Archive for the ‘politopics’ Category

Elections pièges à con, élections électroniques elles nous…

Monday, May 26th, 2014

Est-ce que les résultats des élections me font plaisir?…

Non.

Est-ce qu’on demande à quelqu’un qui n’aime pas la voiture si la faillite à venir de General Motors lui fait plaisir quand il sait que, de toute façon, Toyota continue de vendre toujours plus de moteurs?

On devrait. La réponse serait éducative…

Et donc, tant mes copains des partis de gauche qui ont beaucoup investi dans ces élections1, que mes (ex-?) copains et copines d’Ecolo2, maintenant que le soufflé est retombé, que la réalité des urnes a re-parlé, qu’on réalise que décidément ce n’est pas par cette voie qu’on changera les choses, parce que le vote, psychologiquement, sociologiquement, anéantit la capacité de réflexion, réduit le citoyen à un être égoïste qui “vote dans [son] intérêt”…

Quelle surprise…

C’est la crise, et quand tout va mal, que fait le citoyen? Il a peur et vote l’inertie… Etonnant comme l’inertie attire… Pourvu que ça ne change pas trop…

C’est pas comme dans les discussions que je pouvais avoir avec tel ou tel cerveau disponible: bien sûr que non, j’ai pas confiance dans les partis, mais lui (ou plus rarement elle), quand même, il (ou elle) est honnête/travailleur/intelligent/capable, il (ou elle) maîtrise ses dossiers/ne se résigne pas/veut changer les choses/ne discutera pas avec xyz qui est un(e) vrai(e) *insulte*, etc.

Quand j’étais petit, c’était déjà le discours de mon père, et ça m’étonnerait que j’aie grandi dans un environnement très différent du vôtre.

Et voilà comment un bonimenteur de la classe “vendeur de champagne” tel que Louis Michel se retrouve une fois de plus en tête du nombre de voix dans sa catégorie… *Sigh*

Alors, désormais, je me consacrerai à l’étude et la discussion des projets alternatifs aux élections. Ces projets qui sont portés par des organisations telles que celles de Chouard ou Van Reydonck, même si je ne partage pas toutes leurs idées politiques. J’en parlerai avec les copains de Vega, que j’aime et respecte… Et si ça les intéresse, je resterai dans leur sillage, parce que, mine de rien, le sillage, s’il me plaît, je n’ai rien contre (vive le sillon, et même le micro-sillon).

Et sinon, ben, je trouverai d’autres sillages…

  1. Et maintenant qu’elles sont finies, ces salopes d’élections, je reviendrais bien vers eux pour discuter de la stratégie à suivre, parce que, franchement, les urnes, je n’y croyais pas depuis le début, mais je n’osais pas leur dire, tant leur enthousiasme faisait -de nouveau- plaisir à voir. []
  2. Je leur ai quand même fort tapé sur la tête, les pauvres, mais je ne pouvais tout de même pas me trahir sous prétexte qu’ils se trahissaient… Je les aime, mais décidément… faut qu’ils (et surtout elles) partent, nom d’un homme. []

L’arme des crocodiles

Saturday, May 24th, 2014

Les partis “démocratiques” (nommons-les tout de suite: libéraux, chrétiens-démocrates, socialistes et verts de tous les pays européens) qui pleurent, qui hurlent, qui crachent sur les électeurs des partis d’extrême-droite, “populistes”, d’extrême-gauche, eurosceptiques, ou, pires, les non-électeurs, ce sont les mêmes partis qui ont fait et font tout, de la démocratie, pour que cela arrive.

Il est miraculeux, quelque part, qu’il y ait encore des gens pour voter plus à gauche, tant le travail de sape contre les valeurs de la gauche (égalité, internationalisme, solidarité et même liberté, oui, oui, liberté -mais pas liberté d’entreprise, bien sûr, je parle bien de liberté) s’est avéré efficace.

Il n’est guère plus explicable que par le même phénomène -ce phénomène qui pousse les gens vers l’extrême-droite- que des gens continuent de voter pour ces partis qui sont responsables ou coresponsables de ce désaveu: la peur et l’esprit grégaire, le chacun pour soi, le “voter pour son seul intérêt”, même si cet intérêt direct est opposé à l’intérêt de la collectivité -et par extension… le sien propre…

Demain, j’irai au bureau de vote…

Je voterai dans un cas, très, très à gauche, m’abstiendrai dans les deux autres, continuerai de croire que voter n’est pas utile, maintiendrai que ma position est la plus logique, parce qu’elle est suivie de la poursuite du combat, ou plutôt de la continuité de mon combat pour une société libre, égalitaire, démocratique -viscéralement démocratique- et donc opposée au culte des élections…

Elections, dont les racines sont les mêmes que celles du mot “élites”.

Vous plaisantez?

Pas du tout…

Si les gauchistes pouvaient changer quelque chose, ils n’auraient pas droit au chapitre.

Thursday, May 8th, 2014

Elections du 25 mai

Coïncidence : au moment où je songeais à écrire ce texte, je recevais sur un réseau social d’une part, dans ma boîte électronique de l’autre, l’expression de deux copains sur les raisons, bonnes ou mauvaises, de voter ou de ne pas le faire.
De mon côté, il ne saurait être question de donner un conseil, encore moins une consigne sur ce qu’il faudrait faire le 25 mai prochain. D’autant que j’hésite encore moi-même.

J’hésite ? Oui. J’ai été dans le passé et je serai sans doute dans le futur abstentionniste, par conviction et par raison, dans la lignée de la plupart des anarchistes et pour la même raison que nombre de révolutionnaires qui savent parfaitement que les élections n’amènent pas la révolution, qu’elles en sont même un frein.
Or, je suis révolutionnaire. J’aspire à la révolution. Je l’espère comme un bon vin, pourvu qu’elle soit d’un bon tonneau.

Je suis de ceux qui estiment qu’une révolution, même violente, est moins violente que l’inertie, dont les crimes ne sont pas comptabilisés.

Pour autant, je ne suis pas un fanatique ou un dogmatique de l’abstention, mais plutôt un modéré raisonné. L’abstention n’est qu’un moyen, insuffisant en soi, et qui nécessite un accompagnement d’actions et de discours dont nous sommes globalement privés à une échelle utile à ce jour.
Ils sont loin les jours où les anarchistes avaient une audience un peu conséquente.
Par ailleurs, même certains de ces derniers ont estimé que des élections pouvaient être à l’occasion stratégiquement utiles. Malatesta appelait en son temps les travailleurs à voter pour désigner des représentants dans certaines circonstances. Proudhon fut même député. Des Espagnols ont participé à la République de gauche des années 30. Un raisonnement qui n’est pas loin d’être le nôtre aussi était celui de Poutou aux dernières élections présidentielles, utilisant celles-ci pour faire passer un message, ce qui dans le fonctionnement des campagnes électorales françaises est rendu remarquablement possible, tout en appelant à ne pas voter pour lui.

