Journal d’un ingénu à Jérusalem

Guy Delisle accompagne sa femme qui travaille pour MSF dans les coins du monde où vaque cette ONG. Après la Corée du Nord et la Birmanie, il passe donc un an à Jérusalem-Est, arrivant dans une totale ignorance de la situation locale. Peu à peu, il découvre, dessine, se défend de juger, relate, souffle, peste en silence, dessine encore, reste remarquablement stoïque…

Au bout d’un an, en dépit de toutes les difficultés, il regrette de partir si tôt; il s’est attaché à ceux qu’il y a rencontrés. Mais sa vision des choses est à la fois émouvante, drôle et fûtée car, parti sans préjugé, il ne peut s’empêcher de poser les poids dans la même balance…

“Chronique de Jérusalem” rapporte le quotidien d’un dessinateur père au foyer entre août 2009 et juillet 2010, témoin presque direct de l’Opération Plomb Fondu et du surréalisme dramatique des situations vécues par les habitants de Jérusalem et de ses alentours, au hasard de ses visites touristiques, de ses désirs de rencontre, de son travail aussi -il fait des conférences et organise des stages dans les écoles d’art et les universités.

Son point de vue reste mesuré, mais ses récits sont sans appel face aux abus de pouvoir de l’Etat d’Israël, des colons, des Hassirim… Avec un ton mi-détaché, mi-surpris, sans chercher jamais à manifester publiquement son indignation, il ne fait qu’exposer des réalités concrètes et, à travers elles, les humiliations au quotidien des Palestiniens.

Et on se rappelle alors que, en 2002, il y a eu 55 attentats suicides pour 5 millions d’habitants palestiniens, mais que ce sont ces 5 millions qui paient collectivement, tels des Philistins, parce que l’Etat israélien se la joue David contre Goliath…

Bien vu, Guy le calme.

Guy Delisle, Chronique de Jérusalem, Shampooing, 2011, 334 p. de dessins.

One Response to “Journal d’un ingénu à Jérusalem”

  1. Alexis d'Osaka Says:

    Je recommande son Shenzen aussi.

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