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Genova 2001 – Ragazzi, ragazze…

Saturday, October 6th, 2012

Ceci est la traduction de l’italien d’une lettre reçue en ce début de mois d’octobre d’un très cher ami bolognais.

Très chers amis,

J’essaierai de n’être pas trop long. Ces derniers jours furent publiées les motivations de la sentence de la Cour de Cassation qui confirmait les peines infligées aux 18 “serviteurs” de l’Etat, condamnés pour divers délits, depuis la violence aggravée jusqu’à la fabrication de fausses preuves destinées à couvrir les arrestations illégales de dizaines de manifestants de la boucherie de l’école Diaz [à Gènes].

Vous aurez pu lire que la Cour de Cassation, loin d’être un club anarchiste, a qualifié cette boucherie de très grave événement ayant atteint non seulement aux déjà très misérables garanties démocratiques de ce pays, mais également à l’image même de l’Italie en tant que pays démocratique.

La sensibilité de chacun le mènera à considérer le silence assourdissant de la politique institutionnelle dans les confrontations de ces mots et de la dissumulation omertienne de toutes les forces face à l’embarrassante permanence de De Gennaro (qui était alors chef de la police et caution morale de la boucherie DIAZ) au poste de sous-secrétaire à la Présidence du Conseil.

ndt: Pour information sur De Gennaro:
http://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_De_Gennaro

Je ne sais qui de vous se trouvait à Gènes en ces journées [de juillet 2001]. J’y étais, moi, le samedi de la Diaz, avec trois cent mille autres individus et je n’en oublierai pas facilement l’ambiance. Derrière chaque coin de rue, nous rencontrions un autre groupe de brutes casquées armées de boucliers, de matraques et de badges, qui ne regardaient personne en face. La seule chose sensée à faire était de tenter de trouver la fuite entre les lacrimogènes, la foule, les matraques et le sang sur les trottoirs.

Outre les lacrimogènes et les matraques, ce jour-là, les brutes utilisèrent une arme bien plus dangereuse: les vidéocaméras. Sur la digue qui dominait la plage de Gènes, sur les hélicoptères qui vibrillonnaient comme des frelons, sur les camionnettes utilisées par les carabiniers comme de béliers dans la foule, il y avait des caméras. Ces caméras ont servi à identifier ceux que certains qualifieraient de violents. Ceux qui brisèrent des vitrines de banques, ou qui montèrent des barricades avec les précieux containers à ordure de la ville, ou qui osaient relancer les lacrimogènes en direction de ceux qui les avaient envoyés. Grâce à elles, des dizaines de ces personnes ont été condamnées pour dévastation et saccage (délit prévu par le code fasciste, même pour qui -a confirmé la Cour de Cassation- n’a eu qu’un rôle de “co-participation psychique”), peine confirmée en Casssation de 8 à 15 (quinze) années de prison. Le geste le plus violent qu’ont commis ces 10 personnes fut de détruire une vitrine… Les condamnés de la Diaz, qui ont mis une personne dans le coma, ont provoqué des dommages irréversibles à deux personnes et brisé quelques os, ont été condamnés à des peines allant de 3 à 5 ans. Perugini, le bon Perugini, dont certains se souviendront sur la photo où on le voit frapper un garçon de 17 ans, un garçon maintenu fermement par d’autres policiers, et bien son affaire est prescrite.

voir ici par exemple: http://veronacritica.blogspot.be/2008/03/reduci-di-bolzaneto-promozioni-go-go.html

Aujourd’hui, j’ai découvert que l’on a réactivé l'”assistance légale” pour les événements de Gènes. On récolte des fonds pour soutenir les personnes (deux) déjà incarcérées et toutes celles qui furent frappées par une répression légale qui, je ne cesserai de le dire, touve ses bases dans le code pénal fasciste. Personnellement, j’y ai contribué, et fondamentalement, je vous écris pour trois raisons:

1) si vous ne connaissez pas Gènes 2001, ça vaut la peine de vous informer;

2) si vous pouvez donner quelque chose, outre la valeur monétaire, vous ferez ressentir à ces personnes qu’elles ne sont pas abandonnées;

3) faites circuler l’information parce que Gènes est une plage purullente d’où s’est disséminé le cancer de ce pays.

Dans le fonds, à Gènes, il y avait des gens qui contestaient un pouvoir qui, peu après, allait déclencher deux guerres et jeter le monde dans une crise comparable à celle de 1929. Une crise qui est en train de détruire l’existence au profit d’un système destiné de toute façon à disparaître.

Merci

piero cavina

http://www.supportolegale.org/

http://www.buonacausa.org/page/donate/380

PS faites tourner!

version originale:

Carissimi,

cercherò di non dilungarmi troppo. E’ di questi giorni la pubblicazione delle motivazioni della sentenza della Cassazione che confermava le pene inflitte a 18 “servitori” dello stato condannati per svariati reati, dalla violenza aggravata fino alla fabbricazione di prove false per coprire gli arresti illegali di decine di manifestanti della mattanza della scuola Diaz.

Avrete letto che la Cassazione, non un circolo Anarchico, ha definito quella mattanza come un gravissimo evento lesivo non solo delle già deboli garanzie democratiche di questo Paese, ma dell’immagine stessa dell’Italia come paese democratico.

La sensibilità di ognuno di voi lo porterà a cogliere l’assordante silenzio della politica istituzionale nei confronti di queste parole e l’omertosa latitanza di tutte le forze di fronte all’imbarazzante permanenza di De Gennaro (l’allora capo della polizia e mandante morale del macello DIAZ) come sottosegretario alla Presidenza del Consiglio.

Non so chi di voi era a Genova in quelle giornate. Io c’ero il sabato della Diaz assieme ad altri trecentomila e difficilmente dimenticherò quel clima. Dietro ogni angolo ci potevi trovare un gruppo di violenti, caschi, scudi, manganelli e distintivo, che non guardavano in faccia a nessuno. L’unica cosa sensata da fare quel pomeriggio era cercare una via di fuga tra i lacrimogeni, la calca, i manganelli e il sangue sui marciapiedi.

Oltre ai lacrimogeni e ai manganelli quel giorno i violenti hanno usato un’arma molto più letale: le videocamere. Sul terrapieno che sovrasta il lungomare di Genova, sugli elicotteri che ronzavano come calabroni, sulle camionette usate dai carabinieri come arieti tra la folla, c’erano le videocamere. Videocamere che sono servite a identificare i così detti violenti. Certo gente che ha anche spaccato vetrine delle banche, o che ha fatto barricate con i preziosi cassonetti genovesi, o che addirittura osava rilanciare i lacrimogeni verso chi li aveva tirati. Ora dieci di queste persone sono state condannate per devastazione e saccheggio (reato previsto dal codice fascista anche per chi – cassazione dixit- attua una “compartecipazione psichica”), a pene confermate in Cassazione da 8 a 15 (quindici!) anni di carcere. Il massimo gesto violento che hanno commesso queste 10 persone è stato spaccare una vetrina… i condannati della Diaz, che hanno mandato in coma una persona, due hanno subito danni irreversibili e rotto parecchie ossa, sono stati condannati a pene tra i 3 e i 5 anni. Il buon Perugini, quello che molti ricorderanno nella foto mentre sferra un calcio a un ragazzino di 17 anni tenuto fermo da altri poliziotti, ha avuto la condanna prescritta.