Pour autant, il est clair que les élections ne sauraient nous satisfaire, non seulement nous-révolutionnaires, mais nous-personnes de gauche, qui savons ou devons prendre conscience de ce que les campagnes électorales sont gagnées par la capacité à accumuler du capital dans des structures qui sont tout sauf démocratiques : les partis. Ne nous laissons pas marcher sur les arpions par les faux camarades qui tentent de nous faire encore croire que certains partis traditionnels fonctionnent démocratiquement : nous avons tous eu vent de preuves que même au sein des plus jeunes ce n’était pas vrai. Nous n’avons pas non plus le droit de nous laisser berner par les grandes tirades sur le vote prétendument utile et sur le pire auquel nous échapperions sans les grosses machines qualifiées du centre-gauche. Les réalités grecques, espagnoles ou italiennes sont là pour nous prouver que ces discours sont fallacieux. Les conquêtes sociales, désormais du domaine du passé, ont toujours été plus le fait de la pression de la rue que des efforts des députés sociaux-démocrates.
Voter « à gauche » comme en appellent régulièrement les partenaires sociaux qui nous règlent nos chômages à la place de l’Etat ne signifie pas que nous fassions barrage aux velléités libérales. Au contraire : en offrant aux conservateurs et aux libéraux des partenaires étiquetés socialistes, nous les aidons à justifier leurs propres politiques qui paraissent le fruit d’un savant pseudo-compromis leur permettant d’alimenter des marchés inégaux de consommation, avec une stratification de la société qui n’a guère varié en deux cents ans, à bien y réfléchir, avec des niveaux économiques et culturels toujours aussi distants entre les classes privilégiées, les classes moyennes et … les autres… Si ces derniers peuvent s’offrir à crédit des réfrigérateurs et des tablettes, ce n’est qu’aux dépens, outre des habitants des « ateliers du monde », qu’on ne devrait jamais oublier, également des légitimes progrès sociaux qui, eux, se sont vus tailler des croupières ces quarante dernières années : nos acquis salariaux passent de plus en plus dans des dépenses bénéficiant à des entreprises privées (communication, életro-ménager, transports individuels, etc.) et de moins en moins aux services publics qui, pourtant, sont des garants bien plus pertinents de notre liberté (médecine publique, enseignement, transport public, distribution d’eau et d’énergie, etc.).
Alors qu’une société équilibrée aurait sans doute plutôt cherché à développer ces derniers services tout en les mettant progressivement dans les mains et sous le contrôle de collectivités infra-nationales désintéressées, qu’elle aurait cherché à intégrer dans ces services une alimentation saine et suffisante, le développement d’énergies renouvelables, des moyens d’information et de communication sociaux, la gestion des ressources naturelles et surtout celle du travail, du temps de travail, du partage du travail pénible, de la formation continue, etc., etc., la nôtre, au moment où elle atteignait un haut degré de conscience d’elle-même, s’est enfermée -a été enfermée- dans l’aveuglement de l’aristocratie élective pour concentrer de plus en plus haut les niveaux de pouvoirs et détruire le lien entre le politique et le social, réaffirmant par contre le lien entre le politique et le capitalisme privé.

Depuis maintenant plusieurs générations, depuis que les élections existent peut-être, nous sommes à la recherche de moyens pour changer le cours de la longue domination de cette aristocratie élective1.
Il existe des alternatives naturellement. La collégialité des charges, la révocation des mandats, le tirage au sort, le renouvellement continu des cadres, l’ostracisme des stars, le vote sur des programmes et non sur des personnes, la collectivisation des moyens de production et de distribution, mais aussi des services publics (à ne pas confondre avec la nationalisation), la valorisation des cercles d’intérêts collectifs tels que les syndicats, les mutuelles, les corporations, etc.), les collectivités locales établies en démocratie directe, etc.
Aucune de ces alternatives n’est la solution en soi, mais toutes présentent, chacune, une partie de la solution, plus démocratiques que le système représentatif qu’on nous vend depuis les deux grandes révolutions du XVIIIe Siècle. Et « qu’on nous vend » est l’expression juste, car nous le payons cher.

Pour autant, je ne saurais dire si, aujourd’hui, voter ou ne pas voter est la bonne solution. Y’en a-t-il une ? Je pense avoir exposé ci-dessus que je ne le pense pas. Voter pour un grand parti est clairement une erreur. La maîtrise du pouvoir est actuellement entre les mains de quelques partis, et ces partis sont entre les mains de quelques barons, ces barons étant eux-mêmes dans des cercles dont ils partagent les sièges avec les principaux tenants du capitalisme et des médias2.

Dès lors, le choix de ne pas voter est un bon choix, parce qu’il contribue, s’il ne reste pas un cas isolé, à fragiliser la légitimité auto-proclamée des élites particrates.

Mais voter peut également être un bon choix, si le vote se porte sur des personnes qui ne se font pas d’illusion sur l’implication de ce choix (qui ne considèrent donc pas que notre vote est un chèque en blanc) ou sur des personnes qui remettent en question la légitimité du système connu sous le nom de « démocratie représentative électorale ».

On peut dire sans trop de risque de se tromper que les bonnes raisons tactiques pour voter aujourd’hui sont rares. Si l’on fait ce choix, donc, tactiquement, il s’agit avant tout de sanctionner les pseudo-partis de gauche comme le PS ou Ecolo.

Une autre bonne raison de voter, c’est de le faire pour des personnes en qui on a confiance et qui, elles, estiment que le vote est encore utile, pour autant qu’elles n’appartiennent pas à l’un de ces grands partis. Je sais qu’en disant cela, même au milieu de mes précautions oratoires, je parais me contredire moi-même, et j’en suis conscient. Mais si je reste convaincu de ce que je viens de poser dans les trop nombreuses lignes qui précèdent, nous ne pouvons affirmer en notre âme et conscience que nous sommes détenteurs de la vérité, et même qu’il n’existe qu’une vérité.
Pour ne prendre que cet exemple, qui n’est que représentatif, et pas exclusif, je connais de longue date quelques personnes qui ont co-fondé récemment un parti et se sont lancés dans cette aventure. Je les estime et les considère à la fois dans leur action et dans leur pensée. Je les sais sincères et courageux, même si, au sein même de leur mouvement, ils ne sont pas seuls et qu’ils courent toujours le risque de ne plus faire partie du courant dominant, d’être récupérés par des forces moins progressistes.
J’ai cependant suivi le processus de création de leur parti et je respecte leur démarche, même si elle n’est pas aussi à gauche que je l’aurais pu espérer.
Il est à peu près certain, cependant, que j’aurais sans doute eu le même genre de discours si j’avais eu l’âge que j’ai il y a une trentaine d’années, au moment où le mouvement écologiste s’est transformé en parti.
Ce qui me montre que nous devons nous méfier de nos décisions et ne pas les prendre pour des acquis intangibles ; nous sommes susceptibles de nous tromper parce que les éléments, les circonstances et les hommes changent et peuvent nous tromper, volontairement ou non.

En guise de conclusion, je me contenterai de rappeler quelques évidences : si vous ne votez pas, agissez ; si vous votez, ne votez pas à droite, et donc à l’évidence ni PS, ni Ecolo, qui sont deux partis du pouvoir, de l’inertie, de l’incapacité à penser en dehors des marchés et vers d’autres solutions. Je sais qu’il reste quelques esprits de gauche au sein des partis verts, mais nous ne pouvons nous y tromper : bien que ces personnes soient honnêtes et sincères, elles contribuent surtout à offrir à Ecolo ou à Groen une caution que ces partis ne méritent pas. Si vous votez, votez à gauche. Choisissez de préférence des personnes connues pour leurs idées ou leurs sympathies libertaires.
Et je termine donc sur un conseil, alors que j’avais commencé en disant que je n’en donnerais pas.
Il ne faut jamais croire quelqu’un qui promet.

  1. Cf. le tout récent livre, intéressant et modéré, de D. Van Reybroeck « Contre les élections », pour s’en convaincre []
  2. Il serait temps que G. Geuens ait un successeur valable pour mettre son excellent livre à jour []

Tragédie racinienne et choix cornélien…

Friday, April 11th, 2014

-Ainsi donc, c’est pas amour -ou du moins par respect- de la démocratie que le PS et les Zécolos font tant de compromis avec la droite…

-Feignons de le croire, Pylade.

-Qu’est-ce donc être de gauche, alors?

“Serait-ce sacrifier ses idées pour l’illusion fânée que les élections sont la démocratie et que la démocratie ne s’exprime que par les élections?

“Ah, Oreste, le doute me ronge…

-C’est tout ce qui nous reste, Pylade, si nous aspirons, nous aussi, à respecter les forces d’inertie qui nous empêchent d’être de gauche: le doute.

-Et cette souffrance, alors, Oreste?

