Archive for the ‘économie mon amour’ Category

Se servir sur la bête

Tuesday, April 6th, 2010

D’après un article, loin d’être surprenant, de Libé en ligne, les dirigeants des Hedge Funds (ces espèces de maîtres de l’univers bien cachés derrière leurs décisions financières sans aucun souci de production ou d’utilité sociale) ont réussi une année 2009 bien meilleure que la précédente, en raison des possibilités de rachat à la baisse de parts de nombreuses institutions financières fragilisées par la crise. Mais comment ont-ils fait? Comment, en période de crise, peut-on gagner du pognon? C’est extrêmement et diaboliquement simple.

Imaginez que vous soyez à la tête d’une grosse somme d’argent et que vous ayez l’esprit un peu, disons, spéculateur. Pas entreprenant, mais spéculateur. Qu’allez-vous acheter comme actions? Des valeurs montantes? Hm. Oui, c’est une possibilité. Du moins, si vous êtes convaincu que cette valorisation ait un fond de réalité suffisant pour conserver ensuite un certain niveau et vous permettre de gagner de l’argent sur le long terme, soit grâce aux dividendes des actions -mais il faut espérer que l’entreprise fasse suffisamment de bénéfices pour en distribuer à ses actionnaires-, soit en revendant vos actions avec bénéfice -mais dans ce cas, il faut espérer qu’il y ait des acheteurs et que le bénéfice dépasse les frais engagés.

Bref, faire du pognon quand la bourse va bien, c’est possible. Mais ça peut être long et, surtout, c’est très risqué, car, vous le savez sûrement, une valorisation boursière peut être un mirage et résulter en une catastrophe. Plus de dividendes, plus d’acheteurs, chute de l’action, fin des haricots, suicide…

Enfin, ne dramatisons pas trop.

Il y a l’autre cas de figure: qui irait acheter des actions d’une entreprise dont le cours de l’action baisse, voire s’écrase? Auriez-vous acheté des actions Lehman Brothers le jour précédant sa déclaration de banqueroute?

Non, pas de Lehman Brothers, parce que vous auriez su, informé comme vous l’êtes, que le gouvernement étatsunien n’avait aucunement l’intention de la sauver. Mais quid de sa “copine”, Goldman Sachs, qui paraissait dans le même cas? Sa valeur boursière s’était effondrée, et on pensait qu’elle allait suivre sa grande soeur dans le gouffre. Sauf que l’un de ses anciens CEO, Henry Paulson, est un membre du gouvernement Bush; c’en était même le Secrétaire au Trésor. Bref, le porte-monnaie.

Sachant cela -et bien d’autres choses que seuls les dieux de la finance, les maîtres de l’univers, selon Tom Wolfe, savent-, il était possible d’imaginer que Goldman Sachs allait s’en sortir, d’acheter des actions de la boîte au plus bas et les voir remonter rapidement au cours des deux années qui suivirent. Multiplier ce cas de figure simple par le nombre de boîtes, de banques, d’institutions financières qui sont passés du bleu au rouge et du rouge à l’azur, et vous expliquez les milliards de dollars de bonus touchés par les grands pontes des Hedge Funds, ces gangrènes des privatisations à tout-va, par ailleurs.

C’est ainsi que Nathan Rothschild renforça l’une des fortunes les plus extraordinaires de l’histoire en 1815 en spéculant sur la chute de l’Empire de Napoléon: pendant quelques heures, il fut le seul à savoir que Waterloo avait été gagnée par les Anglais, manipula les boursicoteurs de Londres et fit son beurre sur leur dos ((Les circonstances exactes de cette histoire sont sujettes à caution, mais la base en est bien réelle.)). Que faire? Le féliciter pour avoir tondu tous ces moutons de la finance, ou le pendre pour participation à l’exploitation capitaliste mondiale?

