Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

mars 11, 2010

à lire d’urgence

Filed under: discussions piquantes — tito @ 3:54 pm

Extrait d’un excellent article paru sur « les mots sont importants« , et en particulier ici:

« En réalité, depuis sa création, Israël est le pays où les juifs sont le moins en sécurité. Ce constat ne semble pas ébranler la conviction qu’il constitue un refuge pour les juifs. C’est même le contraire qui se produit : plus la politique de l’Etat juif se heurte à la résistance des Palestiniens et à la réprobation de l’opinion publique internationale, plus la majorité de l’opinion publique juive israélienne et diasporique, confortée dans le sentiment que les juifs sont encore et toujours les victimes de l’hostilité des non-juifs, se raidit dans une attitude intransigeante. Ce qui, d’une part, amène les électeurs israéliens à se choisir des dirigeants de plus en plus intraitables avec les Palestiniens et, d’autre part, fait grandir chez ceux-ci des sentiments de colère, d’humiliation, voire de haine et de désespoir, ce désespoir qui amène certains Palestiniens, ne trouvant plus de sens à leur vie, à chercher à en donner un à leur mort, en perpétrant de meurtriers attentats-suicides. Nous sommes là dans un tragique cercle vicieux. »

Il est en effet surprenant de penser que le lieu où les Juifs et les juifs sont le moins en sécurité soit celui auquel les gardiens de leur identité les plus inébranlables veulent à tout prix conserver leurs pénates…

Et j’utilise pénates à mon escient…

Mais cet article contient bien plus que cette réflexion et mérite toute notre attention à bien des titres.

février 24, 2010

« Pour une raison à la fois insignifiante et profonde »

Filed under: discussions piquantes — tito @ 4:52 pm

Quelquefois, les choses arrivent, s’aggravent, s’enveniment, pour les moins bonnes et les meilleures des raisons…

On ne soupçonnait pas qu’un dialogue pût mener jusque là.

On pensait sans doute que nos valeurs nous défendaient absolument.

Contre toute attente, ce que l’on croyait légitime fond devant les évidences des autres, si proches qu’ils soient.

Le relativisme nous gagne.

On en vient à douter des autres, douter de soi, et le pire: douter de ce que l’on savait être la vérité.

Enfin, on écrit de courts textes qui se contentent d’abstractions, n’ont aucune portée concrète, ne supportent nulle valeur et seront interprétés pour ce qu’ils ne sont pas.

On ferait mieux de se taire, quitte à ranger lutte et décision pour plus tard.

février 20, 2010

Sale fait pas.

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 3:58 am

Selon un article du Canard Enchaîné du 20 janvier dernier, si les USA appliquaient les normes OMS (pourtant encore supérieures à celles de l’Insitute of Medicine) en matière de sel dans les produits agroalimentaires, les frais de santé de ce beau pays diminueraient de 32 milliards de dollars tous les ans; par analogie, le Canard a calculé que la France pourrait économiser 7 milliards d’euros tous les ans. Bon, je ne sais pas très bien comment, au Canard, ils ont calculé ça… Si on ramène les 300 millions d’Amerloques aux 65 millions de Celtillons, on en arrive à 5 milliards d’euros…

En réalité, le Canard se trompe un peu (j’ai vérifié, hé): ces 32 milliards comptabilisent l’ensemble des gains produits par une consommation modérée de sel en vertu des critères de l’Institute of Medicine, reprenant surtout toutes les années d’espérance de vie gagnées et toutes celles en meilleure santé et donc toute la productivité supplémentaire incluse.