-Cette souffrance, c’est le doute que le saint ressent et qui fait de lui qu’il est réellement saint. Le soir, devant son miroir, le président du PS s’interroge courageusement: “Suis-je encore de gauche?” “Ne trompé-je pas le petit travailleur besogneux qui doit vendre ses fanions collectors des victoires européennes d’Anderlecht pour payer le voyage scolaire de son fils?” Et le matin, il se réveille, devant son café et ses brioches, le sourire aux lèvres en lisant les nouvelles sur son portable. Il se dit: “Sans moi, ce serait pire.” Et le co-président des Zécolos, qui s’interroge, lorsqu’il paraphe, la larme à l’oeil, l’ultime prolongation d’utilisation des centrales nucléaires, se murmure dans son cache-col en laine de cachemire: “des petits pas, des petits pas…” Alors, pour se réchauffer un peu le coeur, il va se servir une tasse de café bio Fairtrade. Le goût ne lui plaît pas, mais, justement, c’est ce petit moment de martyre qui le conforte dans sa mission…

-…

-Et puis le lendemain il va chez son collègue des finances… Il y boira un bon café, qui le consolera un peu de ses compromissions…

La gauche? Mais quelle gauche?

Friday, March 14th, 2014

La gauche… La gauche, la gauche, la gauche…

La gauche?

L’autre partie de l’hémisphère parlementaire?

Le partenaire de la droite?

Le sac de riz l’arme au poing?

Le défenseur du recul le moins vite possible?

Les conservateurs? Les progressistes?

L’anti-droite?

La troisième voie?

La gauche d’ingérence (qui répond à la droite d’ingérence)?

La gauche sans frontière, qui déploie le marché un peu partout et promeut les reporters aux ordres?

La gauche avec frontières, qui défend sa forteresse contre les vils immigrés?

La gauche atomique, qui produit toujours plus?

La gauche toute verte, qui appelle au, au quoi déjà? Ah oui… au développement durable?

La gauche toute rose au poing, sans piquant?

Le centre-gauche? Les démocrates? Les partis responsables?

Ou alors la gauche

Ou alors la gauche, celle qui est censée porter les espoirs des travailleurs et des chômeurs, des non possédants et des moins possédants, voire des possédés, celle qui est censée porter un projet international d’égalité, de liberté et de paix entre les peuples. Celle qui sait que le salariat n’est pas de gauche. Celle qui ne confond pas patronat et partenariat. Celle qui fait aussi la différence entre le petit idéaliste qui pleure derrière ses impôts et le gros con qui les élude…

Autrement dit, la gauche qui ne fait pas confiance aux marchés, ni au marché (sic), ni au gouvernement, ni aux gouvernements (re-sic), ni guère plus aux élections.

Et de moins en moins aux syndicats.

Mais cette gauche qui fait penser à la droite et à la pseudo-gauche qu’elles n’ont pas besoin de la pousser beaucoup pour rester au pouvoir, tant elle se déchire sur des points de détails. Bon, parfois essentiels…

Oui, cette gauche qui va des anarchistes et des communistes d’un côté jusqu’à quelques parlementaires encore à gauche, de partis radicaux et de quelques racines de partis, en guise d’extrême-droite.

Et cette gauche que je n’ai pratiquement vu que se taper sur la tronche depuis que je suis conscient de ce qu’est la politique…

Y compris sur la mienne, mais qu’importe…

Cette gauche que je préférerai cependant toujours à n’importe quel “parti démocratique”…

Et pourtant…

Pitoyables sont les éléments de cette gauche lorsqu’ils se contentent de calculer leur potentiel sur le dos de leurs semblables, à qui ils reprochent soit de ne pas leur être identiques, soit, au contraire, de leur être trop semblables…

Pitoyables sont ces réflexes comptables qui reposent sur l’idée qu’il faille sauver quelques virgules aux prochaines échéances électorales, mais pitoyables aussi ceux qui consistent à se compter en nombre de drapelets ou de figures de grands manitous lors des rassemblements des derniers désespoirs.

Pitoyables encore les attaques ad hominem, les stigmatisations, les remuages de merde, les étripages, enfin, qui remontent au XIXe Siècle ou à Debord. Et s’il fallait s’en tenir là, cette raison suffirait aux anarchistes pour se détourner de toute la gauche sans aucune exception, parce qu’ils ont servi de souffre-douleur de toutes ces composantes depuis qu’ils se sont manifestés.

Mais encore terriblement orgueilleux, ces têtes de gondole de groupuscules qui se targuent de penser -ou de faire croire qu’ils pensent- qu’ils sont les seuls-vrais…

Vaniteux, ces fiévreux qui s’arrogent de génération en génération la vérité et le droit à évoquer telle ou telle figure du passé, en changeant de vedette s’il le faut…

Gonflées, ces baudruches qui s’arrogent les couleurs de la révolution, sous prétexte de filiation plus ou moins directe avec quelque réformiste qui eut, un jour, le goût, pourtant, d’être à peine moins raciste, européiste, nationaliste, belliciste que ses contemporains.

Q U A N T .. .. A U .. .. P I R E

Mais il y a pire, on y revient, il y a bien pire, ce sont ces faux gauchistes, ces faux dévôts de la gauche qui, tous les premiers mai vont religieusement tendre un petit point discret, d’un bref mouvement de tête ou le papillon au vent, en fredonnant des paroles qui ne leur disent plus rien -si elles leur ont jamais dit quoi que ce soit.

Il y a pire encore, ce sont ces partisans du combat réformiste qui voient dans les compromis l’âme de la démocratie, qui houspillent ceux qui, selon eux, refusent de se salir les mains, qui prétendent qu’il n’y aurait de pire solution que leur renoncement, et qui surtout nous la baillent belle de leurs sièges. C’est que ça coûte, la campagne…

Car il y a pire aussi, avec les mouvements qui, génération après génération, nous réveillent la fibre électorale de leurs colères jouées, et qui, génération après génération, déçoivent, et dont on se demande quand ils ont changé d’idée, ou s’ils ont même changé d’idée, le jeu n’étant qu’un investissement sur l’avenir.

Ceux-ci défrisent la gauche, l’enrobent de sucre et nous égarent de leurs satisfactions.

En attendant, le monde bascule de moins en moins à gauche.

Il devient difficile d’identifier la force de gauche, l’âme de gauche, l’homme ou la femme de gauche. Est-ce parce que les valeurs de gauche ont évolué avec le progrès humain, scientifique et social?

Non.

La gauche, c’est la défense de l’égalité et de la liberté sans aucune priorité donnée à l’une ou à l’autre.

LA gauche, ce n’est jamais la gauche des marchés, et ce ne peut être non plus la gauche des Etats, ni la gauche des frontières, encore moins la gauche des bombardements…

Par là même, la gauche doit être à la fois la remise en question du droit de préséance, quel qu’il soit -du propriétaire, du privilégié, du dirigeant, du représentant, du détenteur, du délégué, du tribun, du militaire, du médiatique, sur l’individu, sur la démocratie, sur l’horizontalité…

La gauche, ce n’est certainement pas ce couple désormais traditionnel de partis sociaux-démocrates, catalogués socialistes ou écologistes, voire les deux. Ceux-là ont montré qu’ils se félicitent de leur participation au pouvoir, échéance après échéance, que les alliances contre nature leur sont naturelles.

La gauche, ce ne sont pas ces princes des campagnes qui prétendent que sans eux ce serait pire ou qu’il faut bien faire contre-poids aux forces bleues, ocre, jaunes, qui traitent parfois -souvent- de rouge-brun tout ce qui ne pense pas comme eux de ce côté-ci de l’hémisphère politique.

Mais voter pour ces partis, cela revient à accrocher un parachute troué à une bombe atomique: ça ne permet que de rendre plus difficile le calcul du moment où elle explosera, sans cependant réduire la certitude qu’elle explosera.

A L O R S

Alors?

Alors…

Alors, il n’y a pas d’autre solution que de rassembler la gauche. La pitoyable, la gonflée, la vaniteuse, celle des anarchistes qui n’iront jamais au gouvernement ou alors pour mieux le torpiller, celle des communistes qui voient tout en rouge et blanc, celle des radicaux de gauche ou des pragmatiques qui font encore des farandoles ou mumuse au parlement, mais qui refusent de serrer la main des clowns de droite et du centre…

La gauche qui veut servir à la gauche, pas à un obscur concept électif ou à une illusion démocratique, non, à la démocratie, à la liberté et à l’égalité.

Dans l’ordre qu’on voudra, puisqu’aucun ne peut aller sans les deux autres.