On n’a pas tout à fait tort de dire que l’information est devenue l’une des armes principales de l’économie. En fait, on a tort que sur une petite chose: l’information n’est pas devenue une arme, elle l’a toujours été. Lorsque Crassus investit sur César, jeune politicien audacieux, il se figure bien qu’il aura un retour sur investissement énorme. Et, de fait, s’il avait survécu à sa campagne orientale, ç’aurait été largement le cas. Le même Crassus avait fait fortune en couplant une compagnie de pompiers privés (ses ‘clients’) avec une entreprise de spéculation immobilière. Lorsqu’il apprenait qu’il y avait le feu, quelque part à Rome, il envoyait les deux sur places et signifiait aux malheureux propriétaires des terrains environants qu’il était prêt à faire éteindre l’incendie à condition qu’ils vendent leurs immeubles à vil prix. De l’art de montrer que la privatisation des services n’a qu’un seul objectif: le profit personnel…

Crassus est donc le premier exemple que l’histoire a retenu de ce que l’on peut faire fortune en spéculant sur la baisse de la valeur d’un bien et sur l’information de ce que cette baisse n’est que temporaire. Il montre également, tout comme Rothschild, que l’auteur du profit peut être aussi l’auteur de la fluctuation de la valeur en question.

Vous pouvez en tirer les conclusions que vous voulez. Moi, j’en ai tiré les miennes

YESSSSS!!!

Friday, February 26th, 2010

Le Hummer est jeté aux chiottes.

Les Chinois n’en ont pas voulu! Que cela soit à cause du Dalaï Lama ne peut que me réjouïr: enfin Petit-médiéval-machiste-qui-sourit-comme-il-respire a servi à quelque chose…

La crise a du bon… Hehehe…

Brésil, forteresse bleue

Tuesday, February 9th, 2010

CartaCapital ((Revue crypto-de gauche.)), 8 juillet 2009, p. 21: selon l’Ipea ((Organisme de stats du gouvernement fédéral.)), les 10 pour-cent de la population la plus pauvre paient 33% d’impôts; les plus riches seulement 23%.

Il y a mieux: d’après un rapport de l’Ipea, toujours, les 10 % des Brésiliens les plus riches concentraient à la fin du XXe Siècle 75,4 pour-cent des richesses du pays.

Du même rapport, on note que ce n’est qu’au cours de ces dernières années (sous la présidence de Lula) que l’indice Gini ((Coefficient mesurant l’inégalité des revenus dans un endroit donné. Lorsque le coefficient est proche de zéro, cela signifie que les inégalités sont faibles (la Belgique se trouve d’ailleurs dans le peloton de tête de ces pays); lorsqu’il est proche de 1, cela marque une grande concentration des revenus.)) a recommencé à baisser, après une valse régulière entre 0,64 et 0,58 depuis le début de la dictature jusqu’à la présidence de Fernando Henrique Cardoso ((Conservateur, 1993-2000.)). Il reste cependant au-dessus de 0,56.

Il faut cependant noter que, si la charge tributaire atteint aujourd’hui 35,8% du PIB, selon un article de l’Estado, l’écart commence à se creuser entre l’impôt sur le capital et celui sur le revenu du travail.
En effet, alors qu’en 1996, ces deux chiffres flirtaient tous deux avec la barre des 2 pour-cent du PIB, aujourd’hui, le résultat de l’impôt sur le revenu du travail est à peine supérieur à cette barre alors que l’impôt sur le capital est aujourd’hui supérieur à 3,5 pour-cent du PIB ((P. 23 du rapport cité ci-dessus. Rendons justice à FHC, il l’a fait bondir pendant quelques temps à 4%, mais ça n’a pas duré.))

Une autre donnée très intéressante, c’est la charge de la dette.
Si l’on compare le produit de l’impôt total avant paiement des intérêts et après paiement de ceux-ci, on reste sur le cul:
En 2000, les impôts représentaient déjà 30,4 pour-cent du PIB. Mais le service de la dette représentait 6,3% du PIB. En 2003, ce chiffre était monté à 8,3 pour-cent du PIB. en 2005, il redescendait à 7,3, ce qui est encore très impressionnant. On s’attend à ce qu’il ait encore diminué, mais ce ne sera sans doute pas transcendant ((P. 26 et 27.)).