En terme de soins de santé, toujours selon la Rand Corporation, ou plutôt la recherche qu’elle cite1, c’est 18 milliards de dollars qui seraient économisés par les Étatsuniens. Cela ferait tout de même un joli pactole.2

Quant à l’espérance de vie gagnée, il a été calculé que ce sont 312.000 années en un an qui seraient sauvegardées rien qu’aux USA3; c’est pas mal4. Pensez à tous vos proches morts d’une maladie cardio-vasculaire un peu trop tôt

Rapporté à la Belgique, on ne serait pas loin du milliard d’euros, facilement, si on comptait façon Canard, et donc considérant la productivité des années conservées ou améliorées en terme de vie humaine; C’est environ 440 millions par an, si on prend pour base le site de la Rand Corporation que j’ai repris ci-dessus et si on ne comptabilise que les frais de santé épargnés, pas le gain en terme d’années de vie gagnées… Celles-ci pour la Belgique pourraient se monter à 10.000 années en un an5… Bon, ceci si on considère que notre patron d’alimenatation est le même que celui des USA. Cela dit, il ne doit pas en être très éloigné…6

Voilà de quoi faire réfléchir… Mais bon, c’est sûrement plus facile de régionaliser la sécu ou de culpabiliser le camp d’en face que d’affronter Unilever, Kraft et Danone…

(Plus d’infos à partir de la recherche-source qui a servi de base à Rand Corporation, ici)

  1. This fact sheet is based on: Palar K and Sturm R, “Potential Societal Savings from Reduced Sodium Consumption in the U.S. Adult Population,” American Journal of Health Promotion, Vol. 24, No. 1, September/October 2009. []
  2. Mais que font les assurances?? []
  3. Improved quality of life. Meeting sodium consumption guidelines would save, in one year, 312,000 quality-adjusted life years — a metric that accounts for increased longevity as well as the relative healthiness experienced during additional years of life. The annual monetary value of this improvement would be an estimated $32 billion. []
  4. Et la recherche estime les bénéfices encore plus important si l’on diminue encore la consommation de sodium. []
  5. Par comparaison, on a calculé que les années de vie perdues par les 10 millions de personnes mortes durant la Ie Guerre Mondiale, supposant que chacune avait une trentaine d’années de vie en moyenne encore à vivre, se montaient à 300 millions d’années gaspillées au nom des nations et des marchands de canons. Voir notamment ici: https://thitho.allmansland.net/?page_id=13. []
  6. Notons encore que la recherche mentionnée par Rand Corporation s’estime elle-même prudente, car elle ne prend pas en compte certains gains supposables mais non calculés. []

janvier 21, 2010

Principe de précaution -An 01

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 4:47 pm

« On a fait un choix. Si la pandémie avait été aussi virulente que certains l’annonçaient, on auraient été excellents. Bon, nous avons été trop sensibles aux alarmistes. Mais je préfère avoir à gérer un surplus de précautions plutôt qu’une crise du genre canicule ou sang contaminé. »

Quand Nicolas Sarkozy a sorti cette réflexion (Le Canard Enchaîné, 6 janvier 2010), il évoquait bien sûr le merveilleux cadeau fait aux entreprises pharmaceutiques, GSK et Roche en tête, qui purent écouler leurs fonds de stocks de médocs sur le point d’être périmés. À prix d’amis, bien sûr, sinon, à quoi ça sert d’avoir un ami président.

Mais ceci nous amène à une autre question:
Cela fait des années, et même des décennies, qu’un grand nombre d' »alarmistes » en appellent à la décroissance et à la confiscation de la gestion de l’économie des mains (invisibles) du marché pour l’adapter aux conditions -limitées- de notre planète.
Ah! Si seulement une grosse compagnie pouvait nous vendre des trucs pour sauver la planète et « changer le climat »! Sûr que nos fiers dirigeants seraient prêts à subsidier « à prix d’amis » le sauvetage du globe.

Mais on sait bien que la solution n’est pas là: la solution est hautement déraisonnable, puisqu’elle consiste à faire perdre de l’argent aux riches, la maîtrise de l´économie au marché et la quasi-totalité de leur confort aux plus assis de la planète…

Imaginons qu’un courant catholique un peu particulier lance l’idée suivante:
« Frères cathos, Dieu nous est apparu et il exige que nous nous prenions tous par la bite afin de nous l’enfoncer chacun dans le cul du voisin! Quant aux ferventes, elles doivent se donner sans plus de complexe aux premiers athées venus jusqu’à les convertir par le stupre! Dieu l’exige! C’est la seule voie qui nous reste pour sauver notre foi! »

Il est évident que les « fidèles », pape en tête, condamneraient le mouvement sans hésitation et que, crucifix au poing, calote en tête, ils te me les brûleraient tous un par un « dans l’esprit de l’amour du Christ le plus miséricordieux ».