Et pour ce faire, il n’y a pas deux solutions: il ne faut tirer que sur la droite, pas sur la gauche; il faut supporter ceux de gauche qui le sont honnêtement, même si ça peut faire mal.

Et le jour de la victoire ne rien regretter si l’on se retrouve le dos au mur.

Pourvu que ceux qui nous y collent soient de gauche…

Diviser la gauche par zéro

Monday, November 18th, 2013

Critiquer Rafael Correa… L’occasion m’est venue tout récemment dans une conversation avec un ami. Il faut dire que, après avoir résidé quatre ans au Brésil et mangé de l’information réactionnaire de là-bas à plus ne savoir la vomir, j’avais quelques arguments en ma faveur. Correa favorise les grandes entreprises et critique toutes les mesures laïques possibles. Et quand il finit par s’opposer à une grande pourvoyeuse d’esclavage et de detruction de l’environnement comme la bétonneuse Odebrecht (dont l’origine sinon le capital est brésilienne), ce n’est pas par souci social ou environnemental, mais parce que, ô surprise, les budgets ont explosé.

Oh, Rafael, tu plaisantes ou quoi? En même temps, qu’attendre d’un type qui a été éduqué par nos universités? Ses modèles ne sont sans doute pas reluisants.

Bon, et pourtant, après une minute d’arguments, je me suis rétracté: non, je ne veux pas me mettre sur le plan des critiques de Correa. Pourquoi? Je n’ai guère de sympathie pour lui, ni sur le plan politique, puisque je trouve sa gauche trop molle, ni sur le plan philosophique, avec ses références chrétiennes trop prononcées. Pour autant, et pour avoir vécu en Amérique Latine durant quatre ans, dans un pays bien plus riche -le Brésil-, quoique pas plus à gauche -et même sans doute moins-, je me sens astreint à une attitude intermédiaire et, je l’espère, temporaire, celle de refuser la critique de front sur les leaders, disons, de gauche, dans cette région.

Pourquoi?

Pour une première raison, c’est que les alternatives de gauche à Correa, Dilma ou Maduro sont à construire par les Equatoriens, les Brésiliens et les Vénézuéliens, et que nous n’avons sûrement pas de leçons à leur donner. Dans le même ordre d’idée, lorsque l’on sait d’où viennent ces Etats, d’où viennent encore l’Uruguay, le Nicaragua ou la Bolivie, on ne peut voir dans ces dirigeants qu’un mieux transitoire, en espérant qu’ils donnent aux habitants le goût du progrès social et l’envie de plus de révolte encore. C’est, semble-t-il, le cas, bien que de manière complexe et qu’il serait trop long d’analyser ici.

Pour une deuxième raison, c’est que nous avons déjà fort à faire avec notre propre gauche, nos propres gouvernants, notre Europe, nos pays. Si nous voulons vraiment influencer le monde, alors nous devons changer ce qui se passe ici et maintenant, en Europe, en Belgique, chez nous.

Là où nous avons prise.

L’Europe est l’un des leviers de commande du commerce international. La politique abdicatrice -au bénéfice des profits du capital- de nos dirigeants est l’une des plus honteuses de la planète. Peut-être la plus honteuse, car nous sortons d’une période qui impliquait une véritable opportunité de direction vers une gauche modérée qui aurait pu être acceptable si elle s’était étendue à l’ensemble de la planète. Je ne dis pas une gauche idéale, mais quelque chose qui aurait pu servir de tremplin vers un monde à la fois plus juste et encore perfectible.

Nos dirigeants sociaux-démocrates ont préféré se courber devant les milieux conservateurs et les bakchichs que ceux-ci offraient à leurs serviteurs en place, devenus leurs partisans, leurs avocats, leurs complices.

Ils sont parmi les premiers contributeurs de la situation internationale pour s’être systématiquement accordés avec les intérêts diplomatico-stratégiques d’une Organisation du Traité Atlantique-Nord qui, normalement, n’avait plus de raison d’être.

Ils sont à ranger parmi les complices des gouvernements autoritaires qui nous servent de résereves énergétiques, de la Birmanie au Qatar, en passant par les bonnes vieilles dictatures latino-américaines et les néo-colonies africaines.

Le fait que les Etats d’Amérique Latine se soient plus ou moins -plus ou moins- émancipés, ils ne l’avalent toujours pas. Ils nous l’ont encore montré en 2002, lors de la tentative de coup d’état contre Chavez, qu’ils s’apprêtaient à saluer avec soulagement.

Non, le régime vénézuélien, pas plus que celui de Correa, et encore moins celui de Lula et Dilma ne sont des exemples de gauche aboutie. Oui, je constate moi-même que dans ce pays auquel je suis particulièrement attaché, le Brésil, les événements sont inquiétants et qu’il n’est pas impossible que nous soyons au bord d’un précipice dangereux, avec, qui sait, peut-être, un retour en arrière, un grand bond vers un système autocratique. Le Brésil est un pays extrêmement fragile et toute avancée sociale y est combattue avec une violence incroyable, même si de loin les reflets en sont toujours chamarrés et mélodieux.

Non, je ne me satisfais pas des positions autoritaires du gouvernement chaviste, ni de la verticalité de la “révolution cubaine”, pas plus que de la mollesse équatorienne ou de l’illusion chilienne.

Non, je ne suis pas nécessairement d’accord avec les positions internationales de ces gouvernements non plus, encore que je les honore souvent en ce qu’elles sont plus souvent indépendantes de celles des USA et qu’elles développent des voies différentes, plus modérées, plus nuancées, que celles de la Chine ou de la Russie.

Mais, si informer sur ces pays est une bonne chose, et je continuerai à y contribuer dans la mesure de mes moyens, il faut le faire avec toutes les réserves que je viens d’évoquer: d’où ils viennent, ce qu’ils risquent en cas de retour en arrière, notre propre poutre dans l’oeil…

Et s’il faut le faire, je crois que ce doit être avec une forme plus constructive et moins insultante.

Notre combat, nous devrions le mener comme si nous étions encore au temps de la première internationale: à notre niveau, au service de nos syndicats, de nos coopératives, de nos luttes de base, contre notre bourgeoisie, et ne jamais crier avec elle sur un coup de diversion, telle une guerre lointaine dont nous ne maîtriserons jamais tous les tenants et aboutissants, tel un scandale international qui devrait plutôt nous faire sourire et qui implique des loups entre eux.

Quant aux procès sur ce qui est ou n’est pas de gauche, ils sont illégitimes et improductifs. Les crachats à la figure sur nos rares intellectuels compétents, sur des mouvements auxquels nous n’adhérons pas parce qu’ils ne respectent pas les principes dogmatiques que nous avons choisis en fonction de notre propre vécu, ou sur des pays lointains dont nous ne comprenons pas le tiers du quart (et, en dépit de mon expérience, je suis loin de saisir tous les éléments qui font du Brésil ce qu’il est), c’est indigne d’un esprit de gauche.

A force de diviser la gauche ou de la laisser diviser, nous sommes en train de la réduire à rien.

La voie est dans la ruelle.

Tuesday, October 22nd, 2013

Librement inspiré de ceci

La ministre Sabine Laruelle a averti hier le Machin Réformateur qu’elle arrêterait sa carrière politique en 2014. Elle ne compte plus siéger comme députée et ne sera pas sur les listes aux prochaines élections. (…) Elle veut partir avant de devenir trop cynique. Mais, tout de même, elle compte bien empocher sa prime de sortie parlementaire… Bref, elle démissionne, mais fait comme si on la licenciait. Attendez, non, c’est pas tout à fait ça, mais… Bon écoutons-la.

Sabine Laruelle (MR) a annoncé hier qu’elle mettrait fin à sa carrière politique en 2014. La ministre fédérale en charge des paysans, des petits exploiteurs… -tants (-tants, -tants, j’ai rien dit), et des vampirisés, ne participera même pas aux prochaines élections. Cette nouvelle a pris tout le monde entier de court, y compris au sein de son cabinet de toilette et à la CIA. Pourtant, elle a mûri cette décision depuis des mois (voire depuis des années, on n’a pas approfondi l’analyse).

Pourquoi annoncer maintenant votre départ? Il y a eu un événement spécial? Un coup dur politique de trop? On a raté un truc?