Un des chiffres les plus surprenants, c’est le taux de la charge tributaire par rapport au revenu familial en 2003 ((p. 28.))
Plus vous êtes riche, moins vous payez:
en dessous de 2 salaires minimum votre charge tributaire est de 48 pour-cent. Entre 2 et 15 salaires minimum, elle descend progressivement de 36 à 30 pour-cent. Au-dessus de 15 salaires minimum, la charge est inférieure à 30 pour-cent et descend jusqu’à 26 pour-cent pour les plus riches. En outre, s’il est vrai que ce sont les classes moyennes qui ont connu la plus grosse augmentation de leurs impôts entre 1996 et 2003 (101 pour-cent, due donc aux mandats Cardoso), ce sont les plus riches qui ont connu la variation la plus faible. En 1996, ils payaient en moyenne 17 pour-cent, quand la classe moyenne payait environ 15 pour-cent (et les plus pauvres 28 pour-cent). L’augmentation des impôts des plus riches n’a été que de 46 pour-cent, quand ceux des classes moyennes doublaient et que ceux des plus pauvres n’augmentaient “que” de 71 pour-cent.

Brésil, forteresse bleue, modèle du libéralisme… Ceci confirmé dans l’article paru dans Le Journal Indépendant et Militant, ici, fin de l’année dernière.

Lula, he is the guy! comme dirait l’autre…

Louis Michel, toujours moins Louise…

Sunday, January 31st, 2010

Dans un interview accordé au (très complaisant) quotidien La Libre Belgique, Louis Michel, toujours aussi vert dans ses propos, réaffirme le libéralisme social, qui n’est pas le capitalisme, selon lui, dans des termes souvent à la limite du délire mystique:

“le libéralisme, ce n’est pas le capitalisme. (…)Cet Appel aurait pu s’appeler le credo libéral. C’est tout ce en quoi nous croyons. (…) il était important que les libéraux réaffirment (…) qu’ils sont pour la compétition (…) Nous sommes totalement engagés en faveur de la liberté d’entreprendre (…) Parce que nous pensons que les revenus du travail, c’est ce qui permet au citoyen de se libérer, de s’émanciper et de ne pas être dépendant de puissances occultes. (…) Nous sommes plus réalistes, plus modernes et au moins aussi démocratiques que les autres (…) la lutte des classes, c’est dépassé. (…) Nous sommes des progressistes. Et vous avez des conservateurs qui s’arc-boutent sur des concepts, des réponses du passé. Et je pense que les réformateurs sont plus modernes que les autres. (…) bien sûr, il faut changer les modes de consommation. Mais si le modèle économique, c’est porter la décroissance, alors je dis ce sera sans moi. Ce qu’on va perdre en croissance, ce sont les pays émergents qui le prendront. Le sacrifice à la décroissance, dans l’ordre mondial, n’est pas tenable. C’est une forme de régression, une utopie.”

Il grignote bien un tout petit peu sur l’idée que l’État a un rôle dans la menée de l’égalité des chances (notion qui ne déparerait pas dans les traités d’Adam Smith ou de John Rawls), mais sinon, j’ai du mal à comprendre comment un libéralisme ne peut pas être capitaliste, s’il est pour la compétition, la liberté d’entreprendre, la croissance et contre la lutte des classes.

Par ailleurs, ces propos du genre “crédo”, “croyons” ou “puissances occultes” ((Et c’est nous les paranoïaques??)) portent une dimension clairement mystique, pas très rationnelle du propos.

Enfin, les prétendus arguments contre la décroissance sont d’une portée mesquine et sans relief. Nada, nada, nada… Il n’y a rien dans cet interview qui ait la moindre valeur argumentative.

Bref, Loulou, vitrine politique, est égal à lui-même. Et ses partisans ne réfléchissent guère… Consommateurs de produits périmés…

Ode, à quand mon auto-collant “Je freine aussi pour les libéraux”?