Ou un truc comme ça.

C’est bien dommage, car je me serais bien converti, moi…

Le problème, c’est que c’est un peu pareil avec l’écologie -la vraie, pas celle des parlements- et les quelques années qu’il nous reste (peut-être) pour éviter le déroulement trop sauvage des catastrophes climatiques à venir sur l’ensemble de notre petite bulle: les « alarmistes » prétendent que la seule manière de sauver la planète, c’est que les capitalistes cessent d’être… capitalistes…
Que les actionnaires se contentent de regarder fondre leurs intérêts et même disparaître petit à petit leurs bas de laine (qu’ils réservent pour leurs vieux jours, perchés sur les côteaux de Savoie ou des Pyrénées, là où les eaux, le peuple et les immigrés (bêêk) ne seront pas encore arrivés…).
Que les patrons, les cadres, les publicitaires, les DRH, les commerciaux se rendent compte qu’ils ne servent à rien et démissionnent tous en bloc afin de se jeter à corps perdu dans des projets à « zéro consommation carbone » en fumant des joints et en cherchant une quelconque utilité aux carcasses d’EcoSport et aux cravates qui traînent un peu partout sur leurs anciennes propriétés.
Que les militaires se réhabituent au jeans et à la chemise à fleurs.
Que les douaniers se mettent ou remettent à la peinture et au jardinage.
Que les agences de brevet publient dans l’heure toutes les trouvailles encore sous patentes histoire de les mettre en accès libre -surtout celles qui concernent les prétendues découvertes issues de la nature.
Que les journaux imbéciles qui servent essentiellement à la déforestation et à la reproduction des inégalités cessent de nous pomper le gland avec les résultats sportifs, les « événements culturels », les faits-divers, les rites sociaux des plus belles et des plus forts et les querelles de politiques.
Que ces derniers rangent leurs stylos et leurs crayons dans leurs cartables et qu’ils aillent chercher le sens de la vie sur une montagne en Inde -sans hélicoptère ni portable- avec un bol de riz par jour…

Bref, le principe de précaution dont se targuait Monsieur le Président de la République Française impliquerait une espèce de renversement des valeurs qui tend à montrer que l’écologie, la vraie, est révolutionnaire, anti-capitaliste, libertaire et pas pour demain

janvier 11, 2010

Si j’étais yéménite, je serrerais les fesses…

Filed under: discussions piquantes — tito @ 5:07 am

« Je n’ai pas l’intention d’envoyer des bottes américaines dans ces régions », dit le président nobélisé étatsunien…

Aïe, aïe, aïe…

Entre parenthèses, je me demande ce que dirait l’opinion publique si le président, disons, au hasard, autrichien, disait le même genre de trucs…

décembre 15, 2009

Explosion à Oslo…

Filed under: discussions piquantes — tito @ 10:59 pm

Pourquoi s’étonner que le Prix Nobel de la Paix fasse pratiquement l’éloge de la guerre lors de la remise de son prix?
Lorsqu’on regarde certains des précédents lauréats, on peut souvent s’interroger sur l’idéologie qui soustend la fondation de l’inventeur norvégien.

