des Cubains, ça doit jouer à “Et maintenant, que va-t-on se prendre?” (hint: d’où le titre du post)

Ça faisait un lustre qu’il n’y avait plus eu une exécution à Cuba, le pays en voie de développement le plus avancé malgré le blocus miamiste… Pas mal, quand même…

Ah ben oui, la démocratie… (c’est pas gagné)
On attend impatiemment le retour des grands féodaux, ça c’est sûr, et c’est sûr aussi que les Cubains n’attendent qu’une chose: redevenir le club med’ de la mafia et des chefs d’entreprises américains…
C’est quand même bizarre qu’on ne souhaite pas plus de démocratie dans les pays de l’ex-URSS, ou bien en Colombie, ou qu’on ne parle pas plus des désirs d’émancipations des indiens Mapuche et des Sioux-Lakotas… ‘doit y avoir un truc qui m’échappe pour qu’on s’intéresse tant à un pays de 11 millions d’habitants, et si peu à la Biélorussie ou à l’Ouzbékistan… Pour qu’on s’escagasse autant pour la liberté de presse dans l’île et si peu pour la liberté de circulation en Europe… Pour qu’on nous chipote tant avec la liberté d’entreprise à la Havane, et si peu avec les situations d’esclavages en Floride…

Ah ben oui, la révolution…
C’est déjà plus vrai: un grand espoir avait surgi à Cuba: on allait éradiquer la pauvreté, l’analphabétisme, la sous-alimentation, la grande propriété terrienne, tout ça… et on l’a fait… Mais bon… Je préfère Fidel en costume adidas qu’en kaki, moi, personnellement(1)… Mais bon, c’est tout du personnel…

Bonne chance, Cuba…
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.
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(1) Bon, évidemment, aurait-il fait tout ça en costume adidas… je ne sais pas…

Ce sont nos fils de pute…

Tuesday, February 19th, 2008

On attribue à Franklin D. Roosevelt (président des USA de 1932 à 1945) la phrase suivante, au sujet du dictateur du Nicaragua: “Somoza may be a son of a bitch, but he’s our son of a bitch.”

L’Europe, terre des droits de l’homme (mais pas des immigrés), est également -s’en souvient-on?- la métropole des colonies -ça, d’accord, on s’excuse-, mais également co-productrice du néo-colonialisme, et je voudrais en profiter pour commémorer ici…

NOS FILS DE PUTES…

Mobutu Sese Seko, maréchal-président à vie du Zaïre qui, sans l’aide de la Belgique, de la France et des USA, n’aurait pu se débarrasser impunément de tous ses opposants (à part le dernier). On ne s’en souvient pas assez quand on continue de voter pour les partis qui l’ont soutenu chez nous… C’est-à-dire en gros six des sept plus gros, même si à l’époque, les six en questions n’étaient que trois (puis, quatre, puis cinq…).

Grégoire Kayibanda, un monarque-président encouragé par la Belgique et l’Église catholique à perpétrer des massacres de Tutsi, sous prétexte d’autres massacres de ces derniers sur des Hutus. Connaissant le rôle de la Belgique dans l’escalade de haine entre ces deux groupes, ethnies, castes ou toute autre appellation que vous voudrez leur donner, on peut dire qu’il fut l’un de nos fils de pute.

Juvénal Habyarimana, un peu pareil que le précédent, en moins pire (mais à côté de la situation des Tutsis, celle des francophones de la périphérie bruxelloise ferait pisser de rire), même endroit, même tactique, plutôt encouragé par la France (et notamment Giscard d’estaing, François et Jean-Christophe “papa m’a dit” Mitterrand … Il sera soutenu dans sa guerre contre la guerilla tutsi par la Belgique et le Zaïre de l’ami Mobutu.

Omar Bongo, président (en activité) depuis 1967 du Gabon. Et en France on n’a qu’un mot à la bouche: “pourvu que ça dure.”

José Eduardo dos Santos, qui promet de partir à la retraite de son poste en Angola depuis un paquet de temps… Mais les entreprises pétrolières françaises ne trouveraient sans doute pas ça drôle. Alors il reste…

Zine el-Abidine Ben Ali, plus connu sous le nom de Ben Ali, est président de la Tunisie depuis 1987. Grand ami de tous les gouvernements français depuis lors (socialistes compris), il est l’un de nos plus beaux fils de pute. Beaucoup de journalistes ne sont plus là pour le dire.