Oggi ho scoperto che si è riattivato “suportolegale” per i fatti di Genova. Raccolgono fondi per sostenere le persone (due) già incarcerate e tutte quelle colpite da una repressione legale che, non mi stancherò di dirlo, trova i fondamenti nel codice penale fascista. Personalmente ho donato, e fondamentalmente vi scrivo per tre motivi

1) se non conoscete Genova 2001, vale la pena di informarsi
2) se potete donate qualcosa che, oltre al valore monetario, farà sentire a quelle persone di non essere state abbandonate
3) fate circolare l’informazione perchè Genova è una piaga purulenta dalla quale è partita la cancrena di questo paese

In fondo a Genova c’era gente che contestava un potere che da lì a poco avrebbe scatenato due guerre e gettato il mondo in una crisi paragonabile solo a quella del 29. Crisi che sta triturando esistenze a beneficio di un sistema destinato comunque al collasso.

Grazie

Piero

http://www.supportolegale.org/

http://www.buonacausa.org/page/donate/380

PS fate girare!!

Limites et anarchie

Tuesday, July 31st, 2012

La liberté totale n’existe pas; elle exigerait que nous soyons sans limite, éternels, que notre jugement soit sûr et profond, bref que nous ne puissions être que parfaits, à l’instar d’un dieu chrétien.

Par l’absurde, cette définition nous entraînerait dans la plus complète détermination en ce que, parfaits, nous ne pourrions produire que du parfait -ce qui, à l’évidence, ne fut pas le cas d’un dieu chrétien, mais passons.

Par l’absurde encore, cette définition de la liberté totale impliquerait que nous ne puissions être nous, je veux dire multiples, plusieurs, nombreux,…

En suite de quoi, nous ne pourrions être des individus, puisque les individus ne le sont qu’au sein de groupes, ne le sont que par opposition au nombre, au pluriel, au multiple.

La liberté totale, si elle est impossible, serait-elle souhaitable? Il semble que Sade nous montre le contraire: par liberté totale, nous entendons la possibilité pour son détenteur de faire à l’autre ce qu’il veut. Pour autant qu’un instant de fureur ou de méchanceté le frappe et les destins de Sodome et Gomorrhe ressembleront à des plaisanteries.

Qu’est-il d’ailleurs besoin de se tourner vers des exemples bibliques ou des références littéraires pour le montrer? Il suffit de rappeler la capacité d’hommes au quotidien pour montrer combien ils peuvent abuser de leurs prochains. Si ces capacités sont loin d’être générales, elles touchent suffisamment de nos semblables pour que nous soyons autorisés à nous protéger des Mussolini, des Sharon, des Schneider, des Empain, des Rockfeller, mais aussi de tous leurs valets, des Eichmann, des Finkelstraus, des Thiers, des Friedman ou des Lincoln.

Notre souci doit être de cultiver la liberté tout en questionnant les devoirs de limites que nous devons malheureusement lui imposer. Cette limite réside dans la capacité de nuire.

La capacité -c’est le maître mot.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un être humain de s’emparer d’un couteau, mais nous pouvons l’empêcher d’armer un escadron, ou même une escouade.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un père de subjuguer ses enfants, mais nous pouvons lui retirer le pouvoir d’hypnotiser des foules.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un mari de tuer sa femme sans prévenir, mais nous pouvons l’interdire de faire croire qu’elle l’a mérité.

Tout ce que l’accumulation des richesses permet aux détriments de certains, de quelques-uns ou d’une immensité, nous pouvons l’empêcher.

Il suffit d’empêcher la possibilité d’entasser des biens et de les capitaliser.

Et alors, il ne restera plus à chacun que le droit de hurler alentour de soi.

Et ce sera bien tout.

Et l’écho lui répondra.

Et nous serons libres parce que nul ne le sera totalement.

L’utopie, non; le désir…

Friday, July 13th, 2012

Je compte, en lisant le livre de Barjavel, Le Voyageur Imprudent, à combien de misères s’évalue ma joie de pouvoir contempler mon fils, rond et rose -je veux dire le contraire de faible et malade, comme l’histoire a porté la toute grande majorité des humains à ce jour. Naïveté, non; capacité de flouter ma conscience par moments, lorsque je ne la confronte pas à la lucidité de tels travaux -comme d’autres… J’aurais pu prendre Fallet, Proudhon, Camus, bien d’autres…

Nous possédons tous les outils aujourd’hui pour renverser les inexorabilités de la nature -celles que consacrent les darwinistes sociaux -manger ou être mangé -vaincre ou périr, et qui semblent justifier à leurs yeux toutes les bassesses envers le reste du genre humain pour entasser le plus possible de biens dans des forteresses imprenables. Nous pouvons mettre ces outils à la disposition de tous en quantité égale, histoire de permettre à chacun d’obtenir une chance plus ou moins égale de rechercher un bonheur fugace et léger sur Terre avant l’obscurité totale. Mais ce que nous possédons, une minorité considère juste de se l’accaparer.

Que retardent-ils, sinon le passage dans l’éternité de l’oubli? Aussi, accumulent-ils des quantités effarantes de souffrances pour de futiles instants que l’on peut compter en années, en décennies, qu’on comptera peut-être en un peu plus que cela dans quelques temps -À quoi bon? Ces sursis sont minables, ce qui les permet méprisables.

Abolissons la possibilité d’encercler les biens qui permettraient de soulager la plus grande partie des souffrances de l’humanité (avant, qui sait, d’aborder celles du monde); abolissons la propriété privée, mais aussi celle de l’État; abolissons les privilèges, les verticalités, les “grands hommes”, qui ne seraient rien sans tous ceux qui les ont portés -à tort et dans l’ignorance-; abolissons les limites iniques à la recherche du bonheur que sont les frontières, les hiérarchies, les serrures, les codes et les videurs.

En anarchie, il y aura toujours des secrets, des trahisons, des coups dans le dos: on ne sera pas meilleurs pour autant, mais les enjeux seront tellement moins importants… Impossible pour un crétin de déclencher une guerre, d’accumuler les moyens de former une armée, de “prendre possession” de terres, d’usines, de femmes… Il y aura toujours des crimes, c’est vrai, on imagine mal un monde sans Othello, même si Iago n’aura plus de raison d’être… Les motifs des racismes, des nationalismes, des impérialismes auront cependant disparu… J’ose affirmer que le temps de deux générations l’aura montré.