Théodore Roosevelt, prédécesseur illustre de l’actuel président des USA, et militariste notoire, pour son intervention dans un conflit qui ne le regardait a priori pas;

Menahem Begin, Anouar El-Sadate, puis Shimon Peres, Yitzak Rabin et Yasser Arafat, figures bien plus marquées par leurs capacités à guerroyer que par celles à faire la paix -d’ailleurs, le résultat de leurs « concertations », bien des années plus tard, heu…, parle pour lui;

Henry Kissinger, âme damnée de la politique extérieure pendant la majeure partie de la Guerre du VietNam, pour avoir finalisé une paix qu’il était bien forcé d’accepter, également responsable ou co-responsable d’interventions criminelles au Chili ou au Timor;

Andrei Sakharov, co-inventeur de la bombe à hydrogène (il fallait le faire) et redécouvreur de la bombe atomique en URSS;

Mère Teresa, militante anti-avortement, anti-contraception;

Lech Walesa, on ne voit pas très bien pourquoi;

Les casques bleus, en tant que force de maintien de la paix -certes, c’était sept ans avant le Rwanda, mais ne fallait-il pas s’y attendre?;

Le Dalaï Lama, dernier des grands féodaux, inspiré par la théocratie, peu suspect de féminisme;

Jimmy Carter, l’un des artisans de la théocratie iranienne, mais surtout soutien du gouvernement génocide indonésien;

Al Gore, vice-président à l’époque des bombardements en Irak de 1992 à 2000…

Alors pourquoi pas Barack Obama, qui va envoyer 30.000 de renforts en Afghanistan? Il n’y a aucune contradiction…

décembre 13, 2009

un État de droit, c’est moi

Filed under: discussions piquantes — tito @ 11:35 pm

C’est ce que doit se dire un certain Silvio, mais probablement qu’un Jacques autrefois ou un Nicolas aujourd’hui ne sont pas loin de penser pareil. Les différences sont minimes: changer la constitution à son gré pour éviter un procès, déplacer des juges ou faire modifier les principes de droit dans le même but, prétendre à la transparence d’un côté pour ensuite empêcher une commission parlementaire sur ses propres dépenses de fonction…

Par exemple.

Il ne vous reste plus ensuite qu’à invoquer le choix des urnes (comme le fait Alvaro Uribe, d’ailleurs, de bien mauvaise foi) pour rappeler que la démocratie vous a mis là où vous Êtes (à l’instar d’Hitler, notez), et vous êtes blindé en république…

Silvio, lui, enfonce le clou: les juges sont tous des rouges, surtout quand ils cherchent à appliquer une constitution née de l’après-deuxième-guerre-mondiale des mains des très mafieux et très conservateurs démocrates-chrétiens.

Il ne s’embarrasse pas de précautions pour hurler à la conspiration1. GianFranco parie sur sa décrédibilisation -peut-être est-ce encore trop tôt: il n’y a pas d’alternative électorale au personnage, tant les politiques italiens semblent nuls… Umberto reconnaît que son allié a « des couilles« … Ça suffit2.

En France, on a pour la première fois l’occasion de voir un ex à la barre, mais on en est encore loin sans doute. On arguera l’âge, la respectabilité, l’ancienneté des faits, des principes de… droit, qui s’appliquent essentiellement aux puissants, pas aux misérables…

Dans un État de Droit, comme les USA, celui qui provoque une panne de courant générale pour obliger un pays entier à payer plus cher sa propre énergie, panne de courant qui provoquera tous les incidents, blessés et morts que l’on peut imaginer, tombera éventuellement sous le coup d’accusations de fraude financière ou de constitution de trust ou de monopole; dans le même temps, en France, celui qui vole sans léser ni blesser quiconque, conmme dans un abus de confiance, risque trois ans de prison -il y a clairement une faille dans le processus…

D’un autre côté, et c’est assez remarquable, si la peine de prison est plus lourde pour qui a commis un abus de biens sociaux, (5 ans, pour 3 ans d’abus de confiance), la prescription est bien plus rapide dans le premier que dans le second cas (3 ans contre 5 ans). Or, l’abus de biens sociaux sera avant tout le fait de personnes bien placées qui auront le temps de faire courir les choses… Tout s’explique…

Le principe de l’État de droit repose donc essentiellement sur l’intérêt de celui qui maîtrise l’État, à travers son législatif, son exécutif ou son judiciaire.