à l’impossible, Dieu n’est tenu…

Wednesday, July 8th, 2009

Benoît XVI réclame plus d’éthique dans l’économie!

Et dans la religion?

Saute, camarade, le capitalisme te court au cul

Friday, July 3rd, 2009

“Le compromis social, c’est le point où le bénéfice tiré de l’opération reste supérieur à l’inconvénient produit.”
(cité d’après le Canard enchaîné, 6 mai 2009, p. 7, qui fait le compte-rendu d’une émission de télévision sur les Jumpers)

Cela signifie qu’un homme qui estime s’y retrouver, peut risquer sa vie si “le salaire de la peur” est suffisant. Ça signifie qu’il y aura toujours des epsilons, des morlocks, des mandaïs, des coolies, des rabatteurs, des sous-hommes qui accepteront de faire le “sale boulot” pour d’autres.

Les jumpers sont des “nettoyeurs de l’atome”, des gugusses qui interviennent dans les réacteurs nucléaires quand il faut y changer les combustibles. ((Intéressant d’aller voir le film en question, rien que pour remettre en question le nucléaire, si vous n’étiez pas encore arrivés là dans vos réflexions. Personnellement, ça faisait un moment que…))

“Ça fait quand même un drôle d’effet d’entrer dans les trappes d’un réacteur…”

Combien vous prendriez pour y aller?

Eux, ils prennent pas cher… Sous-traitants… Marché… Prix cassés…

En tout état de cause, la réflexion ci-dessus (“Le compromis social…”) est intéressante: dans notre société, un certain nombre de personnes sont prêtes à faire les pires travaux dans des conditions dégueulasses: pourquoi? Parce qu’elles estiment leur propre vie à rien? Ou plutôt parce que la société est organisée pour qu’ils existent et acceptent effectivement ce genre de saloperies.

Le capitalisme, c’est ça: qu’il soit privé ou d’État, d’ailleurs, il nécessite l’existence de non-êtres.

De non-êtres?

Oui, à partir du moment où l’on estime qu’une société démocratique est organisée pour et par le “démos”, c’est-à-dire l’ensemble de la communauté qui occupe le pouvoir ou en désigne ses représentants, il est indiscutable de considérer que ceux qui, en son sein, font les travaux les plus durs ou les plus risqués, sacrifient leur santé ou pire, pour qu’un élément plus ou moins nécessaire puisse fonctionner, on peut dire -à moins d’être bouddhiste et de penser qu’ils se réincarneront en surhommes la prochaine fois- que ces sacrifiés ne sont pas des êtres à part entière, puisqu’ils ne méritent pas l’accès aux bienfaits de notre civilisation…

Le salaire de la peur des jumpers est ridicule. Il n’empêche qu’on trouve des gens pour se prendre des paquets de rayons-hulk dans la gueule -jusqu’à ce que ça devienne intolérable, bien entendu…

Et si demain je vous disais que pour continuer à toucher le salaire minimum, vous avez le choix entre ça et votre boulot au Sri Lanka parce qu’il a été délocalisé, vous me répondez quoi?

“Le compromis social”, c’est quand on l’a dans le cul sévère.

Le compromis social, c’est quand le capitalisme s’y retrouve, ne vous y trompez pas, et qu’il a trouvé un contractant assez (censuré) pour reproduire sa marge bénéficiaire propre.

Le compromis social, oui, c’est quand on accepte l’exploitation.

Saute, camarade…

Oh le Bel20!

Friday, June 19th, 2009

(Je vous fais profiter d’un extrait de ce bidule que je suis en train de préparer sur le thème: l’économie capitaliste pour les nuls -c’est pas le titre, hein… C’est l’idée. Et si ça se trouve, ce ne sera pas dans la version finale, mais voilà…)

Le capitalisme libéral a un côté poétique : il imagine de la valeur là où il n’y en a pas. Il rétorquera : « là où il n’y en a pas encore » et pense qu’elle viendra, pense même qu’en idée, elle est déjà là –d’où la hausse de l’action.

