Aube de guerre -A l’Ouest, rien de nouveau…
Fausse photo, faux reportage, fausses preuves…
Rien de bien neuf.
John Kerry, ancien prétendant au trône suprême, ment pour son pseudo-maître (et pour ses vrais maîtres), tout comme Colin Powell mentait il y a un peu plus de dix ans…
Pas de surprise, même pas de déception -l’adage de Chomsky sur les présidents des Zuessa coupables aux yeux des principes de Nuremberg ne fait guère que se confirmer, de Républicains en Démocrates, de Démocrates en Républicains… Que pouvons-nous attendre de ce côté-là de l’Atlantique? Guère moins, guère plus -guerre moins, guerre plus- que ce à quoi il nous a habitué depuis qu’il a supplanté la Grande-Bretagne dans le grand jeu des civilisations…
Soit.
On doit s’attendre, selon les bon vieux “Principes de propagande de guerre”, aux mensonges, manipulations, faux et usages de faux, pour lesquels aucun dirigeant de chaîne, aucun directeur de journal, aucun communicant d’aucune obédience ne sera jamais mis en cause, jamais jugé, jamais condamné pour avoir sciemment trompé l’opinion publique.
L’opinion publique… Le grand ventre mou de la démocratie représentative…
Ah, la démocratie, la sociale-démocratie! Ah, si seulement elle marchait, comme je serais social-démocrate! Ah, qu’il serait doux de vivre dans le monde idéalisé par le grand marché d’Adam Smith l’optimiste, matiné des douceurs parlementaires des honnêtes hommes, des gentlemen, des “commons”, des Jules Ferry! Ah, que la vie serait intéressante au milieu de ces débats s’ils ne concernaient que des arguments rationnels et si aucun intérêt particulier ne venait se justifier de son lobbyisme par son droit à la liberté d’expression! Ah, si Mélenchon était ce qu’il y avait de plus à droite en politique!
Aucune expérience, par le passé, de parti politique arrivé au pouvoir ne peut décemment avoir convaincu une personne de gauche, aspirant à un monde meilleur. Il semble que les adages sur la corruption du pouvoir, et qui remontent au XIXe Siècle, sont nés pour ne jamais mourir.
Mais revenons au présent, revenons à l’actualité, à l’information, au brevage nauséabond que nous dégustons tous les jours… Désormais, le grand méchant (qui est en outre svelte, cette-fois-ci, et de nouveau moustachu) se trouve pile entre la Turquie (démocratie douteuse, qui ne mérite même pas son entrée dans la pourtant permissive Union Européenne, c’est dire), l’Etat colonial d’Israël (mais qui est, bien entendu, l’unique démocratie au Moyen-Orient, ce qui nous rappelle que le Liban n’aura donc jamais droit à ce statut) et la grande victoire étatsunienne d’Irak.
Un dictateur, Bachar? Sans aucun doute. Au moins autant que les dirigeants d’Arabie Saoudite, du Bahrein et du Qatar. Probablement guère meilleur que de nombreux autres présidents plus ou moins bien élus dans de nombreuses régions du monde. Et même parmi des présidenzélus.
Mais nos droits à intervenir dans des situations aussi troubles que celles de la Syrie existent-ils?
Non. Aucun argument du genre “Il faut”, “Nul doute”, “Complice du tyran”, “Cris du peuple syrien” ne saurait, ne devrait nous tromper une fois de plus.
C’est une nouvelle guerre que l’on tente de nous vendre.
Ce sont de nouveaux communicants qui cherchent à nous flatter la fibre droitdelhommiste pour justifier les affairismes de certains et les intérêts géostratégiques d’autres.
Oui, certes, l’Occident a réagi trop tard à ce qu’il se passe en Syrie (mais pourquoi alors se limiter à la Syrie?). Mais en fait, non, il n’a pas réagi trop tard. Les informations sur la Syrie nous sont connues -et méconnues- depuis deux ans et plus. Depuis deux générations de présidents autocrates connus et tolérés. Une fois de plus, cette réaction tardive n’est que le fait de la pertinence de la réaction. Avant, il n’était pas intéressant de se manifester en Syrie parce que ce n’était pas à l’agenda de suffisamment de personnes intéressées par le sujet.
Aujourd’hui, les ressources syriennes le motivent et l’agenda politico-militaire le permet.
Rien d’autre, ni la justice, ni la morale, ni l’éthique, ni les morts, ni les souffrances.
En l’occurrence, et vu la manifeste mauvaise foi des va-t-en-guerre, j’avertis mes amis “en politique”:
Tout qui se manifestera en faveur de notre intervention en Syrie, même par un “oui de combat” hypocrite, ne méritera plus que mon opprobre et, je dirais, mon mépris.
Il n’y a pas plus de raison d’intervenir en Syrie qu’il n’y en avait de juste d’intervenir en Irak ou en Afghanistan, et on ne peut rien -RIEN- attendre de positif d’une telle intervention, comme on le constate, dix ans après les faits, dans ces deux derniers -et pauvres- pays.
Ceci s’adresse en particulier à mes amis dont les fibres sociales ou écologiques m’étaient sympathiques. En particulier ceux d’entre eux qui jouent depuis une quinzaine d’années -ou plus- que je les connais à la bergère et à ses pommes, à ses “trois pas en avant, trois pas en arrière”…
Agir, c’est parfois refuser de le faire. C’est parfois refuser que l’on agisse en notre nom.
Il arrive, de plus en plus souvent, que l’action courageuse soit l’abstention, l’objection.
Il est de plus en plus vrai que “Non” soit plus progressiste que “Oui”.
Non à la guerre, non à l’intervention militaire de tout Etat à l’extérieur de ses frontières, non à l’aggravation de la situation en Syrie.
Oui à l’ouverture de discussions horizontales pour trouver des solutions originales et intelligentes à des problèmes aussi cruciaux que ceux-là.
Un petit tirage au sort? Hm! Oui alors!