Un carrefour peut changer la vie…

Vous avez sans doute appris que Carrefour-Belgique va fermer 16 de ses centres de distributions GB (on dit supermarchés, ignare) et remercier quelque 900 personnes au sein de son équipe technique.
Naturellement, en toute transparence, en toute équité, Carrefour-Belgique tenait à communiquer les raisons de cette action…
Vous trouverez l’article ici.

GB est une enseigne active dans un environnement dynamique, évoluant dans des marchés matures dans lesquels les consommateurs sont plus volatiles. Aujourd’hui, l’entreprise doit affronter des concurrents de plus en plus nombreux et de plus en plus agressifs.

Vous noterez donc tout d’abord que ce n’est pas de leur faute, c’est à cause des méchants concurrents…
J’aime beaucoup la phrase “GB est une enseigne, etc.”
Chaque nom est suivi d’un adjectif qui rythme la phrase. “active”, “dynamique”, “mature”, “volatiles”. Il y a un côté léger, presque sympathique, en tout cas sportif… Mais la phrase est vite contre-balancée par un vocabulaire guerrier: “affronter”, “agressifs”. Et c’est tout juste si les concurrents ne sont pas une armée de terroristes. Voilà donc l’explication: nos valeureux piou-pious sont victimes d’une guerre impitoyable menée par les Hard-Discounters et les enseignes de proximité (dont GB Express, remarquez…)

Dans cet environnement de plus en plus compétitif, les supermarchés GB oeuvrent à la rentabilité durable de leurs activités. Le souhait est d’aller de l’avant afin de mieux répondre aux souhaits des clients, des collaborateurs et des actionnaires dans un climat de globalisation, de consolidation, d’incertitude économique et de concurrence aigue.

Ce second paragraphe est terriblement insidieux: le mot durable, très à la mode, est utilisé pour expliquer quelque part le blanc et le noir de la situation. Chacun sait que si l’entrepreneur est bénéfique (haha), c’est parce qu’il fait oeuvre utile pour le consommateur et qu’il crée de l’emploi. Or, pour ce faire, l’entrepreneur doit y trouver son compte, et ce de manière continue. D’où la deuxième phrase du paragraphe, remarquable: l’engagement de l’entreprise est de satisfaire tout le monde: clients, collaborateurs et actionnaires. C’est pour cela que certains des seconds seront privés d’emploi… Saleté de concurrence aigue… Avouez que c’était coton de réaliser ce raisonnement, non?
(“tu es viré pour ton bien, mon cochon”)

Notons que pour ce qui est des actionnaires, ça devrait aller: le cours était aux environs de 43 euros le 25 janvier; il est actuellement à 51 euros, avec une pointe à 58 en avril.

Sinon, au titre “offre d’emploi”, sur le site de Carrefour-Belgium, on trouve la jolie phrase suivante:
“A la recherche d’un emploi varié et passionnant, avec de nombreuses possibilités d’évolution ? Rejoignez-nous!”
Comme évolution, faut avouer qu’on trouve difficilement plus sympa que la mise en vacance…

Ah, et puis je ne résiste pas au plaisir de vous renvoyer à cette page-ci, pétrie de messages savoureux du genre:
“Qui veut peut” ou “Qui n’est pas nomade au fond de son cœur reste cloué aux horizons mesquins”.
Mon préféré, le camarade d’Amsembourg: “Ce n’est pas un hasard si mon parcours est varié. J’ai fait de la gestion, du marketing, de l’audit.” Ce mec a mis la main à la pâte, c’est bien clair…

5 Responses to “Un carrefour peut changer la vie…”

  1. cAt Says:

    En tout cas, ce que je sais c’est que les caissières, ben, elles gagnent bien 30% de plus que moi… Et ce, même à temps partiel…

    (oui oui oui, arrête de raler…)

  2. Monsieur Y Says:

    Ben deviens caissière alors. Tu verras, c’est un super job …

  3. Un Homme Says:

    J’en ai entendu une [de caissiere] a la radio dire qu’elle gagnait 700 euros brut par mois…

    Je me demande combien ca fait en yuans…

    🙁

  4. Monsieur Y Says:

    A peu près autant qu’en monnaie péruvienne …

  5. oise Says:

    AAAAH le beau métier d’ “hôtesse de caisse” : bien payé, varié, valorisant… le pied quoi !

    Voir l’article de T.Denoël, “Elles encaissent les caissières”, Le Vif.be (oui je sais..) : http://www.levif.be/articles/index.jsp?articleID=747&sectionID=8&siteID=38

    Extraits :

    “Premier constat: la plupart des caissières travaillent à temps partiel. C’est le cas de 80 % d’entre elles au Cora d’Horue, dans la banlieue de Mons. Elles n’ont pas le choix. Flexibilité oblige, les temps pleins sont une denrée de plus en plus rare dans les grandes surfaces. Chantal Léonard, 49 ans, est caissière depuis trente ans: «Je travaille vingt-sept heures par semaine pour un salaire mensuel net d’environ 1 000 euros, confie-t-elle. Et encore, c’est parce que je preste mes heures souvent après 18 heures, quand le boulot est payé moitié plus.» Mais les caissières ne jouissent pas vraiment des avantages du temps partiel. En effet, les horaires sont variables et peuvent changer d’une semaine ou d’un jour à l’autre. Ce qui permet difficilement d’exercer un temps partiel ailleurs. Sans parler des heures supplémentaires lorsqu’il y a du monde aux caisses.” […]

    “Un constat paradoxal alors que le système du scanning a désormais remplacé les caisses pointeuses classiques. «C’est vrai que c’est plus simple, mais le scanning nous oblige à soulever des poids tout au long de la journée, observe Myriam Henrion, 33 ans, caissière depuis quinze ans, aujourd’hui au Delhaize de Wavre. Ce qui engendre des problèmes musculaires parfois sérieux, surtout chez les plus anciens. Maux de dos, tendinites…» Le mal de la caissière le plus connu est celui qui affecte le canal carpien, au poignet. Mais ce mal n’est pas encore reconnu comme maladie professionnelle, alors que les caissières sont de plus en plus nombreuses à devoir subir une opération chirurgicale au poignet.” […]

    “De manière générale, ce sont les caissières qui encaissent la mauvaise humeur des clients, car elles se trouvent en bout de chaîne alors qu’il y a de moins en moins de personnel dans les rayons. «Nous devons tout régler, tout supporter, et pourtant nous sommes considérées comme des moins que rien, se plaint Chantal. On a beau nous appeler désormais ”hôtesses de caisse” et avoir remplacé les tabliers par des uniformes, notre profession fait toujours l’objet d’autant de mépris.»” […]

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