Les mots en gras sont vraiment de la blonde. Les trucs en italique sont vraiment du journaliste. Enfin, de l’interviewer… Du truc, là, qui sert la soupe…

Non, rien de spécial. Pourquoi annoncer cela maintenant ? Je m’ennuie. Faut bien se rendre compte que je n’ai pas un boulot, comme, disons, je ne sais pas, moi, un postier qui se lève tous les matins à cinq heures pour de nouvelles aventures jusqu’à l’âge de 65 ans. Ou un prof’, qui ne sait jamais ce qui va lui tomber sur la tête dans sa classe (d’ailleurs, ses élèves ne le savent pas non plus, c’est souvent de l’impro, c’est cool non?). Je ne veux pas faire la législature de trop, j’ai envie de nouveaux défis. Des trucs de ouf! qu’on ne fait pas au gouvernement, comme de commander soi-même une pizza chez Rob, ou de faire du vélo sur une piste cyclable…

Pourquoi serait-ce pour vous “la législature de trop”?

Je veux partir avant de devenir aigrie, stratège, alimentaire… Ma motivation s’érode. Je vais avoir 50 ans il faut savoir se remettre en question, c’est le bon moment de me demander ce que je veux faire des quinze prochaines années. Vous ne croyez pas qu’un ex-métallo de chez Mittal, ou un employé de CPAS devrait se poser la même question? Et la réponse est : faire autre chose que de la politique, je veux me mettre en danger. Ca, c’est le truc qu’un petit salarié, vous voyez, ben, il peut pas comprendre…

Pour faire quoi? Vous avez sûrement une idée quand même…

Je n’ai rien de prévu pour après. Enfin, rien jusqu’après mes vacances dans le Rif. Ca tombe bien, l’hiver arrive, je vais aller rectifier mon bronzage dans le Sud. Peut-être travailler dans une organisation internationale, dans une ONG… Ou alors reprendre des études. Le ciel est la limite, comme ils disent au pays de la droite décomplexée. Voilà ce qu’il faut se dire: il faut se donner l’occasion de se lancer! Vous allez me dire que la fille qui émarge des titres-services n’en a pas les moyens? Et alors? Elle n’a qu’une vie: ‘faut qu’elle arrête de s’en faire: si elle se plante sur ce coup-là, elle peut toujours se jeter d’un pont ou se pendre dans le bureau d’un de ses innombrables ex-patrons pour lui donner une bonne leçon.
Si je restais après 2014, je sens que je n’aurais plus assez d’enthousiasme. Tout m’énerve plus vite qu’avant. Ce n’est pas une solution facile, j’aurais pu choisir de rester députée. On est blindés de tunes et on n’a pas grand’chose à faire, on paie pas la plus grande partie de nos frais et ce sont les petites mains qui nous mâchent le travail.

Mais vous pourriez quand même pousser les listes. N’est-ce pas un gâchis pour le MR en province de Namur pour les prochaines élections?

Il faut rester modeste, personne n’est irremplaçable (rires, puis silence, puis de nouveau rires, puis reprend son sérieux). Il faudra réfléchir autrement pour la composition des listes, c’est vrai. Mais il y a des talents : François Bellot, Richard Fournaux, Anne Barzin… Bon, vous avez raison, ça risque quand même de faire un sacré gâchis pour le MR… Mais, bon, en même temps, on s’en fout… Comme si ça allait changer quelque chose dans la composition du prochain gouvernement. (rires derechef)

Donc vous quitterez aussi le Parlement en 2014. Avec votre prime de fin de législature?

Vous avez entendu ce que je viens de vous expliquer? Vous êtes sourd ou quoi? Je n’ai plus rien après. Rien de rien! La gêne, mon gars. Mon diplôme d’ingénieur agronome? Mais je l’ai hypothéqué, mon pote. Je vais vivre de quoi? Vous allez me donner une allocation? Vous vous imaginez que je vais vivre longtemps avec les 3000 euros du chômage? Quoi, c’est pas 3000 euros? Ouais, bon, j’en sais rien, moi… Je ne pars pas pour un autre poste ailleurs ni pour diriger une entreprise publique, moi… Donc là, je n’ai rien après. Je ne sais pas où j’en serai dans sept mois. Le chômage et son cortège de misère, comme disait Blier… Enfin, heureusement, j’ai mon carnet d’adresses… (murmure) Faut bien que ça serve à quelque chose d’être député…

Votre prime parlementaire s’élèvera à combien?

Je n’en sais rien du tout. Mais, cette prime, ça sert justement à ceux qui quittent la politique, non? Bon, d’accord, moi je la quitte volontairement, mais après dix ans quand même… Dix ans de service dans le confort total, le chauffage central et la vie royale. On ne renonce pas à ça sans une petite compensation, non? En plus, si je ne trouve pas un truc à ma mesure, je n’aurai plus droit aux feux de la rampe… J’adore ça, les caméras, les journalistes… Vous faites quoi, après le bouclage?…

Heu… Certains aspects de la vie politique ne vous ont jamais vraiment intéressée: les sections locales, les soupers-boudins… Vous quittez tout cela aussi.

Les soupers-boudins, ça n’a jamais été ma tasse de thé, c’est vrai. Parler avec des retraités, des employés, des pauvres… Pff… En plus, la qualité de la bouffe, je vous dis pas… Par contre, j’adore parler à des conférences et porter des dossiers au gouvernement. Ca, c’est super délire. On m’a tout préparé, je dois juste apprendre des petites phrases choc par coeur et les répéter jusqu’à ce qu’elles deviennent des vérités, et les dossiers, c’est génial aussi: les intercalaires de couleur, les chemises en plastique, les rondelles pour les trous. C’est un monde, vous savez. ‘Faut absolument que je trouve un autre boulot où je pourrai avoir tout ça, mais sans les soupers-boudins.

Vous voulez aussi éviter de vivre la prochaine période de formation du gouvernement qui risque d’être très difficile?

Boh, non, ça c’est plutôt rigolo… Vous vous rendez compte? La dernière, 500 jours sans gouvernement! Ca voulait dire qu’on travaillait finalement encore moins que d’habitude! Même pas de dossiers du gouvernement à traiter! Je pouvais me contenter de compter mes gommettes et de vérifier mon stock d’intercalaires! Tout ça pour le même salaire! De temps en temps une réunion avec les socialos… C’était plutôt rigolo, on ne devait même pas se coltiner les flamands: c’est Elio qui s’occupait de tout… Enfin, Elio… Son équipe quoi, parce que, bon… C’est pas Louis qui lui a appris la langue de Vondel, hein… (rires)

Vous avez dit ce lundi à vos collaborateurs, en annonçant votre départ en 2014, qu’ils ne seraient pas “recasés” ailleurs…

Qu’ils se démerdent!

Aube de guerre -A l’Ouest, rien de nouveau…

Monday, September 2nd, 2013

Fausse photo, faux reportage, fausses preuves…

Rien de bien neuf.

John Kerry, ancien prétendant au trône suprême, ment pour son pseudo-maître (et pour ses vrais maîtres), tout comme Colin Powell mentait il y a un peu plus de dix ans…
Pas de surprise, même pas de déception -l’adage de Chomsky sur les présidents des Zuessa coupables aux yeux des principes de Nuremberg ne fait guère que se confirmer, de Républicains en Démocrates, de Démocrates en Républicains… Que pouvons-nous attendre de ce côté-là de l’Atlantique? Guère moins, guère plus -guerre moins, guerre plus- que ce à quoi il nous a habitué depuis qu’il a supplanté la Grande-Bretagne dans le grand jeu des civilisations…

Soit.

On doit s’attendre, selon les bon vieux “Principes de propagande de guerre”, aux mensonges, manipulations, faux et usages de faux, pour lesquels aucun dirigeant de chaîne, aucun directeur de journal, aucun communicant d’aucune obédience ne sera jamais mis en cause, jamais jugé, jamais condamné pour avoir sciemment trompé l’opinion publique.