Des luttes d’ego? Certainement. Mais impossible de les étendre à grande échelle, puisque ces échelles n’existeront plus. Des combats de coqs? Eh oui, mais ils devront se débrouiller sans poulailler. Peu à peu, les femmes et les enfants apprendront qu’ils n’appartiennent pas à leurs pères; et les contrats n’existant plus, nul ne pourra prétendre aux petits caractères…

Il y aura toujours des disettes, des carences, des maladies, des épidémies, mais elles ne seront pas organisées et nul ne pourra profiter, spéculer, détourner, éluder, marchander, sacrifier, emmagasiner, confisquer, mégoter, ergoter, louvoyer, escamoter, banquer, voler, emprunter, s’approprier, légiférer, reporter, emporter, déporter, rapporter, dénoncer, étatiser, nationaliser, multinationaliser, privatiser, sécuriser, limiter, autoriser, comptabiliser, minauder, militariser, évincer, dépasser, gratter, grignoter, siphonner, emmurer, amonceler, évincer, juger, administrer, admonester, attribuer, convoiter, bref, démutualiser, décollectiviser, désindividualiser, sans que nous ne lui tombions sur le dos en lui en rappelant l’impossibilité, l’inanité, l’iniquité, l’inhumanité.

Au moins l’inhumanité telle que nous aurons redéfini l’humain.

L’inertie est de droite

Wednesday, June 27th, 2012

Je ne voudrais pas que l’on s’imagine ce texte « de circonstance », suite aux dernières élections françaises ou à l’apparition d’un nouveau machin dans le spectre des partis en Belgique francophone. La réflexion en est beaucoup plus structurelle, bien plus liée à une réalité historique, une forme de constance, une logique malheureusement vigoureuse.

Le scénario du monde n’est pas un scénario de solidarité, d’émancipation, de mieux-être général et individuel. La tendance lourde, celle des directions nationales et internationales, va dans un sens général autoritaire, élitiste, mercantile. La droite mène le monde par le rapport de force, parce que le rapport de force ne peut que profiter, par définition, aux plus forts, et que les plus forts, fatalement, ce sont avant tout ceux qui capitalisent, autrement dit des habitués de la droite. Ce raisonnement peut s’étendre par ailleurs vers les grandes organisations non-étatiques, telles que les ONGs et les syndicats, mais aussi, évidemment, les entreprises.

Dois-je nuancer ? Bien sûr : il existe des personnes sincèrement de gauche dans tous les espaces dont je viens de parler, des personnes qui, à tort ou à raison, estiment faire œuvre utile et de gauche au sein de ces entités -y compris dans les entreprises-, et sinon ouvertement de gauche, humaniste, solidaire, compassionnelle, émancipatrice -donc, de gauche, bien qu’elles refusent de le reconnaître.

Si l’on définit la gauche par la promotion d’une plus grande, d’une plus large émancipation, d’une solidarité plus forte et étendue, d’une vision plus horizontale de la gestion, tant locale que globale, il y a beaucoup d’individus qui se disent de gauche et ne le sont pas, comme il y en a beaucoup qui refusent de se dire de gauche, et le sont pourtant.

Mais s’il y a bien une chose qui empêche d’être de gauche, c’est l’inertie. Avoir des idées de gauche, penser à gauche, se dire de gauche, ne suffit en aucune manière pour l’être. Être de gauche réside dans l’action, dans le faire, dans l’opposition à l’inertie, car l’inertie est de droite. Dire, mais ne rien faire, ou en tout cas ne rien faire dans le sens de la gauche (de l’émancipation, de la solidarité, de l’horizontalité), c’est en réalité faire le jeu de la droite, et donc être de droite. Parce que faire -ou ne pas faire- dans le sens de la droite catalogue à droite.

Globalement, les partis sont de droite, ou tendent vers la droite dès qu’on en néglige les principes, les bases de gauche. Si le tribun peut être de gauche, le césarisme est de droite, et donc l’héroïsation, la personnification du pouvoir (méfions-nous des tribuns dès qu’ils sortent de leur rôle) est de droite ; la confiscation du pouvoir au sein d’un parti par un petit groupe ne peut que rappeler l’aristocratie, et l’abandon des beaux principes de rotation des élus, par exemple, est clairement un réflexe de droite qu’il s’agit de combattre si l’on est sincèrement de gauche -qu’importe les résultats immédiats ! -qu’importe les visions tactiques !; les concessions estimées nécessaires, les compromis permettant une politique des petits pas, ces concessions étant sacrificielles de droits ou d’intérêts de gauche, ne permettant pas une amélioration générale des principes de gauche, sont à proscrire, car il ne sert à rien d’avancer d’un pied à gauche, si l’on cède à droite de l’autre côté -la souffrance, la répression, l’oppression des uns ne peuvent être compensées par la diminution de celles des autres ; ainsi, les solutions globales, venant d’en haut, des échelons élevés, estimant ne pas pouvoir tenir compte des réalités de terrain, sont également des visions droitières, même si ceux qui les mènent s’estiment sincèrement de gauche.

On peut ainsi dessiner des visions, non pas manichéennes, mais tendancielles, de gauche et de droite, avec des destins dont les trajectoires politiques se croisent, se perdent dans leurs actes. Il est d’ailleurs possible d’être qualifié alternativement de gauche ou de droite suivant ses positions dans des domaines différents. Mais, au total, celui qui estime pouvoir se retrouver au centre, modéré, nuancé, fait le jeu de la droite, car il va dans le sens de la chute, de la gravité politique, qui est de droite, alors que la gauche est le sens de l’effort, du vol, de l’ascension. Sans vouloir jouer d’une image eschatologique paradis-enfer, l’idée de considérer la droite comme la solution de facilité et la gauche comme celle du travail nous autorise à cette métaphore de l’envol, de la poursuite vers la lumière. Coupons la métaphore ici, je m’en voudrais qu’elle puisse permettre d’évoquer une opposition du genre « consommation d’énergie de gauche – paresse de droite », la gauche se retrouvant plus souvent dans l’économie de l’énergie et la droite dans la surproduction et la croissance.

Mais donc, ne baissons pas les bras, tant que nous conservons le crédit d’énergie de notre jeunesse ou de notre expérience, la capacité de choisir, la liberté de refuser. Soyons de gauche, et donc agissons comme tels.

Si les mots sont importants…

Wednesday, April 4th, 2012

L’Etat-Providence aurait, dit-on, fait son temps…
Il serait même, ose-t-on, contre-productif, conservateur, opposé au progrès.
On l’a lu.
On l’a entendu.
Le croirait-on?

Mais qu’est-ce que l’Etat-Providence?

L’Etat-Providence, c’est cette construction idéologique d’une collectivité représentée par un gouvernement dont la fonction aurait dépassé les seules prérogatives régaliennes (justice, police, défense), et qui se serait arrogé le droit d’étendre ses fonctions à une série de services à la population tels que l’assurance-chômage, la pension vieillesse, la santé publique, voire, pour les plus inconscients, la distribution du gaz, de l’électricité, de l’eau, du courrier… Et que sais-je encore?

Voilà donc ce que serait cette horreur réactionnaire selon les normes libérales.

Providence…

Etat-Providence…

Tiens, pourquoi Providence?

Que signifie Providence?

La Providence, mon-z’ami, c’est, eh oui, une espèce d’esprit (saint) qui penserait à notre place ce qui serait bon pour l’humanité et y pourvoirait de manière transcendante et automatique, sans qu’on n’y ait pris part, ni qu’on y ait aucune responsabilité, ni surtout qu’on ait travaillé pour. On lui doit les décès précoces de nos enfants, mais aussi les victoires de nos armées; les famines et les épidémies (les voies du seigneur sont, on le sait, impénétrables), mais aussi les moissons abondantes et les guérisons miraculeuses.