Qu’importe le reste, et en particulier la justice…

  1. Ça ne va pas s’améliorer maintenant qu’il s’est pris une gifle. []
  2. Le peu suspect de sympathie rouge Di Pietro a lancé un « E che si aspetta per dire che siamo nel fascismo? » Mieux vaut s’en apercevoir tard que jamais. []

décembre 4, 2009

État de droit, État de droite…

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 3:53 am

Une polémique coupe la gauche en deux au Brésil, celle qui a rapport à Cesare Battisti, dont tout ce qu’on peut dire avec certitude aujourd’hui est qu’il fut condamné par contumace pour trois assassinats et pour avoir commandité un quatrième; que durant des années il put vivre sous des régimes différents (Mexique et France surtout, puis Brésil), bénéficiant notamment de la doctrine Mitterrand -celle-ci ayant été éteinte par le successeur de son titulaire; que cela fait trente ans qu’il n’a plus aucune activité violente, sinon illégale, et est devenu écrivain.

Bref, en dépit de la gravité apparente de ses crimes -qu’il nie avoir commis-, Battisti se retrouvait jusqu’à l’année dernière en situation de relative liberté.

Depuis un an maintenant, il est en prison à Brasilia et attend la décision finale du Président Lula pour savoir s’il sera finalement « rendu » aux autorités italiennes.

La discussion porte fortement sur la nature des crimes de Battisti: peut-on exercer des crimes politiques dans une démocratie, dans un État de droit, comme l’était l’Italie dans les années ’70? Ne sont-ce plutôt des crimes de droit commun? Mais alors, sachant que les cibles attribuées à Battisti sont, au moins dans trois cas, motivées par des raisons politiques -que celles-ci soient légitimes ou non n’est pas mon propos-, qu’est-ce qu’un crime politique?
Un crime politique. Un État de droit…

Un État de droit, l’Italie? Quand?

Pas pour Pinelli, en tout cas, que tous les anarchistes chantent, que Dario Fo a mis en scène dans sa « Mort accidentelle d’un anarchiste ».

Pas pour les milliers de victimes annuelles des organisations criminelles, qu’elles soient de la Mafia, de la ‘ndranghetta ou de la Camorra.

Pas pour les morts de la Piazza Fontana, de la Stazione di Bologna, d’Italicus, de Rustica, de la Freccia del Sud, de la Piazza della Loggia, etc., etc., etc. comme disait Giorgio Gaber.

Pas non plus pour bien des citoyens qui durent endurer un code pénal remontant à l’époque de Mussolini et qui ne fut que réformé au compte-goutte, et surtout ces dernières années.

Pas non plus pour les électeurs du lendemain de la IIe guerre mondiale, ni pour les administrés des maires installés par l’armée américaine et la mafia au cours de leur longue reconquête de la botte.

Pas pour Cossiga ou Andreotti, manifestement liés aux organisations Gladio et P2, et qui restent aujourd’hui sénateurs à vie; ni pour Silvio Berlusconi, d’ailleurs, mouillé jusqu’aux organes génitaux tout aussi manifestement dans plein d’affaires judiciaires qui n’aboutiront pas; et la liste des politiques dans ce cas est loin d’être close: il ne s’agit que des trois plus brillants.

Il y en eut un, d’État de droit, pour Bettino Craxi, condamné, exilé, mort au loin comme « au temps des Romains », époque « phare » du père de l’État de droit par excellence…

Je n’ose dire qu’il y en eut un pour Aldo Moro, exécuté par les Brigades Rouges; complice, lui aussi, de l’État mafieux « democristiano », il fut jugé par des militants qui se prenaient pour des justiciers et qui furent manipulés par les partisans de la politique de la tension. Sans doute que l’une des dernières pensées de Moro fut qu’il aurait fait pareil à leur place, et que son substitut n’aurait pas plus bénéficié de son appui s’il avait été à la place des négociateurs.