Mais tous (y compris le capitalisme) nous savons que cet espoir est infondé dans de nombreux cas –c’est la dure loi du marché: il faut des perdants pour qu’il y ait des gagnants. Et tous nous savons aussi que l’équilibre du capitalisme nécessite qu’il se réalise dans une large proportion, faute de quoi l’insolvabilité des rêveurs se retourne contre l’ensemble des créditeurs qui avaient contribué à alimenter des rêves creux.

La crise, en fin de compte, résulte de la baisse de cette proportion : plus les rêveurs, les poètes du capitalisme se sont trompés lorsqu’ils croyaient avoir créé de la valeur –et avaient gonflé artificiellement la croissance du PIB mondial- et plus la réalité s’avèrera amère ((C’est exactement ce qui s’est produit, en un sens, pour cette dernière crise, comme pour toutes les précédentes: on a attribué de la valeur à ce qui n’en avait pas, et lorsque trop de monde s’en est aperçu, patatras…)).

Le capitalisme libéral a un côté poétique… Mais les rimes sont plates et le rythme n’a rien de chantant. Les vers sont convenus, sans surprise et pleins de lourdeurs. Les thèmes sont répétitifs. Même McHammer n’en aurait pas pu faire un disque.

C’est pas une surprise

Monday, March 30th, 2009

En tout cas, ce n’est pas une surprise pour ceux qui ouvraient les yeux auparavant: les USA vivent comme un immense système Ponzi.

Ce n’est même pas un immonde gauchiste qui le dit, mais un très keynésien, stiglitzien économiste, le seul réputé avoir anticipé la crise qui est tombée sur la tronche des amerloques (et sur la nôtre ensuite) avec plusieurs années d’avance: Nouriel Roubini.

Cet économiste (dont je lis les chroniques avec assiduité, non par sympathie, mais parce que le gars est compétent) a montré dans un article du Carta Capital ((Daté, c’est pas de ma faute, du premier avril 2009. Ils anticipent un peu, au CC.)) que les USA vivent bien au-dessus de leurs moyens depuis trop longtemps. Appelé “Mr. Doom” jusqu’à l’année dernière parce qu’il prévoyait la catastrophe qui est finalement tombée sur la tronche à tout le monde, il a un petit côté mythe de Cassandre ((Le plus drôle, c’est qu’il est originaire de Turquie, et que Cassandre vient de là-bas aussi.)).

Les banques et les fonds de pension se sont vendus des titres pourris (et pas seulement dans l’immobilier) comme dans une légende médiévale où le prix d’un truc maudit qui apporte du profit est de plus en plus grand et nécessite un investissement toujours plus important, pour finalement arriver à une somme trop grande et c’est le dernier qui se prend la malédiction; ou comme dans ces entreprises de vente de produits diététiques où, pour être accepté, vous devez vendre dix boîtes à dix types, qui vont devoir faire pareil pour être acceptés, à leur tour, et ceci pour arriver aux derniers de la chaîne qui se retrouveront marron.

Sauf qu’ici, c’est ceux du début de la chaîne qui ont marroné tout le monde. C’est parti d’en haut, mais ceux du bas ont tout pris aussi ((J’ai déjà eu l’occasion de dire -sans être très original- que les premières victimes de cette crise ne sont pas les riches comme ils cherchent à nous le faire croire, mais les plus pauvres. C’était notamment ici.)).

Mais ce ne sont pas que les banques, les fonds d’investissement et les joyeux traders qui ont joué aux Ponzi.