L’opinion publique… Le grand ventre mou de la démocratie représentative…

Ah, la démocratie, la sociale-démocratie! Ah, si seulement elle marchait, comme je serais social-démocrate! Ah, qu’il serait doux de vivre dans le monde idéalisé par le grand marché d’Adam Smith l’optimiste, matiné des douceurs parlementaires des honnêtes hommes, des gentlemen, des “commons”, des Jules Ferry! Ah, que la vie serait intéressante au milieu de ces débats s’ils ne concernaient que des arguments rationnels et si aucun intérêt particulier ne venait se justifier de son lobbyisme par son droit à la liberté d’expression! Ah, si Mélenchon était ce qu’il y avait de plus à droite en politique!

Aucune expérience, par le passé, de parti politique arrivé au pouvoir ne peut décemment avoir convaincu une personne de gauche, aspirant à un monde meilleur. Il semble que les adages sur la corruption du pouvoir, et qui remontent au XIXe Siècle, sont nés pour ne jamais mourir.

Mais revenons au présent, revenons à l’actualité, à l’information, au brevage nauséabond que nous dégustons tous les jours… Désormais, le grand méchant (qui est en outre svelte, cette-fois-ci, et de nouveau moustachu) se trouve pile entre la Turquie (démocratie douteuse, qui ne mérite même pas son entrée dans la pourtant permissive Union Européenne, c’est dire), l’Etat colonial d’Israël (mais qui est, bien entendu, l’unique démocratie au Moyen-Orient, ce qui nous rappelle que le Liban n’aura donc jamais droit à ce statut) et la grande victoire étatsunienne d’Irak.

Un dictateur, Bachar? Sans aucun doute. Au moins autant que les dirigeants d’Arabie Saoudite, du Bahrein et du Qatar. Probablement guère meilleur que de nombreux autres présidents plus ou moins bien élus dans de nombreuses régions du monde. Et même parmi des présidenzélus.

Mais nos droits à intervenir dans des situations aussi troubles que celles de la Syrie existent-ils?

Non. Aucun argument du genre “Il faut”, “Nul doute”, “Complice du tyran”, “Cris du peuple syrien” ne saurait, ne devrait nous tromper une fois de plus.

C’est une nouvelle guerre que l’on tente de nous vendre.

Ce sont de nouveaux communicants qui cherchent à nous flatter la fibre droitdelhommiste pour justifier les affairismes de certains et les intérêts géostratégiques d’autres.

Oui, certes, l’Occident a réagi trop tard à ce qu’il se passe en Syrie (mais pourquoi alors se limiter à la Syrie?). Mais en fait, non, il n’a pas réagi trop tard. Les informations sur la Syrie nous sont connues -et méconnues- depuis deux ans et plus. Depuis deux générations de présidents autocrates connus et tolérés. Une fois de plus, cette réaction tardive n’est que le fait de la pertinence de la réaction. Avant, il n’était pas intéressant de se manifester en Syrie parce que ce n’était pas à l’agenda de suffisamment de personnes intéressées par le sujet.

Aujourd’hui, les ressources syriennes le motivent et l’agenda politico-militaire le permet.

Rien d’autre, ni la justice, ni la morale, ni l’éthique, ni les morts, ni les souffrances.

En l’occurrence, et vu la manifeste mauvaise foi des va-t-en-guerre, j’avertis mes amis “en politique”:
Tout qui se manifestera en faveur de notre intervention en Syrie, même par un “oui de combat” hypocrite, ne méritera plus que mon opprobre et, je dirais, mon mépris.

Il n’y a pas plus de raison d’intervenir en Syrie qu’il n’y en avait de juste d’intervenir en Irak ou en Afghanistan, et on ne peut rien -RIEN- attendre de positif d’une telle intervention, comme on le constate, dix ans après les faits, dans ces deux derniers -et pauvres- pays.

Ceci s’adresse en particulier à mes amis dont les fibres sociales ou écologiques m’étaient sympathiques. En particulier ceux d’entre eux qui jouent depuis une quinzaine d’années -ou plus- que je les connais à la bergère et à ses pommes, à ses “trois pas en avant, trois pas en arrière”…

Agir, c’est parfois refuser de le faire. C’est parfois refuser que l’on agisse en notre nom.
Il arrive, de plus en plus souvent, que l’action courageuse soit l’abstention, l’objection.
Il est de plus en plus vrai que “Non” soit plus progressiste que “Oui”.

Non à la guerre, non à l’intervention militaire de tout Etat à l’extérieur de ses frontières, non à l’aggravation de la situation en Syrie.

Oui à l’ouverture de discussions horizontales pour trouver des solutions originales et intelligentes à des problèmes aussi cruciaux que ceux-là.

Un petit tirage au sort? Hm! Oui alors!

“Venez, venez dans la rue”

Friday, June 21st, 2013

Eclaircissements sur le mouvement de protestation brésilien, en particulier à São Paulo

Ces deux dernières semaines, un large mouvement de protestation dans plusieurs grandes villes du Brésil a semblé rassembler des centaines de milliers de personnes dans les rues, donnant l’apparence d’une vague uniforme. Rien n’est pourtant moins évident.

Comme souvent au Brésil, quand il s’y passe quelque chose, il s’en passe beaucoup trop. En périphérie des interrogations légitimes sur la mobilisation de l’argent public en vue des événements sportifs des années 2014 et 2016, dont les exigences urbanistiques ont de larges répercussions sur des quartiers entiers de personnes souvent en état de fragilité importante, ce sont aujourd’hui des mouvements de protestation impressionnants qui secouent de nombreuses villes du pays, à commencer par les deux plus importantes en terme de population : Rio et São Paulo.

Et ce n’est pas tout : une proposition d’amendement de la constitution, connue sous le terme PEC37, propose de limiter le pouvoir d’investigation du Ministère Public, ce que nombre de personnes pensent être une espèce d’action de protection des politiciens contre la justice. La réalité est plus confuse : selon certains juristes, c’est le PEC33 qui est bien plus dangereux à cet égard, visant à « limiter l’autonomie du seul pouvoir qui ait encore un peu de respect au Brésil », nous précise Leandro Kfouri Bianchini, juriste pauliste. Ce pouvoir, selon lui, c’est la Cour Suprême, espèce de garde-fou contre les abus les plus flagrants de la classe politicienne brésilienne, mélange de Cour Suprême américaine et de Cour Constitutionnelle européenne. L’épouvantail PEC37 agité par la presse et de nombreux manifestants, semble, lui, vouloir mettre un peu d’ordre dans la confusion des attributions judiciaires1.

Dans un autre ordre d’idée, une proposition de loi vient encore d’être renvoyée aux calendes grecques, probablement en raison de l’agitation actuelle. Cette proposition a connu une récente notoriété sous le nom de « cura gay » ; elle est censée permettre aux psychologues de « traiter » les homosexuels. Cette proposition de loi émane de députés membres d’Eglises Evangéliques. Par contre, « il n’y a pas de loi autorisant le mariage gay au Brésil, mais la Cour Suprême a déclaré qu’il était anticonstitutionnel de les empêcher. Et donc, dans la pratique, ils se font, » nous explique Leandro.

MPL et les origines des agitations

C’est donc dans cette ambiance que les slogans ne pouvaient manquer à l’appel du MPL ou « Mouvement du Passe Libre » (Voir encadré), qui, depuis plusieurs années, milite pour un meilleur accès aux transports collectifs2, et surtout à moindre coût. Une toute récente augmentation du prix des transports collectifs (métro, bus), dans les principales villes du pays, a mis le feu au poudre. Le MPL a réussi à galvaniser une grande quantité de personnes, notamment des étudiants, qui, comme les médias européens l’ont fait savoir, ont longuement manifesté, tant à São Paulo, qu’à Rio et ailleurs, jusqu’à obtenir, ce 19 juin, la suppression de cette augmentation des tarifs.