Un autre beau morceau, dans le même genre, est Abdelaziz Bouteflika, qui dirige l’Algérie selon les mêmes sources d’interprétation de la Déclaration des Droits de l’Homme que son homologue tunisien. Un grand pote des gouvernements occidentaux…

Pedro Carmona a régné sur le Vénézuéla pendant un week-end, avec la bénédiction de l’Union Européenne, et aucune protestation de la part de nos chers gouvernants. Il aurait aimé être notre fils de pute plus longtemps, mais ça ne s’improvise pas…

Hamid Karzai est le “maire de Kaboul”, ainsi surnommé dans le pays qu’il est censé diriger avec l’appui de l’immense coalition occidentale qui poursuivait les terroristes jusque dans les chiottes des cavernes de l’Afghanistan. Il est probable qu’il soit le plus élégant de nos fils de pute; il a aussi le mérite d’être le plus inoffensif. Forcément…

Mohammed Reza Shah fut l’un de nos plus beaux fils de pute aussi (surtout cautionné par la Grande-Bretagne) et qui régna sur l’Iran et son pétrole en fonction des desiderata occidentaux (mettant notamment en prison Mossadegh, trop social-démocrate aux yeux des intérêts pétroliers britanniques).

Shimon Peres, l’un des plus beaux hypocrites de l’histoire qui, sous couvert d’un prix Nobel, est toujours considéré comme un fils de pute honorable, non seulement par nos gouvernements, mais aussi par tout un tas de gens qui, décidément, n’ont pas fait attention à ses exploits oppresseurs au cours de sa longue vie.

Yoweri Museveni, actuel président de l’Ouganda. Arrivé au pouvoir via une guerilla contre le gouvernement “socialiste” de Milton Obote, il est soutenu par les USA de Reagan, par le FMI, mais aussi par les Britanniques (l’Ouganda faisant partie de l’ancien Empire Britannique). Il a été élu trois fois, dont une sans opposant…

Saddam Hussein, longtemps perçu comme notre fils de pute du Moyen-Orient par les gouvernements occidentaux, et notamment par la France qui y voiyait un rempart laïque et un exemple de “socialisation” locale. Une guerre terrifiante et une répression de dingue ne changea pas la donne. Il n’a cessé d’être notre fils de pute pour devenir le digne successeur d’Hitler dans les médias que vers 1990…

Bokassa fut le fils de pute privilégié du Président Giscard d’Estaing. Pour rappel, ce dernier personnage a été élu longtemps après plusieurs fois député et député européen.

Benazir Bhutto qui, si elle n’avait pas été une femme, aurait rencontré sans doute plus d’opposition dans les médias européens. Membre de l’élite de son pays, elle faisait partie d’une famille de grands féodaux pakistanais. Peu probable que ses intentions s’étaient améliorées depuis qu’elle avait perdu son statut de premier ministre en 1996.

N’hésitez pas à ajouter vos propres fils de pute, ceux que j’aurais oubliés ou qui ne me sont pas venus à l’esprit, là, tout juste maintenant, en réfléchissant deux minutes…

Chaque fois que tu votes ou revotes pour un type ou un parti qui a soutenu un de ces fils de pute, tu reconnais toi-même qu’il est bon que nous ayons des fils de pute… Alors avant de critiquer la politique amerloque au Nicaragua, en Colombie, au Vénézuéla, au Chili, en Argentine, en Iran, au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Mexique, en Haïti, et dans l’ensemble des cent pays où stationnent des troupes américaines, souviens-toi que, toi aussi, tu portes une responsabilité dans le système néo-colonial.

Ne vote pas, agis…

Les syndicats se lancent-ils dans la lutte anti-antiterroriste?

Thursday, February 14th, 2008

Communiqué par un pote syndiqué et militant (ce qui n’est pas toujours incompatible):

DANGER : MENACE…ANTITERRORISTE

Au lendemain des évènements tragiques du 11 septembre 2001, et sous l’influence de l’administration Bush , la lutte contre le terrorisme devient la priorité de la politique internationale. Aux Etats-Unis, au nom de cette priorité, les restrictions aux libertés individuelles se multiplient. Nombreux sont alors ceux qui dénoncent les atteintes multiples au droit à la vie privée, aux libertés d’opinion, d’expression et d’association. Dans ce contexte général, la belgique adopte, en 2003, sous l’impulsion de l’Union européenne, la loi relative aux infractions terroristes.

Une des premières mises en oeuvre de cette législation a eu lieu dans “l’affaire Bahar Kimyongur”, dans laquelle un jeune homme belge s’est vu poursuivre du chef d’infraction terroriste (“apartenance à une organisation terroriste”) alors qu’aucun acte matériel grave ne lui est reproché. Après une longue procédure, au terme de laquelle la Cour de cassation a mis à néant les jugements et condamnations (5 ans de prison !) intervenus, pour défaut d’impartialité des juges, un nouveau verdict sera rendu prochainement. L’occasion, pour nous, de revenir sur les dangers de cette législation “antiterroriste”.