Parallèlement, les ménages se sont surendettés pour pouvoir payer leurs dettes; le budget des administrations est en négatif depuis une génération; la balance commerciale est négative depuis bien plus longtemps; le tout faisant que l’économie étatsunienne dépend, et bien trop, d’une croissance artificiellement montée en neige par une surconsommation dont les bénéficiaires indirects sont leurs producteurs établis à l’extérieur, aux premiers rangs desquels la Chine et le Japon, dont les états sont également les créditeurs principaux de la “première puissance mondiale”. Tout cela, je l’avais montré dans un article écrit début 2006 et qui se trouve encore ici. Ça ne me rend pas spécialement fier: je ne l’ai pas sucé de mon pouce, mais de nombreuses analyses de gens plus compétents que moi et pas spécialement de gauche, de données accessibles à tout le monde, d’informations que chacun peut lire tous les jours. Ce qui me rend furax, c’est le côté autruche de la plupart des gens, y compris à gauche, et surtout dans des cénacles d’extrême-gauche. Mais bon…

Passages de l’article de Roubini:

“Madoff n’est que le miroir de notre économie.”

“Nous sommes ((Il ne dit même pas “Notre économie”, mais bien “Nous”.)) un château de cartes qui s’appuie de manière démesurée sur des fonds de pension, des entreprises financières et des entreprises qui font aujourd’hui banqueroute.”

“Un pays qui a dépensé pendant plus de 25 ans plus qu’il n’a reçu, et qui affronte un déficit en compte courant, qui devient le plus grand détenteur de dette externe du monde, est un pays Ponzi…” ((Le problème, c’est que l’économie européenne et d’une bonne partie du monde repose sur cet état de surconsommation des Zuessa.))

Le système Ponzi, pour ceux qui ont la flemme d’aller voir la page wiki que j’ai mise en référence, est une arnaque fondée sur la confiance en un gugusse qui vous vend un papier avec promesse de vous faire part de bénéfices qu’il ne trouvera qu’en continuant à vendre les mêmes papelards à d’autres. Au début, tout va bien, mais dès qu’un premier zouave commence à se poser des questions, le magicien d’Oz apparaît… Et on s’aperçoit qu’il n’y a rien derrière le rideau de fumée…

Nourini fait le parallèle avec la société américaine qui achète trop, qui dépense trop et qui, pour rembourser, continue de dépenser, de s’endetter, d’acheter… (sans compter, mais ça Nourini ne le dit pas, c’est un économiste de droite, pas un samaritain, que les USA se sont servis sur le monde pour enrichir leur classe moyenne, comme d’ailleurs les sociétés européennes en même temps qu’eux).

À force, ça a donc fini par se voir.

“L’explosion de la bulle immobilière, actionnaire, des fonds à risque et des opérations de ‘private equity’ ((J’adoire ces expressions à la mords-moi-le-truc.)) a montré que beaucoup de la “richesse” qui a soutenu l’accélération massive de l’économie et les super-dépenses des agents de celle-ci était fausse.”

Comme je vous le disais: on n’est pas vraiment étonnés, à condition qu’on ait évité de garder pendant toutes ces années le nez dans le caca comme, malheureusement, trop de gens l’ont fait.

“Madoff pourra rester le restant de ses jours en taule. Le gouvernement et les entreprises financières et non-financières peuvent passer la prochaine génération dans la prison de leurs dettes. Ils devront se serrer la ceinture pour payer les pertes encourues pendant une décennie et plus d’accélération irresponsable (de l’économie), sans considérer les risques.
“Américains, regardons-nous nous-mêmes dans le miroir: Madoff ((Bouquet Mystére.)) et Ponzi, c’est nous.”

Européens, n’hésitez pas à vous poser la question: ne sommes-nous pas un peu nous-mêmes des Ponzi, à avoir voulu deuxième voiture, écran géant, frigidaire américain et autres gadgets?

En septembre 2001, beaucoup chantaient “Nous sommes tous américains.”

Et bien ils peuvent danser, maintenant.

