Tragédie racinienne et choix cornélien…

-Ainsi donc, c’est pas amour -ou du moins par respect- de la démocratie que le PS et les Zécolos font tant de compromis avec la droite…

-Feignons de le croire, Pylade.

-Qu’est-ce donc être de gauche, alors?

“Serait-ce sacrifier ses idées pour l’illusion fânée que les élections sont la démocratie et que la démocratie ne s’exprime que par les élections?

“Ah, Oreste, le doute me ronge…

-C’est tout ce qui nous reste, Pylade, si nous aspirons, nous aussi, à respecter les forces d’inertie qui nous empêchent d’être de gauche: le doute.

-Et cette souffrance, alors, Oreste?

-Cette souffrance, c’est le doute que le saint ressent et qui fait de lui qu’il est réellement saint. Le soir, devant son miroir, le président du PS s’interroge courageusement: “Suis-je encore de gauche?” “Ne trompé-je pas le petit travailleur besogneux qui doit vendre ses fanions collectors des victoires européennes d’Anderlecht pour payer le voyage scolaire de son fils?” Et le matin, il se réveille, devant son café et ses brioches, le sourire aux lèvres en lisant les nouvelles sur son portable. Il se dit: “Sans moi, ce serait pire.” Et le co-président des Zécolos, qui s’interroge, lorsqu’il paraphe, la larme à l’oeil, l’ultime prolongation d’utilisation des centrales nucléaires, se murmure dans son cache-col en laine de cachemire: “des petits pas, des petits pas…” Alors, pour se réchauffer un peu le coeur, il va se servir une tasse de café bio Fairtrade. Le goût ne lui plaît pas, mais, justement, c’est ce petit moment de martyre qui le conforte dans sa mission…

-…

-Et puis le lendemain il va chez son collègue des finances… Il y boira un bon café, qui le consolera un peu de ses compromissions…

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