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En tant que réfugié, tu n’ es pas le bienvenu en Europe

Issa Salah 50 ans, Palestinien détenu au centre fermé 127bis à Steenokkerzeel depuis le 12 septembre 2011. Interview du dimanche 30 octobre 2011.

Ceci n’est pas une transcription de son interview. Monsieur Issa Salah nous a demandé de rajouter certains éléments importants dont il n’a pas eu l’occasion de parler lors de l’interview. Il demande que son histoire soit connue de tous et diffusée.

“J’ai appris une chose ici : En tant que réfugié, tu n’ es pas le bienvenu en Europe. Ils te mettent en prison sans que tu ais commis de crime, ils te traitent sans aucun respect. Je conseille à tout le monde de rester sur le territoire arabe. Je pensais pouvoir lutter en Europe pour une Palestine libre, mais je vois maintenant que je ne suis pas le bienvenu et que je n’ai pas plus de droits ici. Mon souhait est de retourner en Palestine, où j’ai encore des frères et soeurs et de réunir ma famille, ou de rester en Belgique avec mon fils.”

Ses combats :

En 1967: la famille de Salah Issa fuit la Palestine. Issa a 6 ans. Ils s’installent à Beyrouth, dans le camp de réfugié Tel Al Za’atar. En raison du statut de réfugié palestinien au Liban, il a, comme tous les autres réfugiés palestiniens, suivit des cours dans les écoles de l’UNRWA.

Entre 1975-1974 suite à l’attaque du camp par le kata’eb militias libanais (Salah Issa a 14 ans) il devient combattant pour protéger le camp. L’OLP ordonne finalement aux combattants de se retirer vers la zone Beqaadans l’est du Liban. Il reste là un certain temps avant de revenir avec l’OLP à Beyrouth.

En 1982 suite aux conflits dans le Sud Libanil reprend le combat et y perd beaucoup d’amis. Il frôle lui-même la mort dans un raid de l’armée Israélienne. La même année, après l’expulsion de l’OLP du Liban il retourne en Syrie et y poursuit ses études (Grâce à un accord avec le régime syrien, il a l’occasion d’étudier la dentisterie).

En 1983 suite à la scission entre le Fatah et la Syrie, il passe trois mois en prison en raison de son activisme politique au sein du Fatah. Il est menacé d’expulsion s’il continue.
IL se rend à Chypre comme la majorité des combattants de l’OLP et choisit ensuite d’aller au Soudan. (“Under the agreed evacuation plan most of the PLO fighters will go to Cyprus and then be dispersed to Jordan, Syria, Iraq, Sudan, North and South Yemen, Tunisia and Greece.”)(http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/august/30/newsid_2536000/2536441.stm)

En 1985, Pauline Cutting (MAP) et lui-même retourne au Liban. Il vit à Burj IL Barajnehoù les réfugiés palestiniens vivent dans des conditions épouvantables.

En 1986, il retourne au Soudan après un nouveau passage à Chypre où il travaille en tant que dentiste.

En 1988, il revient au Liban. Il apprend que le ‘Fatah al Intifada’, un groupe militant soutenu par le gouvernement syrien a tué son père à cause de son soutien à l’OLP.
Il travaille à l’hôpital du croisant rouge Bar Elias à Beqaa. Il se marie et a des enfants.

En avril 2009, alors qu’il travaille, on essaye de le tuer avec une arme à feu. Son patient reçoit des balles dans le dos et reste invalide. L’agresseur de l’attaque est connu des autorités libanaises mais ils refusent d’enregistrer l’incident. D’après lui, c’est une attaque politiquement motivée.
Il travaille ensuite avec le Fatah et l’OLP au Liban où il est chargé d’enquêter sur la corruption au sein des groupes. Son patron est tué (Dr Kamal Mithat) car il était en possession de documents concernant la corruption au sein du Fatah.

En juin 2009, des membres du Fatah attaquent sa maison. Les renseignements libanais lui disent de quitter le Liban car ils sont incapables d’assurer sa sécurité.