La Providence, on la représente souvent par cette espèce de conque tenue par une allégorie féminine et qu’on nomme “corne d’abondance”. Un machin auto-produit et auto-alimenté, d’où tout tombe indéfiniment.

Mais en quoi cela ressemble-t-il un instant à ce que nous connaissons de, euh, l’Etat-Providence?

Un, l’Etat-Providence (appelons-le encore un instant ainsi) est alimenté par nos impôts, c’est-à-dire par le fruit de notre travail;
Deux, loin d’être infini, il est limité dans ses bienfaits par des décisions immanentes -certains parlent même de démocratie, mais, chut, rien n’est moins sûr;
Trois, rien n’est automatique, rien n’y est considéré comme un dû: pour bénéficier des “bienfaits” de l’Etat-Providence, ses “usagers” (de moins en moins… de plus en plus “clients”) doivent le plus souvent faire la preuve qu’ils ont droit à ses avantages -on appelle ça l’administration;
Quatre, cette fameuse Providence, que l’on croyait immortelle, est en train de se liquéfier tout doucement (encore que, de plus en plus vite), on réalise peu à peu qu’elle reposait sur un compromis malade entre patronat et syndicats dans les sociétés occidentales, principalement européennes, et sur une espèce de partage inégal des revenus du reste du monde -surtout du Sud…

Bref, rien à voir avec une Providence…

Pourquoi l’a-t-on appelée ainsi? Selon toute vraisemblance, ce terme doit être attribué à Emile Ollivier, un conservateur français du XIXe Siècle, un “libéral”, comme on dit; il l’a inventé, ou en tout cas lui a donné de l’importance, pour critiquer ce rôle paternaliste de l’Etat, en 1864, à une époque où, franchement, cela prêtait encore à sourire. Jamais il n’aurait dû se pérenniser, surtout dans les bouches des partisans des travailleurs. Le terme Etat-Providence indique que les travailleurs sont des enfants à qui une Mère Nourricière doit tout en raison de leur statut d’enfants de la République, ou de la Nation. C’est un terme éminemment débilitant, déresponsabilisant.

Certes, il n’est pas seul à avoir joué ce rôle: une centaine d’années de contrôle social-démocrate de l’Etat se sont chargées de délier les travailleurs de leur rôle de surveillants de la machine publique, ou mieux de titulaires d’icelle.

Les mots sont importants, car ils ont contribué à la professionnalisation de la politique, partenaire de l’économie, dont les travailleurs ont été éloignés. Leurs représentants, syndicalistes et députés, sont devenus les partenaires de leurs exploiteurs. En échange, ils ont obtenu quelques assurances, histoire de calmer leurs troupes. Aujourd’hui, ces sécurités disparaissent peu à peu.

Pourvu qu’au moins ces heures sombres réveillent nos esprits embrumés. Que l’on détruise la notion même d’Etat-Providence -que l’on restaure la mutuelle, la coopérative, l’esprit même du syndicat, des cercles, des bases, des horizontales, et que s’abattent les pyramides, que disparaissent les représentants professionnels, que s’effondrent les structures verticales…

Godwin, Proudhon, Fourrier, Bakhounine, Michel, Jones, Kropotkine, Goldman, Malatesta, Durutti,… que ces noms résonnent comme des glaives sur des cloches de bronze.

La Communauté Française a besoin de VOUS!

Saturday, March 17th, 2012

Il paraît qu’on manque de profs…

C’est une rumeur…

Je ne l’ai jamais vérifiée…

En tout cas, la Communauté Française de Belgique manque de souffre-douleur, ça, c’est un fait.

chaque emploi nouveau dans l’enseignement réclame une administration pesante de la part du postulant, alors que le dossier existe à la Communauté -en tant que nouvel enseignant, vous devrez fournir un acte de naissance à chaque nouvel engagement, copie de vos diplômes, attestation des services précédents en tant qu’enseignant (ils ne doivent pas avoir ça quelque part, non?) -je répète: à chaque nouvel engagement… Qu’est-ce qu’ils font avec notre dossier entre-temps? ils le jettent? ils en font des cocottes?;

-les enseignants non nommés sont payés avec un minimum d’un mois de retard. J’ai connu quelques cas de 3, voire 4 mois de retard -on suppose qu’entre-temps, les jeunes enseignants sont capables de vivre d’eau fraîche -quelle entreprise privée peut se permettre ce genre de comportement sans s’attirer les foudres de l’inspection du travail et les colères légitimes des syndicats?;

-par ailleurs, les frais de déplacement ne sont remboursés qu’à la fin de la période de votre éventuel abonnement, contrairement à de nombreuses entreprises qui fournissent une attestation à la SNCB afin de permettre un remboursement immédiat: le privé serait-il plus attentif au bien-être de ses employés?;

-les vexations concernant l’engagement d’un enseignant sont légion. Exemple: dans quelle entreprise privée vous réclamera-t-on un certificat médical un mois et demi après votre engagement avant de valider enfin votre contrat?;

-comment un intérimaire de l’enseignement (on dit un “temporaire”) peut-il devenir “autre chose” (temporaire prioritaire, avant d’être nommé)?
Il doit accumuler,
au sein du même Pouvoir Organisateur,
une expérience de 300 jours étalés sur 5 ans maximum,
dans la même fonction,
au moins en mi-temps.
Cela signifie que si vous acceptez un remplacement de deux semaines dans l’enseignement officiel, puis un mois dans le privé, puis un trimestre à la Ville de Bruxelles, vous venez d’accumuler, au mieux, trois mois d’expérience à la Ville de Bruxelles -donc, mieux vaudrait-il refuser certains emplois par ces temps de crise?
Par ailleurs, si vous recevez un horaire avec six heures d’histoire, six heures de géographie et le reste de bric et de broc, vous n’entrez pas dans les critères pour une saine accumulation, puisque vous n’avez pas un mi-temps dans une fonction précise. Bonne chance, les jeunes;

les jeunes enseignants sont généralement en charge des classes les plus difficiles, forcément, puisque ce sont celles dont ne veulent pas ceux qui peuvent choisir leurs charges (et on les comprend), et en outre ce sont les classes dont les profs tombent le plus facilement malades (on ne se demande pas pourquoi);

Il y aurait encore pas mal de choses à dire sur le système des inspections, sur le fonctionnement des Ressources Humaines (qui accumulent les intermédiaires et éloignent l’employé de son “patron” réel le plus possible) ou sur la verticalité de l’enseignement.

Mais je crois que vous avez dû saisir l’essentiel…

La Communauté Française de Belgique, employeur modèle à vous faire regretter ce facho d’Henry Ford…

Et vice versa…

Saturday, February 18th, 2012

Le Soir est-il politiquement engagé?