Pour comprendre ces dangers, il n’est pas inutile de rappeler brièvement quelques grands principes qui prévalaient, jusqu’il y a peu, en matière pénale.

La Révolution française a imposé l’idée selon laquelle l’Etat ne peut poursuivre et punir un individu que si celui-ci a commis un acte puni par la loi. Deux conditions apparaissent. Il faut, premièrement, que la loi définisse avec précision les actes qu’elle prohibe et qu’elle veut sanctionner. Deuxièmement, il faut…un “acte” : il n’appartient pas à la loi de s’immiscer dans les consciences et de punir les pensées ou les opinions des individus. Ces principes expriment une méfiance à l’égard du pouvoir de punir de l’Etat. En limitant ce pouvoir aux seuls actes matériels, ces principes consacrent le choix d’une société libre et démocratique, dans laquelle penser différemment, contester une politique ou un système, ou exprimer sa révolte ne constituent pas, en soi, des activités interdites.

La législation antiterroriste en vigueur en Belgique depuis 2003 remet en question ces acquis qui ont permis, au fil des années, aux citoyens de réfléchir ensemble, de s’organiser, de contester et d’améliorer le système dans lequel ils vivent.

En vertu de cette nouvelle législation, une infraction devient “terroriste” sitôt que l’intention de son auteur est “terroriste”. Or qu’est-ce qu’une intention terroriste ? La loi énumère une longue définition très large, trop large. Ainsi, dès lors que l’auteur d’une infraction (telle que la perturbation de l’approvisionnement en électricité, la destruction d’un système de transport, d’une propriété publique ou privée…) sera de “contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisaton internationale à accomplir, ou à s’abstenir d’accomplir un acte”, l’individu devient terroriste. Outre les lourdes peines dont il est alors passible, l’enjeu de cette qualification est le suivant : le caractère terroriste de l’infraction justifie le recours aux méthodes particulières de recherches (mise sous écoute, surveillance…), qui sont spécialementattentatoires à la liberté individuelle et à la vie privée.

D’entrée de jeu, on aperçoit la menace que constitue cette définition très large de l’infraction terroriste pour la contestation sociale et le combat syndical : les modes d’action utilisés par les travaileurs et tous ceux qui luttent contre l’injustice ne visent-ils pas, assez souvent, à “contraindre une autorité publique à s’abstenir d’accomplir un acte” ? Rappelons-nous du mouvement, dur mais combien légitime, contre le Pacte de solidarité entre les générations : il s’agissait bien, alors, d’empêcher le gouvernement d’adopter son plan…

Avec la nouvelle loi, l’intention de l’individu devient suspecte : ce ne sont plus son comportement, ses actes, qui sont poursuivis, mais sa pensée. Redoutable retour en arrière…

Lors de l’élaboration et de l’adoption de la loi de 2003, la FGTB et d’autres organisations progressistes avaient dénoncé les dangers d’une telle législation antiterroriste aveugle, estimant qu’elle risquait d’aboutir à la criminalisation de l’action sociale. Certes, la loi prévoit qu'”une organisation dont l’objet réel est exclusivement politique, syndical, philosophique ou religieux ou qui poursuit exclusivement tout autre but légitime ne peut, en tant que telle, être considérée comme un groupe terroriste”. cette disposition n’est pourtant pas satisfaisante : outre le fait que les termes “objet réel”, “exclusivement” et “but légitime” laissent aux autorités policières et judiciaires une (trop) grande liberté d’appréciation, elle ne met d’aucune manière à l’abri des poursuites pour terrorisme les individus eux-mêmes : c’est l’organisation en tant que telle qui semble plus ou moins protégée, et non l’activité des travailleurs et des citoyens.

Cette législation est d’autant plus critiquable qu’elle n’était pas nécessaire pour lutter contre le terrorisme : avant 2003, les organisations criminelles, les actes de violence aveugle contre des civils et les crimes contre l’humanité étaient déjà incriminés et poursuivis sur base du droit belge et du droit international.

Pour éviter que des militants syndicaux, politiques ou écologistes ne soient inculpés pour terrorisme, pour qu’il n’y ait plus d'”affaire Kimyongur”, pour que la liberté d’opinion et d’expression soit sauvegardée, il n’y a qu’une solution : abroger la loi du 19 décembre 2003, relative aux infractions terroristes.

SYNDICATS, magazine de la FGTB Bruxelles-Brussel, 8 février 2008, p.2

Et ce commentaire d’une photo de manifestation : Qu’une infraction soit commise à l’occasion d’un mouvement de contestation et qu’elle soit punie est une chose, critiquable à certains égards; qu’elle devienne une infraction terroriste et qu’elle soit punie comme telle en est une autre : totalement inaccceptable.