Pas un État de droit aux yeux de Giorgio Gaber, l’un des artistes les plus engagés de ces quarante dernières années, pour qui peu devraient échapper à la colère de son « Se fossi Dio »… Y compris Aldo Moro, co-responsable de 40 ans de gouvernement « democristiano e mafioso ».

L’Italie n’est un État de droit que par moments et dans certains endroits, à certaines occasions; quand il s’agit de traiter de petites affaires, de problèmes civils ou commerciaux, quand les juges sont honnêtes et dévoués à leur boulot, on peut parler d’État de droit -plutôt favorable à l’Establishment, au Contrat Social de Droite, mais au moins existe-t-il, ce fameux État de droit.

Cependant, il faut considérer que l’État de droit, c’est une vue de l’esprit plus qu’autre chose. L’État de droit est un ensemble d’exigences telles (un code de loi approuvé par la population ou ses représentants, une magistrature indépendante, des droits à la défense rigoureux, une justice gratuite et impartiale, une police sans préjugé) qu’il ne peut être qu’un concours de circonstances rare et ne bénéficiant que rarement à la justice elle-même.

Même au Brésil, sous la dictature, l’exercice de l’État de droit, finalement, a existé. Il y a eu des conflits de voisinage résolus à l’amiable ou avec la médiation d’un juge. Il y a eu des gardes d’enfants réussies, des litiges sociaux correctement résolus, des amendes justifiées… Des magistrats intègres, des policiers humains, ont appliqué une loi plus ancienne que celle des militaires. C’était rare, mais cela a existé. Des militants de gauche sont sortis de prison sous l’effet de procédures judiciaires. Mieux valait tard que jamais. On ne peut même pas attribuer le retour de la démocratie représentative à une révolution: elle est revenue, bancale, petit à petit, et les organisations, partis, journaux d’extrême-gauche s’expriment de nouveau librement.

Alors que jusqu’en 2006 il existait une loi en Italie qui interdisait toute personne de faire l’éloge de la dictature du prolétariat

L’État de droit, c’est surtout un État où la sécurité juridique est assurée à l’investisseur, à l’entrepreneur. Quitte à ce que le travailleur, lui… Et je te parle pas du chômeur, de l’objecteur, du vieux et du sous-consommateur… Pourquoi auraient-ils droit à l’État du même type?

L’État de Droit, c’est surtout celui de la Droite… Qu’on s’en rende compte… (en banque)

novembre 29, 2009

Quand un état de droit reconnaît une dictature…

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 3:30 pm

… c’est encore un état de droit?

novembre 28, 2009

La lutte armée est-elle soluble dans la démocratie bourgeoise?

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 4:52 am


La révolution, la révolte, les mouvements violents, ce n’est pas bien, comme l’a si joliment repris Serge Halimi dans un article de l’édition de mai 2009 du Monde diplo, d’après l’opinion des partisans de la fin de l’histoire de Fukuyama, Francis, idéologue néoconservateur.

La lutte armée, c’est anti-démocratique, surtout si vous habitez le Chiapas ou la Colombie, par exemple. Mais c’était déjà valable au Congo du temps de Mobutu -jusqu’à ce que Kabila père et fils prennent le pouvoir- et au Népal, avant que les maoïstes ne permettent la déposition du régime de « démocratie imparfaite » chère à Loulou Michel. De même que la résistance à l’installation des gouvernements pro-alliés en Irak ou en Afghanistan ne peuvent en rien être légitimés. Ne parlons pas de ces infâmes antisémites que sont les terroristes palestiniens (sémites, eux aussi, au passage).

Bref, la lutte armée est illégitime; elle ne peut en aucun cas amener la démocratie, ni assurer le commer… la liberté, voulais-je dire.

Bon…

Y’a des exceptions, il paraît…

Les Moudjahiddins du peuple se battaient contre les infâmes communistes soviétiques et, eux, ça va… Enfin, ça allait jusqu’à ce que le régime de Moscou se casse la gueule… Maintenant, on aimerait bien qu’ils se calment.