Certes, oui, mais dans quelle direction? Analysons un article mis en ligne ce samedi pour s’en faire une petite idée:

Des navires de guerre iraniens franchissent le canal de Suez

Rien que le titre devrait nous mettre la puce à l’oreille: serait-ce que lorsque ce même canal est traversé par un navire étatsunien, britannique, français, israélien ou issu d’un autre pays de l’axe du bien, même non démocratique (tout peut se discuter), le Soir écrit-il un article? Vous allez me dire: c’est le contexte… L’Iran, les avancées nucléaires, le Détroit d’Ormuz…

De fait, ce contexte devrait nous être rappelé, avec toutes les bases étatsuniennes et alliée qui encerclent l’Iran, les prétentions civiles du nucléaire iranien, les deux à trois cents têtes nucléaires avérées de la première puissance militaire de la région (Israël) ((Jimmy Carter a récemment émis l’hypothèse que l’Iran puisse effectivement mentir et construire deux ou trois ogives nucléaires. Sa réaction était en réponse qu’il n’y voyait guère la moindre menace considérant la masse nucléaire que représente l’Etat d’Israël. Carter aurait pu aussi bien évoquer les milliers de têtes nucléaires étatsuniennes dont une grande quantité se trouvent stockées sur des navires dans la région dont question.)), et le fait que le Détroit dOrmuz se trouve dans les eaux territoriales de l’Iran bien plus que dans celles de n’importe quel Etat qui lui conteste le droit d’y envisager un blocus. Dont acte.

C’est la seconde mission en un an que les navires de guerre iraniens effectuent dans la Méditerranée.

Ciel! Et la première s’est bien passée? Que peut-on craindre de celle-ci?

Des navires de guerre iraniens sont entrés samedi en Méditerranée après avoir franchi le canal de Suez, a annoncé le commandant en chef de la marine l’amiral Habibollah Sayyari, cité par l’agence officielle Irna.

Il n’a pas donné de précisions sur la destination ou la mission de ces bâtiments, se bornant à indiquer qu’ils portaient « un message de paix et d’amitié » aux pays de la région mais « montrent également la puissance de la République islamique d’Iran ».

Jusqu’à preuve du contraire, ces navires iraniens (à moins qu’on nous ait menti depuis des décennies sur la puissance de feu de l’Otan) ne constituent en rien une menace pour aucune nation “libre” du monde. Le message de paix proclamé, il est vrai, serait sans doute plus crédible avec un navire de plaisance, un bateau-école ou un canot de Greenpeace, mais, bon, on a vu pire avec des messages similaires transportés par des porte-avions occidentaux ((Vu qu’ils ne sont pas des gens comme nous, on les imagine mal utiliser une colombe, évidemment.)).

Les navires ayant traversé samedi le canal de Suez pourraient être le destroyer Shahid Qandi et le bâtiment de soutien et de ravitaillement Kharg.

C’est pas pour dire, mais question précision de l’information, on a fait mieux… Cela dit, si le plus gros machin que les Iraniens nous envoie est un destroyer, même nos dragueurs de mines nationaux pourraient leur contester la prééminence en Mare Nostrum -on peut rire un peu…

Lors de la première mission en Méditerranée de la marine iranienne, les deux navires s’étaient rendus en Syrie pour une escale au port de Lattaquié avant de regagner la mer Rouge et l’Iran.

Ah ben revoilà la mission de l’an dernier… On peut pas dire qu’elle ait brillé par ses exploits guerriers… Et pourtant:

Cette première mission avait suscité de vives réactions de la part d’Israël qui l’avait qualifiée de « provocation » et avait mis sa marine en état d’alerte, tandis que Washington avait lancé un avertissement aux navires iraniens en leur demandant de « se conformer aux lois internationales et n’entreprendre aucune action qui pourrait compromettre la sécurité ».

Les Zuessa mettent-ils aussi en garde dans les mêmes termes les navires de guerre canadiens quand ils quittent un port proche des côtes du Maine ou de Colombia? Renâclent-ils à l’idée d’un baleinier japonais proche des eaux territoriales de l’Alaska? Sûrement pas: les Iraniens, ce sont sans doute de grands enfants qui ne respectent les règles QUE si on les leur rappelle…

Quant à Israël, oui, certes, bon… Ben oui… Mais on ne peut rien dire sur Israël, sinon on est antisémite, alors, bon, rien…

La nouvelle mission iranienne en Méditerranée intervient alors que les tensions entre Israël et l’Iran sont au plus haut, alimentées par la crise autour du programme nucléaire iranien et les récents attentats anti-israéliens en Inde et en Thaïlande attribués par l’Etat hébreu à Téhéran.

Tiens, et ça n’a pas de lien avec les attentats attribués au Mossad et ayant touché des scientifiques iraniens sur le sol iranien? Ah ben non. Ou alors le Soir n’est pas au courant. Ni AFP, dont le journal reprend la dépêche.

Est-ce que le Soir, par ailleurs, ou AFP, font le décompte de l’ensemble des navires occidentaux qui manoeuvrent du côté d’Ormuz? des troupes qui patrouillent autour de la République, certes islamique, mais dotée d’un parlement élu, d’un président élu, qui ne nous réjouissent peut-être guère, mais bon, sommes-nous VRAIMENT une référence démocratique? Le Soir a-t-il véritablement produit un message intéressant, apaisant, propre à informer ses lecteurs autrement qu’en leur foutant la trouille-genre-attention-les-vilains-Perses-sont-à-deux-doigts-de-nous-envahir-avec-une-flotte-innombrable-d’au-moins-2-(deux!)-navires-de-GUERRE, oui, de guerre, de guerre, ça dit bien ce que ça veut dire, non?

Allez, ils nous ont déjà fait le coup avec Saddam, Mouamar et les autres… C’était sans doute des coups d’essai: si ça marche contre des dictateurs laïcs, ça marchera contre des présidents fondamentalistes: quelle différence après tout? Et puis, c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes…

Soixante ans que nos biberons sentent le sapin…

Tuesday, November 1st, 2011

Ce n’est certes pas après la lecture d’un simple article du Monde que je me prétendrai spécialiste du scandale ou supposé tel du Bisphénol A, mais j’en retire tout de même un enseignement très intéressant.

J’y ai appris que le conflit entre scientifiques payés sur fonds publics -qui trouvaient dans 90% des cas des effets biologiques du bisphénol, et donc en mettaient en évidence la dangerosité potentielle- et ceux qui étaient financés par les entreprises qui vivent notamment de son exploitation -du bisphénol A, donc-, ces derniers ne trouvant -bien sûr- rien, était basé sur des principes méthodologiques. Selon l’auteur de l’article, qui s’est inspiré essentiellement de ses contacts avec certains des premiers, dont un Monsieur vom Saal, une Madame Soto, non par parti pris, mais parce que les intervenants de l’autre bord ne répondaient pas à leurs questions, les scientifiques qui trouvaient des effets se fondaient sur des protocoles d’expériences récents, alors que ceux qui ne trouvaient rien -ceux qui étaient donc payés par les entreprises, donc- se fondaient sur des protocoles d’il y a 60 ans.

C’est un peu comme si on cherchait à déterminer le lieu d’alunissage d’astronautes sur la Lune en regardant avec des jumelles.(vom Saal)

Pas spécialement rassurant.