Ses migrations :

Le 11 octobre 2009, il quitte le Liban avec un faux passeport, après 44 ans de vie sans droits. Il y laisse sa femme et son fils, en espérant pouvoir les faire venir un jour en Europe. Il part à la recherche d’un pays démocratique qui respecte les droits de l’homme, afin d’y continuer son activisme. Il désire être reconnu comme réel citoyen et bénéficier de droits. Isa Salah pense aller à Copenhague. Il traverse la Turquie et arrive à Budapest en Hongrie.

En novembre 2009, il s’y fait arrêter. Il passe alors 230 jours dans différentes prisons hongroises. Ils prennent 17 fois ses empreintes digitales, et lui font subir de nombreux interrogatoires afin de lui retirer des informations sur ses activités politiques. Le 21 avril 2010, il est transféré dans un centre ouvert pour lui permettre de demander l’asile. Il ne veut pas demander l’asile en Hongrie, vu les mauvais traitements qu’il a subit. Il obtient un passeport Egyptien avec lequel il part pour la Syrie.

En juin 2010, il arrive en Syrie et y cherche de l’aide médicale, mais il ne veut pas rester là. Il essaie de renouveler son passeport palestinien. Il l’obtient en décembre 2010, accompagné de la preuve qu’il y a plus de 3 mois qu’il a quitté la Hongrie et qu’il réside en Syrie

En janvier 2011, il part vers la Belgique à la recherche de son fils qui y réside depuis janvier 2010.

Il voyage en voiture et arrive à Istanbul le 25 janvier 2011. Il quitte la Turquie en camion et arrive en Belgique le 2 Février 2011

Le 3 février 2011, Issa Salah demande l’asile au CGRA à Bruxelles.
Il est envoyé dans le centre ouvert de Gembloux. Après 4 mois il est transféré dans un autre centre ouvert à Herbaymont. C’est là qu’il apprend que sa demande d’asile est refusée. Une demande 9ter pour raison médicale est aussi refusée.

Le 12 septembre 2011, il est appelé pour une interview à l’Office des étrangers : il se fait alors arrêter et transférer au centre fermé 127 bis. On lui annonce qu’il sera renvoyé vers la Hongrie. Issa Salah a très peur. Il ne veut pas retourner en Hongrie après l’ expérience terrible qu’il a eu là-bas. Son avocat obtient une suspension de cette expulsion vers la Hongrie.

Par contre, on lui fait signer un document disant qu’il ne demandera plus l’asile dans aucun pays européen. Issa Salah signe le document (sans l’accord de son avocat) et demande un retour volontaire vers la Palestine.

Le 19 octobre 2011, Issa apprend que son retour vers la Palestine est refusé par les autorités Israéliennes qui refusent de lui délivrer une carte verte.

On le menace de l’expulser vers la Syrie, pays par lequel il est passé pour venir en Belgique. De peur de se retrouver en Syrie où il risque des gros problèmes suite à ses implications comme activiste et ses liens avec l’OLP, il demande un retour volontaire (vers le Liban cette fois-ci), même s’il sait que le Liban risque aussi de le refuser à cause de ses opinions politiques.

Au centre fermé, il vit dans des conditions très difficiles : la nourriture est très mauvaise, il y a 1 wc pour les 30 détenus, la température dans les pièces est très basse. De plus, il a de gros problèmes de santé et souffre de plusieurs pathologies. Il a plusieurs rendez-vous chez des spécialistes dans le courant de novembre et décembre et il semble qu’une opération chirurgicale soit envisagée.

L’avocat refait une demande de régularisation 9ter sur base médicale et lui propose de faire une demande de statut “apatride”, car il ne pourra pas rentrer ni en Palestine, ni au Liban. Mais Issa Salah ne veut pas de ce statut d’«apatride» car il veut pouvoir circuler librement et retourner en Palestine, y rassembler sa famille qui y vit…

Ce 25 novembre 20011, on va l’amener à l’ambassade du Liban pour obtenir un laissez-passer pour pouvoir l’expulser vers le Liban……

A suivre……

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