Les Contras, au Nicaragua, c’était pour le bien du peuple qu’ils se battaient, si, si. Du moins, Reagan et consorts les apuyaient-ils.

La déposition armée d’Allende au Chili et du régime Péroniste1 en Argentine, c’était pour restaurer la démocratie.

Les exemples, d’ailleurs, de « lutte armée pour la démocratie » ne manquent pas en Amérique Latine, soutenue de près ou de loin par l’USAID de sinistre mémoire. Mon pays d’adoption, le Brésil, a subi un coup d’état violent2 dont le but était d’éviter la bolchevisation du plus grand pays de la région. La liberté (d’entreprise et de consommation, sans doute, mais pas du plus grand nombre) était à ce prix.

Il semblerait que la lutte armée ne soit pas toujours illégitime, en dépit des minauderies des défenseurs de l’État de Droit(e) actuel. La violence révolutionnaire, sans laquelle nous nagerions sans doute encore dans les monarchies absolutistes depuis la France jusqu’en Russie, et des colonies américaines à celles d’Asie et d’Afrique, ne trouve grâce auprès des bonnes âmes -comme par exemple Gilles Martin-Chauffier dont la critique de Rouillan, l’ancien d’AD, déborde de « lubies thermidoriennes », « Révolution, vieille reine tyrannique », « les Huns de la rue Gay-Lussac », « bouffonerie tendance juchée sur les échasses de la Commune »3- que lorsqu’elle défend les « valeurs » (boursières) du Premier Monde.

D’un autre côté, nos démocraties (formelles) s’appuient souvent sur des régimes autoritaires sous les prétextes les plus divers. Depuis combien de temps nos beaux gouvernements sont-ils les alliés de l’Arabie Saoudite, du Gabon, de l’Algérie, de la Tunisie, et même de la Birmanie, alors que les dirigeants de ces pays n’admettent aucune opposition? C’est en dizaines d’années, en génération, qu’il faut compter le renoncement des démocraties (formelles) en faveur de régimes dictatoriaux violents parce qu’économiquement et stratégiquement cela leur convient bien.

Cette complicité va parfois jusqu’à la couverture d’assassinats d’opposants (pour ce qui concerne les gouvernements algérien ou russe par exemple). Sans compter les emprisonnements arbitraires ou les tortures, les vexations, les interdictions, les exils…

On ne peut condamner la lutte armée sous prétexte que celle-ci se décrédibilise par son essence violente et faire reposer sa propre pseudo-légitimité sur des choix stratégiques aussi discutables. Pour que nos régimes aient un minimum de cohérence, il faudrait qu’ils n’aient aucune relation commerciale ou diplomatique avec des régimes où les droits qu’ils reconnaissent (et accordent, disons, le plus souvent) à leurs propres ressortissants sont déniés.

Mais ne rêvons pas: alors que les vierges effarouchées de l’Union Européenne se désolaient sur la fin de la licence de la chaîne putschiste de télévision RCTV au Vénézuéla, que les USA se pincent le nez en évoquant une possible fin de l’embargo sur Cuba, que les défenseurs des droits (de propriété) de l’homme se pâment devant les atteintes faites aux latifundiaires de Bolivie, que les médias principaux se refusent à donner la parole aux mouvements les plus émancipateurs parce qu’ils remettent en question leur soumission au capital (via la publicité qui s’étalent entre leurs rubriques économiques et leurs fiches cuisines), il ne saurait être question de reconnaître à un peuple de se libérer par la force des armes.

N’empêche, le t-shirt Che Guevara est probablement le plus vendu dans le monde.

La lutte armée n’est peut-être pas soluble dans la démocratie, mais son marketing est inusable…

  1. Dont je ne me ferais pas plus le défenseur que de l’actuel en Belgique. []
  2. Bien que « le sang n’ait pas été versé », grâce ou à cause de la renonciation de son président légitime de l’époque, le social-démocrate João Goulart. []
  3. Paris Match, 14 mai 2009, p. 39. []
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