Je ne ferai pas le procès ici de ces scientifiques ou supposés tels qui travaillent pour la Dow Chimicals et autres grandes bienfaitrices de l’humanité (après tout, le plastique qui recouvre mon clavier ne viendrait-il pas de leurs usines?). Je suppose que d’autres le feront bien mieux que moi. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ces lieux communs qui veulent que le service public, c’est le conservatisme, l’immobilisme, le confort, le fonctionnarisme et autres clichés, alors que le privé tablerait sur le progrès, l’innovation, la course en avant…

Comme si l’économie et l’histoire corroborait ces cartes postales.

Tiens! L’industrie automobile, par exemple, déteste l’innovation réelle, celle qui change les choses, celle qui amène ou amènerait à une véritable réduction de la consommation: changer les patrons d’achat du symbole de la société de consommation, c’est un risque tellement énorme, et il aura fallu ces dernières années pour qu’enfin ces dinosaures tendent à s’effondrer sur eux-mêmes sous les coups de boutoir de la nécessité et des crises économiques. ((Personnellement je ne peux que prévoir à terme une nouvelle crise, celle de la surconsommation individuelle, qui devrait nous réenfermer dans le local en dehors des transports publics d’ici, quoi?, un quart de siècle, sans doute. Ca m’étonnerait que l’automobile passe sans dommage ce cap.))

La résistance aux réglementations d’Etat basées sur le principe de précaution, sur la découverte d’un danger pour la santé publique ou sur le souci de réduire les effets secondaires contre-environnementaux de notre mode de vie est telle que les parlements, sous perfusion des intérêts particuliers des bétonneurs et autres marchands de bien-être, mettent souvent des années, voire des décennies pour prendre les mesures les plus élémentaires qui réduirait la nocivité de la consommation humaine, pour nous-mêmes comme pour la planète et ses autres habitants.

Le conservatisme critiqué par Messieurs Michel père et fils ne se situe peut-être pas seulement là où ils veulent bien le voir.

Une fois de plus, il ne faut pas généraliser: on parle bien ici de grosses entreprises, d’intérêts à 6 chiffres ou plus, pas de PME, de petites boîtes qui tentent de devenir grandes. Encore que…

Encore que, ce n’est pas d’elles, peut-être, que l’on parle, mais Ford a commencé dans un garage, tout comme Windows ou Apple -ou peu s’en faut. Et aujourd’hui, ce sont plutôt des représentants de l’immobilisme que de l’innovation. Mais bon, cessons de jouer au yo-yo sur le sujet, revenons à la constatation: l’entreprise n’est innovante que si ça l’arrange bien et conservatrice dans le même cas. Bref, elle est là où le pognon l’appelle, et ce n’est pas souvent dans la direction du mieux-être collectif.

Ceci aussi pour expliquer une fois encore pourquoi, si je ne suis pas contre les manipulations génétiques ou les nanotechnologies en soi, c’est uniquement si -et seulement si- les progrès, les découvertes, les utilisations faits dans ces domaines restent intégralement sous contrôle de la collectivité par le biais d’associations horizontales indépendantes à la fois de l’Etat et des entreprises, et qui soient habilitées à stopper toute initiative qu’elles jugeraient dangereuses ou potentiellement dangereuses, jusqu’à consultation populaire bien raisonnée, bien documentée, sous protocole adéquat.

Une entreprise de taille respectable, c’est un peu comme un grand Navigateur sur un OS Windows: il fait tout pour t’empêcher de penser à le virer et il ralentit toute la machine, sous prétexte que, sans lui, rien ne marcherait.

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Ah oui, quant aux patentes, brevets et autres exclusivités mortifères, je suppose que l’on aura compris. Qu’on rémunère les chercheurs à l’heure de travail, qu’on leur accorde quatre semaines de congé par découvertes prépayées intéressantes, et qu’on ne la ramène pas sur l’indispensable nécessité de rentabiliser la recherche: ça fait deux cents qu’on nous emmerde avec ce concept qui a contribué à l’augmentation des inégalités de par le monde. Alors, que vivent la science et la technologie, mais au sein des masses, pas dans le giron des portefeuilles anonymes.

Evidemment, avec la gouvernance mondiale actuelle, ce beau programme n’est pas pour demain. Mais bon, je veux bien faire de la politique, si c’est à ma sauce.

“L’alibye”: une mauvaise superproduction, une de plus, en attendant la suivante…

Tuesday, July 26th, 2011

J’ai insuffisamment étudié la guerre d’Espagne pour pouvoir l’affirmer comme un historien devrait pouvoir le faire, mais elle reste pour moi un exemple intellectuel d’application dans bien des cas de figures qui occupent le devant de la scène actuelle en matière d’engagement militaire. Les républicains, communistes, anarchistes –et autres, sûrement- qui se lancèrent à l’aide du gouvernement légitime espagnol pour le défendre contre les troupes rebelles d’obédience fasciste ou équivalente, soutenues par les régimes d’extrême-droite, la papauté et le silence radio des relatives démocraties de l’époque, le firent sur base d’une décision volontaire individuelle. Ils auront été motivés, hommes et femmes, par leurs propres convictions, peut-être par leur appartenance à un mouvement ou un parti, en suite d’une campagne de sensibilisation ou un recrutement quelconque, mais personne ne le leur a imposé. Aucun gouvernement, aucune force supérieure, n’a pu les obliger à se rendre en Espagne pour rejoindre les rangs des républicains.

Pas plus d’ailleurs que le moindre “impératif moral” kantien ou cicéronien, d’ailleurs. Et c’est ce qui fait de cet engagement toute sa force, sinon sa beauté (qu’y a-t-il de beau dans une guerre, même menée par les motivations les plus pures?): les individus étrangers qui y prirent part le firent de leur propre chef. D’un autre côté, les Espagnols, sur place, n’avaient pas plus le choix de se retrouver champ de bataille et chair à canon que les Libyens aujourd’hui, ou les Syriens, les Egyptiens, les Irakiens, les Afghans, les Ivoiriens et combien d’autres encore -Palestiniens, Israéliens, Somaliens… La liste est longue de tous ces conflits, révoltes, révolutions, guerres civiles, occupations, qui ouvrent ou ferment nos journaux dans une monotonie qui entraîne chez nous la plupart du temps plus d’indifférence ou de résignation que d’indignation ou de colère, pourtant légitimes.

Des arguments obscurs et occidentalistes

Quand des militants de certaines obédiences tentent de briser un blocus -et l’on aura reconnu le cas israélo-palestinien- ou s’engagent à braver les colères des seigneurs de guerre pour aider une population touchée par la famine -comme en Somalie-, ils le font, pour de bonnes ou de mauvaises raisons selon le jugement des uns et des autres, mais ils le font sur base individuelle, en fonction de choix souvent courageux, mais en tout cas libres, pour autant que cet adjectif puisse signifier quelque chose.