Parabole

Monday, February 16th, 2009

“Le messie se leva et dit aux disciples:
“En vérité, je vous le dis, écoutez cette parabole. C’est la parabole de l’égalité des chances et de la main invisible du marché.
“Il y avait un jour un homme qui marchait sur la route et il passa sous un arbre. Des fleurs de cet arbre étaient tombées, certaines récemment, d’autres depuis plus longtemps, certaines sur le côté, d’autres sur la route.
“L’homme avisa une jolie fleur, se baissa, la ramassa et la porta à son nez.
“Il dit: “Cette fleur est belle et son parfum enivrant. Je l’emporte et la mettrai dans un vase chez moi.
“Les autres fleurs ne m’intéressent pas, car voilà, soit elles ont été écrasées par les chars à boeufs, soit elles sont tombées depuis trop longtemps et ont déjà bruni.
“Celle-ci, je l’ai presque vue tombée.”
“L’homme partit emportant sa fleur.
“Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende.”
Les disciples s’interrogeaient pour comprendre le sens de la parabole. Ils en vinrent aux mains, le maître s’énerva et dit:
“Si vous n’êtes pas foutus de comprendre que l’homme est la main invisible du marché, que la chute aléatoire, c’est l’égalité des chances et que les fleurs sont les hommes, alors c’est pas demain la veille que vous serez capables de comprendre les lois de l’économie.”
“Le maître partit bouder dans son coin et les disciples, à l’unanimité, décidèrent de s’inscrire dans un cours de lecture collective du Capital de Marx donné par Louis Althusser à la Sorbonne.”

JP Morgan Chase 3:14-4:8 (traduction de la Pléiade)

Davos dei

Tuesday, February 10th, 2009

Selon une source on ne peut plus autorisée, à savoir le rapport Davos de début 2008, les États-Unis prennent la première place dans le classement des meilleures places financières, tirés par leurs performances en matière d’intermédiaires financiers principalement. Ses banques sont estimées les plus efficaces du monde, notamment dans le domaine des concentrations bancaires, des spread de taux d’intérêt ((C’est-à-dire dans l’exploitation des différences d’intérêts entre l’argent qu’elles empruntent et l’argent qu’elles prêtent.)) et des marges opérationnelles ((Ce qui est l’une des nombreuses manières de calculer le profit sans le faire, car ce chiffre se compose du chiffre d’affaires soustrait des charges d’exploitation, mais exclut tout ce qui est produits et charges financiers et exceptionnels. Si vous avez compris, tapez 8.)).

Quand le Forum Économique Mondial, qui se veut plus ou moins la voix de la vérité en matière économique et le porte-parole du capitalisme libéral à outrance, se plante aussi royalement, on ne peut, certes, que se réjouir, mais on doit aussi rappeler que
-l’ancien président du FMI ((Jusqu’en 1987.)), M. Jacques de Larosière, avait déclaré, l’année même de sa banqueroute, que l’Argentine était en très bonne santé économique et lui servait de modèle pour les autres pays ((Le discours prononcé remonte au mois de mars, alors que la crise qui abattra l’Argentine commencera au mois d’août 2001.));
-L’ONU ne fait pas mieux, qui disait juste un an avant la découverte de son insolvabilité totale (en octobre dernier), que l’Islande était le pays où il faisait le mieux vivre, en raison de sa grande stabilité financière, générée par la privatisation de la quasi-totalité de son activité ((Source: Piauí, janvier 2009. En raison de la catastrophe financière internationale, la confiance placée dans les trois grands investisseurs de l’île a disparu et les Islandais se sont retrouvés nus dans la rue, tel le roi de la fable: s’apercevant que leur “bien-être” reposait sur un vide économique.)).

Les voies des seigneurs sont impénétrables.

Les prévisions économiques, ce n’est guère une nouveauté, sont plus de l’ordre de l’astrologie que de la science.
En relisant des revues du début 2008, qui faisaient le bilan de l’année écoulée et se risquaient à quelques pronostics pour les douze mois suivants, je me disais que je pourrais peut-être m’installer, moi aussi, comme gourou dans une école de commerce ou comme grand prêtre d’une secte financière.

Au moins je gagnerais mieux que comme prof de langue, et je me sentirais plus valorisé: plus je dirais de bêtises, et plus on continuera à m’inviter dans les médias pour faire de mon nez.