« Groupe de militants depuis 2005 pour l’instauration du « passe libre » à São Paulo, le MPL s’est transformé en un mouvement national de lutte pour une nouvelle gestion de la mobilité urbaine, basée sur le transport public, gratuit et de qualité. Le MPL estime que cet objectif est possible si l’Etat renonce à ses investissements dans les transports privés et les reportent sur les transports publics. », d’après Dirceu Franco, historien. « Le MPL est un mouvement social indépendant et horizontal, sans président, dirigeant, chef ou secrétaire »

Ces manifestations furent tout d’abord très froidement accueillies par les couches sociales traditionnellement réactionnaires, et notamment par les médias. Mais suite à certaines violences policières, touchant notamment des journalistes, on eut une impression de retournement de la situation. « Ainsi, dit Amanda Vasconcelos Brito, étudiante en histoire de l’art, nous sommes passés d’une manifestation de « vandales » (comme la presse voulait la qualifier), à une « manifestation légitime d’un état démocratique » (pour moi, ce l’était depuis le début). » Désormais, ce n’était plus seulement les groupuscules d’extrême-gauche, les libertaires ou les seuls mouvements citoyens qui s’enflammaient, tant sur la toile que dans la rue, mais une bonne partie de la population bien-pensante, mais cette fois agitée de nouveaux slogans tels que « Je suis brésilien et fier de l’être », « Assez de corruption », « Pas de parti », vite rejoints par « Tous contre Dilma » (Dilma Rousseff étant l’actuelle présidente de la République), voisinant des « Non au PEC37 » et des appels à ne pas venir à la Coupe du Monde de l’année prochaine.

« Un ami vient de me dire que nombre de ses amis réactionnaires ne cessent de poster des trucs contre le gouvernement actuel. Tous veulent en profiter, évidemment… Des choses du genre : Plus de Bolsa Familia ! »3, nous rapporte Bianca Antunes, rédactrice et éditrice à São Paulo. Ces « manifestants issus de la classe moyenne (…) semblent depuis un bon moment (et même depuis toujours, je crois) mécontents du gouvernement du PT, on parle même déjà d’une procédure d’impeachment de la présidente. Comme si ça allait résoudre quelque chose », constate Amanda.

Les critiques contre la présidente de la République, légitimes à d’autres occasions, n’ont guère de sens ici : « L’augmentation (des tarifs de transports) est le fruit d’un accord entre les gouvernements des Etats et ceux des villes », nous apprend Plinio Birskis Barros, licencié en Lettres de l’Université de São Paulo. Rien à voir, donc, avec l’Etat Fédéral. Mais tout est arrivé, comme dans un entonnoir, sur les images des manifestations, et la présidente a toujours été la cible privilégiée des classes sociales les plus réactionnaires. Par facilité surtout, car, si donc Dilma Rousseff peut être critiquée aussi bien sur sa gauche que sur sa droite, il faut également rappeler qu’elle gouverne avec une coalition de centre-droit et que son élection fut soutenue, Etat par Etat, par pratiquement tous les hommes d’influence qui désiraient se placer dans le sillage de la popularité de Luis Ignacio Lula da Silva, le précédent président.

Cette confusion a fini par noyer le fond du message du MPL, dont la critique sociale était bien plus profonde que les seuls 20 centimes de real supplémentaires par billet de bus. Mais non pas comme la presse bien pensante tente de le faire passer, c’est-à-dire un mouvement poujadiste de rejet du gouvernement fédéral. « Qu’il soit bien clair que la Globo (principale chaîne de télévision privée) et toutes les autres n’appuieraient jamais un mouvement qui lutte contre l’augmentation (des tarifs de transport) ; ils ont voulu tirer la couverture à eux, et ils y sont arrivés », selon Plinio. « A partir de vendredi (14), les médias ont commencé à promouvoir un discours de « Ce n’est pas seulement pour les 20 centimes » (…) J’ai tout de suite pensé : quelque chose va mal, avant même de déceler la stratégie de la droite. (…) Hier (18 juin), la manifestation confondait déjà les choses (…), d’autres thèmes, d’autres panneaux commençaient à surgir, portés par un groupe ridicule enrubanné dans le drapeau du Brésil, chantant « je suis brésilien, avec beaucoup de fierté et beaucoup d’amour ». La lutte contre les tarifs était encore présente, mais rejointe par des arguments étranges contre la Coupe du Monde, contre la corruption et contre Dilma. Voilà la stratégie de la presse : nous dirons que ce n’est pas seulement contre l’augmentation, mais aussi contre la corruption du gouvernement du PT, de sorte que nous neutraliserons le mouvement et nous liquiderons Dilma devant le monde entier… »

Ce qui n’était pas du tout l’objectif du MPL. D’après Dirceu Franco, historien, c’est l’industrie automobile qui est en ligne de mire. « Depuis au moins soixante ans, l’industrie du pneumatique et des véhicules est responsable, au Brésil, d’une partie significative des emplois offerts chaque année. Ces grands entrepreneurs sont depuis longtemps plus forts que les gouvernements eux-mêmes. L’exemple le plus récent est la succession de réduction de la taxe sur les produits industrialisés dans leur domaine. Le gouvernement de Dilma Rousseff a perdu tous ses bras de fer avec l’industrie de la voiture. » Le MPL remet en question l’importance accordée depuis le président Juscelino Kubitchek au développement du transport privé. Ce qui n’est pas du tout du goût des médias traditionnels… et suffit pour expliquer la récupération…

Depuis la manifestation du jeudi 13 juin dernier, le mouvement de contestation s’est donc trouvé peu à peu confisqué au MPL, non seulement par ces dizaines de slogans à la limite du poujadisme, mais aussi par une presse qui, apparemment retournée par les violences policières, en a profité pour mettre en exergue toutes ses critiques contre le parti de la présidente, flattant donc par là la frange droitière du pays. On entend dire dans les manifestations « La seule bannière acceptable est celle du Brésil. » Le MPL avait eu beau répéter qu’il ne refusait la présence de personne, ni d’aucune bannière, il souffrait naturellement des faiblesses de son type de mouvement : horizontal, sans chef, sans service d’ordre, il fut vite débordé par les initiatives qui s’agglomérèrent autour de lui, qu’elles viennent de groupuscules désireux d’en venir aux mains ou de briser des vitrines ou de faux protestataires dont le souci principal est de préserver leurs privilèges.

Le mouvement homogène n’existe donc pas, ou plus : il s’agit désormais de grandes tendances, souvent contradictoires, certaines clairement cautionnées par les grandes chaînes de télévision et les journaux généralement les plus suivis par l’Establishment. Ces oppositions devaient fatalement tourner au vinaigre ; au cours de la manifestation du 20 juin, des heurts opposaient les porteurs de bannières brésiliennes et ceux qui portaient les couleurs de partis ou de mouvements sociaux. Ce sont les premiers qui semblent s’être emparé du terrain.

Dirceu Franco: « Ecoute, vraiment, le mouvement dominant, c’était la bannière contre la corruption. Derrière, un grand groupe du PT/CUT/MST.
Hélène Châtelain: « Le MPL n’est plus là? »
Dirceu: « Le MPL est là aussi. »
Hélène: « Et cette bannière contre la corruption… Elle est comment? »
Dirceu: « En tissus, avec du bleu, du blanc et du noir. »
Hélène: « Non, je veux dire: critique sociale ou droite conservatrice? »
Dirceu: « Ah… Droite conservatrice. De la pire espèce. Personne ne parle de lutter contre la mafia des transports, ou de participer de la distribution du budget municipal. Ces bannières, à l’exception de celles du MPL, sont assombries par la droite conservatrice aujourd’hui. Je ne sais pas. Je crois que ça va se démobiliser, vraiment… »4

Ces mouvements peuvent-ils être animés par une « connexion centrale (…), le sentiment d’injustice et de faillite des Pouvoirs de l’Etat brésilien -en particulier des Pouvoirs Exécutif et Législatif », comme le fait remarquer Leandro Kfouri Bianchini ? « Il existe une idée collective selon laquelle nos gouvernants et législateurs sont corrompus, font un mauvais usage de la machine publique et de l’argent public, qu’il est investi dans des travaux surfacturés et superflus (comme les stades de la Coupe et les installations pour les Olympiades), alors que nous manquons d’hôpitaux de qualité et bien équipés, des écoles, alors que le transport public est bien trop cher et inefficace, etc. Pour résumer en quelques mots : les montagnes d’argent que nous payons en impôts ne sont pas employées correctement, et ne reviennent jamais à la population, (ceci menant à) l’élaboration de lois qui ne bénéficient qu’aux gouvernants eux-mêmes -y compris pour les protéger des crimes qu’ils commettent. »

Le problème, note encore Leandro, c’est que cette connexion est ténue, parce que « les intérêts (des manifestants) sont très hétérogènes, bien qu’unis par un sentiment commun d’injustice. Et donc, chacun dans la foule crie une chose différente. Les uns défendent la liberté d’expression, les autres la réduction des impôts, les autres une meilleure sécurité publique, et ainsi de suite. »

Leandro, optimiste, se réjouissait encore le 19 juin de la présence de « pauvres et de riches, de noirs et de blancs, de travailleurs et de chômeurs, de docteurs et d’analphabètes, de gays et d’hétéros, de protestants et d’athées, qui tous luttent côte à côte. »

Trop optimiste ?