Lorsque le Monde Diplomatique de juillet 2011 publie le témoignage d’Ibrahim Al-Koni, lequel nous fait part en réalité d’un de ses amis libyens (tout comme lui), exilé en Tunisie, anonyme, qui, après bien des hésitations, après avoir d’abord aidé les blessés qui quittaient son pays d’origine, décida que son devoir était de rejoindre la révolte contre le régime de Khadafi, le fit et disparut, lorsque le Monde Diplomatique nous présente ce témoignage tout brut, il oublie de le commenter. Car, comment l’interpréter? Le message d’Ibrahim Al-Koni est-il de nous faire part de ses propres hésitations à s’engager jusqu’à ce point dans la révolte? Le fera-t-il jamais? Dès lors, nous invite-t-il à la prudence ? Ou bien nous incite-t-il à approuver l’intervention des forces de l’Otan dans son propre pays? Pour ma part, et dans l’absence de plus de détails ((Qui sait si ce héros n’est pas en fait un infâme opportuniste ? On peut raisonnablement penser que non, mais ni Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, ni moi, ni la toute grande majorité des lecteurs de l’un des meilleurs journaux de langue française, ne peuvent connaître les motivations, ni le passé d’un inconnu, aussi honorable puisse être son garant.)), je salue ici la décision prise par un individu qui estime de son devoir d’intervenir physiquement, en son nom propre, réellement, dans un conflit qui le concerne au premier chef, lui et sans doute une grande partie de ce qu’il aime. Et même s’il ne le concernait pas, son geste rappelle, au fond, à bien des égards, celui des Brigadistes –je veux dire, ceux d’Espagne, ceux de 1936, même si comparaison, en histoire, jamais n’est raison.

Mais il y a un mais.

Les arguments d’Ibrahim Al-Koni –dont la thèse reste donc obscure- sont émaillés de citations qui ne laissent pas d’étonner -sa culture d’origine y transparaît à peine-: Cicéron, Kant et un certain Henri Frédéric Amiel, desquels il tire des principes d’exigences morales, de devoir et même de bonheur dans la mort. Rapidement, il cite aussi Platon et Rousseau, l’un pour évoquer celui que d’être avec un ami, l’autre qui en appelle à la fin de l’histoire avec la disparition des tyrans, des guerres et des conspirateurs –comment ne pas les approuver ? On pourrait cependant trouver chez Platon bien d’autres exemples d’impératifs moraux, liés au devoir envers la cité, et, si étrangement notre auteur le cite ici dans une dimension plus intimiste –et concernant un passage de son œuvre dont je ne me souviens pas et que je ne saurais situer, Ibrahim Al-Koni ne l’ayant pas précisé-, le Prince des Philosophes est bien dans la lignée des éthérés idéalisants qui plaçaient la vie humaine et l’individu bien en dessous –tant qu’il ne s’agissait pas de la vie des philosophes, bien entendu, Socrate s’étant sacrifié pour toute la caste ((Ils sont rares les philosophes de la transcendance qui puissent prétendre au statut de martyr ; Sénèque fut plus la victime de ses intérêts particuliers, Giordano Bruno était devenu un charnel, et qui d’autre ?))- des intérêts supérieurs de ce qu’on appellerait plus tard la nation.

Car beaucoup de ces arguments, dans un ton larmoyant, douçâtre, presque romantique, fleurent bon le patriotisme et les exigences de l’éducation formelle, évoquent sans aucun doute les appels martiaux qui précédèrent, provoquèrent et suivirent la déclaration de guerre de 1914, tout comme de nombreux cas de guerre de manière générale. Ces impératifs moraux, occidentaux et occidentalistes, souvent baignés d’idéaux transcendants, inexpliqués, supérieurs et, pour le moins, discutables si nous gardons la tête froide, sont ceux qui traversent l’histoire des guerres depuis le réveil des nations –et qu’on retrouve plus loin dans le passé à quelques occasions lorsque les armées ne sont pas professionnelles, comme lors des croisades des pauvres, par exemple, mais aussi dans les discours d’exhortations des généraux et des rois en prologue au carnage, justifiant le prétendu péché mortel du meurtre de son prochain anticipativement.

Justes causes et libertés

Si la guerre d’Espagne, la Commune de Paris, Kronstadt, la Makhnovchtchina, et quelques autres exemples résonnent en moi comme autant de défaites, il s’agit aussi des cas trop rares où les troupes qui y furent défaites ((Les victoires militaires émancipatrices, il faut le dire, sont assez rares. Même dans le cas de la révolution mexicaine zapatiste, le résultat est largement discutable, par exemple. Le cas cubain est hautement subjectif, encore qu’il ait une bonne part de ma sympathie, mais là aussi nous avons affaire à un cas bien discutable.)), et surtout traitant des étrangers venus les soutenir -en vain-, avaient la légitimité du choix personnel, individuel, libre -sans doute pas toujours, mais suffisamment souvent pour les démarquer des cas trop nombreux où une entité supérieure décidait pour les troufions envoyés au casse-pipe.

Car, même si dans le cas de la Libye les forces de l’Otan sont suffisamment prudentes -certains diraient lâches- pour éviter de s’exposer aux tirs ennemis, il faut reconnaître que dans la plupart des cas de guerres “justes” initiées ou prises en marche par les forces occidentales un peu partout dans le monde -et l’on peut remonter loin dans le temps, reprendre les cas des guerres coloniales, de l’intervention des « démocraties » en faveur des Tsars en Russie à partir de la fin de la guerre de 14-18, du soutien difficilement explicable de contingents français et belges au Mexique pour soutenir un Empereur européen, et combien d’autres encore-, c’est le roi, le prince, l’Etat qui décide pour les piétons où ils se doivent de poser leurs cantinières et bivouaquer en attendant de se prendre une embuscade sur la tête.

Je ne suis malheureusement pas enclin à pleurer avec les familles lorsque j’entends que tel nombre de soldats professionnels français, belges ou hollandais perdent la vie dans des conflits lointains, parce que je suis encore dans la logique primaire qui prétend que si ces soldats sont des professionnels, la mort fait partie de leur travail, aussi horrible que cela puisse paraître. Je déplore, sincèrement, ces morts, presque autant que je déplore celles de tous les autres combattants, méchants islamistes compris, mais bien moins que toutes celles des civils et des résistants aux régimes envahisseurs -Otan compris- qui, eux, n’ont décidément pas la possibilité de choisir la paix et la tranquillité, comme j’ai moi l’occasion de le faire ((Ou plutôt que je n’ai même pas à devoir le faire, même si, une fois ceci proclamé, quelque part, ayant pris conscience de ma situation, je fais le choix de ne prendre part –temporairement ?- à aucun conflit.)), assis que je suis en ce moment dans un train entre Bruxelles et Paris, pratiquement assuré de mourir dans mon lit ou, au pire, dans un accident quelconque, mais de toute façon avec une espérance de vie remarquable à l’échelle de l’histoire du monde et dans des conditions qui, si elles empirent en ce moment, n’ont jamais été égalées de mémoire d’archéologue. Comme le service militaire a disparu dans les pays que je côtoie le plus -à l’exception du Brésil, dont il serait intéressant de parler aussi-, il devient difficile d’évoquer le sort des troufions qu’on envoie au front à quelques semaines de la quille –il n’y en a plus.

