Priorités mal à droite

Je n’ai malheureusement pas vu le film de Paul Moreira sur le Dollaristan -entendez l’Afghanistan alimenté par l’héroïne traiditionnelle et la corruption financée par l’Occident-, mais j’en ai lu un petit compte-rendu dans le Canard Enchaîné du 22 avril dernier.

Parmi les nombreux flops rencontrés par le journaliste sur place, on compte celui des écoles prétendument réalisée par l’USAID ((organisme par ailleurs reconnu d’utilité publique par tous ceux qui ne supportent pas la vue d’un socialiste à moins de deux cent mille kilomètres, il est l’un des principaux organisateurs des troubles préputchistes dans de nombreux pays latino-américains, notamment.)) et dont le journaliste a pu vérifier la réalité:

“L’aide? dit le Principal. Ils ont construit un mur d’enceinte. Des toilettes. Les travaux se sont arrêtés là.”

De l’art de poser les priorités en matière scolaire: ce sont les murs qui encerclent l’école que l’on commence par poser, rien avant -et, ici, rien après.

-Maaaaaaiiiiiis, tu ne comprends pas: c’est pour éviter qu’on vole des trucs dans l’école qu’on commencer par les murailles.

Ben tiens: si vraiment on avait l’intention d’y accumuler des objets plus précieux qu’une règle en bois et un pot de craies de couleurs, ce ne sont pas les locaux qui risquaient de se servir sur la bête, mais bien les seigneurs de guerre qui règnent en maîtres absolus sur leurs petites portions de territoires -et, eux, ce ne sont pas des murs d’enceinte qui vont les arrêter.

Non, ceci est symptomatique de ce que, pour les autorités, pour l’idéologie dominante, représente ou doit représenter l’école: un espace clos, délimité, enfermé, détaché, soucieux d’enseigner, aussi bien aux enfants qu’aux parents, que les mondes productifs de savoir doivent être compartimentés, protégés, régulés, comme les mondes productifs de biens et de services, fondés sur la propriété et le profit.

Le parallèle avec l’usine et ses murs, le bureau et son service de sécurité, la prison aussi, est évident: l’école, loin de séparer l’enfant de la société, l’y intègre de force, le plonge dans la réalité de celle-ci, en lui en montrant ce qu’elle a de meilleur: l’enclosure.

C’est ainsi, chères têtes blondes, que vous produirez plus, plus vite et pour moins cher…

Ah, et en évitant de se bousculer dans les escaliers, s’il vous plaît…

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