Vendredi 21 juin… Suite à la dernière manifestation organisée la veille, et qui fut marquée, comme nous l’avons dit, par des marques d’hostilité de nombreux manifestants à l’égard des mouvements sociaux et des partis, y compris ceux qui sont partie prenante depuis le début aux revendications du MPL, ce dernier décide de ne plus organiser d’actions pour le moment… Sans doute la prudence et le dégoût de la récupération du mouvement par des ensembles réactionnaires ont-ils contribué à cette décision. En dépit des déclarations d’un porte-parole temporaire, leur conquête resssemble bien à une victoire à la Pyrrhus.

Même jour. Plinio revient de manifestation… Il était du côté gauche… Du côté droit sont arrivés des projectiles, objets enflammés, bouteilles… Une sur sa tête…
Leandro était peut-être trop optimiste, mercredi…

A suivre…

  1. Voir pour information le site suivant : http://www.anonymousbrasil.com/politica/uma-analise-sobre-os-textos-das-pecs-33-e-37/ []
  2. Collectifs, mais pas vraiment publics, puisque ces transports sont contrôlés par des entreprises privées. []
  3. Bolsa familia est un programme d’aide aux plus démunis, généralement attribué sous forme d’une carte de crédit alimentée mensuellement et mise à la disposition, la plupart du temps, de mères de familles. []
  4. Voir aussi: http://www.cartacapital.com.br/politica/militantes-de-partidos-e-movimentos-sociais-viram-alvo-em-sao-paulo-6932.html. []

Des racines? Carrées!

Wednesday, April 24th, 2013

De quoi avons-nous besoin?

De la certitude que nous allons mourir? Peut-être…

De manger? Non, puisque nous allons mourir.
De pouvoir nous exprimer? Mais non, nous allons mourir…
De pouvoir nous soigner, suivre des cours,nous déplacer? Nenni, nous allons mourir.

Par contre, la liberté d’entreprendre, elle, nous est indispensable. Et tant pis si, renforçant celle-ci, nous nous dégarantissons tous les autres droits.

Critiquer le nucléaire? Pourquoi faire? Nous allons tous mourir, laissez-les donc rentabiliser le moindre atome à nos risques et périls.

Remettre les traités européens en question? Horreur! C’est toutes les traditions européennes, chrétiennes, d’ouverture et des Lumières que nous voulons hypothéquer! Et puis, de toute façon, nous allons mourir…

Nous n’avons pas de racines, nous ne sommes pas raisonnables, pourquoi ne laissons-nous pas les hommes d’affaires nous diriger? Ne savent-ils pas mieux que nous ce qu’il faut faire pour que nos décès arrivent au bon, au juste moment?

Ne comprenons-nous pas? Nous devons laisser l’Etat garantir la propriété et l’entreprise; tout le reste, c’est de la restriction de l’entreprise, c’est du pognon jeté par la fenêtre. Et comme nous allons tous mourir, l’argent, c’est bien plus important, ne comprenons-nous pas? Cet argent, c’est l’argent que les pères des pères des pères des pères de nos riches maîtres et patrons qui l’ont fait naître, l’ont fait croître, l’ont nourri, l’ont soigneusement distribué (au mérite, à la naissance, à leurs fils), méticuleusement, histoire de s’assurer que le Produit Intérieur, ou National, ou International Brut poursuivrait son éternelle ascension, parce que c’est notre gloire, notre identité, notre assurance… Parce que, finalement, face à l’infini, l’important, ce n’est pas la souffrance des hommes, des femmes, des esclaves, des salariés et des indépendants (faux ou non), des serfs, des sans-terre, de tous les autres qui contribuent avec leur sueur aux accumulations de patrimoines dans les indécences de la City ou des records d’altitude du Qatar, non, l’important, c’est que l’histoire retienne le nom de Rockfeller et de Vanderbilt, de Soros et de Mittal.

Rassurons-nous, dans cent ans, tout le monde aura oublié les noms des familles mises sur la paille par les quelques milliers de celles qui se partagent la toute grande majorité des biens et revenus sucés sur la Terre.

Qui se souvient des noms qui se cachent sous le Carnegie Hall?

Ah, les philanthropes! Les grands hommes!

Les philanthropes!
Qui dénoncent le radicalisme, l’extrémisme, le terrorisme, les restrictions de la liberté,… enfin, celle d’entreprendre, évidemment…

En d’autres temps, des hommes comme moi auraient appelé à ce qu’on les bombe, les poignarde, les pende… Aujourd’hui, des lois scélérates me l’interdisent. Elles nous durrutisent. Elles nous berkmanisent. Ah! Je suis pleutre, car des lois pareilles existaient déjà dans ces autres temps…

Radical, moi?

Bien entendu, je suis radical. Je dois être radical! Je suis radicalement pour la liberté (pas celle d’entreprendre, la liberté tout court), l’égalité, la démocratie, je suis radicalement pour la vie, le droit à la santé, le droit à se servir dans la soupe des aliments produits par la terre et le travail, le droit à se vêtir en dépit du droit des affaires et des traités commerciaux, le droit à jouir d’un toit et d’un système de chauffage en hiver, malgré le droit de l’entrepreneur immobilier; je suis radicalement contre la primauté du capital, de la finance sur tout le reste; je suis même contre le droit du travail ou du mérite face au droit à la vie et au pain; je suis radicalement contre la primauté de l’image historique, de l’esprit de la nation sur la vie des hommes, le droit à chercher le bonheur dans l’espace de temps auquel chacun a droit dans la mesure des possibilités les plus larges et dont chacun devrait pouvoir disposer selon son désir; je suis radicament pour le droit à fuir la misère, la guerre et la bêtise religieuse contre le droit des frilosités.

Par contre je suis modérément pour le droit à la sécurité; de toute façon, n’allons-nous pas mourir? N’avons-nous pas assez appris “Vivre libre ou mourir”?

Il semble qu’on préfère un peu trop “vivre en cage plutôt que mourir”…

Radicaux, nous? Extrémistes? Si vous le dites! Nous sommes extrémistes parce que vous l’êtes! Nous sommes radicaux, parce que vous l’êtes! Vous êtes notre extrême comme nous sommes le vôtre. Européistes, libéraux, sociaux-démocrates, vous êtes des extrémistes. Vous êtes des terroristes. Vous êtes des criminels. Mais, naturellement, l’histoire est de votre côté…

A ce jour, nous déclarons tout qui s’attaque, ne fut-ce que d’une once, aux soins de santé, à l’enseignement ou aux transports publics, ennemi des hommes et des femmes.

A ce jour, nous déclarons tout qui privilégie la sécurité des biens à la liberté d’expression, de pensée ou au droit au confort de vivre, ennemi des femmes et des hommes.

A ce jour, nous déclarons tout qui s’accroche à des soucis d’identité et à des valeurs même bien emballées pour justifier leurs bombes, ennemi des hommes et des femmes.

A ce jour, nous déclarons tout qui repose sur un dogme, un livre, une mystique le droit de réduire ceux des autres, ennemi des femmes et des hommes.

A ce jour, nous déclarons tout qui privilégie le droit à bétonner pour aller plus vite, plus loin, plus fort contre la liberté de maintenir son environnement, ennemi de l’homme.