Restent les décideurs politiques, les lobbys dans tous les sens, les intérêts privés et les intérêts d’état qui motivent les mouvements des troupes, des porte-avions et des lance-missiles un peu partout sur la surface encore bleue de notre planète. Je ne comprends toujours pas comment les soit-disantes démocraties peuvent encore autant être peuplées d’hommes et de femmes qui réagissent aussi peu à toutes les déclarations de guerre qu’ils et elles connaissent tout au long de leurs vies. Si Jean, Simon, Lucette ou Redouan décide de rejoindre les rangs de telle ou telle faction, armé de sa pétoire, la fleur au canon, les deux pieds dans ses godillots, en son nom, pour l’honneur, pour la gloire, pour le pognon ou pour sauver des vies, le tout en pleine conscience ou en pleine illusion, aucun gouvernement ne devrait être autorisé à l’en empêcher, pas plus qu’il ne devrait être autorisé à envoyer Georges, Rebecca, Momo ou Camille servir de cible dans les régions les plus invraisemblables.

Qu’on ne s’y trompe pas: je ne suis pas un pacifiste rabique (sic, avec un seul b): il existe de nombreuses causes devenues militaires que j’estime légitimes -souvent après-coup, car nous sommes si mal informés en réalité, même si nous sommes parfois trop informés-, mais j’en estime au moins dix fois plus qui ne le sont pas du tout, même si de nouveau cela n’apparaît clairement qu’aux yeux de l’histoire, un, deux, cinq, dix ou cinquante ans plus tard. Si je crains, sans pouvoir l’affirmer, que beaucoup d’individus sincères se sont lancés et se lancent encore dans un conflit sans en connaître suffisamment tous les tenants et aboutissants, je reconnais que ces individus exercent au moins un droit tout à fait légitime et élémentaire dans notre monde complexe et confus.

La guerre en Libye, en tant qu’individu, ne me montre pas clairement où se trouve le camp des populations opprimées. Si je n’ai aucune sympathie pour Khadafi et que sa disparition me laisserait au mieux froid, je ne suis pas convaincu qu’une rébellion menée par d’anciens dignitaires de son gouvernement, encouragée par une organisation internationale qui ne brille pas par son humanisme -l’Otan, si elle n’avait pas été reconnue-, mérite notre soutien ou notre indulgence quand on apprend les crimes qu’elle a contribué à perpétrer. Certes, tous les hommes et toutes les femmes qui subissent une tyrannie méritent notre soutien, notre sympathie et, au cas par cas, notre aide, mais cette aide doit être spontanée, venir des individus, n’impliquer qu’eux-mêmes et exclure par nature toute intervention émanant d’un organisme supérieur, qu’il soit national ou international.

Aussi, je ne pourrais que reconnaître le courage de qui déciderait demain de se jeter dans l’inconnu d’une bataille –quand bien même je ne serais pas sûr de le ou la comprendre-, mais je me refuse à concéder le droit ou la légitimité, jamais, à un corps législatif ou exécutif d’envoyer un corps de jeunes gens à leur place, au nom de quelque intérêt que ce soit, fût-ce de celui des droits de l’homme.

 

Dans dix mille ans, qui se souviendra de Mozart?

Thursday, July 21st, 2011

Les Bouddhas d’Afghanistan, explosés par un régime qualifié de médiéval ((Au passage, ce n’est pas sympa pour le Moyen-Âge.));

Les sites archéologiques babyloniens effacés par l’armée étatsunienne;

Les musées du Caire dévalisés, pillés au cours du printemps arabe;

Et maintenant Leptis Magna, ville antique, bombardée par l’Otan… ((http://blog.ilmanifesto.it/arte/2011/06/20/leptis-magna-e-le-bombe-che-la-polverizzano/))

On pourrait difficilement éviter de parler des innombrables villes détruites par le passage des armées, les bombardements, les guerres de tranchée au cours des siècles passés, effaçant nombre de traces importantes du passé dans le même temps.

Certes, en tant qu’historien, je trouve cela triste et désolant, mais cette émotion ne peut éluder deux aspects importants de ces événements.

D’une part, il est toujours plus important de considérer les pertes humaines, les désastres personnels, que de se concentrer sur des reliques de périodes éteintes. Même s’il est pénible de voir disparaître des éléments du “patrimoine culturel” mondial, il est bien plus terrifiant de constater la difficulté à maintenir l’attention du grand public sur les effets de la guerre concernant les victimes civiles.

D’autre part, si des ruines disparaissent, si des artefacts plusieurs fois millénaires sont réduits à rien, volés, confisqués par de richissimes et condamnables collectionneurs, il ne faut pas oublier que toutes ces choses sont vouées à moyen ou à long terme à l’oubli. Tout d’abord à la sélection qui se fera fatalement au cours des siècles à venir, déterminant les lieux qui devront se mettre à nouveau au service de l’homme en dépit de ce qu’ils contiennent de traces anciennes. Qu’on ne s’en offusque pas: ce choix est déjà une réalité tous les jours que les archéologues ou les historiens ont fait ou font. En archéologie, les immeubles, les trains, les aéroports, l’industrie, que sais-je, imposent souvent des fouilles d’urgence qui précèdent la destruction de sites de découvertes parfois très intéressants. Par ailleurs, les choix archéologiques imposent parfois eux-mêmes des sacrifices (qui ne sont pas toujours considérés comme tels au moment même). Ainsi, Schliemann n’a-t-il pas hésité à effacer toutes traces des villes qui surplombaient la Troie de la légende homérique, qui seule l’intéressait. Combien de repères du passé les scientifiques eux-mêmes n’ont-ils pas détruits plus ou moins consciemment? Difficile de leur en faire grief, puisque c’est à eux que l’on doit ce que l’on en sait, finalement.

Mais il y a plus fondamental, quand on veut bien se rappeler que le temps écoulé entre les premières pyramides et l’ère chrétienne représente plus d’un tiers de plus que celui qui s’est écoulé depuis. Considérons ce que l’on a retenu de cette époque, et pas seulement en terme de civilisations, mais de toute l’humanité d’alors. On pourrait probablement taper un recueil plus mince que n’importe quel bottin départemental français de tous les noms connus de la haute antiquité, disons, avant l’an mille avant l’autre ahuri -qui sait s’il a vraiment existé, celui-là, d’ailleurs-, et nous n’avons pour la plupart de ces noms guère plus de renseignements qu’une idée de leurs professions, de leur origine et, éventuellement, du siècle où ils ont vécu.

Pourtant, il devait y avoir de grands artistes parmi eux, des gens éclairés, des savants, des gens de bien, aussi, femmes et hommes…

Du boulot pour les mormons en perspective.

Quand on soupçonne que nous n’avons conservé sans doute de la littérature romaine qu’une fraction difficilement quantifiable (peut-être un dixième de son ensemble), peu de chose de sa sculpture, de son imagerie, de ses arts plastiques, et pratiquement rien de sa musique ou de sa peinture, que l’on compte encore. Que dire des populations vaincues par les Romains? Et plus près de nous par les vaincus des colons européens à l’échelle de la planète, et dont les anthropologues, les archéologues, s’échinent à reconstituer des morceaux d’histoire.

Il existe encore des doutes sur l’endroit où aurait été enterré Mozart. Qui se souviendra de lui dans dix mille ans?